Anatol Ugorski

Né dans une famille pauvre de Sibérie à Roubtsovsk le 28 septembre 1942, Anatol Ugorski grandit à Leningrad (Saint-Pétersbourg). Admis à l'école de musique à l'âge de six ans, il poursuit ses études dans la classe de piano de Najda Goloubovskaïa au Conservatoire de Leningrad. Le jeune pianiste qui termine ses études en 1965 se distingue par l'interprétation d'œuvres du répertoire moderne voire contemporain : Arnold Schönberg, Alban Berg, Olivier Messaien et Pierre Boulez. Troisième prix du Concours international de piano Georges Enesco à Bucarest en 1968, il est ensuite surveillé par les autorités en raison de son enthousiasme prononcé lors d'une tournée de Pierre Boulez et de ses choix pour la musique contemporaine occidentale. Réduit à diriger la chorale des Jeunes Pionniers pendant dix ans, il lui est interdit de se produire en dehors du bloc soviétique. En 1982, le pianiste dont les concerts sont très suivis est finalement nommé professeur au Conservatoire de Leningrad. Marié à la musicologue Maja Elik, il fuit clandestinement l'URSS avec sa famille pour Berlin-Est et vit plusieurs mois dans un camp de réfugiés. La fin du régime soviétique lui permet d'enregistrer en 1991 pour Deutsche Grammophon les Variations Diabelli de Beethoven. Naturalisé allemand, il entame à 50 ans une carrière internationale jalonnée de concerts et de festivals. Nommé professeur à l'Ecole de musique de Detmold en 1992, il exerce ses fonctions jusqu'en 2007, puis de 2010 à 2014 en remplacement de Jean-Efflam Bavouzet. Sur le plan des enregistrements, le pianiste interprète les sonates de Beethoven, le Catalogue d'oiseaux de Messaien (prix Echo Klassik en 1995), des œuvres de Moussorgski, Stravinsky, Schumann et Schubert, le Concerto pour piano de Scriabine, nommé aux Grammy Awards en 2000, ainsi que l'intégrale des sonates du même compositeur. En 2018 paraît le coffret de 13 CD, The Complete Recordings on Deutsche Grammophon. Résidant à Lemgo, Anatol Urgorski y décède le 5 septembre 2023, à l'âge de 80 ans.