« J’aime aller vers ce que je ne maîtrise pas ». Ambroise Willaume se connaît bien. Par ces mots, il résume
ce qui semble être le moteur de sa carrière de musicien depuis des années : la recherche de l’inédit, le refus de la répétition. Il y a huit ans, il connaissait une première métamorphose. En créant Revolver, le garçon découvrait, après des années à avoir chanté dans des choeurs classiques, l’univers de la pop. Le groupe est aujourd’hui en pause, après deux disques d’or et des centaines de concerts en France et à l’étranger.
C’est au cours de la dernière tournée de Revolver en Australie qu’Ambroise se fait cambrioler son studio à Paris,
perdant ainsi toutes ses guitares. Le jeune homme y voit, sinon un symbole, du moins le signe qu’une page se tourne.
Il s’installe alors au piano, franchissant un nouveau cap dans l’écriture de ses morceaux.
Cet automne, Ambroise prolonge le défi en continuant d’aller là où on ne l’attend pas. Sous le nom de SAGE – comme Sagittaire, il sort un EP réunissant quatre chansons écrites en solitaire. Les oreilles les plus attentives remarqueront l’ombre omniprésente de Neil Young. Le Loner, période Harvest Moon, semble veiller en parrain musical sur les somptueuses ballades de SAGE, autant par l’importance du piano que par la façon de chanter, désormais très libre, d’Ambroise. « À travers ma recherche harmonique, j’ai aussi renoué avec la musique classique, de Debussy à Erik Satie…»
Si les morceaux de SAGE ont le charme immédiat des chansons pop, Ambroise leur a donnés une dimension
supérieure, les enveloppant d’arrangements inattendus, opérant un grand écart détonnant entre le numérique et le classique, entre le songwriting traditionnel et une production futuriste. Pour ce faire, la rencontre avec Benjamin Lebeau, moitié de The Shoes, a été déterminante.
S’étant déjà croisés à plusieurs reprises, notamment lors de leur collaboration en tant que compositeur et
producteur pour Woodkid, les deux garçons voient dans la perspective de travailler ensemble l’occasion de se confronter à un univers radicalement différent, d’apprendre autant que de désapprendre. « Je lui apportais quelque chose de nouveau avec mon projet, qui est construit autour de la voix, des harmonies et du piano. De son côté, il m’apportait toute une culture électronique, une approche de la production que je n’avais pu aborder qu’en surface jusque-là. »
Se livrant à un passionnant travail d’échanges et de confrontations d’idées, le duo met des mois à trouver le point
d’équilibre, remettant sans cesse en cause le travail effectué, opérant une série d’allers-retours longue mais enrichissante. « Pour ‘Last Call Couples’, par exemple, on a travaillé pendant deux mois sur une première version, puis on a tout annulé et on est reparti à zéro ». Il a également fait appel à ‘Code’, l’orchestre qu’a créé Jérémie, son ancien complice au sein de Revolver, et pour lequel Ambroise a lui-même écrit les arrangements d’orchestre.
Résultat, ce premier EP est une superbe promesse, où l’intime flirte avec l’épique (‘In Between’, ‘Last Call Couples’),
où la mélancolie se fait désarmante (le sublime ‘Summer Rain’). Si l’on ne dispose que de quatre titres à ce jour, ils contiennent assez d’étages, de chapitres et de strates (‘To The River’) pour garantir un deuxième acte éblouissant.
En attendant le disque prévu pour 2015, SAGE commence dès l’automne une série de concerts : seul sur scène
pour la première fois, Ambroise portera ses nouveaux titres derrière un piano et des machines. « Tout sera joué en direct, sans ordinateur, le piano et les machines formant un seul et même instrument ». Un nouveau défi dans la carrière déjà hors-normes du musicien.
