20 fanoušků
Il y a près de quarante ans, je m’éclipsais sur la pointe des pieds du métier de la chanson. Une activité artistique qui m’avait passionné, mais dont j’avais fait le tour et qui ne me faisait plus rêver. Après sept ans de petites et grandes scènes, quatre albums enregistrés, un succès ascendant, je laissais tomber du jour au lendemain, persuadé que si l’envie revenait un jour, je reprendrais le micro. Ce désir n’a jamais repointé son museau. Du moins… jusqu’en 2021 où une idée a germé : pourquoi ne pas clore cette parenthèse (en)chantée de mon existence ? Refermer en douceur cette porte restée entrebâillée, et qui faisait courant d’air. Mes chansons ont près d’un demi-siècle. Elles ne sont clairement plus dans l’air du temps, elles ne l’ont jamais été. Il faut les écouter pour ce qu’elles étaient : des ballons-sondes, gonflés d’enfance et de fantastique, lâchés par un jeune flandrin à la gueule enfarinée. Cette soirée du 17 décembre à Vernon, ce fut la rencontre improbable entre ce jeune homme d’une vingtaine d’années et le pré-pépé que la vie me force à devenir, un dialogue entre un humain et lui-même, des retrouvailles temporelles. L’enregistrement sonore de ce récital d’adieu est le reflet d’une soirée-mirage, l’écho de ces chansons oubliées, l’empreinte de ces dinosaures surpris par l’astéroïde, figés puis numérisés dans l’Ambre du Temps.