Jeunes et ambitieux, surtout talentueux : ce pourrait être la devise de CG6.
Les groupes de rap sont rares. Mais quand on repense aux derniers qui ont émergé, leur ascension a souvent marqué l'histoire du rap français. Ce n'est pas à ça qu'ont pensé MLVS, Sagax, Chinois et Zelo, les quatre membres de cette bande de copains originaires de Villetaneuse (93). CG6 – pour Captain Gang 6 – s'est toujours démené pour faire sa musique, coûte que coûte. MLVS, Sagax, Chinois et Zelo se sont rencontrés au collège à l'âge où on fait les quatre cents coups – et ils les ont bien faits ensemble. Ils ont commencé à faire de la musique, à bricoler des clips très tôt : premiers textes écrits en 5e, premier clip dans la foulée. Les quatre rappeurs se sont donné les moyens d'avancer, sans lâcher. Et les voilà, à 18 ans à peine, à l'orée d'une belle carrière déjà sanctionnée par une reconnaissance du public.
Plus que des copains de quartier, d'anciens camarades d'école qui sacrifient leurs vendredis soir pour aller en studio, ce sont des frères, au sens noble terme. Conscients que leur jeune âge peut empêcher qu'on les prenne au sérieux, ils devancent les rageux en lâchant Yellow Binks en 2017, un premier projet qui prouve leur maturité. Chaque titre correspond à nom d'un personnage des Simpson. Comme la série, les titres sont en apparence du divertissement calibré pour les jeunes enfants mais Zelo, MLVS, Chinois Binks et Sagax, derrière leur visage de bambin, déchirent des prods, où ils crachent leur soif de réussite et leur envie de prendre du bon temps. Le temps de l'innocence est bel et bien révolu.
« On monte au charbon, on est mineurs », clament-ils dans « Skinner » extrait de Yellow Binks, qui culmine à plus d'1 million de vues sur Youtube. « Apu », 3 millions de vues sur YouTube, met en lumière leur complémentarité et leurs points forts respectifs : l'énergie contagieuse de Chinois, les punchlines et le flow de MLVS, la sens de la mélodie de Zelo, la technicité de Sagax, sur une instru trap.
Après quelques freestyles qui topent le million comme la série « Salass », sortie entre 2019 et 2020, ils présentent leur mixtape Soleil de minuit, à paraître le 6 mars 2020, car ils traînent la nuit, sous la lune, comme s'il était midi. Les textes parlent de de leur vie, celle de jeunes garçons de « Villeta », cette petite ville du 93, dont on connaît plus son université que sa scène locale. Si elle compte pourtant sportifs et artistes talentueux, le rap insolent de CG6 est en train de la placer définitivement sur la carte.
Avec Soleil de minuit, Zelo, MLVS, Chinois Binks et Sagax s'aventurent sur des terrains moins habituels pour eux comme dans « Guacamole », au son latino et à la prod surprenante. « Pour Une Folle » explore le thème de l'amitié mise à l'épreuve des relations amoureuses, « Méchants Garçons », « Bressom », sont, sur une instu désenchantée, une variation sur l'affirmation de soi, virile et teintée de malice.
Ce projet accueille aussi des featurings avec des artistes qu’ils écoutent depuis toujours. Nourri à la trap du XV Barbar ou PSO Thug, les premiers groupes qui ont popularisé ce style de musique en France, CG6 collabore désormais avec certains de leurs membres comme Leto, sur le titre « Contrôle ». « Elle sert à tchi » est un duo avec Sadek, une autre de leurs références musicales, avec qui les 4 Fantastiques ont construit ce titre porté sur l'egotrip, à l'ambiance très club. Enfin, sur « Bad Game », Key Largo, gros succès du moment accompagne le groupe.
Soleil de minuit se veut une vraie carte de visite qui impose un nouveau territoire musical, un son prometteur – validé par les tenants du titre sur la scène rap – et une autre devise, rare en ce moment dans le rap français : liberté, égalité entre eux, musicalité sans frontières.
Le futur du rap, en studio ou sur scène, où ils adorent se produire : c'est CG6.