BIOGRAPHIE JULIEN MARCHAL 2020
Artisan du minimalisme, Julien Marchal poétise les silences accordés à ses notes suspendues. De quelques dominantes habilement décrochées, les partitions harmonieuses du pianiste bordelais prennent la parole et nous invitent à nous laisser guider dans un imaginaire intensément mélancolique et vibrant.
Écouter Julien Marchal, c’est traverser les reliefs d’une musique en constant mouvement, qui se ressent autant qu’elle nous transporte, avec son adrénaline, ses vertiges, ses pauses et ses reprises. Avec son sens du détail, de la matière aussi, tant on pourra déceler, dans ses premiers actes fondateurs, le craquement du plancher, parfois même les infimes bruissements d’une mécanique en action.
Composer, Julien Marchal le dira à demi-mots, c’est d’abord écouter, apprivoiser les temps morts, les suspensions, pour mieux les subjuguer. Lui parvient à les investir au cœur d’un récit entre lueur et gravité. Dans son interprétation, passionnément virevoltante, paisible autant que passionnée, le compositeur bordelais convie des sentiments à tout rompre. On passe de la délicatesse à la passion, de l’urgence à la pudeur, sans jamais se perdre.
D’un éveil musical dès son plus jeune âge, c’est finalement à son arrivée à la faculté de musicologie qu’il trouvera sa vocation, avec la découverte des minimalistes. Toujours à la recherche d’une indicible harmonie, l’œuvre de Julien Marchal est riche de surprises et de libertés retrouvées. On recommandera forcément sa série Insight, initiée en 2017 : pièces pour piano sans nom et déclinées, jusqu’ici en quatre albums, laissant libre cours à l’imagination de chacun. Ses EPs Observations (DimMak – 2018) et Imp. (Whales Records – 2020) complètent son panorama introspectif.
Pourtant, c’est bien grâce à ses collaborations que Julien Marchal repousse sans cesse ses limites. Le premier contact se fera avec Robot Koch il y a près de cinq ans et renouvelée à l’envi, dont on retiendra notamment l’ensorcelant « Care ». Entrepreneur philanthrope, à travers la création de son label indépendant, Whales Records, qui accueille le travail d’artistes dont il estime la sensibilité et l’amitié avant tout (parmi eux, la pianiste hollandaise Muriël Bostdorp et le combo pop électronique Mondial Toboggan), aux côtés de ses productions maisons. Parmi ses derniers faits d’armes collectifs, il y a sa rencontre, évidente, en 2018 avec le prodige anglais Ed Tullett pour former le duo Lissom et composer un album éponyme d’une infinie douceur (Whales Records). Depuis cette même année, il collabore également avec le producteur EDM planétaire Steve Aoki sur les deux derniers volets de sa série Neon Future. En 2020, c’est avec le beatmaker bordelais, Senbeï, qu’il forme désormais le duo SLUMB pour un registre original et audacieux, entre electronica, post-rock et envolées cinématographiques (Banzaï Lab – 2020).
Par sa volonté de questionner sans cesse son rapport à la composition et à l’émotion, Julien Marchal est définitivement un artiste à part dans le paysage de la musique d’aujourd’hui, tant il fait le pari remarquable de concilier à ses bases classiques une sensibilité totalement novatrices, aux lectures personnelles bouleversantes d’émotion.