Le premier avatar du futur groupe Ace of Base naît en 1987, de l'association du musicien et compositeur Jonas Berggren (dit « Joker »), de deux de ses amis, Johnny Linden et Niklas Tränk (guitare et clavier), et de ses deux soeurs Linn et Jenny (chanteuses).
Les as du sous-sol
Les quatre compères, originaires de la région de Göteborg, optent pour un son techno à la scandinave, et parcourent durant deux ans le circuit des clubs scandinaves, sans parvenir à percer de manière particulièrement notable. Le groupe ne parvient pas à se choisir un nom particulier, s'affublant de dénominations comme Kalinin Prospect, CAD et Tech-Noir, ce qui n'aide pas à gagner en notoriété.
En 1989, Linden et Tränk arrêtent les frais, et Jonas Breggren embauche le chanteur et claviériste Ulf Ekberg (dit « Buddha ») pour renflouer la formation. Le quintet devenu quatuor décide de se choisir un nom définitif et opte pour Ace of Base, un nom jugé facile à retenir et inspiré par la cave qui sert de studio au groupe. Base étant une abréviation de basement (cave, en anglais), le nom du groupe signifie approximativement - pour qui veut absolument lui trouver une signification - « le champion de la cave ».
Le talent du groupe a cependant du mal à convaincre en-dehors de sa cave et ce n'est que très péniblement que Ace of Base parvient en 1991, après plusieurs refus de différents labels, à vendre sa chanson « Wheel of Fortune » à une petite maison de disques danoise. La première sortie du disque est un échec mais le label, Mega Records, s'accroche et le sort une deuxième fois, à nouveau sans succès. Jamais deux sans trois, et Mega Records sort à nouveau le single en septembre 1992 : cette troisième tentative est la bonne, et « Wheel of Fortune » atteint la seconde position du hit-parade danois.
C'est dans le même temps que le groupe trouve la formule de son succès : inspirés par la production de Kayo Shekoni (chanteuse suédoise d'origine africaine), les membres d'Ace of Base décident de renforcer le métissage de leur son, et réalisent avec la chanson « All That She Wants » un mix inédit de pop et de dub-reggae qui, sorti en octobre remporte un succès immédiat au Danemark. Un album, Happy Nation, est enregistré à marche forcée pour organiser une sortie pour les fêtes (un léger retard le fait finalement sortir en février 1993) : le succès est à nouveau au rendez-vous et, du Danemark, s'étend dans le courant de l'année à l'Europe entière puis en Australie, en Amérique du Nord, puis en Amérique du Sud.
Plusieurs singles sont tirés de Happy Nation, mais c'est à nouveau le hit originel, « All That She Wants », qui en est la figure de proue. Atteignant la position de N°1 dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis, Ace of Base est la nouvelle sensation de ce que l'on appelle l' « euro pop ». Les membres du groupe deviennent de véritables vedettes : les multiples revers de la médaille ne se font pas attendre, des tabloids scandinaves ressortant par exemple les égarements juvéniles - largement reniés - de Ulf Ekberg dans des mouvements d'extrême-droite et dans un groupe de musique du courant white power.
Le succès du groupe n'en souffre pas, et Ace of Base sort son second album, The Bridge, en 1995 : accompagné de cinq singles et composé à parts égales par les quatre membres du groupe, ce nouvel opus n'égale pas le succès de Happy Nation, mais remporte toujours un joli succès, étant toujours N°1 au hit-parade suédois, ainsi qu'en Russie.
Durant trois ans, le groupe se fait ensuite plus discret pour la préparation de son troisième album, n'apparaissant en public que pour se produire aux célébrations du vingtième anniversaire de la Princesse Victoria. Sorti à l'été 1998, l'album Flowers remporte à nouveau le succès dans un certain nombre de pays européens, grâce notamment au single « Life is a Flower ». Mais les ventes aux Etats-Unis sont décevantes, fermant le marché nord-américain au groupe.
Ace of Base ne réalise plus de concerts, semblant évoluer vers un groupe de studio peu différentiable des produits anonymes et jetables de l'industrie dance music. Le quatuor semble en outre devenir trio : Linn Berggren, peu intéressée par la poursuite de sa carrière de chanteuse et préférant se consacrer à sa famille, ne fait avec le groupe que quelques rares apparitions et limite au minimum ses participations aux titres. Ce déclin s'accentue quatre ans plus tard avec l'album suivant, Da Capo, qui n'atteint au hit-parade suédois qu'une piteuse vingt-cinquième place et sort en catimini au Royaume-Uni, naguère l'une des places fortes du public du groupe : la mode d'Ace of Base semble bel et bien passée. En 2007, Jonas Berggren relance Ace of Base en profitant du marché toujours rentable de la nostalgie qui avait déjà bénéficié de façon spectaculaire à d'autres groupes comme ABBA. Sans Linn Berggren, qui a définitivement raccroché les gants, le quatuor devenu trio réalise une série de concerts en Scandinavie, en Russie et dans les pays baltes, retrouvant le public nordique qui formait le socle de départ de ses fans.
Bénéficiant des services d'un nouveau manager, le groupe ne se contente pas de ressortir ses vieilles chansons et se met au travail en studio sur un nouvel album. En attendant ce nouvel opus, Ace of Base sort en novembre 2008 un CD/DVD comportant un best-of, des remixes et des vidéo-clips, packaging idéalement calibré pour les fêtes et pour susciter l'attente du prochain disque de la formation. Suivant la logique des cycles décennaux, la nostalgie des années 1990 semble maintenant s'annoncer, et Ace of Base paraît bien décidé à en profiter