Glenn Mercer et Bill Million sont jeunes et étudiants lorsqu'ils se rencontrent sur un campus universitaire du New Jersey en 1976. Tous deux musiciens (chanteurs et guitaristes) et passionnés de rock underground (Jonathan Richman & the Modern Lovers, Patti Smith, Lou Reed), ils recrutent le bassiste John J. et le batteur Dave Weckerman, vite remplacés par Keith Cleyton et Vinny Denunzio. The Feelies, dont le nom est trouvé dans un livre de William S. Burroughs, est né.
Rythmes fous
Le quatuor fait le tour des clubs new-yorkais où il fait une forte impression. Le Village Voice le consacre meilleur groupe de New York. Après le remplacement de Denunzio par Anton Fier, The Feelies enregistre son premier single « Fa-Ce-La » pour Rough Trade. Suit le premier album Crazy Rhythms (1980) dont l'impact, restreint à sa sortie, marque profondément le paysage rock au point de devenir un classique auquel se référent des groupes comme R.E.M., et l'un des disques précurseurs du rock indépendant.
Trois sorties
Sans Anton Fier, parti rejoindre The Lounge Lizards (avant de former The Golden Palominos), les musiciens consacrent les années suivantes à composer la bande originale du film Smithereens de Susan Seidelman et à jouer avec d'autres formations (Yung Wu, The Trypes, The Willies) avant de donner une suite à sa première oeuvre. C'est une formation légèrement remaniée qui publie The Good Earth en 1986, composée de Mercer, Billion, Weckerman, Brenda Sauter (basse) et Stanley Demeski (percussions). L'album, une nouvelle fois acclamé par la critique, est produit par le guitariste reconnaissant de R.E.M., Peter Buck. Devenu un groupe culte, The Feelies - baptisés The Willies - apparaît dans le film de Jonathan Demme, Something Wild (Dangereuse sous tous rapports).
Deux autres albums de The Feelies voient le jour, Only Life en 1988 puis Time for a Witness en 1991. L'intérêt pour le groupe, à peine émoussé, est proportionnel à son influence sur toute une génération de musiciens de ce rock indépendant dont il demeure une référence noble, même s'il semble appartenir à une autre époque. Les adieux faits au public du Maxwell Club à Hoboken (New Jersey) le 5 juillet 1991 ne sont pas une surprise. Million part en Floride sans prévenir, Demeski joue avec Luna, Mercer et Weckerman forment Wake Ooloo puis Sunburst, et l'histoire semble s'arrêter là.
Le retour du groupe prodigue
C'est sans compter sans l'insistance de leurs pairs et de fans qui en 2008 obtiennent le retour du groupe dans la même salle, en ouverture de Sonic Youth, puis l'année suivante lors d'un hommage à R.E.M. au Carnegie Hall de New York. Au festival All Tomorrow's Parties, The Feelies joue son premier album en intégralité. Le label Bar/None profite de cette aubaine pour signer le groupe et préparer son retour sur disque qui a lieu en mai 2011 avec l'album entièrement original Here Before, le premier en vingt ans de quasi-silence. Le groupe éprouve à nouveau la patience de ses fans en ne publiant l'album suivant que six ans plus tard. In Between, par sa fragilité et sa constance mélodique, s'impose comme un nouveau classique du maigre répertoire du groupe, qui fête ses quarante ans d'existence.
