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1/3 badass, 1/3 good girl, 1/3 diva. Un cocktail explosif qui infuse la personnalité de Jaïa Rose, 21 ans, jeune chanteuse de pop / r’n’b’ au charisme rayonnant. « Il y a en moi autant une fille « cute » qu’un mec de la street », dit-elle en riant. La preuve avec son premier EP, à la fois narquois et sensuel, frontal et introspectif, qui explore musicalement un r’n’b’ 2.0 nonchalant et rythmé, aux pulsations électro et aux gimmicks entêtants. Et qui brosse le portrait saisissant d’une jeune fille urbaine complètement dans son époque. Entre chant et rap, Jaïa Rose confie ses joies et ses doutes, révèle ses forces et ses failles, nous prend par la main pour nous emmener dans son univers. Jeune métisse franco-congolaise élevée à la campagne du côté de Bordeaux, elle ne cache rien du mal être de son adolescence dans un « Couleur amour » poignant adressé à sa mère. « Pourquoi mon cœur se serre/ Maman j’suis pas belle/ Ils disent que j’suis trop sombre/ Et toi, ta peau est claire ». « Petite, c’est quelque chose qui m’a marquée, explique t-elle. J’avais du mal à trouver un modèle d’identification : ma mère était blanche, mon père noir n’était pas très présent, et même Beyoncé se lissait les cheveux ! Il n’y avait pas de poupée aux cheveux afro qui aurait pu me ressembler. A l’école, les enfants, pas toujours gentils, m’appelaient « cheveux cramés ». »
« Je rêvais d’un départ, de rentrer dans la danse » dit-elle encore dans « Couleur amour ». Enfant et ado, la danse fait partie de sa vie, via les cours de contemporain et de hip hop qu’elle prend au collège puis au lycée. Mais la musique aussi : dans sa chambre, l’adolescente s’essaie timidement à chanter sur les tubes des Destiny’s Child, d’Alicia Keys, de Beyoncé. Et se nourrit du jazz, du reggae, du hip hop, du r’n’b’, de la rumba congolaise, de la musique classique qu’écoutent ses parents mélomanes. C’est à ce moment-là que se noue la conviction qu’un jour, elle sera artiste. Autant pour être libre que pour être regardée autrement, avec le respect et l’admiration qu’on réserve au talent. Car du talent, Jaïa Rose n’en manque pas. Elle l’exprime d’abord par la danse et la création de chorégraphies, et intègre à 19 ans l’Académie Internationale de la Danse à Paris, qui lui assure une formation professionnelle et des stages. Et c’est en dansant dans un clip d’Aysat, auteure-compositrice-interprète, figure emblématique de l’afro-électro-pop indépendante et candidate aux pré-sélections de l’Eurovision, que la musique revient, comme une évidence, en première ligne de ses préoccupations.
Et c’est la révélation. Car Jaïa Rose, grande fan de SZA, Mahalia, ou Solange, a des choses à dire, et elle les dit, de sa voix groovy, indéniablement soul, entre vibes mélancoliques et flow bien balancé. On a même parfois l’impression d’être dans sa tête, surtout lorsqu’elle décrit, dans « 4h du mat’ », les interrogations, les regrets et les angoisses provoqués par une rupture sentimentale, dont l’authenticité ne fait ici aucun doute. Tout aussi cathartique, le planant et mélodieux « 1000 mg », émaillé de synthés vintage, nous emmène au cœur du réacteur, en plein chagrin d’amour, lorsque « le cœur balance entre le Jack et l’eau de vie ». Pourtant « j’suis pas une meuf déprimée/ c’est juste une période » chante Jaïa Rose sur « Ready », splendide ballade r’n’b’ aux envoûtants accords de guitare. Et elle le prouve avec l’énergique et accrocheur « 4.0 », qui emprunte autant au r’n’b qu’au hip hop et à la musique électronique, en nous balançant : « Rien à foutre après tout/ La vie est courte après tout » et autres « j’emmerde la bienséance » brut de décoffrage. Toujours ce cocktail badass/ cute girl/ diva qui nous fait dire que Jaïa Rose est là pour tout déchirer.
Florence Tredez