Arthur Arshawsky, dit Artie Shaw, né le 23 mai 1910 à New-York, était surnommé « le roi du swing ». Comparé le plus souvent à Benny Goodman, il représente à eux deux l'âge d'or des Big Bands des années 30 jusqu'à l'avènement du be bop au lendemain de la seconde Guerre Mondiale.
Auteur du morceau swing par excellence, avec sa reprise de « Begin the Beguine », Artie Shaw connut de nombreux autres succès mais aussi une carrière mouvementée au cours de laquelle il abandonna plusieurs fois la musique. Certains le gratifieront du titre du plus grand clarinettiste de tous les temps et celui de l'inventeur du « premier orchestre cool ».
Esprit brillant et musicien perfectionniste, le jeune Artie commence sa carrière à l'âge de quinze ans. Précoce, il joue avec divers ensembles pour des émissions de radio. En 1934, il abandonne une première fois la musique et se retire dans son ranch pour écrire. Il réapparaît un an plus tard et s'essaye alors au « jazz de chambre », à la tête d'un petit ensemble de cordes, sans grand succès.
En 1937, à la tête d'une formation plus conséquente et à l'instrumentation plus classique, il obtient ses premiers succès. Billie Holiday en sera brièvement la chanteuse. Elle est alors l'une des premières artistes noires recrutée dans un orchestre de blancs. Artie Shaw savait détecter les talents et militait ouvertement contre la ségrégation raciale.
Un an plus tard, l'enregistrement de « Begin the Beguine » le couvre de gloire et d'argent. Il s'offre les services de grands musiciens (comme Buddy Rich à la batterie) et de chanteurs de renoms (Tony Pastor, Helen Forrest). A nouveau, Artie Shaw disparaît, cette fois-ci à Mexico dont il revient en 1940 avec une formation toute neuve comprenant une section de cordes, le « Gramercy Five ». Le titre « Frenesi » exécuté avec le Gramercy sera encore un grand succès. Il joue également son propre rôle au cinéma dans « Second Chorus » en compagnie de Fred Astaire.
La guerre interrompt sa carrière « civile ». Artie Shaw s'engage en 1942 et joue pendant 18 mois dans le pacifique sud à la tête d'une formation de marines. De retour aux Etats-Unis, il ressuscite son « Gramercy Five » puis décide de se consacrer exclusivement à la musique classique en 1947.
Artie Shaw prend encore une courte retraite musicale pendant deux ans au cours desquels il écrit son autobiographie, « The Trouble With Cinderella » (1952). Il reforme ensuite le « Gramercy Five » pour un ultime retour en 1954 avant de raccrocher définitivement la clarinette. Il s'exile alors en Espagne pour fuir la folie du maccarthysme et écrit deux romans. « J'ai fait tout ce qu'il était possible de faire avec une clarinette » a-t-il tranché.
Il s'essaye alors à de nombreuses activités aussi diverses que la production laitière ou la distribution de film. De retour aux Etats-Unis au début des années 60, il vit retiré à Lakeville dans le Connecticut puis donne des cours à l'université dans les années 70.
En 1983, il supervise la reformation du Artie Shaw Orchestra mais sans y jouer. Il meurt en 2004 à l'âge de 94 ans.
Personnage au franc-parler légendaire, Artie Shaw était aussi un grand séducteur. Très bel homme, il se maria huit fois et vécut des idylles médiatiques avec des grandes stars comme Eva Gardner, Lana Turner et Evelyne Keyes.