« L'homme tranquille du rock 'n' roll » (comme il a été surnommé dans les années 80) nait Mark Freuder Knopfler à Glascow en Ecosse le 12 août 1942 d'un père hongrois et d'une mère anglaise. Il grandit à Newcastle dans la maison familiale de sa mère avec son frère David et tous deux découvrent le boogie woogie grâce à leur oncle. Comme tous les jeunes britanniques amateurs de musique à cette époque, Mark Knopfler est nourri de rock 'n' roll, de rockabilly et de country music, mais surtout, comme tous les guitaristes en herbe, il est fasciné par The Shadows et son guitariste soliste Hank Marvin. Excellent en anglais au collège, il se fait offrir sa première guitare, une Hofner Super Solid, et fait ses classes au sein de quelques groupes amateurs de son école. A dix sept ans il effectue une année d'études de journalisme à Harlow et à son issue il devient reporter au Yorkshire Evening Post à Leeds, puis entre à l'Université de la ville. Là il rencontre un musicien amateur de blues, Steve Phillips, qui l'initie sérieusement à la guitare et lui fait découvrir les grands guitaristes de blues, et se marie avec une copine d'adolescence. Sorti diplômé de l'Université en 1973 il part tenter sa chance dans le milieu musical londonien.
Il auditionne pour le groupe de blues Rock Brewer's Droop (désignation de l'impuissance consécutive à une trop forte consommation d'alcool) dont le batteur est un certain Pick Withers, qui enregistre trois titres au Pays de Galles dans les studios Rockfield où officie le sorcier du son Dave Edmunds. Il n'y reste pas et se réfugie pendant deux ans à Loughton dans le comté d'Essex où il est lecteur au collège, donne des leçons de guitare et forme avec des amis Café Racers, tandis que son frère David s'installe à Londres en co-location avec un bassiste originaire de Leicester, John Illsley. Mark les y rejoint en avril 1977 et tous trois répètent en été les chansons composées par le guitariste. Mark se souvient de Pick Withers et le quatuor Dire Straits se forme définitivement. Dire Straits enregistre pour la première fois le 27 juillet 1977 cinq maquettes, et le reste est historique.
Malgré son engagement au groupe qu'il a fondé, Mark Knopfler ne veut pas s'y restreindre et il entame vite une carrière parallèle, de musicien de séances, puis de producteur et enfin de compositeur de musiques de films. Le premier à faire appel a ses services est nul autre que son maître en écriture rock, Bob Dylan, qui l'invite à jouer sur son album Slow Train Coming en 1979 et à produire même quatre ans plus tard Infidels, lorsque débute sa longue collaboration avec Guy Fletcher qui participe à ses musiques de films et surtout à l'album de Dire Straits Brothers in Arms. Guy Fletcher co-produit aussi l'album Kill to Get Crimson de Mark Knopfler en 2007. Il se remarie, et en 1984 signe sa première collaboration au cinéma avec la musique des comédies de Bill Forsyth, Local Hero et Comfort and Joy (pas d'album, seulement un maxi 45 tours de trois titres) en 1984. Cette année-là il fait cadeau à Tina Turner de sa chanson « Private Dancer » qu'il avait écrite pour l'album de Dire Straits Love Over Gold mais pas utilisée. Le groupe accompagne d'ailleurs la chanteuse lors de son enregistrement. Knopfler participera dans la foulée aux albums de Tina Turner Break Every Rule et Foreign Affair. Cette même année il produit l'excellent Knife du groupe écossais Aztec Camera de Roddy Frame.
Pour combler le hiatus consécutif au succès de Brothers in Arms de Dire Straits en 1985, il forme le « side project » The Notting Hillbillies un orchestre country avec Steve Phillips, Guy Fletcher et Brendan Croker dont le premier concert a lieu en mai 1986 à Leeds, tandis que l'unique album du groupe Missing...Presumed Having A Good Time ne sort qu'en 1990, n°2 en Grande Bretagne. Le quatuor a ensuite joué à des occasions ponctuelles, pour des associations caritatives en particulier, tout au long de la décennie, interprétant ses deux morceaux emblématiques, « Your Own Sweet Way » et « Blues Stay Away From Me » (qu'on entend dans la bande son du film de Robert Benton L'heure magique en 1998).
En 1987 on reconnaît la patte de cet heureux récent père de deux fils jumeaux sur le « The Game of Love » dans l'album Primitive Dance de la légende irlandaise Paul Brady ; et il signe une nouvelle musique du film, celle du conte de fées de Rob Reiner The Princess Bride, délaissant sa Stratocaster pour des guitares acoustiques noyées dans des nappes de synthés. En mai 1988 Bob Dylan fait à nouveau appel à sa guitare sur « Death is Not The End » pour son sinistre album Down in the Groove.
Mais cinq mois plus tard sort le chef d'oeuvre de Randy Newman Land of Dreams, dont il produit et joue sur la moitié des titres. Et deux ans plus tard il s'associe au maître du finger picking, Chet Atkins, pour l'élégant album Neck and Neck : festival de guitares bien sûr, mais décevant au niveau vocal et compositions, sauf l'amusant « There'll Be Some Changes Made » avec sa citation de « Money for Nothing ». Il multiplie ensuite apparitions sur les albums d'autres artistes, lors de concerts caritatifs, en tant que musicien de séances, réalise le dernier album studio de Dire Straits en 1991 et une dernière tournée mondiale avec le groupe qu'il a fondé et qu'il saborde en 1995.
L'année suivante il réalise sans doute un rêve d'adolescent en interprétant « Atlantis », un hit des Shadows de 1963, sur l'album hommage à Hank Marvin Twang ! conçu par Miles Copeland, puis sort enfin son premier véritable album solo, Golden Heart, accompagné par ses 96'ers, un orchestre dont la durée de vie est maintenant supérieure à celle de Dire Straits ; on entend « Darling Pretty » dans le « film catastrophe » Twister. Ce grand sentimental se remarie une troisième fois dans l'île de la Barbade le 14 février 1997, jour de la St Valentin, avec l'ex-actrice devenue romancière Kitty Aldridge, bercés par un choeur gospel. Elle lui donnera deux filles.
En septembre suivant il fait partie de la pléiade de musiciens réunis par le producteur Sir George Martin au Royal Albert Hall à Londres pour le concert Music for Montserrat au profit des victimes de l'ouragan Hugo de 1989 : avec Eric Clapton et Paul McCartney aux guitares et Phil Collins à la batterie pour une version de « Golden Slumbers » irrésistible. En 1999 Mark Knopfler est fait officier de l'Ordre de l'Empire Britannique par la reine d'Angleterre (dont il était le guitariste favori de sa défunte ex-belle fille, la princesse Diana). Il écrit la préface de l'autobiographie de Frank Allen, l'ancien bassiste des Searchers, Travelling Man. Et Sir Knopfler et Emmylou Harris commencent à écrire pour un projet commun qui ne voit le jour qu'en 2006 (All the Roadrunning). Son deuxième album sort en 2000, Sailing to Philadelphia, dans lequel figure un duo avec James Taylor sur la chanson de Mark Knopfler « Sailing to Philadelphia », qu'on retrouve aussi deux ans plus tard dans les « bonus tracks » de l'édition limitée de l'album October Road de James Taylor.
En juin 2001 il devient un véritable « dinosaure du rock » lorsque le fossile d'un dinosaure du crétacé à la denture protubérante est découvert à Madagascar et baptisé par des paléontologues américains « Masiakasaurus - lézard vicieux - knopfleri » en son honneur car ils écoutaient du Dire Straits pendant leurs fouilles. Cette même année, à 51 ans, il devient le dixième musicien britannique le plus riche du monde ; ses deux sociétés, Charisourt et Straightjacket Songs, lui ayant rapporté notamment dix millions de livres par an entre 1992 et 1998. Il s'est offert pour huit millions d'euros une maison du XIXème siècle dans Notting Hill à Londres, où sa voisine est Madonna depuis 2000.
En novembre 2002, les amateurs de cornemuse ont la surprise de découvrir un solo de guitare de Mark Knopfler sur l'album Parallel Tracks des Royal Scots Dragoon Guards qui fait dire à la reine d'Angleterre à laquelle on présente le disque en exclusivité : « c'est plus moderne, cette année ». Peu avant d'entamer une tournée de promotion tardive de son troisième album The Ragpicker's Dream, Mark Knopfler est victime d'un accident de moto en plein Londres le 17 mars 2003 où il se casse une clavicule, une omoplate et plusieurs côtes. Il est rétabli en 2004 lorsqu'il dialogue à la guitare avec John Fogerty sur son « Nobody's Here Anymore » dans l'album du retour de celui-ci Deja Vu All Over Again, donnant au morceau une saveur toute Dire Straits. Et en pleine forme pour son quatrième album en septembre 2004 et une tournée de promotion l'année suivante, trouvant aussi le temps de partager des accords avec B.B. King sur « All Over Again » dans l'album de duos du bluesman 80.
En 2006 on le devine à peine sur « Not One Bad Thought » dans l'album de Tony Joe White Uncovered, et sa très attendue collaboration avec Emmylou Harris donne un CD et DVD, Real Live Roadrunning bien plus intéressant que l'album studio All The Roadrunning. Cette rencontre a un effet « folk » évident sur son cinquième album solo paru en octobre 2007, Kill to Get Crimson, dont certaines portions rappellent l'atmosphère du groupe qui a fait sa fortune et sa gloire. Get Lucky en 2009 est le prélude à une tournée mondiale démarrée en avril 2010 à Seattle (Washington) et achevée en juillet en Espagne du côté d'Avila.
Fidèle à la même équipe de musiciens depuis plus d'une dizaine d'années, Mark Knopfler sort en septembre 2012 le premier double album de sa discographie. Privateering offre vingt nouvelles chansons et cinq enregistrements en public inédits en version limitée, avec les présences de Chris Botti (trompette), Kim Wilson (harmonica), et Ruth Moody (chant). En mars 2015, Mark Knopfler livre Tracker, qui sort en de multiples formats et donne le coup d'envoi du Tracker Tour. L'année suivante voit la sortie de la bande originale du film Altamira, composée avec la percussionniste Evelyn Glennie, avec la participation de son ami de longue date Guy Fletcher. Ce dernier produit avec lui et joue sur l'album suivant Down the Road Wherever, qui sort en novembre 2018.