Né le 20 octobre 1958 à Belgrade (alors en Yougoslavie, puis en Croatie), Ivo Pogorelich apprend le piano à l'âge de sept ans. Fils d'un contrebassiste, il se dirige vers une carrière de musicien en approfondissant son jeu au Conservatoire de Moscou (à douze ans), puis auprès de la disciple de l'école lisztienne, Aliza Kezeradze, qu'il épouse en 1980.
Lauréat du Concours Casagrande à Terni (Italie) en 1978 et du Concours de Montréal en 1980, le pianiste au talent précoce s'inscrit au Concours Frédéric Chopin de Varsovie (Pologne) de 1980. Éliminé au second tour avec une « mention honorable », il suscite la controverse et l'ire de Martha Argerich, qui crie au scandale et démissionne de son poste de jurée. Ivo Pogorelich reçoit alors le Prix de la critique en signe de compensation. Les portes des scènes internationales s'ouvrent à lui par un récital au Carnegie Hall de New York et la signature d'un contrat avec le label Deutsche Grammophon.
Après avoir brillé sur scène, Ivo Pogorelich conquis la critique dès ses premiers enregistrements consacrés à des récitals autour de Chopin (Récital Chopin ; Concerto pour piano n°2 ; Préludes op. 28), Beethoven (Sonate op. 111), Ravel (Gaspard de la nuit), Tchaïkovski (Concerto pour piano n°1) ou Liszt (Sonate en si mineur). Parallèlement à ces récitals qui soulèvent l'enthousiasme des spécialistes et du public (certaines interprétations sont devenues des références), les concerts du pianiste affichent complet. Son style plein de tempérament s'accorde à un large répertoire balayant les époques.
Sensible au monde qui l'entoure, le pianiste investit sa notoriété et son temps à l'aide sociale en créant en 1989 à Bad Wörishofen, en Allemagne, un festival réservé aux jeunes musiciens, et un concours de piano en Californie. En 1994, il crée une fondation pour organiser des concerts de charité en faveur des habitants de Sarajevo, victimes de la guerre en ex-Yougoslavie. Depuis 1988, il est ambassadeur de l'Unesco pour accomplir des missions d'aide sociale.
En 1999, après un récital des Scherzos de Chopin, Ivo Pogorelich met un terme à sa carrière. La mort de sa femme, survenue trois ans plus tôt, a profondément affecté le pianiste qui se terre dans le silence pendant plusieurs années. Son retour progressif à la scène, notamment par un concert à la Salle Pleyel en 2013, se fait plus régulier. La star et « enfant terrible » du piano est saluée par une intégrale de ses enregistrements pour Deutsche Grammophon. Le coffret de 14 CD Complete Recordings est publié en mars 2015. Son frère cadet, Lovro Pogorelich, est aussi devenu pianiste classique.
