2000 concerts, quelque chose comme ça… Peu d’artistes français pratiquent la scène avec une constance tel que Debout sur le Zinc. Six garçons sur scène, tous multi-instrumentistes, qui jouent une musique à la fois immédiate d’accès et subtilement sophistiquée – vingt-cinq ans d’histoire, une exceptionnelle longévité pour la scène française.
Au commencement, en 1995, la généalogie du groupe annonce la diversité : Simon Mimoun et Olivier Sulpice jouent depuis quelques années du folk irlandais en duo, Cédric Emolieff vient d’un groupe de rock et la première mouture de Debout sur le Zinc correspond à la vague de chanson alternative qui conquiert alors scènes et festivals français – Têtes Raides, La Tordue, Louise Attaque… Premier album en 1999, sur lequel apparaît Romain Sassigneux. Puis, quelques années plus tard, arriveront Thomas Benoit et Chadi Chouman.
L’enjeu n’est pas de produire un rock qui "passe à l’énergie", mais de poursuivre aujourd’hui l’entreprise d’enchantement du quotidien qui unit les poètes de la chanson depuis Trenet, Brassens et Vian. Une exigence de profondeur et de limpidité, de liberté formelle et de sincérité, qui relie les textes de Simon et Romain, les deux chanteurs qui écrivent et composent tout le répertoire de Debout sur le Zinc. Leurs chansons construisent une sorte de lien très personnel avec le public, en abordant à la fois l’intime et le collectif, le sourire et la mélancolie, l’autobiographie et le monde…
L’instrumentarium collectif est vaste : Simon au violon, à l’alto, à la trompette, au clavier, au cor ; Olivier au banjo, à la mandoline et à la flûte irlandaise ; Cédric à la batterie, aux percussions ; Romain à la clarinette, à la guitare ; Thomas à la contrebasse, à la basse, au trombone ; Chadi aux guitares, à la trompette... En studio, chacun joue volontiers plusieurs instruments, puis chaque chanson est réinventée pour la scène…
Avec un appétit insatiable d’innovations musicales, le miracle le plus remarquable est peut-être cette identité sonore de groupe, évidente dès les premières notes bien que les arrangements changent à chaque chanson – de l’électrique bien frontal, du musette ébréché, du jazz de faubourg, des Balkans celtiques, des "brélismes" alternos, du baroque électrique… « On ne se refuse rien. Nous ne sommes pas un groupe expérimental mais on se nourrit du parcours musical de chacun », note Thomas. Et Simon constate : « On a beau faire des pas de géant, on se ressemble toujours. »
Car chacun des dix albums de Debout sur le Zinc est aussi une aventure en soi, celle d’un groupe à la rencontre ou à la conquête de nouveaux univers, souvent nourris des collaborations et des projets artistiques parallèles de chacun. Liberté absolue en studio et never ending tour à la Bob Dylan, sur toutes les scènes francophones – Olympia et Zénith, petites salles rock, théâtres à l’italienne et théâtres publics pour l’aventure Boris Vian de 2019-2021…
Venu du classique, du rock, du folk ou encore d’autres champs musicaux, chacun des Debout sur le Zinc construit cette singulière aventure, longue de vingt-cinq ans, aussi riche en studio que sur scène – comme s'ils avaient décidé d’inventer un carrefour, et que ce carrefour soit devenu le cœur d’un nouveau territoire.