Landy est un rappeur instinctif. De ceux pour qui la musique est une nécessité, presque un devoir. Avec son nouvel album, Brave, il conte son besoin vital de réussite et ce qu’il faut sacrifier pour y parvenir. Il le dit sans détour : « Sans le rap, je serais mort ou en prison. » Voilà ce qui procure à cet album une authenticité évidente et un aspect brut. Landy sait faire des tubes : il l’a prouvé dès son entrée dans le game en 2017 avec le single « En bas de chez moi » ou avec « Muerte » en 2019, entre bien d’autres. Mais il sait aussi raconter la rue, son environnement, dans ce qu’il a de plus dur et de plus précieux. C’est pourquoi cet album s’accompagne d’une série autobiographique en trois épisodes réalisée par Anouar El Alami. Elle commence par cette phrase : « Je m’appelle Dylan, mais comme tu le sais, au quartier on m’appelle Landy. » Deux facettes de sa personnalité s’y dévoilent, l’une qui tente d’éviter les embûches et les embrouilles dans son Saint-Denis natal, l’autre qui l’en sort grâce à la musique.
Révélé au grand public il y a maintenant cinq ans, Landy s’est définitivement fait un nom dans le rap français grâce à son premier album certifié or Assa Baing en 2019, confirmé par le succès plus grand encore d’A-One un an plus tard, certifié platine. Il y faisait déjà parler ses aptitudes de story-teller, comme sur l’énorme carton « Médusa », et collaborait avec des noms fameux tels que Niska, Soolking, Koba LaD ou Jul, preuve que les poids lourds cherchent eux aussi à se frotter à lui. Sur son nouvel album Brave, il parfait sa science de la mélodie et construit une ode à la détermination, valeur indispensable pour qui veut durer dans le rap. Il s’inspire des rythmiques africaines qui ont bercé son enfance, ivoiriennes ou congolaises, à l’image du titre « Auto-détruit », et les marie aux productions chapeautées par le fidèle DJ Bellek, architecte de certains de ses plus gros succès.
Cette fois, d’autres noms retentissants l’accompagnent : Gazo sur le titre frontal « Maybach », Leto et Rsko sur le ténébreux « Chaque jour », Ronisia sur le langoureux « Mental »… Tous participent à donner à Brave une esthétique résolument rap et directe. Quand Landy ne se décline pas en mélodies, il rappelle qu’il est avant tout un rappeur qui dépeint les murs et leurs couleurs, comme sur le morceau « Né pour briller ». D’une traite, sans artifice, il y explore la mélancolie d’une vie pas si lointaine, celle qu’il a menée dans son quartier de Joliot-Curie et dont il s’extirpe sans s’en détacher totalement. Landy ne peut pas renier son passé, alors il l’exprime. Le succès, les featurings prestigieux et la réussite peuvent le faire briller, rien ne lui fera oublier d’où il vient.