A la fin des années 1990, Alison Mosshart, de passage à Londres avec Discount, groupe punk floridien dont elle est la chanteuse, y rencontre l'Anglais Jamie Hince. Ancien guitariste des groupes indépendants Blyth Power et Scarfo, ce dernier vient de dissoudre son dernier groupe et compose des chansons, en solo. L'anecdote de leur rencontre tient à ce qu'ils partageaient le même hôtel : le courant passe entre les deux musiciens possédant des goûts musicaux en commun, le Velvet Underground, Suicide, Sonic Youth, PJ Harvey... Mais la chanteuse doit retourner en Floride. Ils échangent leurs numéros de téléphone, afin de rester en contact.
The Kills : un nom sulfureux
S'engage alors une correspondance de plusieurs mois, pendant lesquels les deux s'envoient des enregistrements sur cassette et se passent de coûteux appels internationaux. Au cours de l'année 2000, Alison Mosshart décide finalement de s'installer en Angleterre et de s'associer à Jamie Hince. Fascinés par les personnages de Florence Rey et Audrey Maupin, les deux jeunes Françaises qui ont défrayé la chronique en 1994 en se livrant à une fusillade en plein Paris, ils prennent le nom de The Kills.
The Kills et la polémique
Leur première contribution, « Restaurant Blouse », embellit une obscure compilation (21st Century Did Not Exist, It Would Be Necessarry To Invent It, en 2002). Signé par le label anglais Domino Records, The Kills publie le EP BlackRooster, d'obédience lo-fi. L'essai est demeuré célèbre pour sa pochette qui crée la controverse : une photo de Florence Rey apparaît au second plan, à peine masquée par des vignettes d'identité du duo. Afin d'entériner symboliquement leur renaissance artistique, Alison Mosshart adopte le pseudonyme « VV » et James Hince se renomme « Hotel ».
Imprévisibles The Kills
Vite remarqué, le duo se produit dans les clubs de l'est londonien et fait les premières parties de Yeah Yeah Yeahs, The Jon Spencer Blues Explosion et Primal Scream, se payant au passage le luxe de refuser d'essuyer les plâtres pour The Vines, qu'il n'estime guère. Résolument intègres, « Hotel » et « VV » refusent aussi les propositions des gros labels, préférant rester chez Domino pour leur premier album Keep On Your Mean Side, qui sort le premier avril 2003. Malgré la curiosité que The Kills suscite, ils n'accordent que peu d'interviews. Leurs concerts, le plus souvent intenses, sont parfois imprévisibles quand la chanteuse vomit au beau milieu d'une chanson, ou grille cigarette sur cigarette. Le duo aime reprendre du Captain Beefheart en rappel, ou sur disque (« Dropout Boogie » live sur leur premier EP). Un soir, The Kills sont même rejoints sur scène par Bobby Gillespie (Primal Scream) qui, pour la première fois depuis l'époque de The Jesus & Mary Chain (soit en 1985), investit le siège d'une batterie.
The Kills, la coqueluche
Le deuxième album, NoWow (février 2005) est également très bien accueilli par la presse et leur vaut un petit hit en Grande-Bretagne avec « The Good Ones ». En France, où leur attitude frondeuse et désinvolte séduit, ils deviennent vite la coqueluche des cercles indépendants et sont invités à participer à l'album-hommage à Serge Gainsbourg, MonsieurGainsbourgRevisited (automne 2005), interprétant « La Chanson de Slogan » retitrée « I Call It Art » (leur prestation à La Musicale de Canal+). Par ailleurs, VV apparaît pour un duo sur la chanson-titre de Meds, le cinquième album de Placebo (2006).
Le troisième album de The Kills, Midnight Boom, paraît le 10 mars 2008 et est précédé du single« U.R.A. Fever ». Trois ans après, à la suite de la parenthèse The Dead Weather à laquelle participe Alison Mosshart, The Kills se remet en marche pour un quatrième album de rock sale et de blues primitif, Blood Pressures, paru le 4 avril 2011. À la sensualité de ce dernier, succède en juin 2016, la noirceur de Ash &Ice, servi par deux singles de premier rang, Doing It to Deathet Siberian Nights. Le duo aura ainsi mis cinq ans avant d'accoucher de ce disque réalisé aux Electric Lady Studios de Los Angeles, le temps qu'il aura fallu à Jamie Hince, le guitariste, pour se rétablir de nombreuses opérations chirurgicales pratiquées sur sa main.