L’odyssée de Keblack est unique… C’est l’histoire d’une décennie de hits, de millions de vues YouTube, mais aussi de doutes, de remises en question et finalement d’une des remontadas les plus remarquées de l’industrie musicale en 2023. Après une période d’incertitude, le chanteur a enchaîné 3 singles de diamant en l’espace de quelques-mois. « Laisse-moi », « Aucune attache » ou encore « Boucan » en featuring avec Franglish ont marqué le retour d’un des artistes les plus populaires de sa génération et cristallisent aujourd’hui les attentes autour de son projet. Sobrement intitulé « Focus », son 4eme opus résume parfaitement le statut du Mc. Titulaire indiscutable : il a connu la médaille du succès, son revers mais a toujours gardé la même passion. Pionnier de l’afro, Keblack vient récupérer son terrain avec une formule sans cesse renouvelée.
Le parcours de Keblack est indissociable de là où il a grandi, à Nogent-Sur-Oise (60). C’est là, dans le quartier de La Commanderie qu’il se forge son éducation musicale. Entre la rue, son brassage de cultures et la maison où résonnaient les titres de grands chanteurs de rumba congolaise (Werason, Fally Ipupa, Papa Wemba), Keblack se forge un répertoire musical unique. À 15 ans, il écrit officiellement son 1er texte sur les prods de Spike Miller qu’il trouve sur le Net. Bientôt, il entraîne avec lui dans son délire son pote d’enfance, Naza. Ses premières maquettes sont à l’image de son quotidien : “On était des gars de dehors à l’époque. On faisait du rap cru. À ce moment-là, y’a Niska, Gradur, PSO Thug. C’était bizarre de chanter”. Pourtant, Keblack a ça en lui. La mélodie. Au fil du temps, il incorpore dans des ébauches de textes des flows plus chantés.
C’est en 2014 que tout bascule pour le jeune homme. Après une série de 14 freestyles, il envoie « Tout va bien », son premier freestyle entièrement chanté. Le buzz est immédiat. En quelques jours, la vidéo devient virale et Keblack fait figure de nouvelle sensation. Tout se précipite alors. Keblack rejoint le label Bomayé Musik de Youssoupha où il retrouve son compère de toujours Naza. Là, le studio devient son terrain de jeu, son laboratoire. Keblack envoie en 2015 « J’ai déconné », un single qui fera l’effet d’un raz-de-marée. Dès sa sortie, le titre cumule les millions de vues. Mais c’est lors de L’Euro 2016, quand les joueurs de l’équipe de France vont s’accaparer le titre, qu’il va vraiment prendre une autre dimension. Quelques semaines plus tard, il dégaine « Bazardée ». Le coup de grâce. Avec plus de 100 millions de vues sur YouTube, le single - certifié diamant - fait de Keblack le nouveau hitmaker de sa génération. Dans la foulée, il sort son 1er album, « Premier étage », certifié platine.
Désormais titulaire indiscutable du game, Keblack consolide sa formule. Sur son deuxième opus, « Appartement 105 », il enchaine les expérimentations. Il teste et décide de faire un double album. Une fois encore, des titres comme « Ne m’en veux pas » ou « Menteuse » sont certifiés or, tout comme l’album. Après ce projet, Keblack quitte Bomayé Musik. Il enchaîne les singles mais ces derniers ne sont pas autant plébiscités par le public. Désormais signé sur sa propre structure, il doit tout gérer solo. C’est dans ce mood très particulier que le jeune homme conçoit son troisième opus « Contrôle » : “Je me dis que les gens ne veulent plus m’écouter. J’accepte que c’est comme ça. Je suis dans le creux de la vague, on ne m’appelle plus, j’en suis conscient”. Mais Keblack ne se résigne pas pour autant. Il s’enferme en studio, peaufine et rectifie sa formule. Il revient à quelque chose de plus simple, de plus instinctif tout en ouvrant son univers à de nouveaux styles, notamment les sonorités du Nigéria. De cette traversée du désert, Keblack en fait une nouvelle chance, un nouveau départ. Il en ressort beaucoup plus concentré et précis. D’où le titre de son nouvel opus, « Focus ».