Caro Ferrer : une artiste du monde
Caro Ferrer a grandi à Ipanema, dans le Rio de la fin des années 70. Elle a eu une enfance bercée de sambas, bossas, chansons tropicalistes et MPBistes des décades précédentes mais a également été influencée par la pop brésilienne et anglaise. Ce métissage musical a guidé sa formation artistique et sa vision plurielle du monde.
Passionnée par l'apprentissage des langues, elle est diplômée en Lettres Modernes à Rio de Janeiro et s'installe à Paris en 2000 pour suivre une formation universitaire en langue et culture françaises. Elle se spécialise dans l'assistanat et la production cinématographiques et travaille simultanément dans des clubs / cafés concerts, dont le fameux Blue Note dans le XVIIIème arrondissement. Un soir, un des musiciens l'entend chanter et l'invite à participer à des jams sessions. Caro commence à y chanter tous les dimanches en dilettante et travaille également comme choriste. Ce n'est qu'en 2006 qu'elle commence à se consacrer pleinement à la musique.
Elle décide ensuite d'adapter ses poèmes dans des mélodies créées avec sa voix et produit son premier album, Jasmim no Ar (Jasmin dans l'air). L'album fait l'avant-première du festival Jazz in Ajaccio, en 2009. À partir de là, elle va se faire connaitre des différents représentants de la musique brésilienne à Paris.
Toujours attirée par des mélanges culturels, Caro enregistre son deuxième album, Samba pelo avesso (Samba à l'envers), avec onze nouvelles compositions qui déclinent la samba dans toutes ses variantes : le partido alto, la bossa, le cha cha cha, le samba de embolada, le samba soul, le samba rock, le côco. L'album tourne en France et à Rio de Janeiro et ses représentations élargissent considérablement son public.
Entre Rio et Paris, elle termine en 2014 son troisième album, Desarmada, où elle réunit ses balades romantiques. Plus nocturne que les précédents,ce disque révèle sa veine pop, jazz et afro samba. C'est aussi le premier travail de l'artiste avec du piano et des claviers.
Elle reprend ses études en 2015 et, un an après, soutient une thèse de Master II sur la vie et l'oeuvre de résistance de Chico César. C'est alors qu'elle crée Lamparina, groupe qui propose une lecture moderne des sambas des années 30 et 40, coup de coeur de son vaste répertoire d'interprète. Toujours en format roda de samba, cette formation continue aujourd'hui d'illuminer les soirées parisiennes.
En 2016, invitée par le guitariste cearense Moacyr Bede, elle part présenter ses dernières compositions à Fortaleza et poursuit sa tournée dans d'autres villes du nordeste brésilien. Le retour dans cette région où elle vécut, la replonge dans la culture nordestine. Inspirée par ses paysages et de ses habitants, elle compose alors une partie des chansons qui intègrent son dernier album, Brisa Mourisca.
Les autres morceaux naissent à mesure qu'elle avance dans ses recherches sur les origines maures des nordestins. Fascinée par ces racines et désireuse de saluer celui qui migre, Caro cisèle des sonorités d'origine arabo-orientales sur des rythmes bien connus du nordeste ; dix titres en hommage aux peuples migrants des déserts, ceux d'aujourd'hui, ceux d'autrefois.
Brisa Mourisca relève la dimension de la force créative de l'artiste. D'une conception sensible et audacieuse, l'album réaffirme son talent lyrique et de compositrice et révèle une artiste concernée et novatrice. Son immersion dans le métissage sonore et social l'inscrit définitivement dans les pages de la World Music de ce début de siècle.