Harold George Belafonete Junior naît à Harlem, New York, Etats-Unis, le 1er mars 1927, d’une mère femme de chambre et d’un père jamaïcain cuisinier dans la marine britannique. Après avoir passé plusieurs années de son enfance en Jamaïque, où il est élevé par sa grand-mère, il retourne aux Etats-Unis pour être bientôt incorporé dans l’armée américaine et servir durant la Seconde Guerre mondiale.
Après-guerre, il se dirige vers le monde du spectacle mais envisage tout d’abord le métier d’acteur. C’est pour payer ses cours de comédie – où il côtoie notamment Sidney Poitier et Marlon Brando – que le jeune homme, qui a changé son nom en « Belafonte », commence à chanter, dans des clubs new-yorkais. Il chante d’abord des standards pop, avant de s’intéresser au folk. Prenant goût à la chanson, Harry Belafonte se décide à orienter sa carrière vers la musique et sort en 1952, chez le label RCA Victor, le single « Matilda ».
Banana Boat Song
Il ne renonce pas pour autant à ses premières amours de comédien et apparaît dans le film musical Carmen Jones (transposition chez les Noirs du Carmen de Prosper Mérimée), où il donne la réplique à Dorothy Dandridge. En 1956, il triomphe avec l’album Calypso, qui s’écoule à un million d’exemplaires, porté notamment par le morceau « Banana Boat Song » (souvent appelé « Day-O »), reprise d’une chanson populaire jamaïcaine : la mode du calypso, version pop et grand public des musiques traditionnelles des Caraïbes, est lancée.
Le chanteur parachève son succès en réalisant une tournée mondiale. Elégant, séduisant, Harry Belafonte plaît beaucoup au grand public grâce à son charme naturel et sa voix de velours. Sorte de manifeste anti-raciste à lui tout seul, ce « gendre idéal » incarne aux yeux du grand public l’artiste noir avenant et bien élevé, comme Sidney Poitier au cinéma. Il ne se limite pas au calypso et chante du blues, du folk, de la bossa nova ou du gospel, s’affirmant comme un artiste complet, capable de changer de registre avec aisance.
Star consensuelle... et engagée
S’il joue à l’occasion au cinéma (dans des films comme Le Monde la chair et le diable, dont il est également producteur), Belafonte est désormais avant tout chanteur, et s’impose comme l’un des entertainers les plus appréciés du public américain. En 1959, il anime à la télévision le spectacle de variétés Tonight with Belafonte, qui lui vaut d’être le premier Noir à remporter un Emmy Award, récompense télévisuelle américaine.
Mais l’homme est également un citoyen engagé et profite de sa popularité comme de son image consensuelle pour soutenir très activement des causes humanitaires ou faire campagne contre le racisme, refusant durant plusieurs années de se produire dans le sud des Etats-Unis, encore marqué par la ségrégation. Il apporte également son soutien financier à Martin Luther King. Harry Belafonte se voit par ailleurs chargé de mission par le président John F. Kennedy auprès des travailleurs humanitaires américains.
Après avoir quitté RCA dans les années 1970, Harry Belafonte espace la sortie de ses disques, continuant de se produire dans le monde entier, dans de nombreux spectacles et galas, mais vivant beaucoup sur ses acquis et son répertoire classique. En 2003, il annonce sa retraite du monde du spectacle après un ultime concert. Il poursuit par ailleurs son engagement civique, se gauchisant avec l’âge, à l’image de son soutien au président vénézuélien Hugo Chávez.
Carrière très enviable que celle de Harry Belafonte qui, s’il a cessé de se renouveler plus vite qu’on pouvait le supposer, a su gagner ses galons d’artiste de tout premier plan aux côtés de légendes comme Frank Sinatra ou Nat King Cole.