« Paolo Conte chante. Esthétiquement, c’est beau. Moralement, comme toute insulte à la médiocrité, c’est une bonne action. » Pierre Desproges
Paolo Conte voit le jour le 6 janvier 1937, dans la ville piémontaise d’Asti, célèbre pour son vin, et située au nord de l’Italie.
Durant la deuxième guerre mondiale, on l’abrite dans la ferme de ses grands-parents : cette première prise de contact avec les traditions populaires le marque à jamais. C’est également dans cette période qu’il développe un goût prononcé pour le jazz, le cinéma, et toutes les expressions graphiques.
L’après-guerre le voit intégrer un orchestre de jazz (au pupitre du vibraphone), alors que son frère Giorgio (de quatre ans son cadet, et qui deviendra également compositeur, chanteur, et…avocat), tient la batterie.
Une vocation contrariée de médecin l’entraîne à suivre des études de droit : issu d’une famille de notaires et notables, Paolo Conte est le seul artiste répertorié au monde à avoir, durant un quart de siècle, mené simultanément une carrière de chanteur, et d’avocat d’affaires.
Car, dès les années soixante, le musicien adore frayer avec le monde de la variété, et, lorsque Adriano Celentano interprète en 1967 «La Coppia Più Bella Del Mondo », le succès du refrain l’incite à persévérer. D’autant que d’autres interprètes parfont sa réputation : Patty Bravo (« Tripoli ’69 »), Caterina Caselli, Enzo Jannacci, et, encore,Adriano Celentano, dont le scandaleux « Azzuro » (1969) sera adapté en France par Régine.
C’est ainsi qu’en 1974 sort son premier album éponyme (dont on retient la tendre « Una Giornata Al Mare »), suivi de son jumeau, l’année d’après : les Italiens commencent à se familiariser avec son élégante voix en papier de verre, sa sophistication de crooner, et le raffinement suranné de ses orchestrations. Sa carrière adopte un virage international en 1979, et le triomphe de l’album Un Gelato Al Limon (ainsi que le tube mondial « Via Con Me/It’s Wonderful ») amorce un enchaînement régulier de sessions : Paris Milonga (1981), présenté sous les ors du Festival de San Remo, Appunti Di Viaggio (1982), ainsi qu’un nouvel album éponyme en 1984, suivi de son premier album en public (Concerti-1985), en écho de ses premiers concerts au théâtre de la Ville de Paris, et de deux nouvelles productions : Aguaplano (1987), et Paolo Conte Live – autrement dénommé Aguaplano Tour - (1988). Paolo Conte, qui joue au Blue Note Club new-yorkais, tourne des vidéos en Hollande, et enregistre au Québec, est désormais une vedette internationale.
En 1990 le compositeur tente l’expérimentation d’une nouvelle écriture, plus ambitieuse (et nourrie de sons électroniques) dans Parole D’Amore Scritte A Macchina, puis revient à une expression plus traditionnelle – considérant son goût prononcé pour les synthèses systématiques de romances populaires, jazz, comédies musicales, et mélodies aux couleurs latines - dans ‘900 – Novecento - (1992), un nouvel album live, Tournée (1993), Una Faccia In Prestito (1995), d’autres souvenirs de concerts (Tournée 2-1998), et Razmataz (2000). Cette dernière production (bénéficiant d’une édition luxueuse, intégrant des dessins originaux de l’artiste), constitue un hommage au Paris des années vingt. En 2005, l’album Elegia ne précède que de quelques semaines Live Arena Di Verona. En 2007, il assure la direction artistique de Danson Metropoli, album du groupe de pop-jazz italien Orchestra Avion Travel, consacré à ses chansons. Le 22 septembre 2008 est édité l’album Psiche, dans lequel Paolo Conte déroule une ode à la bicyclette – « Velocitá Silenciosa » – qui est utilisé comme générique du Giro (Tour d’Italie cycliste).
Entre le piano et la planche à dessiner, Paolo Conte reste la moustache poivre et sel la plus talentueuse – et renommée – de la scène internationale. Docteur honoris causa de maintes universités, et décoré à plusieurs reprises dans son pays d’origine, il a été fait en France Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres. Et il vit toujours à Asti.
