Laurence Lim Dally est une femme inspirante, entrepreneure, elle est experte de la diversité et des différences interculturelles. Elle a travaillé au bureau du 1er ministre sur les questions de diversités et d'égalité des chances avant de partir à Honk Kong. Avec Laurence on envisage un sujet qui dérange...la pensée universaliste française sur tous les sujets de société mais surtout la manière dont les Chinois et plus généralement l'Asie envisagent des questions importantes de société: le rapport femme/homme, l'écologie, de la gestion des données, de la vie privée, la beauté, la réussite.... C'est d'autant plus important que la Chine est en train d'influencer par les plateformes digitales (je pense à Tik Tok entre autre) notre manière de voir le monde. La Chine est sur le point de prendre un leadership mondial et cela aura nécessairement des conséquences sur nos modes de vie. Dès lors, envisager nos biais culturels cognitifs est essentiel. J'avais déjà abordé le sujet en parlant d'intelligence artificielle avec Aurélie Jean mais la morale que l'on considère comme universelle est totalement culturelle. Nous y revenons avec Laurence dans le détail Suggestion d'autres épisodes à écouter : Vlan #44 Santé, alimentaire et lobbying de l'industrie avec Isabelle Saporta (https://audmns.com/GqiNejb) Vlan #127 A quoi ressemblera la mondialisation post-covid19 (https://audmns.com/RfyqsFr) #145 La finance est-elle l'ennemie de l'écologie? Avec Bertrand Badré (https://audmns.com/LslCRlt) Vlan #83 Envisager d'autres manières de gouverner avec Primavera de Filippi (https://audmns.com/DaEpdEi)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière. Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens. Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos. Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire. Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme. Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde. J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie. Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.5 citations marquantes« La joie, c’est apprendre à désespérer sans tomber dans le désespoir. »« Le silence n’est pas une absence de langage, mais une présence de sens. »« Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que je la désire, mais parce que je la désire qu’elle devient bonne. »« La philosophie ne sauve pas toujours ; elle peut aussi nous détruire. »« On ne se définit pas parce qu’on est, mais parce qu’on n’est pas. »10 questions que l'on se poseQu’est-ce que représente pour toi “le silence de la joie” ?Pourquoi qualifies-tu le monde de tragique ?Le silence est-il le grand oublié de notre société connectée ?Pourquoi t’es-tu autant intéressé à la philosophie ?Est-ce que la philosophie peut nous sauver ?Quelle est ta vision du développement personnel aujourd’hui ?Comment animes-tu la joie en toi au quotidien ?Que signifie “désirer ce que l’on a déjà” ?Comment différencies-tu le réel et la réalité ?Est-ce que l’on peut passer à côté de sa vie ?Timestamps00:00 – Introduction de l’épisode01:45 – Le concept du “silence de la joie”03:06 – Pourquoi le monde est-il tragique ?04:17 – Le silence dans une société ultra-connectée06:16 – Le parcours personnel de Christopher vers la philosophie08:33 – La philosophie peut-elle être destructrice ?13:49 – Une critique de la spiritualité et du développement personnel21:16 – Comment naît la joie dans l’absurde ?23:42 – L’éternel retour et la joie selon Nietzsche30:55 – Désirer ce que l’on a déjà, selon Spinoza35:04 – La gratitude face au quotidien38:44 – Conclusion Suggestion d'autres épisodes à écouter : #335 Trouver du reconfort dans un monde en chaos avec Marie Robert (https://audmns.com/ICuFMra) Vlan #90 Booster sa confiance en soi à l'ère numérique avec Charles Pepin (https://audmns.com/oVsnEHR) #336 Le bonheur doit être le projet de notre siècle avec Arthur Auboeuf (https://audmns.com/LkXQumL)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
25/03/2025 • 39:18
Christopher Laquieze est un penseur autodidacte à la trajectoire singulière. Il n’a pas étudié la philosophie dans un cadre académique classique, mais a construit sa sagesse à travers les épreuves de la vie, la lecture passionnée et une quête personnelle du sens. Il est l’auteur du livre Le Silence de la Joie, une œuvre aussi poétique que profondément philosophique.J’ai découvert Christopher à travers son compte Instagram qui cumule plus de 300 000 followers et que je suivais avec beaucoup d’intérêt, intrigué par la densité et la lucidité de ses propos. Et ce que je peux vous dire, c’est que notre rencontre ne m’a pas déçu — bien au contraire. Dans cette période un peu dystopique et effrayante, j'avoue envie de vous parler de joie et de la manière dont on pouvait la trouver.Et ca tombe bien, dans cet épisode, nous avons plongé ensemble dans une réflexion vertigineuse sur le silence, la joie, le réel et la réalité.Nous avons parlé du silence de la joie, cette joie qui naît sans cause, comme un souffle venu du fond de l’âme. Une joie qui, pour Christopher, est un cri, une forme de révolte face à l’absurdité du monde. J’ai voulu comprendre ce que signifiait pour lui cette forme de joie silencieuse, mais aussi pourquoi il considérait le monde comme “tragique” et comment, malgré tout, il choisit d’y affirmer son existence.Christopher m’a partagé son parcours : une adolescence chaotique, une dépression sévère, une dérive dans la spiritualité dogmatique, et enfin, une renaissance à travers la philosophie. Une philosophie brute, vécue, ancrée dans le réel. Il raconte comment la philosophie l’a aidé à déconstruire des croyances, à abandonner des illusions, mais aussi comment elle peut être déstabilisante, voire destructrice.Nous avons abordé la notion de désir — non pas comme manque, mais comme élan vital — et évoqué des penseurs majeurs : Spinoza, Nietzsche, Camus, Clément Rosset, Pessoa... Autant d’influences qui éclairent sa pensée et nourrissent ses réflexions.Dans cet épisode, j’ai questionné Christopher sur le développement personnel, les dangers de la pensée positive poussée à l’extrême, la mémoire, la solitude, l’amitié, et cette idée si bouleversante : peut-on vraiment “passer à côté de sa vie” ?C’est une conversation d’une rare intensité, lucide, parfois brutale, mais toujours profondément humaine. Une plongée dans l’âme, un dialogue avec nos zones d’ombre, et une invitation à repenser ce que signifie vivre avec joie, malgré tout.5 citations marquantes« La joie, c’est apprendre à désespérer sans tomber dans le désespoir. »« Le silence n’est pas une absence de langage, mais une présence de sens. »« Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne que je la désire, mais parce que je la désire qu’elle devient bonne. »« La philosophie ne sauve pas toujours ; elle peut aussi nous détruire. »« On ne se définit pas parce qu’on est, mais parce qu’on n’est pas. »10 questions que l'on se poseQu’est-ce que représente pour toi “le silence de la joie” ?Pourquoi qualifies-tu le monde de tragique ?Le silence est-il le grand oublié de notre société connectée ?Pourquoi t’es-tu autant intéressé à la philosophie ?Est-ce que la philosophie peut nous sauver ?Quelle est ta vision du développement personnel aujourd’hui ?Comment animes-tu la joie en toi au quotidien ?Que signifie “désirer ce que l’on a déjà” ?Comment différencies-tu le réel et la réalité ?Est-ce que l’on peut passer à côté de sa vie ?Timestamps00:00 – Introduction : réel vs réalité02:00 – Nos perceptions façonnent notre réalité04:00 – Le langage, la poésie, et la manière de dire le monde06:30 – Mémoire, souvenirs et illusions : quand la fiction transforme le passé09:00 – Solitude, isolement, et rapport à soi12:00 – Peut-on se perdre ? Peut-on passer à côté de sa vie ?15:00 – Nier le réel pour se réfugier dans un récit personnel17:30 – Le deuil, l’imaginaire et les objets symboliques20:00 – Les illusions joyeuses et le risque de désillusion23:00 – L’éternel retour, Spinoza et le désir de ce qui est26:00 – Le conatus et l’énergie vitale du quotidien30:00 – Amour, désir et joie selon Spinoza34:00 – Friction vs confort : le rôle du labeur dans la joie38:00 – Ce que l’on est, ce que l’on n’est pas : se définir par la négation41:00 – Clôture de l’épisode : ouvrir et fermer la porte à l’expérienceDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
25/03/2025 • 42:42
Retrouvez l’ensemble des épisodes de Vlan! Leadership icihttps://podcasts.audiomeans.fr/l/pling-ad30997f?u=dsjUULoFoY&ckey=ac8075a6482f#52 Culture d’entreprise : les clés du succès de Netflix avec Benjamin Clery-Melin Benjamin Cléry-Melin, VP Marketing Southern Europe chez Netflix, nous ouvre exceptionnellement les portes de la culture d’entreprise du géant du streaming. Pour la première fois je n'interviewe pas un CEO parce que tout simplement il n'existe pas de CEO en France, ils sont 7 à diriger l'organisation avec leurs compétences propres et même au niveau global, il existe 2 co-CEO.C'est la 1ère particularité de Netflix parmi de nombreuses autres dans lesquelles je plonge avec Benjamin Clery-Melin qui est chez Netflix depuis plus de 10 ans et le 1er employé français de ce géant.Cet échange est une opportunité rare de plonger sous les cartes de Netflix et de découvrir ce qui fait réellement son succès au-delà des productions que nous connaissons tous comme Lupin.Comment cette entreprise fonctionne-t-elle en interne ? Comment sont prises les décisions ? Pourquoi la transparence radicale et la candeur sont-elles des piliers incontournables du management chez Netflix ? Benjamin nous explique comment ces principes influencent tout, du recrutement à l’innovation, en passant par la gestion des talents et l’organisation du travail.Et si le véritable moteur du succès de Netflix n’était pas seulement son catalogue, mais sa santé organisationnelle ?Dans cet épisode, on plonge sous les cartes de Netflix pour comprendre comment l’entreprise s’assure en permanence d’être en bonne santé. Ici, pas de process figés ni de hiérarchie rigide : tout repose sur une culture de la transparence radicale, de la candeur et de l’autonomie. Benjamin nous explique comment ces principes permettent aux équipes d’innover en permanence et d’avancer sans silos ni lourdeurs bureaucratiques.Nous avons aussi exploré le concept clé du "capitaine informé", qui redéfinit la prise de décision en entreprise : plutôt que de déléguer ou d’imposer, Netflix responsabilise ses talents pour qu’ils prennent les meilleures décisions, avec le bon niveau d’information et le bon entourage.En filigrane, une question essentielle : comment une entreprise peut-elle maintenir un haut niveau de performance tout en restant saine ? Comment détecter les dysfonctionnements avant qu’ils ne deviennent un problème ? Et surtout, comment une culture organisationnelle peut-elle évoluer sans perdre son essence ?Un échange rare et passionnant sur les coulisses d’une entreprise qui bouscule les codes du management moderne.5 Citations marquantes :"Toutes les questions sont bonnes, et on essaie de ne surtout pas éteindre les mauvaises questions.""Chez Netflix, la transparence, ce n’est pas juste un mot : tout le monde peut commenter, questionner et participer aux décisions.""La clé du recrutement, c’est de chercher des gens qui apportent quelque chose de nouveau à l’équipe, pas juste qui 'fit' avec elle.""On ne veut pas figer notre culture, elle évolue tous les deux ans avec les employés.""Un bon leader ne centralise pas les décisions, il crée les conditions pour que les autres puissent en prendre."10 Questions posées dans l’interview :Comment la transparence est-elle mise en place chez Netflix ?En quoi consiste le concept de "capitaine informé" dans la prise de décision ?Pourquoi Netflix privilégie-t-il la candeur et le feedback direct ?Comment le recrutement est-il pensé pour s’assurer d’avoir les bonnes personnes ?Quels sont les grands principes qui structurent la culture d’entreprise de Netflix ?Comment les décisions stratégiques sont-elles communiquées aux employés ?Pourquoi Netflix évite-t-il les process rigides et comment assure-t-il la cohésion ?Comment la culture Netflix a-t-elle évolué avec la croissance de l’entreprise ?Comment Netflix fait-il émerger les idées de ses employés ?Quel conseil donner aux entreprises qui veulent s’inspirer du modèle Netflix sans le copier ?Timestamps clés :00:00 - Introduction et présentation de Benjamin Cléry-Melin05:30 - Les valeurs fondamentales de Netflix et leur évolution12:00 - Transparence et communication interne : un modèle unique18:00 - Comment Netflix encourage la prise de décision autonome ?24:30 - Le concept du "capitaine informé" et sa mise en pratique30:00 - Culture du feedback : pourquoi la candeur est essentielle40:00 - Recrutement chez Netflix : comment attirer et garder les meilleurs ?50:00 - Comment Netflix choisit ses productions culturelles ?01:05:00 - La chose que personne ne sait sur Netflix Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
25/03/2025 • 66:22
Cet épisode est une lecture de ma newsletter disponible ici. Vous pouvez retrouver la vidéo de cet épisode sur Youtube sur la chaîne de Vlan!Dans cette époque particulièrement dystopique, la gentillesse trône au sommet de la hiérarchie des vertus recherchées.On la réclame, on la valorise, on l'érige en panacée contre toutes les violences contemporaines. Partout, on implore la bonté, on quémande la générosité, on s'abreuve avidement aux sources des énergies positives.Et je m'y plie avec dévotion depuis ma plus tendre enfance.Je me suis toujours défini comme un « gentil » et c'est probablement ainsi que mon entourage me décrirait sans hésiter quoique c’est sans doute présomptueux de ma part. Mais cette vertu tant louée dissimule-t-elle des zones d'ombre que je refuse obstinément de reconnaître ou plutôt contre lesquelles je ne travaille pas assez?Il y a quelques mois, le jour de mon anniversaire, une amie autrice britannique, Taiye Selasi, m'a lancé cette phrase qui m'a ébranlé : « The problem, Greg, is that you are a nice guy when you should be kind instead ».Encore une fois, une nuance linguistique anglaise qui m'échappait. Car comme vous sans doute, à cet instant précis, j'étais incapable de distinguer entre « nice » et « kind », les deux se fondant dans le même mot français : « gentil ». Je lui ai donc demandé d'éclairer ma lanterne.Gentil ou authentique : le dilemme qui vous détruitElle m'a expliqué que « kind » incarnait une forme de bienveillance et de bonté du cœur qui circule dans les deux sens – envers les autres, mais aussi, et c'est crucial, envers soi-même.Une personne « kind » connaît intimement ses propres limites et pose des frontières claires aux autres. Tandis qu'une personne « nice » serait rongée par un besoin viscéral d'être aimée, au point que toutes ses barrières s'effondrent – transformant cette prétendue qualité en authentique défaut.Elle m'a alors recommandé la lecture de « No More Mister Nice Guy » de Robert Glover, que j'ai reçu sans tarder sur Vlan !L'épisode étant en anglais, j'ai décidé d'en faire cette newsletter pour vous expliquer pourquoi ce sujet me touche personnellement, et partager avec vous ce que j'en retire.Il y a tant de personnes méchantes et sournoises dans ce monde, pourquoi donc questionner la gentillesse ?Existe-t-il véritablement un « syndrome du gentil » ?La gentillesse pourrait-elle cacher des faces obscures ? Comment être gentil de manière juste ? Doit-on adhérer entièrement à la réflexion de Robert Glover ? Quelles critiques peut-on lui adresser ?La gentillesse comme bouclier contre les coupsPour saisir pourquoi ce sujet me touche particulièrement, je dois vous embarquer dans la construction de mon identité, et je pressens que cela résonnera avec certains d'entre vous.Ma mère n'était pas fondamentalement maltraitante, mais elle nous battait, mon frère et moi, de façon régulière (oui j’ai traité le sujet avec elle depuis).J'ai donc appris très tôt cette équation fatale : pour être aimé, il fallait être gentil, se plier en quatre pour tenter désespérément de faire plaisir.Bien sûr, je suis naturellement doté d'une bonté et d'une générosité profonde, mais vous remarquerez sans doute que la gentillesse dans laquelle je me suis enfermé n'était pas authentiquement la mienne. J'y reviendrai.Mon objectif premier ? Éviter les coups, tout simplement, mais surtout – gagner l'amour de ma mère. Cela implique que j'ai également intégré l'idée que les coups pouvaient s'entrelacer à l'amour – mais c'est un autre sujet que j'explorerai en temps voulu.Mon enfance s'est structurée sur ces fondations : la gentillesse comme mécanisme instinctif de protection et le rire comme échappatoire vitale. Comment refuser d'aimer une personne gentille ? Une personne qui s'évertue à devancer vos moindres attentes ?Au fil des années, je me suis métamorphosé en véritable caméléon, tentant de devenir ce que j'imaginais que les autres attendaient de moi, fuyant le conflit comme la peste.“Qu'est-ce qu'ils vont penser ?” : le mantra des dominésIl y a évidemment une part naturelle de socialisation et un besoin viscéral d'appartenance dans tout cela.Particulièrement quand, comme moi, vous êtes métis sans racines solides d'un côté puisque « descendant d'esclaves », portant le fardeau de la culpabilité d'être différent, écrasé par la pression sociétale d'être un « bon français », ce qui en France, avec notre modèle d'intégration républicaine, suppose d'être « plus blanc que blanc ».Ma mère nous a inculqué très tôt l'obligation d'être plus polis, plus irréprochables que quiconque, nous martelant régulièrement cette question : « qu'est-ce qu'ils vont penser ? ».Déjà qu'on nous montrait du doigt dans le village de mes grands-parents paternels – il semblait évident qu'on devait faire profil bas.Cqfd : cette stratégie est vouée à l'échec. On vous reprochera toujours votre couleur de peau jusqu'à ce que vous vous intégriez socialement, c'est-à-dire jusqu'à ce que vos revenus ou votre statut vous permettent de transcender cette réalité.Et même dans ce cas, dans certains contextes, cela reste illusoire.Pour être sincère, les gens tombent toujours des nues quand j'évoque le racisme ordinaire qui a jalonné mon existence, car après tout « on ne dirait pas vraiment que tu es noir toi, on pourrait penser que tu es italien, israélien, libanais, marocain, etc. ».J'ai entendu cette phrase un nombre incalculable de fois et ma réponse reste invariablement la même : « ce qui est certain, c'est que je ne suis pas blanc, et je peux t'assurer que la rue, la police, les institutions me le rappellent régulièrement ». Je vous le confie ici : je suis né d'un père bourguignon et d'une mère martiniquaise, elle-même métisse noire et indienne – et aujourd'hui, j'en porte fièrement l'héritage.Par ailleurs, il faut savoir qu'une règle tacite règne presque universellement (y compris sur les continents africain et asiatique) : plus la peau est claire, plus on vous valorise – le noir occupant le bas de l'échelle, particulièrement pour les femmes malheureusement pour elles, les études sont unanimes.Je vous raconte tout cela car ce phénomène a exacerbé un complexe qui grandissait insidieusement en moi.Votre gentillesse vous étouffe - et les autres le sententComme Robert Glover l'explique, être un "nice guy" suppose de dissimuler sa véritable nature pour éviter de froisser quiconque.Cette dynamique rappelle étrangement le "doublethink" décrit par Orwell dans "1984" – cette capacité à maintenir simultanément deux croyances contradictoires. D'un côté, notre authenticité profonde, et de l'autre, l'image que nous projetons pour être acceptés.Le terme qui définirait le plus justement ce type de gentillesse serait peut-être « débonnaire », qui signifie selon le Larousse « être bon jusqu'à la faiblesse ».Un terme rarement utilisé mais qui capture parfaitement ce que Robert Glover décrit, et que j'adopterai désormais dans cette newsletter pour définir ce type de « gentillesse ».Cela me permet en outre de préserver le terme « gentil » qui me semble fondamentalement précieux.Les débonnaires, donc, sont tellement obsédés par la dissimulation de leur véritable nature et par les désirs des autres qu'ils en oublient leurs propres aspirations.Une voix intérieure nous souffle : « ça sera plus simple comme ça, sinon ça va créer du conflit et on doit pouvoir l'éviter ». Deux scénarios se présentent alors : soit notre interlocuteur, presque malgré lui, repousse les limites et devient maltraitant – un comportement infantile qui révèle le besoin que quelqu'un fixe des frontières.Soit le débonnaire accumule tant de frustrations qu'il finit par exploser, provoquant précisément les tensions qu'il s'efforçait d'éviter.Dans les deux cas, nous sommes inéluctablement perdants.Je suis gentil, donc je ne suis pasSelon Robert Glover, la débonnaireté s'enracine dans deux terrains principaux : une honte toxique accompagnée d'une petite voix intérieure qui murmure « je ne suis pas assez bien comme je suis » ou simplement « je ne suis pas assez », et une angoisse dévorante d'être abandonné ou blessé.On retrouve ici les personnes avec un attachement anxieux. J'ai d'ailleurs consacré un épisode de Vlan ! à ce sujet, si vous souhaitez l'approfondir.En deux mots, la théorie de l'attachement, développée par John Bowlby, distingue trois types principaux d'attachement : anxieux, sécurisé et évitant. Ces modèles d'attachement se forgent généralement durant l'enfance.L'attachement anxieux se développe lorsque la réponse aux besoins émotionnels de l'enfant est imprévisible ou incohérente.En grandissant, ces individus vivent dans la crainte perpétuelle de perdre l'affection ou l'attention d'autrui, cherchant à compenser cette insécurité fondamentale par des comportements de dépendance affective marqués.Une personne ayant développé un attachement anxieux sera particulièrement vulnérable à la codépendance.Elle s'enferme dans une dynamique où ses besoins, ses désirs et son équilibre émotionnel dépendent étroitement du regard et de l'attention de l'autre.Cette dépendance excessive engendre souvent un cercle vicieux : plus la personne s'accroche, plus elle risque d'éloigner l'autre, confirmant ainsi sa peur primordiale de l'abandon.Vivre par procuration : l'existence fantômeLa codépendance est un concept initialement forgé dans le contexte des addictions, spécifiquement pour décrire le comportement des proches de personnes dépendantes à l'alcool ou à des substances. Il émerge aux États-Unis dans les années 1970, en parallèle de la prise de conscience des dynamiques relationnelles au sein des familles d'alcooliques.Originellement, être codépendant signifiait adopter un comportement centré sur l'autre, jusqu'à s'oublier soi-même, dans une tentative désespérée de contrôler, sauver ou protéger la personne dépendante.Au fil du temps, le concept de codépendance a transcendé le cadre strict des addictions pour décrire des relations affectives marquées par une anxiété relationnelle intense. Aujourd'hui, la codépendance désigne une tendance à s'investir excessivement dans les relations, à dépendre viscéralement de l'approbation d'autrui pour nourrir son estime de soi, et à éprouver une anxiété dévorante liée à la peur de l'abandon ou du rejet.Prendre conscience de ces mécanismes permet de mieux comprendre et d'apaiser ces dynamiques relationnelles en travaillant notamment sur la sécurisation de son attachement et sur l'affirmation de soi.Personnellement, je ne pense pas avoir vécu de véritable codépendance, mais j'ai longtemps navigué avec un attachement anxieux que j'ai laborieusement travaillé en thérapie, me permettant d'atteindre aujourd'hui un attachement bien plus sécurisé. D'ailleurs, plus que de codépendance, Robert Glover préfère parler de « fonctionnement emprunté » (« borrowed functioning »).Ce concept décrit une situation où l'on s'appuie excessivement sur les compétences, les émotions ou la validation d'autrui pour fonctionner quotidiennement, faute de pouvoir mobiliser ses propres ressources intérieures. Cette perspective souligne l'importance cruciale de cultiver une véritable autonomie émotionnelle plutôt que de vivre par procuration.Le contrat invisible qui pourrit vos relationsCette démarche, observée avec recul, recèle une dimension profondément auto-centrée : la personne cherche avant tout à éviter l'abandon, à s'assurer d'être aimée – il s'agit fondamentalement d'elle-même, non de l'autre.Comme l'explique Robert Glover, cela revient implicitement à dire : « regarde comme je suis gentil, regarde tout ce que je fais pour toi, regarde comme il n'y a jamais de problème avec moi ».L'injustice fondamentale de cette approche réside dans le contrat tacite que le débonnaire établit : « si j'agis ainsi pour toi, alors tu dois agir ainsi pour moi » – mais l'autre ignore tout de ce contrat implicite, et l'émetteur lui-même n'en a souvent pas conscience.J'évoquais plus haut l'effet « cocotte-minute » des débonnaires, un phénomène que je m'efforce d'éviter mais auquel je me dois d’avour que je succombe encore régulièrement.Robert Glover explique que cela peut culminer en un véritable déversement victimaire : « regarde comme tu me traites alors que moi, j'ai fait tout cela pour toi, et moi, et moi... »L'injustice fondamentale tient au fait que le débonnaire incrimine l'autre pour des choses qu'elle n'a jamais explicitement demandées.Parfois, ce comportement sabote la relation elle-même : à force de vouloir éviter de heurter qui que ce soit, on finit par causer des blessures bien plus profondes.Le paradoxe fatal : blesser en voulant protégerJe me souviens d'une situation emblématique entre une amie très proche, de passage à Paris, et ma nouvelle compagne de l’époque, il y a 15 ou 20 ans.Toutes deux souhaitaient me voir au même moment, et je désirais les voir toutes les deux.Plutôt que d'aborder franchement la situation avec l'une ou l'autre, j'ai tenté de les voir toutes les deux, résultant en une double frustration : aucune n'avait eu suffisamment de mon temps.Sur le moment, j'ai trouvé leur réaction profondément injuste, alors qu'il aurait suffi d'exprimer clairement la situation, sans craindre un désaccord imaginaire, pour que tout se résolve naturellement.En réalité, nous présupposons les réactions des autres sans jamais solliciter leur avis – c'est l'un des travers majeurs des débonnaires, qui deviennent ainsi, paradoxalement, manipulateurs.Le paradoxe, c'est que j'apprécie profondément cette facette de ma personnalité : ma générosité, mon empathie, ma nature accommodante.La question n'est évidemment pas de renier ces qualités, mais plutôt d'apprendre à reconnaître ce qui nous dérange, à l'exprimer sereinement et à établir des limites claires.Dit ainsi, cela semble simple – mais je sais pertinemment qu'on ne réalise souvent qu'après coup qu'on n'a pas respecté ses propres limites.Vers une gentillesse authentique : pistes de reconstructionComment s'extraire de ces mécanismes, ou comment accompagner quelqu'un qui s'y reconnaît ?Je crois que l'essentiel réside dans la communication ouverte, la compréhension des traumas sous-jacents, puis un travail personnel, en couple et généralement avec un thérapeute in fine.Un conseil précieux que j'ai reçu et que je m'efforce d'appliquer : quand on est fondamentalement cérébral, il peut être révélateur de se tourner vers des approches thérapeutiques centrées sur le corps – et inversement.Notre tendance naturelle nous pousse vers des thérapies qui font écho à notre fonctionnement, mais l'inverse peut s'avérer profondément transformateur.J'ai d'ailleurs consacré plusieurs épisodes au corps, notamment sur la posture juste avec Thierry Janssen, chirurgien devenu thérapeute, sur le nerf vague avec Ludovic Leroux, ou encore sur l'intelligence corporelle avec Eve Berger.On peut commencer par cultiver l'affirmation de soi, apprendre l'art du refus, exprimer clairement ses ressentis, et privilégier son bien-être personnel.S'exercer simplement à dire « non » dans des contextes peu menaçants pour renforcer progressivement sa confiance.C’est en tout cas, ce que je m’assigne à faire.Parallement, si cela peut résonner avec vous, consignez régulièrement dans un journal les situations où vous avez peiné à établir vos limites, en identifiant précisément ce que vous auriez préféré dire ou faire.Une thérapie cognitive comportementale (TCC) peut également vous aider à repérer vos schémas de pensée automatiques et à les remplacer par des perspectives plus réalistes et affirmées.De mon côté, je crois que je vais aller avec un thérapeute somatique pour terminer le travail déjà bien débuté.Si vous n’êtes pas concernée mais que vous côtoyez une personne encline à cette gentillesse excessive, vous pouvez l'aider délicatement à prendre conscience de ses propres limites.Au lieu d'entretenir indirectement ce déséquilibre, encouragez-la à exprimer clairement ses désirs et besoins, même lorsqu'ils diffèrent des vôtres.Proposez-lui des échanges réguliers où elle peut s'exercer à l'affirmation de soi, dans un espace sécurisant où elle peut librement exprimer ses véritables émotions.Évitez tout jugement ou culpabilisation, mais valorisez chaque avancée, même infime, vers l'affirmation personnelle.La question de la masculinité : limite de l'approche de GloverJe diverge de Robert Glover concernant sa vision des relations de genre – son livre s'adresse aux hommes et soutient l'idée que la masculinité serait menacée.Dans notre conversation, il explique qu'historiquement, en raison du patriarcat, les femmes dépendaient financièrement de leurs maris puisqu'elles ne travaillaient pas (ce qui, soit dit en passant, est inexact pour le Moyen Âge).Selon lui, la situation s'est inversée : les femmes seraient devenues plus compétitrices que les hommes.Ces derniers seraient plus passifs, se retrouveraient en position de dépendance, cherchant désespérément à séduire et à plaire.Il dépeint également les réseaux sociaux et les services comme Uber ou Deliveroo comme des « assassins de la masculinité », renforçant prétendument la passivité masculine.Pendant ce temps, les femmes seraient constamment dans la prise de décision et l'action. Elles travaillent majoritairement et, de retour au foyer, assument l'essentiel de la charge mentale et des responsabilités parentales (école, médecin, anticipation des besoins...) – toutes ces activités s'inscrivant dans une dynamique d'action associée, selon lui, à une énergie « masculine ».Selon lui, elles auraient besoin qu'on honore leur féminité, tandis que les hommes devraient reprendre les rênes décisionnelles et l'initiative, sans pour autant chercher à contrôler leurs partenaires.Je ne m’oppose pas totalement à ces pensées mais n'ayant pas approfondi cette dimension avec lui, je peine à cerner pleinement sa penséeToutefois, il me semble important de mentionner que certains lui reprochent une approche qualifiée de masculiniste.Je consacrerai prochainement une newsletter à la masculinité – un sujet fascinant, tant je constate la désorientation de nombreux hommes face à des demandes féminines parfois contradictoires, qu'elles soient conscientes ou non.Être vrai avant d'être gentil : le nouveau contrat social"Si la gentillesse demeure une valeur cardinale, elle doit s'exercer dans un respect égal de soi-même et d'autrui. Comme l'écrivait George Orwell à propos de son engagement contre le fascisme durant la guerre civile espagnole : « Si vous m'aviez demandé pourquoi j'avais rejoint la milice, j'aurais répondu : 'Pour lutter contre le fascisme', et si vous m'aviez demandé pour quoi je me battais, j'aurais répondu : 'Pour la décence commune'. »Cette « décence commune » pourrait bien constituer la clé d'une gentillesse authentique – non pas une gentillesse qui mendie l'approbation à tout prix, mais une bienveillance ancrée dans l'intégrité personnelle, consciente de ses propres limites tout en s'ouvrant généreusement aux autres.Le chemin est sinueux, semé d'obstacles, mais chaque pas vers cette authenticité représente une victoire.Car être véritablement gentil, c'est avant tout être vrai. Suggestion d'autres épisodes à écouter : #171 Mieux se connaitre pour trouver une posture juste avec Thierry Janssen (https://audmns.com/jeikAHO) Vlan #135 Se reconnecter à l'intelligence du corps avec Eve Berger Grosjean (https://audmns.com/ETKQSfx) #288 le remède miracle contre le stress avec Ludovic Leroux (https://audmns.com/aHHEdaH)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
20/03/2025 • 23:44
Anne-Sophie Simpère est journaliste et auteure engagée. Depuis plusieurs années, elle enquête sur les mécanismes d’influence qui façonnent nos sociétés dans l'ombre.Dans son dernier travail d’investigation, elle met en lumière un réseau méconnu du grand public, mais dont l’impact est colossal : le réseau Atlas.Je n'en n'avais jamais entendu parlé et j'ai été sensibilisé par un article de Anne Sophie tant et si bien que j'ai décidé de la contacter pour en faire un épisode ensemble.Car ce que j'ai découvert m'a vraiment epoustouflé!Nous savons tous que les lobbies existent et qu’ils influencent les décisions politiques et économiques. Mais ce que révèle Anne-Sophie, c’est l’ampleur d’un système structuré, international, et profondément enraciné dans les sphères du pouvoir. Le réseau Atlas, créé en 1981 aux États-Unis, regroupe plus de 500 think tanks dans une centaine de pays et fonctionne comme une véritable machine à influencer les idées.Son objectif ? Diffuser une vision ultralibérale et conservatrice du monde, en infiltrant les débats publics, les médias, et même les formations politiques. Officiellement, ces organisations défendent « la liberté économique ». Mais derrière ce discours, ce sont des stratégies bien rodées qui sont mises en place pour défendre les intérêts des grandes fortunes et des multinationales.En France, des structures comme l’IFRAP, Contribuables Associés ou l’Institut de Formation Politique en sont des relais. Ces think tanks participent activement à la diffusion d’un discours qui pousse toujours plus loin la dérégulation économique, la privatisation des services publics et la remise en cause des politiques sociales et environnementales.Anne-Sophie nous explique comment ce réseau agit :- Astroturfing : la création de faux mouvements citoyens pour donner une illusion de soutien populaire.- Chambres d’écho médiatiques : des experts issus des think tanks du réseau sont invités partout pour diffuser les mêmes éléments de langage.- Manipulation de l’information : des études biaisées, des rapports tronqués et des messages simplifiés pour toucher l’opinion.- Stratégie de long terme : financer des écoles, former des jeunes leaders politiques, et s’assurer une présence constante dans les sphères de pouvoir.Nous parlons aussi de la droitisation du débat public, de l’influence des médias, et de la manière dont ce type de réseau a participé à l’élection de personnalités comme Donald Trump ou Javier Milei.Mais au-delà du constat, cet épisode pose aussi une question essentielle : comment nous protéger face à ces stratégies d’influence invisibles ? Parce que nous sommes tous concernés.Si vous voulez mieux comprendre les forces invisibles qui influencent nos opinions et nos décisions, cet épisode est fait pour vous. 5 citations marquantes :« Le réseau Atlas n’a pas besoin d’un gros budget : il mise sur l’influence, la mise en réseau et la formation de talents pour façonner l’opinion publique. »« Ils ne disent jamais d’où ils parlent. Un think tank financé par des industriels du tabac pourra se présenter comme un institut de recherche indépendant sur la santé publique. »« La droite et l’extrême droite ont compris que la bataille des idées se gagne en occupant l’espace médiatique avec des discours simplifiés et émotionnels. »« Ce qui est terrifiant, c’est de voir des gens voter contre leurs propres intérêts, manipulés par des récits qui désignent les pauvres comme les coupables du problème économique. »« En contrôlant les universités, les think tanks, les médias et les politiciens, ces groupes s’assurent une influence totale sur la société. »10 questions posées dans l’épisode :Qu’est-ce que le réseau Atlas et comment fonctionne-t-il ?Pourquoi ce réseau est-il méconnu alors qu’il a une influence mondiale ?Quels sont les principaux think tanks français liés à ce réseau ?En quoi les méthodes de lobbying du réseau Atlas sont-elles problématiques ?Pourquoi le discours public semble-t-il se droitiser ces dernières années ?Quel rôle jouent les médias et les journalistes dans cette influence ?Comment le réseau Atlas utilise-t-il l’astroturfing pour manipuler l’opinion ?Quel impact ce réseau a-t-il eu sur des élections comme celle de Javier Milei en Argentine ?Comment les citoyens peuvent-ils se protéger de ces stratégies d’influence ?Quelles solutions existent pour garantir plus de transparence dans le lobbying ?Timestamps YouTube :00:00 - Introduction : qui est Anne-Sophie Simpere ?01:23 - Le réseau Atlas : une influence méconnue04:09 - Pourquoi ce réseau pose problème07:48 - Les techniques de manipulation utilisées10:29 - Comment les idées se sont droitisées en France15:39 - Fake news et désinformation : un outil clé du réseau Atlas20:19 - Trump, l’extrême droite et le rôle du réseau Atlas25:29 - Le financement opaque des think tanks français30:17 - Pourquoi les citoyens devraient s’y intéresser35:26 - L’astroturfing : créer de faux mouvements populaires47:52 - Comment se protéger de la manipulation de l’informationDistribué par Audiomeans. 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18/03/2025 • 51:43
Julien Bobroff, physicien spécialiste de la matière quantique et professeur à l’Université Paris-Saclay, a le don de rendre accessible l’un des domaines les plus fascinants et mystérieux de la science : la physique quantique.Dans cet moment tiré d'un épisode enregistré il y a 2 ans et demi (lien plus bas), nous parlons de quelque chose d’assez troublant : nous sommes majoritairement faits de vide. Nos atomes sont essentiellement composés d’espace vide, et pourtant, nous ne passons pas à travers les murs et nous ne sommes pas transparents. Pourquoi ? C’est là qu’intervient le principe d’exclusion de Pauli, une règle fondamentale de la physique quantique qui explique pourquoi la matière a une structure et pourquoi nous pouvons interagir avec notre environnement.J’ai questionné Julien sur les bases de la matière : comment les atomes sont-ils construits ? Pourquoi les électrons ne s’effondrent-ils pas sur le noyau ? Il nous explique avec des images simples et percutantes comment les particules quantiques se comportent, et pourquoi ces découvertes ont des implications bien concrètes.Nous avons également parlé de la révolution technologique en cours, rendue possible grâce à la physique quantique. Des ordinateurs quantiques capables de résoudre des problèmes complexes aux capteurs ultra-précis, en passant par la cryptographie quantique qui promet une sécurité absolue des communications, ces avancées pourraient bien changer le monde dans les années à venir.Si vous vous êtes déjà demandé comment fonctionne la physique quantique ou pourquoi nous pouvons toucher les objets alors que nous sommes essentiellement du vide, cet épisode va éclairer vos lanternes !10 questions structurées posées dans l’interview :Un physicien quantique m’a dit que nous sommes principalement du vide. Qu’en penses-tu ?Pourquoi ne sommes-nous pas transparents si nous sommes constitués d’atomes essentiellement vides ?Qu’est-ce que le principe d’exclusion de Pauli et pourquoi est-il si important ?Comment expliquer que nous puissions toucher d’autres objets alors que nous sommes majoritairement du vide ?Peux-tu rappeler les bases de la structure de la matière, de l’atome à l’électron ?Quelles ont été les grandes étapes de l’histoire de la physique quantique ?Quelles sont les applications concrètes des découvertes en physique quantique ?Comment fonctionne un ordinateur quantique et en quoi est-il différent des ordinateurs classiques ?Peut-on vraiment utiliser la physique quantique pour améliorer la cryptographie et la sécurité des données ?Comment vois-tu l’avenir des technologies quantiques dans les années à venir ?Récapitulatif des timestamps clés :00:00 – Sommes-nous faits de vide ? Introduction à la physique quantique.00:21 – Explication de la structure des atomes et du vide.00:50 – Pourquoi ne passons-nous pas à travers les murs ? Le principe d’exclusion de Pauli.02:32 – Pourquoi ne sommes-nous pas transparents malgré le vide atomique ?04:55 – Comment la matière est-elle constituée, des électrons aux molécules ?05:50 – Les applications actuelles et futures de la physique quantique.07:44 – Cryptographie, capteurs ultra sensibles, ordinateurs quantiques : les 4 révolutions en cours.10:05 – Pourquoi la physique quantique est un enjeu technologique et industriel majeur. Suggestion d'épisode à écouter : #225 Comprendre (simplement) la physique quantique avec Julien Bobroff (https://audmns.com/NHILyGr)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
13/03/2025 • 10:28
Salomé Saqué, journaliste engagée et autrice du livre Résister, revient sur le succès de son ouvrage et nous alerte sur les dangers de la montée de l’extrême droite en France et à l’international.C'est la 2eme fois que Salomé vient sur ce podcast (lien plus bas) et notre conversation est très à la cool car nous nous connaissons bien et je pense que ca rend la conversation d'autant plus agréable mais vous me direz :)Son objectif n’était pas seulement d’informer à travers son petit ouvrage, mais de donner des outils à chacun pour éveiller les consciences et amorcer des conversations essentielles.Mais cette réussite n’efface pas son inquiétude. Car si elle documente l’extrême droite depuis des années, elle observe une accélération préoccupante de ses stratégies et de son implantation politique. Pourquoi cette montée en puissance ? Elle nous explique que l’extrême droite ne répond pas aux problèmes qu’elle instrumentalise, mais sait parfaitement exploiter la colère sociale et les inégalités grandissantes. Ce sont ces injustices économiques et sociales, bien réelles, qui nourrissent un vote de rejet et de désespoir.Nous avons analysé ensemble les dynamiques internationales, notamment la montée du parti d’extrême droite allemand AFD, qui a doublé son nombre de voix en quatre ans. Salomé insiste sur un fait alarmant : les partis traditionnels de droite adoptent de plus en plus les idées et le langage de l’extrême droite, brisant ainsi le « cordon sanitaire » qui les séparait autrefois. Une stratégie qui, selon elle, ne fait que légitimer et renforcer ces idéologies.Nous avons également évoqué la stratégie de dédiabolisation du Rassemblement National, qui oscille entre une façade rassurante et des liens toujours plus explicites avec les figures du trumpisme et de l’extrême droite mondiale. Marine Le Pen et Jordan Bardella tentent d’apparaître comme fréquentables, tout en tissant des alliances avec des figures comme Elon Musk ou Steve Bannon. Mais jusqu’où peuvent-ils aller sans se dévoiler totalement ?Salomé me partage aussi sa vision des risques réels d’un basculement autoritaire. Contrairement à l’idée d’un coup d’État brutal, elle explique que les régimes autoritaires s’installent progressivement, par des lois liberticides qui paraissent anodines, des changements subtils dans les institutions, et une normalisation des discours extrémistes. Elle cite une étude qui montre qu’il suffirait de 18 mois pour détruire l’État de droit en France, de façon parfaitement légale. Une réflexion glaçante qui nous amène à nous interroger sur la résilience de nos démocraties.Une autre question fondamentale traverse notre échange : sommes-nous encore en démocratie ? Beaucoup, notamment à gauche, estiment que les nombreuses restrictions sur les libertés publiques, la répression des manifestations et la concentration des pouvoirs sous la présidence Macron montrent déjà une dérive autoritaire. Salomé nuance : oui, la démocratie française est affaiblie, mais nous n’avons pas encore basculé. Et c’est précisément maintenant qu’il faut réagir, avant qu’il ne soit trop tard. Elle insiste sur le fait que l’histoire montre que les populations qui basculent dans des régimes autoritaires ne l’ont souvent pas vu venir.Nous avons également abordé le parallèle entre notre époque et la dystopie de La Servante Écarlate. Dans la série, le basculement vers un régime oppressif ne se fait pas en un jour. Il est progressif, insidieux, et s’installe alors que les citoyens sont trop sidérés ou désabusés pour réagir. Un parallèle troublant avec ce que nous observons aujourd’hui : l’abondance d’informations, la multiplication des crises et des scandales rendent difficile la prise de recul et la mobilisation.Face à cela, comment résister sans sombrer dans le désespoir ? Salomé reconnaît que l’ampleur du combat peut paraître écrasante. Elle-même lutte parfois contre le sentiment d’impuissance. Mais elle rappelle une citation essentielle de Jean-Paul Sartre : « La résistance est un refus de céder au désespoir. »Et c’est là que la joie entre en jeu. Contre toute attente, c’est sur ce thème que nous terminons notre conversation. Pour Salomé, l’un des enjeux majeurs de la résistance est de préserver la joie, non pas comme un luxe, mais comme une nécessité pour tenir dans la durée. Rester ensemble, créer du lien, se nourrir d’art, de culture, d’engagement collectif… c’est cela qui nous rendra forts face à la montée des périls.Un épisode riche, puissant et essentiel pour comprendre les enjeux politiques d’aujourd’hui et se préparer aux défis de demain.5 Citations Marquantes :« Résister, c’est un refus de céder au désespoir. »« On ne lutte pas contre l’extrême droite en reprenant ses idées. Ça ne marche nulle part. »« Ce qui me remplit de joie, c’est de voir que l’information circule, qu’elle ne reste pas entre journalistes. »« Il faut comprendre que l’extrême droite ne répond absolument pas aux problèmes sociaux qu’elle instrumentalise. »« On ne bascule pas du jour au lendemain dans un régime autoritaire, c’est insidieux. »10 Questions que l'on se pose :Comment vis-tu le succès de ton livre et son impact sur les lecteurs ?Qu’est-ce qui t’inquiète le plus dans la montée des extrêmes droites en Europe ?Penses-tu que l’algorithme des réseaux sociaux favorise leur ascension ?En quoi le cas de l’Allemagne est-il révélateur des dynamiques actuelles ?Comment expliques-tu la stratégie de dédiabolisation du Rassemblement National ?L’extrême droite est-elle vraiment une réponse aux problèmes socio-économiques ?Quels sont les risques concrets d’un pouvoir autoritaire en France ?Sommes-nous toujours en démocratie aujourd’hui ?Comment lutter contre la montée du nihilisme et la lassitude face aux informations anxiogènes ?Quelle place donnes-tu à la joie et au collectif dans la résistance ?Timelaps :00:00:00 – Introduction et accueil de Salomé Saqué00:00:34 – Le succès du livre : au-delà des ventes, l’impact sociétal00:02:05 – Pourquoi il faut encore plus documenter et agir collectivement00:03:41 – La montée de l’AFD en Allemagne : quelles dynamiques ?00:05:33 – La stratégie de dédiabolisation du Rassemblement National00:10:48 – Le vote d’extrême droite : colère sociale ou adhésion idéologique ?00:17:06 – Pourquoi il ne faut pas banaliser la menace autoritaire00:26:32 – La démocratie est-elle en danger ? Décryptage des signaux d’alerte00:31:49 – Ce qui se joue aux États-Unis et pourquoi cela nous concerne00:41:03 – La servante écarlate : une fiction trop proche de la réalité ?00:44:53 – Comment résister sans sombrer dans le désespoir Suggestion d'autres épisodes à écouter : #255 La réalité de la jeunesse aujourd'hui avec Salomé Saqué (https://audmns.com/HUAXmJY) #305 Faut-il être extrême pour se faire entendre ? Avec Vincent Edin (https://audmns.com/kYHqCah) #289 L'extrême droite est-elle inévitable en 2027 avec Jerome Fourquet (https://audmns.com/HRiLHBN)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
11/03/2025 • 64:59
Ibrahim Maalouf, est un musicien hors pair mais également professeur. Dans l'épisode (lien en dessous) nous avons parlé de mille choses mais je voulais vous faire ressortir cet extrait pour parler du lien profond entre improvisation et vulnérabilité.Dans ce moment, il explique pourquoi improviser, c'est comme se regarder dans un miroir, sans filtre, sans masque. Il faut accepter de se voir tel que l’on est, avec nos forces et nos failles. Un exercice difficile, mais essentiel pour être sincère dans sa musique – et peut-être même dans sa vie.Nous parlons aussi de la transmission : comment enseigner cette capacité à lâcher prise, notamment à des musiciens de haut niveau ? Ibrahim partage une approche surprenante : il apprend à ses élèves à se tromper volontairement, car l’erreur est le point de départ de la créativité.Enfin, il nous invite à une réflexion plus large sur l’universalité et le vivre-ensemble. Pour lui, l’improvisation est bien plus qu’une technique musicale, c’est un art de la connexion, un moyen de réunir des personnes aux parcours et aux cultures différentes.Un moment que j'espère inspirant qui nous questionne sur notre rapport à l’authenticité, à la perfection et à la manière dont nous interagissons avec le monde. Suggestion d'épisode à écouter : #236 Comment réussir à improviser sa vie? avec Ibrahim Maalouf (https://audmns.com/EQamRPM)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
06/03/2025 • 14:19
Sébastien Devaud, alias Agoria, est bien plus qu’un simple DJ ou producteur : il est un artiste complet, explorateur de sons et de concepts. Et pour moi c'est une différence vraiment essentielle quand j'ai réfléchi à qui recevoir sur Vlan! pour parler de musique électronique.Dans cet épisode, nous parlons de son parcours exceptionnel, de l’impact de la French Touch, de ses débuts dans les raves clandestines, jusqu’à jouer pour les Jeux Olympiques et exposer au Musée d’Orsay.Dans cette conversation, nous plongeons dans les racines de la musique électronique, son histoire contestataire et l’évolution du mouvement depuis les raves interdites des années 90 jusqu’à son institutionnalisation avec des événements comme les Jeux Olympiques de Paris 2024, où Agoria a eu l'honneur de jouer. Nous discutons aussi de la French Touch, ce mouvement qui a propulsé la musique électronique française sur la scène mondiale avec des artistes comme Daft Punk, DJ Mehdi, Etienne de Crécy ou encore Bob Sinclar. Agoria nous explique pourquoi ce phénomène a pris tant d’ampleur et comment, en parallèle, il a développé sa propre identité musicale, plus influencée par la techno de Détroit que par l’électro parisienne.On parle aussi du festival des Nuits Sonores, qu’il a cofondé à Lyon, avec une ambition claire : offrir un espace d’expression à la musique électronique et aux cultures alternatives, dans des lieux atypiques et éphémères. Agoria nous raconte les coulisses de la création de ce festival, ses premiers échanges avec la mairie de Lyon, et comment ce qui était au départ un événement contestataire est devenu l’un des rendez-vous incontournables du paysage électronique européen.Mais cette conversation dépasse largement le cadre de la musique. Agoria est un artiste qui réfléchit en permanence au rôle de la création dans notre société et à la manière dont la technologie, et en particulier l'intelligence artificielle, transforme notre façon de produire et de consommer l’art. Il s’interroge sur la place grandissante de l’image dans l’industrie musicale et sur l’évolution des algorithmes qui façonnent nos goûts et influencent même les programmations des festivals. Peut-on encore être un artiste à l’ère des réseaux sociaux et du streaming optimisé pour la rentabilité ? Où se situe la frontière entre l’artiste et le businessman ?Enfin, nous abordons un autre sujet fascinant : la transe musicale et l’impact de la fête sur notre rapport au monde. Que ce soit dans les raves des années 90 ou à Burning Man, Agoria partage son point de vue sur ces expériences collectives où la musique transcende les individus et crée des moments de pure liberté.Et pour finir, il revient sur son exposition au Musée d’Orsay, où il a présenté une œuvre mêlant technologie et art vivant, et sur son expérience de jouer pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Un accomplissement incroyable qui symbolise à quel point la musique électronique a parcouru du chemin depuis ses débuts underground.5 citations marquantes :"L’artiste, c’est celui qui se réinvente en permanence, pas celui qui suit une tendance.""Les raves étaient le dernier espace de liberté connu.""Aujourd’hui, un DJ est booké pour son nombre de followers, pas pour son talent.""L’intelligence artificielle ne crée pas, elle médianise la création.""La musique électronique a toujours été une musique de révolte et de communion."10 questions posées dans l’épisode :Comment ton enfance musicale a influencé ton passage vers l’électro ?Pourquoi la musique électronique a-t-elle été si mal perçue à ses débuts ?Quel était le rôle des raves dans la construction d’une nouvelle culture ?Quelle était l’ambition derrière la création des Nuits Sonores ?Que penses-tu de Burning Man et de sa réputation ?Comment la French Touch a-t-elle marqué la musique électronique ?En quoi l’image a-t-elle pris trop d’importance dans la musique actuelle ?Quel est l’impact de l’IA sur la création musicale et artistique ?Comment as-tu vécu le fait de jouer pour les Jeux Olympiques ?Qu’est-ce qui différencie un artiste d’un businessman dans la musique aujourd’hui ? Timestamps pour YouTube :00:00 Introduction et passion pour la musique électronique02:05 L’enfance d’Agoria et ses premières influences06:00 Pourquoi la techno était-elle interdite dans les années 90 ?10:00 L’esprit des raves et la connexion avec la foule14:40 Burning Man : utopie ou illusion ?20:00 L’impact de l’audio et du langage dans la transmission des émotions32:00 La nuit, un espace de liberté totale37:00 La création des Nuits Sonores et leur philosophie45:00 Artiste vs. Businessman : où est la vraie création ?54:00 Jouer pour les Jeux Olympiques et exposer au Musée d’Orsay58:30 IA, musique et futur de la création Suggestion d'autres épisodes à écouter : Vlan #120 Comment créer du lien à travers la musique ? Avec Derek Barbolla. (https://audmns.com/tIEDRlA) Vlan #110 Pourquoi les artistes peuvent changer le monde avec Abd Al Malik (https://audmns.com/ugsfNVj) #236 Comment réussir à improviser sa vie? avec Ibrahim Maalouf (https://audmns.com/EQamRPM)Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
04/03/2025 • 73:30
Pour vous abonner à ma newsletter : https://hop.kessel.media/Il y a quelques jours, je me suis inscrit dans une nouvelle salle de sport. Une décision anodine mais si je vous en parle, c’est que mon critère décisif de choix en surprendrait plus d'un : son café ! Alors pourquoi je vous raconte ça ? Après treize années en tant qu'indépendant, j'ai appris à apprécier la liberté d'organiser mon temps, cette capacité à façonner mes journées selon mes envies.J’ai toujours choisi des appartements me permettant de faire cela dans les meilleures conditions et pourtant, la solitude des journées commence à peser.Partageant la raison principale de mon inscription dans cette gym avec mon ami John Krakauer, neuroscientifique américain reconnu, il m'a répondu par une formule qui résonne comme un diagnostic de notre époque : "we need to practice humans".En français dans le texte « Nous devons pratiquer l'art d'être humain ».A priori un non-sens et pourtant c’est tout l’inverse.Comme un muscle qui s'atrophie faute d'exercice, de manière insidieuse, notre capacité à créer du lien se délite dans le confort de notre isolement choisi.D’ailleurs, j’ai reçu sur Vlan ! une chercheuse du MIT, Valérie Gauthier pour nous aider à récréer du dialogue si cela vous intéresse.Cette semaine j’ai envie d’explorer ce que le magazine « The Atlantic » a justement nommé de « siècle anti-social ». Mais alors c’est quoi le paradoxe de notre solitude moderne ?La langue anglaise, dans sa précision, distingue "solitude" de "loneliness".Le premier terme décrit un choix enrichissant, une pause réparatrice. Le second évoque une forme d'isolement toxique, un repli qui nous éloigne de notre nature profondément sociale.Notre langue française peine à capturer cette nuance essentielle - "isolement" porte une connotation trop négative pour traduire fidèlement ce "loneliness" contemporain que nous nous imposons collectivement.Alors attentin, ressentir de la solitude est une réponse saine, comme le souligne le sociologue Eric Klinenberg.C'est cette énergie qui m'a poussé vers cette salle de sport, ce besoin viscéral de reconnecter avec le monde.Mais voilà le paradoxe de notre époque : nous répondons au sentiment de solitude par davantage de solitude, dans une spirale qui nous éloigne toujours plus les uns des autres.Les chiffres racontent une histoire paradoxale de notre temps.Pour chaque heure passée en présence d'autrui hors de chez soi, l'Américain moyen en passe 7 devant sa télévision.La fréquence des dîners entre amis a chuté de 45% entre 1970 et les années 2000.Nous croyons chercher le bien-être dans cette retraite, mais les études en psychologie moderne révèlent une réalité contre-intuitive : nous sommes particulièrement mauvais pour identifier ce qui nous rend véritablement heureux.En fait ce que l’on nomme le Me-time a un vrai coté sombre !!! Je vous explique ca !! Une expérience fascinante menée à Chicago par le psychologue Nick Epley l'illustre parfaitement. Il a demandé aux usagers du métro d'imaginer leur trajet idéal : la majorité a opté pour un voyage silencieux et solitaire, considérant qu'une conversation avec un inconnu serait désagréable.L'expérience a prouvé exactement l'inverse - les interactions, même brèves, ont significativement amélioré leur bien-être et plus longues étaient ces dernières, meilleur était l’impact.C'est ce que les chercheurs appellent le "paradoxe de la connexion sociale" : nous fuyons précisément ce qui pourrait nous rendre plus heureux.Pourtant même dans un espace social tel que le métro nous nous enfermons dans l’isolement de nos écouteurs qui annulent le bruit ou simplement en plaçant l’écran glacé de notre téléphone entre soi et les autres.Et ce qui est mauvais pour notre santé mentale fini par également être mauvais pour notre santé physique comme le prouvent de nombreuses études sur la longévité.Etre utile à sa communauté comme me le rappelait Jean-Marc Lemaître, Directeur de recherche à l’Inserm, est fondamental. Et par ailleurs il y a un prix politique à notre deconnexion sociale ! je vous explique Cette citation de Deleuze prend ici tout son sens : "Le pouvoir exige des corps tristes. Le pouvoir a besoin de tristesse parce qu'il peut la dominer. La joie est résistance, parce qu'elle n'abandonne pas."Sans verser dans le complotisme, l’idée n’est pas dire que le pouvoir en place nous invite à rester chez nous mais force est de constater que notre isolement volontaire fragilise le tissu social.Nous renforçons nos liens avec ceux qui pensent comme nous, tandis que notre seule exposition à des opinions divergentes se fait à travers le prisme déformant des algorithmes des reseaux sociaux.La nuance qu'apportait une discussion au café du commerce, la modération qu'insufflait une conversation avec un voisin de palier, tout cela s'efface progressivement.Trump a parfaitement profité de cette situation et l’a renforcé en créant son propre réseau social ironiquement appelé « Truth social » (selon le Washington Post, durant son 1er mandat il a menti 30 573 fois soit 21 mensonges par jour en moyenne - cqfd).Situation encore renforcée avec un Musk prenant la main sur X évidemment.Comme l'explique le sociologue Dunkelman, "si la famille nous apprend l'amour, la tribu nous apprend la loyauté et le village nous apprend la tolérance."Sans ce village, nous perdons notre capacité à comprendre des narratifs différents des nôtres.La réalité c’est que parler avec des personnes bienveillantes ayant des opinions légèrement différentes des nôtres permet de se modérer politiquement automatiquement.A partir du moment où nous n’avons plus d’interactions avec nos voisins, nous n’arrivons plus à nous connecter à la nuance et cela donne envie de renverser la table.D’ailleurs, cette déconnexion sociale est aussi en partie ce qui explique l’incompréhension chez les démocrates aux U.S. qui continuaient à parler des minorités invisibilisées quand la majorité des Américains n’arrivaient pas à joindre les 2 bouts.Nous ne parlons plus avec les mêmes faits ni les mêmes vérités quand nous pourrions être relativement d’accord la plupart du temps comme l’a prouvé la convention citoyenne en France.Mais dans cette période particulièrement dystopique, ce que j’observe surtout, c’est ce besoin de se réfugier avec un besoin croissant de se divertir.Or on le sait, l’extrême-droite gagne faute de participants, le nihilisme gagne partout et est particulièrement dangereux.Alors on écoute des podcasts d’humour ou léger, on regarde des séries et tout cela renforce le temps passé seul.C’est assez classique de gérer le stress à travers une forme d’isolement mais en réalité cela est inversement proportionnel à notre niveau de bonheur.Même nos rituels sociaux ont été touché mais l‘avez-vous réalisé ? Dans les années 1970, le foyer américain moyen recevait des amis plus d'une fois par mois. Aujourd'hui, ces rituels de socialisation s'effritent. Les livraisons à domicile représentent désormais 74% du trafic des restaurants aux U.S., transformant des lieux de convivialité en simples points de collecte.Cette évolution reflète une transformation plus profonde de notre rapport au temps et à l'espace. Entre 1965 et 1995, nous avons gagné collectivement six heures de temps libre par semaine - soit 300 heures par an.Au lieu d'investir ce temps dans des activités sociales, nous l'avons massivement réinvesti dans les écrans.Un choix qui semblait offrir plus de liberté mais qui, paradoxalement, nous a enfermés dans une nouvelle forme de solitude.Et je dois confesser, non sans gêne, que mon propre compteur est probablement plus élevé que les 30% de temps éveillé moyen passés devant un écran.Plus inquiétant, les études démontrent une corrélation directe : plus nous passons de temps devant nos écrans, moins nous sommes naturellement attirés par l'engagement social.Certes, une partie de ce temps d'écran est supposément "sociale", mais partager des liens TikTok ne remplace pas la richesse d'une conversation en face à face.Même dans le couple, il arrive régulièrement qu’un écran s’interfère entre les 2 personnes, la psychologue Esther Perel m’a parlé alors de solitude paradoxale dans cet épisode de Vlan !Vous n’êtes pas seul mais vous ressentez un sentiment d’ignorance qui parfois peut avoir des impacts délétères. Et alors si vous avez des enfants, l’impact chez les ado est halluninante Oui ! La transformation est encore plus frappante chez les jeunes générations.Les statistiques révèlent une réalité troublante : ils sont moins nombreux à vouloir passer leur permis, à sortir en "date", ou même simplement à voir des amis en dehors de l'école.Ils font moins de bêtises, ont moins de relations sexuelles, restent dans leurs chambres et quand ils sont en famille, mettent un écran entre eux et leurs parents.Le nombre d'adolescents qui voient quotidiennement un ami hors du cadre scolaire a chuté de 50% par rapport à 1990.L'anxiété atteint des sommets, particulièrement chez les jeunes filles, dont près de 50% rapportent une tristesse persistante.Ce n'est plus seulement une redéfinition de l'adolescence à laquelle nous assistons, mais une transformation profonde de sa psychologie même.Comme l'explique Nicholas Carr, nous avons perdu cette frontière salutaire entre "être seul" et "être dans la foule". Notre solitude est constamment parasitée par le flux ininterrompu des réseaux sociaux, créant un état paradoxal : plus connectés que jamais, mais aussi plus anxieux et épuisés.Un phénomène qui explique peut-être cette tendance étrange sur TikTok à célébrer l'annulation de diners ou de plans sociaux. Et alors il y a un truc que je n’avais pas du tout vu venir De manière surprenante - du moins pour moi - la courbe du bonheur est inversement proportionnelle au confort que nous construisons dans nos maisons, comme le note le sociologue Patrick Sharkey.Plus nous y sommes confortables moins nous voulons en sortir et plus nous nous recroquevillons sur nous-même.D’ailleurs, il note qu’un changement profond s'est opéré dans la conception même de nos espaces de vie. Les architectes ne débattent plus de la luminosité des pièces ou de l'ouverture des espaces, mais du nombre d'écrans qu'on peut y installer – il faut désormais s’assurer que l’on peut accrocher un écran dans chaque pièce.Le confort moderne s'est transformé en cocon digital, dessinant une architecture intrinsèquement antisociale.Les "routines matinale" exhibées sur les réseaux sociaux illustrent parfaitement cette mutation.Ces vidéos, souvent réalisée par des personnes fortunées au physique mettent en scène une existence quasi monacale : méditation matinale, séance de journaling, repas healthy, yoga... mais étrangement, pas trace d'enfants, de conjoint ou d'amis.La présence de l'autre y est souvent perçue comme une nuisance, une interruption dans cette chorégraphie parfaitement orchestrée du "me-time". Et ca pourrait être pire demain si on ne se réveille pasNotre fuite vers le digital pourrait bientôt prendre une nouvelle dimension avec l'émergence des IA conversationnelles.J'ai ce pressentiment que les réseaux sociaux traditionnels vont perdre du terrain au profit des conversations avec des intelligences artificielles.Cela peut sembler relever de la science-fiction, mais je le vois venir inexorablement.Le plus troublant n'est pas que nous ne réalisions pas parler à une machine - nous le savons parfaitement.Non, ce qui inquiète, c'est que nous choisissions consciemment ces interlocuteurs artificiels. La raison est simple : l'IA ne nous challenge jamais, elle nous valide constamment et reste disponible 24/7, sans le moindre jugement.Une facilité qui nous éloigne encore davantage de la complexité enrichissante des relations humaines.La prescription est pourtant simple pour quiconque évalue son bien-être en dessous de 7/10 : privilégier les appels téléphoniques aux messages texte, oser la conversation avec des inconnus dans un café, s'engager dans de nouvelles activités pour rencontrer des personnes ou simplement travailler depuis un espace social pour les indépendants.Ces petits pas peuvent sembler insignifiants, mais ils sont le début d'une transformation profonde.C'est précisément ce qui m'a poussé à choisir cette salle de sport avec mon amie Fatou.Un simple rituel matinal qui devient une norme, qui elle-même se transforme en valeur, pour finalement redéfinir mes comportements.Car au fond, tout commence par ces petits choix quotidiens.Face à ce défi, il ne s'agit pas simplement de nostalgie pour un monde pré-numérique.Notre besoin de connexion humaine n'est pas un luxe ou une option - c'est une nécessité vitale pour notre espèce.Les études démontrent invariablement que contrairement à nos croyances modernes, une plus grande maison, une voiture de luxe, ou un salaire doublé au prix de notre temps libre ne font que générer plus d'anxiété.Le véritable paradoxe de notre époque réside dans cette conviction que ce dont nous avons le plus besoin est du temps seul (« me-time).C'est peut-être la plus grande erreur de notre génération.Nous possédons d'innombrables opportunités de nous connecter les uns aux autres, et pourtant nous les rejetons systématiquement, une par une, jour après jour."Pratiquer l'humain" n'est donc pas un simple exercice de « développement personnel » - c'est un acte de résistance contre l'atomisation de notre société.Chaque conversation initiée, chaque sourire échangé, chaque moment de présence authentique compte. Ces interactions peuvent sembler insignifiantes face à l'ampleur du défi, mais elles sont les fils qui retissent le tissu social effiloché.Pour paraphraser Deleuze une dernière fois, la joie que nous procurent les vraies connexions humaines nous emmène dans des endroits où la tristesse de l'isolement ne nous mènerait jamais.Peut-être que la vraie révolution de notre époque serait simplement de redécouvrir le courage d'être présent les uns pour les autres, de cultiver ces petits moments d'humanité partagée qui, finalement, donnent tout son sens à notre existence.Car au fond, ce n'est pas tant la technologie qui nous isole que nos choix quotidiens.Et chacun de ces choix est une opportunité de réinventer notre façon d'être ensemble.Alors la prochaine fois que vous hésitez entre commander une livraison ou aller au restaurant, entre envoyer un message ou passer un appel, entre rester chez vous ou rejoindre des amis, rappelez-vous : ce n'est pas juste un choix pratique, c'est un choix de société.Et peut-être même, un choix de civilisation. 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27/02/2025 • 16:40