La Mafia K'1 Fry, c'est avant tout l'histoire des kids de trois villes du Val-de-Marne (Choisy, Orly et Vitry). S'il est reconnu que les rappeurs Kery James (alors membre d'Idéal J), Manu Key et Las Montanas sont à l'origine du collectif dès le milieu des années 1990, cette Mafia - appelée L'Union jusqu'à son nouveau baptême par Douma - n'est pas qu'un groupe de hip-hop, mais plutôt une association informelle dans lesquels se côtoient grapheurs (Douma), des breakdancers (Mokobé, Sélim), des DJ (DJ Mehdi) et un certains nombre d'artistes liés à la mouvance rap.
Le premier album de cette Cosa Nostra du Val-de-Marne, Les Liens Sacrés, illustre bien le patchwork musical qu'est l'univers de ces artistes de hip-hop qui revendiquent haut et fort leur authenticité (en même temps, quel rappeur ne le fait pas ?), leur marginalité... et également leur tendance à trop admirer les vrais mafieux. Certains le payent d'ailleurs de leur vie comme Las Montanas, abattu en 1999 pour de sordides motifs. Ce décès, puis d'autres, obligent les survivants à se remettre sérieusement en question et surtout, à cesser cette fixette malsaine sur la violence, les flingues et la thune facile. Si Kery James trouve dans l'Islam un refuge, d'autres, comme Lil Jahson ou Yezi l'Escroc, raccrochent définitivement les gants avec le rap. L'album Légendaire sort rétrospectivement dédié à la mémoire de Las Montanas à la fin 1999.
Cerise sur le ghetto
Si Kery James et Manu Key avaient déjà une certaine notoriété dans l'univers du hip-hop francophone, d'autres artistes émergent de la Mafia K'1 Fry pour voler de leurs propres ailes : Rohff, 113, Teddy Corona ou Popa Project commencent à exister par eux-mêmes au tournant des années 2000, mais ne renoncent pas à leur appartenance au collectif qu'ils revendiquent dans autant de mixtapes, de duos ou de morceaux sur lesquels chaque rappeur invite d'autres membres de l'association.
En 2003, la quinzaine de membres recensés de la Mafia K'1 Fry se retrouvent pour l'enregistrement de La Cerise sur le Ghetto, l'un des albums de hip-hop les plus marquants de la scène française. Si des titres comme « F.U.C.K ton pote », « En bas des tours » ou « L'Etat » ne manquent guère d'une certaine violence verbale, d'autres plus humoristiques adoucissent le ton global du disque. Si Kery James, alors au top de sa carrière personnelle vient faire un petit coucou au micro le temps de quelques morceaux, c'est surtout DJ Mehdi, l'un des premiers membres du collectif, qui joue les absents pour cause d'emploi du temps.
La Cerise sur le Ghetto marque la fin des activités du collectif pendant quelques années, chacun se consacrant qui à sa carrière personnelle, qui avec ses clashs abondamment commentés sur Internet. Ce n'est qu'en 2007 que les mafieux se réunissent à nouveau pour Jusqu'à La Mort, un album un peu rétro (mais assumé tel quel) qui voit les rappeurs faire le bilan d'une décennie de rap. Disque d'or dès sa sortie, ce disque qui peut évoquer une sorte de chant du cygne voit le retour de quelques artistes ayant connu un succès plus confidentiel que d'autres (Teddy Corona, Dry, Mista Flo...) aux côtés de ces valeurs sûres que sont Kery James ou 113.
Une seconde sortie de l'album, quelques mois après l'épuisement des stocks voit Rohff revenir sur deux titres inédits.