On sait si peu de chose sur lui que son patronyme reste à ce jour mystérieux. Maxwell est effectivement son deuxième prénom, mais son nom et son prénom d’usage sont réservés à sa famille et il a réussi à en garder le secret jusqu’à ce jour. Il est né à Brooklyn (New York) le 23 mai 1973, dans une famille d’origine caribéenne (sa mère vient de Trinité et Tobago) et portoricaine (son père). Son enfance est marquée par un drame familial : il n’a que trois ans quand son père disparaît dans un accident d’avion, alors qu’il retournait à Loiza, dans son île natale, visiter le grand-père de Maxwell.
Marqué par cette expérience, le futur musicien devient très renfermé et très religieux, c’est d’ailleurs au sein de son église baptiste qu’il s’intéresse à la musique, devenant membre actif de la chorale gospel que dirige sa maman. Vers l’âge de 17 ans, il commence à écrire ses premières chansons, sur un petit clavier Casio emprunté à un ami. Ses influences sont clairement définies : Marvin Gaye, Stevie Wonder, la soul « sérieuse » des années 70, plutôt que le R&B dérivé du hip hop qui commence à sévir alors qu’il débute sur scène, dans les clubs new-yorkais, en 1991. Prince a également sur le jeune compositeur une influence palpable. Sa maladive timidité est transcendée par la force intime que lui insufflent ses chansons et il signe un contrat avec le prestigieux label Columbia, en 1994.
Sous le signe de Marvin
Il commence dès lors à enregistrer un premier album, avec de prestigieux collaborateurs, qu’il rencontre par son label. Leon Ware, qui a co-écrit la majeure partie de l’album I Want You de Marvin Gaye, en 1976, le guitariste Wah Wah Watson, qui travailla également avec le modèle Marvin, et le guitariste Stuart Matthewman, longtemps sideman de Sade, qui co-produit avec Maxwell l’album Maxwell’s Urban Hang Suite.
Ce disque concept, inspiré par une histoire d’amour, dont la sonorité personnelle évoque en filigrane les grandes œuvres de Prince et de Marvin Gaye, reste dans un tiroir durant presque deux longues années : la maison de disques n’est pas convaincue du potentiel de cet opus « à l’ancienne », au moment du new jack swing et des chanteurs extravertis comme Usher ou R. Kelly. L’album sort finalement en 1996, salué par la critique, et commence doucement sa carrière. Mais le public finit par en reconnaître l’intensité, et il atteint le statut de platine en à peine un an, qu’il doublera par la suite, puis bénéficie d’une nomination aux Grammy Awards.
Devenu star un peu contre son gré et sex-symbol malgré lui, Maxwell participe le 15 juin 1997, auréolé de sa notoriété toute neuve, à l’émission célèbre du moment, MTV Unplugged. Il y chante avec ferveur des chansons de ce premier album, mais aussi des reprises inattendues, comme le « This Woman’s Work » de Kate Bush ou le « Closer » de Nine Inch Nails. Cette fois encore, il est en conflit avec Columbia qui refuse de sortir l’enregistrement complet du show, sans doute pour ne pas mettre en péril les ventes de l’album studio. Il ne sort finalement qu’un EP de sept titres de ce MTV Unplugged, qui ajoute encore à la gloire naissante de celui qui se dissimule sous l’avatar Musze pour signer ses chansons, toujours à cause de cette timidité viscérale. Son interprétation de son hit « Whenever Wherever Whatever » lui vaut d’ailleurs une nouvelle nomination aux Grammy Awards.
Star malgré lui
Désormais figure majeure de la scène néo-soul, qu’il a aidé à définir aux côtés d’Erykah Badu ou D’Angelo, alors qu’il ne demandait rien à personne et surtout pas de « lancer un mouvement », Maxwell s’attelle à la réalisation d’un deuxième album, Embrya, qui sort en 1998, avec la même équipe, c’est-à-dire l’ombre tutélaire de Stuart Matthewman. L’album se classe n°3 aux Etats-Unis, recueille son paquet d’éloges critiques et devient, lui aussi, certifié platine. Mais le plus grand succès de cette période est un titre qui ne figure pas sur cet album. « Fortunate » est une chanson écrite par R. Kelly pour le film Life et interprétée par Maxwell qui la place n°1 du classement R&B, pour la période et pour l’année, puisque le magazine Billboard classe ce titre n°1 R&B de l’année 1999. Maxwell compose ensuite deux chansons pour un autre film, The Best Man.
En 2001 sort l’album Now, toujours produit à quatre mains avec Stuart Matthewman. Cette fois, l’album se classe directement n°1 et recueille à son tour la certification platine. C’est un retour à l’esprit soul des débuts, qui inscrit définitivement le nom de son auteur sur la liste des grands soul men. Depuis, ce champion de la discrétion s’est absenté, n’apparaissant nulle part, réfléchissant à la suite à donner à sa carrière sans tache.
En 2008, il rend hommage à Al Green en interprétant « Simply Beautiful » lors de la cérémonie de BET Awards (la chaîne de télé afro-américaine). Cet homme aussi ambitieux dans la création que secret dans la promotion annonce rien moins qu’une trilogie, trois albums à paraître en 2008, 2009 et 2010, intitulés BLACK Summer’s Night, Black SUMMER’S Night et Black Summer’s NIGHT.