Né le 20 mars 1936 à Kendal dans le centre de la Jamaïque, Rainford Hugh Perry est d'abord vendeur de disques dans le magasin du producteur Coxsone Dodd, à la fin des années cinquante. Il devient ensuite assistant au fameux Studio One, avant de se brouiller avec Coxsone Dodd suite à des différents financiers. C'est ensuite le producteur Joe Gibbs qui profite des talents naissants de Lee "Scratch" Perry.
A partir de 1968, il lance son propre label Upsetter inspiré par son surnom de The Upsetter. S'inspirant des grands labels américains, Lee "Scratch" Perry forme le groupe The Upsetters qui accompagne les chanteurs venus enregistrer pour le label. La formation originale de The Upsetters comprend Aston "Family Man" Barrett et Carlton Barret, soit la future assise rythmique de The Wailers et l'une des meilleures de l'histoire du reggae. Hormis les enregistrements de nombreux artistes, Lee "Scratch" Perry sort également ses propres albums et ceux de The Upsetters.
Return of Django (1969), ou Clint Eastwood (1970) sont caractéristiques du style particulier de Lee "Scratch" Perry, ainsi que de son penchant pour des marottes excentriques, comme le western spaghetti. Surtout, Lee "Scratch" Perry n'a de cesse d'expérimenter avec un matériel de fortune, bandes à l'envers, collages au scotch, usage de la reverb et du delay, bidouillages en tous genres sont sa marque de fabrique, surtout dans les enregistrements des parties instrumentales dites "version" ou "dub" qu'il affectionne.
Lee "Scratch" Perry est aussi un personnage clé dans l'évolution du trio vocal The Wailers. Le groupe enregistre sous sa direction Soul Rebels (1970) et Soul Revolution (1971) qui contiennent les premiers classiques du groupe. The Wailers lui "empruntent" ensuite la section rythmique des frères Barrett, qui deviennent la base de The Wailers en tant que groupe autonome et non plus seulement comme un trio vocal accompagné de musiciens de circonstance.
L'aboutissement de ce travail intervient en 1973 avec la création de The Black Ark, le studio que Lee "Scratch" Perry construit dans sa cour. C'est ici que naissent bien des chef d'oeuvre du reggae, War in a Babylon (1976) de Max Romeo, Heart of the Congos (1977) de The Congos, Super Ape (1976) de The Upsetters, parmi tant d'autres. Les sessions s'enchaînent en continu dans une atmosphère baignée de ganja, avec un Lee "Scratch" Perry de plus en plus excentrique et paranoïaque.
La rupture se produit en 1978 lorsque The Black Ark brûle, Lee "Scratch" Perry déclarant avoir volontairement incendié son studio. Lee "Scratch" Perry part alors aux Etats-Unis puis en Angleterre. Il collabore notamment avec ses élèves anglais Adrian Sherwood et Mad Professor, jetant par la même les bases du dub electro. Lee "Scratch" Perry débute également une carrière d'artiste solo et plus seulement de producteur.
Il laisse alors cours à sa fantaisie naturelle, dans des albums aussi extravagants que From the Secret Laboratory (1990) avec l'inénarrable « Inspector Gadget ». Lee "Scratch" Perry en profite pour multiplier les tournées, apparaissant sur scène sur un trône et coiffé de couronnes souvent délirantes. Ses prestations alternent entre le génial et le grotesque, laissant souvent l'assistance médusée.
Vivant désormais en Suisse, Lee "Scratch" Perry se produit avec le groupe local White Belly Rats ou avec Moonraisers. En 2006, sort l'album Repentance où Lee "Scratch" Perry s'essaye au dancehall aux côté de Moby ou Ari Up de The Slits. Il revient aux fondamentaux en 2008 avec The Mighty Upsetter, réalisé avec Adrian Sherwood. Dub Setter en 2010 est la continuité de ce travail, certains titres sont communs aux deux albums. Toujours très prolixe, Lee "Scratch" Perry sort Revelation en août 2010.