De l’ombre dans la lumière, de la lumière dans l’ombre. Lorsqu’on s’aventure dans les mélodies de la chanteuse Naë, on se laisse emporter dans un monde aux émotions contrastées. Une musique où les sentiments prennent toute leur place, occupent l’espace, se répondent, et voguent aux grés des influences et des sonorités musicales. Plus que de la chanson ou de la pop électronique, les morceaux de celle que l’on appelle Annaëlle sont des capsules d’émotions, à la fois pudiques et honnêtes : celles d’une jeune femme de sa génération, aussi forte que parfois fragile, mais toujours prête à faire de sa mélancolie une véritable force.
Originaire de Bordeaux, Naë grandit au milieu d’un joyeux mélange musical, qui explique sans doute qui elle est aujourd’hui. Son père est guitariste amateur dans un groupe de rock, sa mère mélomane, et ses frères sont fans de rap et de rock. Pour elle, ce sera le piano : dès l’âge de 11 ans, la jeune fille se met à composer ses premières chansons, avant de rejoindre plusieurs groupes de rock durant ses années collège, pour ensuite s’essayer au r’n’b et à la soul au lycée. Très vite, la jeune bordelaise comprend une chose : ce sera sans doute la musique et rien d’autre. La jeune femme arpente alors les scènes locales, avant de sortir un tout premier EP entièrement en anglais, No Fears (2018) sur le label de Mood Supa Child, producteur bordelais qui sera l’un des premiers à croire en elle. Entre soul électronique et pop, ces 5 premières chansons composées entre potes avec Yepes et Plae Casi, ses producteurs de toujours, vont alors emmener la jeune femme à enchaîner les premières parties, ouvrant pour Eddy De Pretto, Soprano, Dinos ou Chilla, qui l’invitera ensuite à interpréter un de ses morceaux lors de son Planète Rap en 2019.
Si l’histoire de Naë semble déjà être à l’époque sur la bonne voie, la suite recèle d’autres surprises : par le biais d’un message innocemment envoyé par le producteur Diabi sur Instagram, la jeune chanteuse se retrouve embarquée dans une autre aventure. Celle de l’album Les Étoiles Vagabondes (2019) du rappeur Nekfeu pour qui elle finira par co-composer le titre “Elle Pleut”, certifié single de platine en 2020, tout en apparaissant sur 2 autres morceaux (“Koala Mouillé”, “De Mon Mieux”). Une exposition inattendue qui va encore plus pousser Naë à s’élancer dans la musique en solo, en signant chez Roy Music et Warner tout en sortant “Flamme”, un premier morceau en français annonciateur d’un virage musical qu’elle semble aujourd’hui être définitivement prête à prendre
À l’écoute d'Éclair, premier single d’un nouvel EP / premier album à venir, on comprend où la musique de Naë compte aujourd’hui aller. À mi-chemin entre mélodies solaires et mélancolie sur le fil, les chansons de Naë révélent par touches les émotions d’une jeune femme autant prête à croire en l’amour qu’elle peut en craindre ses souffrances. Une poésie retranscrite en compagnie du romancier et parolier Jérome Attal, co-auteur de la Bordelaise, sur une musique entre pop, chanson, r’n’b et sonorités rap notamment avec les producteurs Mem’s (Booba, Nekfeu, Lous & The Yakuza) et Holomobb (Niska, Aloïse Sauvage) qui semble dessiner les nouveaux contours de ce qu’est devenue Naë. Une jeune femme plus sûre d’elle, prête à laisser parler ses émotions en Français sans jamais se laisser emporter par la facilité des chansons d’amour sans reliefs. Car dans la pop de Naë se trouve toujours une part d’ombre : à travers les rayons de soleil qu’elle laisse entrevoir, quelques nuages viennent s’immiscer. Ceux d’un cœur mélancolique, prêt à raconter son histoire, dans des chansons aux contours lumineux, mais toujours traversés de quelques teintes de gris. Comme un éclair de lumière.