Shuggie Otis fait partie des légendes de la soul qui, comme Lee Fields et bien d'autres, connaissent un regain d'intérêt quarante ans après leurs débuts musicaux. On pourrait aussi parler d'une véritable seconde carrière car on a bien failli ne plus jamais entendre parler de lui. Il aura fallu une réédition de son album culte Inspiration Information en 2001 sur le label de David Byrne (Luaka Bop) pour que la nouvelle génération se réapproprie cet héritage fondamental de la musique américaine.
Né le 30 novembre 1953 à Los Angeles, Shuggie Otis est le fils d'une légende des débuts du rock, Johnny Otis, auteur du classique « Willie and the Hand Jive ». Avant de devenir le virtuose de la guitare que l'on connaît, il débute à quatre ans par la batterie, apprend au côté du groupe de son père qui répète souvent à la maison et finit par se joindre à la Johnny Otis Revue. On le retrouve en 1969 à la guitare sur « Country Girl », un des derniers tubes de son père et l'année suivante sur l'album d'Al Kooper tout simplement intitulé Al Kooper Invites Shuggie Otis. Il enregistre également des sessions avec Frank Zappa et à 16 ans, signe chez Columbia Records pour y enregistrer son premier album solo Here Comes Shuggie Otis.
Il est suivi de Freedom Flight en 1971 sur lequel se trouve la perle « Strawberry Letter 23 ». Un morceau de légende dont il donne une copie à George Johnson du groupe Brothers Johnson, qui sort à l'époque avec sa cousine. Le groupe le propose à leur producteur, Quincy Jones, qui accepte de réaliser une reprise du titre. Cette nouvelle version devient un tube en 1977. Toujours méconnu du grand public, Shuggie Otis se lance alors dans une entreprise un peu folle : enregistrer tous les instruments de son futur album, un disque qui parlera de l'amour de la musique et de l'amour de la vie en mixant funk et musique classique ! Cet ovni, c'est Inspiration Information publié en 1974, album culte qui lui aura fallu trois ans pour composer.
C'est à cette période qu'il refuse le remplacement de Mick Taylor démissionnaire des Rolling Stones tout comme de devenir sideman pour David Bowie, Billy Preston ou Buddy Miles. Il est débarqué par son label Epic deux semaines avant son père et rentre alors dans une véritable traversée du désert. Enchaînant des petits boulots peu glorieux et des problèmes de santé, il est « sauvé » par l'amour et épouse la fille du trompettiste Gerard Wilson.
La B.O. du film Jacky Brown de Quentin Tarentino (1997) qui sélectionne « Strawberry Letter 23 » dans la version des Brothers Johnson le remet un peu dans la lumière. La réédition de Inspiration Information par le label Luaka Bop en 2001 fait grand bruit et lui rouvre les salles de concert. Il mène depuis un « Never Ending Tour » à travers le monde et prépare une seconde réédition collector de Inspiration Information prévue le 16 avril 2013 chez Epic.
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