Show cover of Cadre bâti

Cadre bâti

Cadre bâti est un podcast sur la ville.

Titres

On fait un écoquartier ? Oui, bien sûr. On commence par quoi ? … Certains de nos épisodes sont plus longs que d’autres. Il faut mettre la table, on dirait, apprendre à se connaître. La patience d’une conversation vaut sûrement la peine, dirons-nous, surtout quand il s’agit, comme dans le cas de cet épisode avec Philippe Dufort, de parler d’aboutissements dont on pourrait croire, à tort, qu’ils ont poussés du néant et dans leur forme définitive. Dans un exercice qui s’apparente à reparcourir un labyrinthe en suivant le bon trajet dessiné au sol, l’équipe de Cadre bâti est retournée aux Jardins de Métis pour discuter de CMētis avec son président et fondateur, Philippe Dufort. Se décrivant comme un « universitaire désagrégé », Philippe a été jusqu’à très récemment professeur en innovation sociale à l’Université St-Paul à Ottawa, point d’orgue d’un parcours universitaire et engagé où il va passer des années à l’international, et notamment en Colombie. Dans un spectaculaire revirement de situation, Philippe et sa conjointe, surmené·es, ont volontairement choisi un retour en famille dans le Bas-Saint-Laurent, un changement de rythme de vie nécessaire et qui les a mené·es, de fil en aiguille, à abandonner la vie universitaire. Ce rare retour à la case départ aurait pu être l’occasion de ranger l’idéalisme dans les tiroirs. Ce ne fut pas le cas. Un désir toujours vivant de transformation sociale, amplifié par la crise du logement dans le Bas-Saint-Laurent, on fait naître un premier projet d’écoquartier à Métis-sur-Mer, coopté à même la communauté, puis à un second à l’étape de projet à Rimouski, le tout piloté par CMétis, un organisme à but non lucratif « […] à haut impact de transformation sociale intégrant les expertises de la conception, de la construction et du développement immobilier écologique ». On commence par quoi, alors ? C’est le sujet de la seconde partie de cet entretien avec Emile et Guillaume. Suivant un premier projet dont la principale qualité, nous dit notre invité, est d’exister, contre vents et marées, il est question ici du défi constant à mettre sur pied un commun, à s’assurer de le financer adéquatement et d’en faire une pièce maîtresse dans le déploiement d’autres projets similaires, mais jamais identiques, car émergent de leur milieu d’implantation. Ce qui frappe le plus notre invité dans sa nouvelle carrière ? La capacité d’impact d’une telle approche, car pour peu qu’on en accepte les énormes complications et responsabilités, l’échelle de l’écoquartier constitue l’un des moyens les plus efficaces aujourd’hui de construire des interstices dans un système dont on critique les paramètres, et de faire une cité autre, certes, mais de la faire surtout autrement.

12/07/2024 • 101:00

Dans cet épisode, Guillaume rencontre Thierry Paquot, un philosophe de la ville qui a quitté depuis peu la périphérie parisienne pour la campagne normande. Enregistré alors qu’il était en plein processus d’écriture d’un livre, cet épisode est riche en réflexions et anecdotes. L’épisode s’amorce assez classiquement avec un retour sur l’évolution des relations entre ville et campagne, en écho à l’ouvrage de Lewis Mumford, traduit par Thierry et paru en août dernier (Histoire naturelle de l’urbanisation, Presses Universitaires de France). Autrefois des territoires complémentaires, l’arrivée du productivisme, de la mécanisation et la mondialisation viennent transformer radicalement leurs interdépendances de même que leurs paysages, au point où ville et campagne se confondent désormais complètement. La discussion se déplace tout naturellement vers la question des processus et transformations à l’œuvre — mondialisation, urbanisation, colonisation, mécanisation — et de leurs effets sur les espaces urbains : inversions des relations centre-périphérie, apparitions des mégalopoles, étalement, bidonvilisation, émergence d’enclaves résidentielles sécurisées, pour ne nommer que quelques-uns des phénomènes récents qui remodèlent notre terre urbaine. Si l’histoire de la ville intéresse notre invité, c’est surtout l’histoire des idées sur la ville qui prend une place centrale dans son travail. Thierry porte une attention très particulière à la biographie des auteur-es de même qu’à la filiation des idées, et fait tout un travail de géohistoire des œuvres et des idées. Qui discutait avec qui ? Quelle influence des auteur-es entre elles et eux ? L’épisode, en ce sens, apparaît comme un exercice de cartographie orale des réseaux d’idées sur la ville et l’urbain. Un travail utile, puisque comme le souligne Thierry : “On pense à plusieurs, même si on écrit seul”. La discussion aborde aussi la diversité des façons d’appréhender la ville, et notamment par le biais de ses représentations. Pour Thierry, le roman, la poésie, le cinéma, la photographie et les témoignages des habitants constituent une panoplie de médiums qui permettent d’éclairer différents angles aveugles de l’expérience urbaine. En somme, cet épisode est un tour d’horizon de l’urbain — définitions, formes d’urbanisation, épistémologies — sans une once d’aridité. Il se déploie autant dans les idées que sur le terrain, un peu à l’image du travail de Thierry. C’est un épisode où l’on s’intéresse autant aux paroles d’habitantes de bidonvilles qu’à la chicane entre Henri Lefebvre et Guy Debord, ou à la relation intellectuelle entre Ivan Illich et André Gorz. On en ressort avec un certain nombre de potins de philosophes, une envie de lire renouvelée et, somme toute, une idée plus claire du phénomène urbain planétaire ! 

24/04/2024 • 88:35

Dans cet épisode aux accents ASMR*, Guillaume et Maude échangent avec Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal et spécialiste du patrimoine bâti. Ayant grandi à Sault-au-Récollet, dans le nord de Montréal, Claudine a été en contact avec la pierre grise dès son enfance. C’est ensuite par l’étude de la géographie au collégial, puis de l’urbanisme au baccalauréat et de l’histoire de l’art aux cycles supérieurs qu’elle forge son intérêt pour les questions liées à la conservation des environnements bâtis.Pour la professeure, il existe à ce jour certaines préconceptions persistantes à déconstruire à propos du patrimoine, comme l’idée que sa préservation constitue un frein à la créativité pour les architectes, ou que conserver veut dire “ne pas toucher”. Cet épisode est une invitation à aller au-delà d’une vision dichotomique du patrimoine qui opposerait ce qui relève du passé et ce qui est contemporain.Son point de vue mélange urbanisme, histoire de l’art et architecture, avec comme objectif la compréhension du lieu, du site ou du bâtiment : pourquoi est-il là ? Pourquoi a-t-il cette apparence ? Dans son enseignement, c’est d’abord le potentiel “inclassable” de l’existant que Claudine souhaite transmettre aux architectes en devenir.Le rapport entre la ville qui sort de terre et celle qui est déjà là est souvent perçu comme antagoniste, et mériterait un recadrage vers ce qu’il peut avoir de collaboratif. Le patrimoine bâti n’est pas une série d’objets sous verre au sein d’une collection urbaine, ce sont des lieux particuliers avec leurs usages, leurs affects. Ils évoluent à travers le temps et peuvent propulser la transformation urbaine. Au-delà des critères esthétiques ou de classifications patrimoniales, les lieux que l’on côtoie quotidiennement nous marquent, nous touchent et s’attachent à nous.Qui plus est, le patrimoine bâti nous expose à des représentations du monde qui, forcément, ont évolué. Ici, le patrimoine devient une conversation sur la culture, l’intégration, l’inclusion. Que faire des pensionnats autochtones et des statues de personnages historiques déchus? Une conversation complexe sur notre rapport au passé, sur l’histoire et le pouvoir, et sur nos différents regards sur le monde se dessine autour de ces objets inconvénients pour quiconque souhaiterait vivre dans un monde lisse, sans aspérités, ce que ne désire évidemment pas notre invitée.* Autonomous Sensory Meridian Response, ou la sensation de relaxation provoquée par des bruits doux, comme des voix délicates… 

29/03/2024 • 86:48

Cet épisode a été enregistré devant public aux Jardins de Métis dans le cadre de l’École d’été de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal, une édition intitulé « Paysages généreux, paysages faits main » et dirigée par Emile Forest. Ce dernier et Guillaume découvrent dans cet entretien la vie multifacette de Jérôme Dupras. Professeur à l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Cherche de recherche du Canada en économie écologique, Jérôme est d’abord connu à titre de bassiste des Cowboys Fringuants. Un mode de vie dual qu’il partage avec Guillaume et sa vie (plus ou moins) cachée de drummer… Le parcours de Jérôme a été marqué, en alternance, par des moments consacrés à la musique et d’autres à des études universitaires où il est passé de la biochimie à l’écologie, pour finalement s’orienter vers la géographie avec la réalisation d’une thèse de doctorat sur la question des services écosystémiques — un concept dont il est aujourd’hui plutôt critique. Jérôme se voit d’abord comme un environnementaliste qui se sert de la musique et de l’enseignement pour faire atterrir certaines idées. Maintenant tourné vers l’économie écologique — avec une posture épistémologique qui s’éloigne de l’économie classique dont le rapport à l’environnement reste plutôt trouble — Jérôme s’inscrit dans une recherche à la fois fondamentale et appliquée. Il s’intéresse de fait aux relations du vivant et du non-vivant avec les flux de matière, et développe en ce sens des outils pratiques pour rendre ces relations plus harmonieuses — que ce soit en traduisant les objectifs de la COP 15 en différentes cibles et actions concrètes sur le territoire, ou en proposant des aménagements qui prennent en compte la vulnérabilité climatique des quartiers. La transition énergétique en cours nécessite de revoir notre relation aux énergies fossiles ou au plastique, par exemple, mais plus globalement doit engager une refonte de notre rapport à la nature. Plutôt que de la considérer de sa seule valeur d’utilité, il faut y voir une valeur intrinsèque, relationnelle, voire spirituelle. Or, plutôt que d’y aller de manière descendante, il s’agit, selon Jérôme, de penser des solutions locales pour s’engager dans une perspective de changements globaux. Cet épisode est une invitation à prendre en compte la complexité et la beauté du monde qui nous entoure, mais aussi à prendre la parole et à agir dans le monde de plus en plus incertain. La science post-normale, concept dont il est question dans l’entretien, c’est penser à partir d’un inconfort qui devrait galvaniser plutôt que paralyser.

29/01/2024 • 70:56

Pas facile de glisser d’un métier à l’autre dans le champ professionnel. Plusieurs programmes universitaires ont beau jeter leurs oisillons dans le sens de l’inter, voire de la transdisciplinarité, l’énergie investie ensuite dans le travail perpétuel de dédoublement de soi et de justification à la face du monde pousse souvent dans le sens d’un recalibrage simple : appelez-nous pour ceci, c’est notre spécialité. C’est dans ces replis complexes que l’on retrouve aujourd’hui Christopher Dessus, architecte début trentenaire et figure émergente de l’architecture française, rencontré il y a quelques mois par Guillaume dans les bureaux parisiens de Paf atelier, un bureau d’architecture et de scénographie dont il est le fondateur. Peut-être faut-il ajouter à l’exigence d’avoir à justifier son existence sur plusieurs fronts créatifs celle, plus viscérale encore pour une jeune boîte, de trouver le point d’équilibre entre rentabilité et énoncé de mission. Pour cette jeune firme fondée en 2017 et qui a cherché dès le départ à s’engager dans une démarche alliant recherche et création, il va de soi que ces questionnements viscéraux font partie intégrante du processus, ce qui ne veut pas dire que le tout ne se fait pas dans la joie. Dans un entretien tout en douceur où interviewer et interviewé parlent presque d’une même voix au fond des bureaux de Paf atelier pour ne pas déranger les collègues, nous reprenons, sans romancer pour autant, le court parcours qui a vu Christopher émerger d’un milieu paysan pour se projeter dans des études brillantes en architecture. S’en suivent un séjour révélateur au Québec, puis la fondation de l’influente revue Pli qui se mute actuellement en maison d’édition orientée vers les arts, l’architecture et le design. C’est enfin à Paf atelier qu’on le retrouve, entouré cette fois d’une équipe engagée dans le sens d’une pratique hybride, combinant sans discriminer le travail sur des projets à toutes échelles, allant de la scénographie pure et du projet de design et d’architecture à la collaboration avec d’autres équipes lorsqu’il s’agit, par exemple, de s’attaquer au concours actuel pour réaliser le Schéma Directeur Culturel du Centre Pompidou. Les clés de l’aventure transdisciplinaire menée par Christopher se trouvent peut-être ici : trouver son équipe, s’entourer de personnes qui ne s’inquiètent pas outre mesure des frontières étanches entre spécialisations, puis travailler fort, mais sans trop se soucier de se tromper à l’occasion. L’épisode offre en ce sens de belles leçons pour quiconque veut s’attaquer aux problèmes actuels, par nature interdisciplinaires, du bien commun, mais qui cherche à le faire avec des étoiles dans les yeux.

20/12/2023 • 72:06

Dans cet épisode, Emile et Guillaume discutent avec Carole Lévesque, directrice de l’École de Design de l’UQAM et co-fondatrice du Bureau d’étude de pratiques indisciplinées (bé pi). Originaire de la ville de la fameuse rue principale des Colocs (Normandin), Carole a étudié en architecture et en design. Après une maîtrise pratique en architecture réalisée à Vancouver, elle s’installe à New York pour travailler pour l’agence Datum Zero. C’est le rythme effréné de la pratique, l’envie de prendre son temps, de réfléchir les choses avec et en dehors du projet qui la pousse à s’inscrire au doctorat en aménagement à l’Université de Montréal dans une démarche de recherche-création. Au terme de son doctorat, elle va enseigner à Beyrouth pour ensuite revenir à Montréal à l’École de Design. D’entrée de jeu, il est question de l’articulation entre la théorie et la pratique. De son point de vue, le projet architectural doit s’ancrer dans une conversation plus large, théorique, pour ensuite en élargir le cadre. La mise en forme du projet permet ainsi de mettre à l’épreuve des idées. Il est aussi question de l’architecture temporaire comme dispositif d’intervention et de réflexion sur la ville et de ces terrains vagues aux frontières des mers urbaines… Dans sa démarche, Carole utilise la marche pour observer et documenter la logique des espaces traversés, pour capter les façons d’habiter la ville. Photos, enregistrements, observations qui se traduisent ensuite en texte, en dessin, en propositions architecturales. Dans son travail sur les terrains vagues montréalais, Carole a ainsi parcouru plusieurs fois l’île de Montréal dans toute sa largeur. L’exposition intitulée « La précision du vague » a notamment permis de partager la riche documentation produite à partir de la visite de ces espaces ambigus : herbier, dessins, relevés photographiques, cartes typologiques. Pour Carole, le dessin et la marche sont des moyens d’interroger la notion d’échelle, l’expérience du proche et du loin, et de poser le terrain vague comme un objet dense, complexe, mais avec lequel on entretient un rapport ambigu. Au fond, l’épisode au complet porte sur la question de l’entre-deux : entre travail administratif et création, pratique architecturale et théorie, démarche inductive et déductive, texte et dessin, ou encore vague et précis s’ouvrent ainsi des territoires qui méritent amplement d’être naviguer. Petit babillard pour suivre le travail de Carole : Bureau d’étude pratiques indisciplinées, co-fondé avec Thomas-Bernard Kenniff : https://www.be-pi.ca/press Un ouvrage à paraître cet hiver, avec Thomas-Bernard Kenniff : in Drawing : time, dialogue, materiality and investigation En septembre prochain, aura lieu le Colloque international du 50e anniversaire de l’École de design de l’UQAM, MUTATIONS : Où va le design ? dont l’appel à communications est en cours : https://design.uqam.ca/nouvelles/mutations-ou-va-le-design-3/

03/11/2023 • 96:10

Dans cet épisode enregistré devant public à l’Espace ville autrement, Emile et Guillaume s’entretiennent avec Pierre Lapointe, auteur-compositeur-interprète, mais avant tout, artiste. Pierre s’intéresse au design, à l’art et à l’architecture depuis qu’il est enfant : la poésie d’un centre d’achat vide de banlieue, son premier contact avec des œuvres de design moderne, l’écho d’une salle d’exposition au Musée des Beaux-Arts, les maisons du secteur des ambassades à Ottawa sont autant d’expérience qui ont forgé son imaginaire. Pour lui, la relation aux espaces et aux objets est avant tout physique, viscérale. Certaines œuvres, certains objets de design exercent sur nous un pouvoir : celui de nous « nettoyer », de nous rééquilibrer. Le design et l’architecture nous ramènent d’ailleurs à un médium plus familier dans l’œuvre de l’artiste : pour Pierre, il n’y a pas de réelle distinction entre les objets d’art et la musique. En témoigne son parcours qui l’a mené des arts plastiques aux arts de la scène puis à la musique, pour percoler depuis dans d’autres médiums comme la scénographie et la mise en scène. Le travail artistique, à ses yeux, est avant tout un travail sensible, mais abstrait. Il s’agit de trouver des agencements, des équilibres, des vibrations. En bref, c’est chercher ce qui résonne. Dans un épisode qui n’a « rien de sexuel », on ne le répétera pas assez, on passera ainsi du cœur à la tête et au corps pour découvrir autrement un artiste qui s’est souvent servi de l’art pour s’extraire des contextes dans lesquels il se sentait trop à l’étroit. Un voyage entre la musique, l’art plastique, l’acoustique des espaces urbains, les objets de design et les espaces de la vie quotidienne qui a tout d’une leçon sur notre expérience sensorielle de l’urbain, et rappelle aussi le projet d’une topo-analyse proposée par Gaston Bachelard dans La poétique de l’espace. En prime, deux, trois primeurs qui rendraient jalouse l’équipe du Écho-Vedette…

25/09/2023 • 84:48

Pour ce premier événement public de Cadre Bâti, Guillaume et Emile ont le plaisir de recevoir le maire de Laval, Stéphane Boyer, à l’espace ville autrement. Élu en novembre 2021, Stéphane fait partie de cette nouvelle vague de maires et mairesses qui voient dans le palier municipal un potentiel transformateur. Lavallois “born and raised”, Stéphane cumule très jeune des expériences de travail humanitaire à l’étranger avant de revenir chez lui, convaincu désormais qu’il vaut mieux commencer par s’impliquer chez soi pour changer le monde. Il découvre alors, déçu, la politique municipale sous Gilles Vaillancourt, un peu avant la Commission Charbonneau. Dans la foulée, il se présentera comme conseiller de ville pour un parti d’opposition. C’est à cette époque qu’il amorce la rédaction de son deuxième livre, Des quartiers sans voitures (Éditions Somme Toute, 2022). Le court essai est pour lui un outil pour amorcer une discussion et pour faire rêver. L’idée d’imaginer des quartiers complètement dépourvus de voitures est une proposition qui peut apparaître radicale dans le contexte nord-américain, et particulièrement celui de Laval ! Mais sa proposition, loin d’être dogmatique, est surtout défendue avec des arguments terre-à-terre : faire l’économie de la voiture, c’est s’épargner d’immenses dépenses en infrastructure, en plus d’offrir une expérience différente de la ville. De la ville rêvée à la ville réelle, la discussion est aussi l’occasion d’échanger sur la complexité du Laval d’aujourd’hui : des quelques traces d’enclaves villageoises à des power malls voués à se réinventer, des bungalows à sa nouvelle centralité émergente, Laval n’a effectivement plus grand-chose à voir avec l’image de la banlieue-dortoir qui lui colle pourtant à la peau. Elle est le lieu de nouvelles dynamiques décidément urbaines : un lieu pour vivre, mais aussi, et de manière de plus en plus marquée, un lieu pour travailler, pour se divertir, pour sortir. Un pôle métropolitain, en somme. “Laval, urbaine de nature” ? Un slogan qui se traduit en intentions, avec les nouvelles politiques de protection des terres agricoles et du territoire forestier, et ce, même si ces mesures essentielles entrent parfois en tension avec la croissance actuelle de la municipalité. Est-ce là, la “nouvelle saveur de Laval” ? C’est à découvrir dans cet épisode qui déboulonne quelques mythes sur cette ville parfois mal aimée, en plus — qui sait ? — de participer à la construction de quelques nouveaux mythes !

09/06/2023 • 74:52

Qu’est-ce que le placemaking au juste ? Ce néologisme toujours mal traduit — vous allez entendre nos laborieux efforts de traduction lors de cet épisode ! — a le vent dans les voiles en aménagement depuis une dizaine d’années. Le terme tente en somme de définir un type d’initiative agile visant à activer des espaces publics sous-utilisés ou abandonnés avec des aménagements temporaires et une programmation culturelle. On en parle ici avec deux jeunes vétérans en placemaking. Jérôme Barth œuvre à l’animation de Bryant Park à Manhattan depuis la fin des années 1990 et a aussi participé à la création du High Line. Jérôme Glad, lui, est cofondateur de La Pépinière | Espaces collectifs en 2014. Depuis peu, ils ont cofondé Belleville Placemaking, une boîte de conseil qui a comme objectif d’accompagner des communautés et des municipalités cherchant à valoriser des espaces publics. Après avoir connu une période d’effervescence à Montréal au milieu de la dernière décennie, le placemaking est à la croisée des chemins. La multiplication des espaces thématiques et des organismes pratiquant cette approche mène quelque peu à une saturation, faisant apparaître des failles dans cette approche devenue formule. Palettes, dessins au sol et ampoules suspendues ont en effet fini par constituer les artéfacts d’une esthétique signalant à elle seule le désir d’appropriation d’un espace. Les motivations de certains acteurs derrière ces initiatives ont aussi fini par faire sourciller, quand il s’agit par exemple d’une entreprise qui crée placettes et buvettes pour attirer une jeune clientèle et gonfler son capital social. Il y a enfin cette ferveur à animer tout espace urbain qu’on a fini par critiquer. A-t-on besoin de tout activer, et pour qui ? Ne vaudrait-il pas mieux garder certains espaces en jachère ? Mais le placemaking a plus à offrir selon les Jérôme, et gagnera peut-être à sortir de cette phase d’effervescence pour s’incarner différemment dans la fabrique de la ville, toujours à la marge des approches aménagistes plus classiques, mais en mesure d’opérer plus discrètement et agilement une adaptation des espaces publics aux besoins exprimés en temps réel par des populations locales. La discussion révèle d’ailleurs l’intérêt de repenser le placemaking comme une pratique au fond très ancienne : de l’animation des piazzas italiennes jusqu’aux expériences américaines suivant les travaux de William H. Whyte aux États-Unis depuis la fin des années 1970, il y a une trame de fond qui unit le placemaking depuis longtemps, soit l’envie de faire ville à partir et autour des espaces publics. Un « villéalisme » ? À vous de voir si l’idée peut survivre à cette conversation…

12/05/2023 • 111:46

Cet épisode est le fruit d’un second séjour hivernal aux Jardins de Métis pour l’équipe de Cadre bâti. Ce lieu enchanteur est le théâtre d’une discussion animée entre Guillaume, Emile et Marie-Hélène Voyer, une auteure originaire des arrières terres du Bic et professeure de littérature au Cégep de Rimouski. Son essai L’habitude des ruines. Le sacre de l’oubli et de la laideur au Québec (Lux, 2021) lui a valu le prix Jovette Bernier, en plus d’être finaliste au Prix des libraires du Québec (collection essais) et aux prix Victor-Barbeau remis par l’Académie des lettres du Québec.  Le point départ de la discussion est le même que celui de son essai, à savoir le désarroi ressenti vis-à-vis notre manière de laisser partir des pans entiers « de ce qui est le décor de nos vies », notre patrimoine. Marie-Hélène y s’interroge sur cette habitude consistant à mettre les choses par terre, à repartir perpétuellement à neuf plutôt que de faire avec l’existant. Il est question du rôle des littéraires dans la mise en valeur du patrimoine, du besoin collectif de se faire raconter les lieux pour se les approprier et les préserver. On revient alors sur la trajectoire de Marie-Hélène et sur son rapport ambivalent à l’espace. Sa sensibilité pour ces questions remonte à l’enfance, où l’incendie de la ferme d’un voisin lui fait réaliser l’impermanence des choses. Dans son essai comme dans sa poésie, Marie-Hélène pose un regard affectueux sur les lieux du quotidien et sur ce patrimoine ordinaire que constituent la grange, le pont couvert ou la cabane à sucre. Elle s’interroge en ce sens sur notre rapport complexe à la restauration. Comment faire valoir l’histoire des lieux sans trop l’aplanir ? Comment trouver un équilibre entre laisser-aller et intervention ? Comment expliquer, par ailleurs, ce déficit d’image de nous-mêmes qui nous conduit à piger dans qui se fait ailleurs pour nommer le neuf ? Du spa forcément « scandinave » à l’imaginaire des nouveaux quartiers et des ensembles résidentiels qui carburent aux références exotiques — lire Exötik —, quelque chose s’accule en creux de ces absences patrimoniales et il demeure difficile d’imaginer qu’on y attachera un jour une mémoire. Ou peut-être que si, la mémoire patrimoniale étant plastique et prône à l’oubli…  Cet épisode tout en récits et en images a pour toile de fond le Bas-Saint-Laurent — des arrières terres du Bic au centre-ville de Rimouski —, c’est une invitation à réfléchir à notre rapport au patrimoine, à l’histoire et à notre identité — avec un clin d’œil aux questions de sincérité et d’authenticité (discussion avec Dominic Lapointe dans l’épisode 8 — La carte postale et le territoire).  L’habitude des ruines (2021) publié chez LuxMouron des champs (2022) publié chez La peupladeExpo Habitat (2018) publié chez La peuplade

30/03/2023 • 92:00

Dans cet épisode atypique, Guillaume et Maude ont le plaisir de discuter en direct de la Classe Esprit Critique organisée par le réseau Villes Régions Monde en 2022. Au centre de la conversation, on retrouve Laurent Devisme, professeur à l’ENSA-Nantes (et, en outre, directeur de thèse de Maude !), l’un des deux instigateurs, avec Gérard Beaudet, de cette « classe » qui se veut un équivalent francophone de la « masterclass » bien connu dans le monde anglo-saxon. Cette classe critique, pilotée par Laurent et Gérard, a réuni une dizaine de personnes étudiantes au doctorat ou à la maîtrise, afin de réfléchir à la déréalisation urbaine et aux projets qui ne se font pas. Si la discussion se fait principalement avec Laurent, on note les contributions pertinentes de Gérard Beaudet, Camille Kouéyou et Lucile Garnier. On plonge d’abord au cœur de cette classe critique en train de se faire et de son thème : cette capacité — ou cette difficulté — à faire projet dans le monde d’aujourd’hui. Plusieurs grands projets, on le sait, sont contestés, déroutés. Que nous enseignent ces épreuves, échecs, bifurcations ou abandons de grands projets ? S’il existe une certaine nostalgie vis-à-vis de ces grands projets caractéristiques des trente glorieuses, notamment au regard des difficultés actuelles de « faire projet », il faut garder à l’esprit que ceux-ci existent toujours ! En effet, suffit de jeter un œil sur les mégaprojets de Dubaï pour en être convaincu. Plus près de nous, on remarque aussi que cela prend beaucoup de résistance ou d’inertie pour mettre fin ou faire bifurquer certains projets — pensons à l’abandon d’EuropaCity en France, ou à la remise en cause du projet de REM de l’Est à Montréal. Au-delà de la question des déréalisations, il est aussi question de la part d’expérimentation tolérée en urbanisme et de la manière dont la labélisation et l’utilisation de « buzzwords » transforment les politiques publiques urbaines et les projets. Ce sont là différents sujets (parmi d’autres !) qui intéressent Laurent — il se définit lui-même comme un chercheur et un intellectuel éparpillé. Éclaireur de l’action publique en train de se faire, Laurent souhaite observer et décrire les différentes étapes et moments de réalisation et de déréalisation des projets urbains — dans une démarche avant tout ethnographique. Qu’est-ce qui se cache derrière « la ville du quart d’heure », « la coulée verte » ou encore la « vibrant city » ? Comment ces mots sont-ils utilisés et définis par les acteurs de la fabrique urbaine et qu’est-ce que cela produit concrètement ? De son point de vue, il faut prendre au sérieux les acteurs qui utilisent ces appellations, questionner ce qui est produit en leur nom, et par la bande, introduire un peu de perplexité en face du jargon urbanistique. Un épisode à écouter pour aiguiser notre regard sur les échecs de la planification et de l’aménagement, et peut-être voir d’un autre œil les critiques, résistances, et débat qui entourent les grands projets. Pour « geeker » aussi sur les particularités des études urbaines en France et au Québec, ainsi que sur la distinction entre les théories de la planification et de l’urbanisme. C’est aussi, enfin, un moment de réflexivité sur le rôle du chercheur, de la chercheuse dans la cité qui se définit quelque part entre, mais aussi tout à la fois, expert·e, intellectuel·le et militant·e.

14/03/2023 • 84:52

Dans cet épisode, Guillaume et Emile discutent avec Talia Dorsey, architecte et maintenant Cheffe de la planification et du développement pour le centre PHI qui clôturait en 2022 un concours international d’architecture pour la conception de PHI Contemporain, un nouvel espace d’exposition, de médiation et de recherche qui sera érigé sur un assemblage de quatre bâtiments historiques situés à l’intersection des rues Saint-Paul et Bonsecours dans le Vieux-Montréal. Il est question dans la première partie de l’épisode de l’étonnante trajectoire de Talia : Montréal, Boston, Londres, Rotterdam, Lagos, Saint-Pétersbourg, New York et Belgrade, notamment, y figurent comme étapes. Une trajectoire intellectuelle et professionnelle composée de rencontres heureuses, et marquée de fils rouges, dans laquelle Talia s’est construite comme « architecte avec un grand A ». À cet égard, Talia propose un élargissement du rôle de l’architecte. Plutôt que de se limiter à l’objet architectural, elle suggère de changer l’échelle de réflexion — spatiale et temporelle — afin d’acquérir une sensibilité aux lieux et à l’histoire dans lesquels ceux-ci s’inscrivent. L’architecte peut alors être un vecteur pour la création de dialogues avec le territoire, pour faire émerger différentes opportunités et potentiels. Il y a des architectes de terrain ; Talia est une architecte des terrains. Cette vision, Talia l’a portée au sein de différents véhicules : alors qu’elle travaillait pour l’agence OMA auprès de Rem Koolhaas, quand elle enseignait à l’Université de Montréal, au sein de sa propre firme de développement stratégique, comme consultante et maintenant à titre responsable de la planification au centre PHI. Cet épisode est aussi une invitation à réfléchir à la sérendipité et aux petites bifurcations qui font nos trajectoires et qui nous mènent là où l’on est rendus. Sans accidents, un parcours n’en est pas un, et l’architecture peut apprendre de toutes ces (ses) erreurs, petites ou grandes.

17/02/2023 • 107:34

L’automne dernier, l’équipe de Cadre bâti a fait une virée sur la 20 pour aller à la rencontre de Caroline Gagnon, professeure à l’École de Design de l’Université Laval.Guillaume et Maude ont pu constater la passion qui anime Caroline (en dépit de son mal de gorge audible) autour de questions de design tous azimuts : du coin de rue au mobilier dans les écoles, en passant par les pylônes d’Hydro-Québec. Il est d’abord question de son parcours atypique qui la mène au design de mode, à la comptabilité, jusqu’à réaliser une thèse de doctorat sur l’évaluation esthétique des pylônes électriques. Le design est une approche assez large qui vise la transformation — de l’espace, d’objets, de systèmes. Il permet d’intervenir à toutes les échelles, de l’objet au territoire. Proche des domaines de l’art, il requiert une part de créativité, mais aussi une compréhension de la matérialité et de la façon dont les choses sont faites, de même qu’une compréhension des comportements humains, une dialectique qui n’est pas étrangère à la triade vitruvienne à la racine même de l’architecture. Pour Caroline, le design n’est pas qu’une proposition clé en main ni une recherche de la forme magique ou de « l’effet wow ». Un bon design est une question de dosage et requiert une réelle compréhension du contexte dans lequel il s’inscrit. En bref, faire du design, c’est trouver des solutions simples à des problèmes complexes. La conversation chemine peu à peu vers une réflexion sur l’utilité sociale du design et sa démocratisation. Ainsi, par le biais du design, il serait à la fois possible d’améliorer les conditions de vie des gens, la durabilité des produits et les expériences esthétiques de l’espace. C’est ce que Caroline souhaite faire à travers ses différents projets de recherche : comment faire pour intégrer les préoccupations sociales dans les grands projets d’infrastructure ? Comment s’assurer que le mobilier des écoles soit au service de la fonction ? Des questions éminemment complexes qui exigeront, à leur tour, des réponses créatives, réalistes et pratiques.

25/01/2023 • 99:40

Dans cet épisode, Emile et Guillaume reçoivent Antonin Margier, géographe, maître de conférences en géographie sociale à l’Université Rennes 2 et, surtout (!), ancien camarade de classe de Guillaume au doctorat en études urbaines. De passage à Montréal pour participer à un colloque sur l’itinérance et la ville, Antonin nous parle de sa trajectoire entre sa campagne natale et la grande ville, puis entre Montréal, Rennes, et finalement Portland où il mène un projet de recherche. Passant des aspects biographiques à ses intérêts de recherche, Antonin suggère ici une définition de l’espace public qui se base non pas sur ses aspects légaux, mais sur les usages que nous en faisons, soulignant par le fait même la porosité entre les espaces dits « publics » ou « privés ». De fait, l’espace public dans les quartiers denses a souvent cette particularité de constituer une forme d’extension du chez-soi. Toutefois, cette appropriation  est vécue de manière contrastée par différentes catégories de population, ce qui mène à des tensions, contestations et revendications. S’ouvre ainsi la question du droit à la ville pour les populations marginalisées, et en particulier pour les sans-abris. Quelle cohabitation est possible entre populations riveraines et populations en situation d’itinérance ? Et plus largement, quelle place reste-t-il pour les personnes marginalisées dans la ville ? Ces questions d’ordre théorique sont discutées à l’aide de cas concrets étudiés par Antonin, soit celui d’espaces publics à Paris et à Montréal, comme le square Cabot, et plus récemment celui de Portland, Oregon, une ville qui a adopté récemment une approche novatrice pour s’attaquer à la crise du logement et à son important problème de sans-abrisme. S’éloignant d’une stratégie de répression, l’administration municipale portlandaise tente par plusieurs moyens d’intégrer la population itinérante au processus décisionnel et offre même, depuis peu, des mini-maisons comme solution palliative à la crise. De la théorie à l’analyse de terrain, cette discussion nous initie à une manière de penser l’urbain à partir du sans-abrisme qui en révèle une image tout autre, un point de vue qu’on tend malheureusement à occulter dans la fabrique de la ville.

25/11/2022 • 91:25

De passage à Montréal cet automne, l’urbaniste français Sylvain Grisot s’est arrêté à l’Espace ville autrement pour nous parler, notamment, de son livre (à succès !) Manifeste pour un urbanisme circulaire : pour des alternatives concrètes à l’étalement de la ville (Éditions Apogée, 2021). Abordant le thème de l’urbanisme circulaire sous plusieurs angles, l’entretien s’ouvre sur le processus qui a mené notre invité à se lancer dans l’écriture d’un livre. Modeste prise de parole sur un blogue au départ, la notion, puis le livre ont trouvé écho auprès d’un public intéressé par cette façon d’imaginer la fabrique de la ville dans le contexte de la crise climatique. Une pratique « circulaire », donc, inspirée de son corolaire en économie, mais opposée également à la ville linéaire, celle dotée d’un système de mobilité pensé pour la voiture, permettant ainsi d’ignorer les distances dans la planification du territoire et favorisant l’explosion de la surface de nos villes depuis les années 1950-60. L’étalement urbain perpétuel nous mène droit dans le mur, constate-t-il. Mais comment faire autrement ? L’approche suggérée consiste à imaginer des boucles d’intervention pour construire la ville sur la ville, comme le fait d’intensifier l’existant (la friche comme la banlieue) plutôt que de miser toujours sur l’extension de l’urbain vers l’extérieur. De boucle en boucle, Sylvain Grisot en vient même à imaginer le fait de reconvertir des sols urbains pour des usages naturels et agricoles, une manière de reconnaître que la nature traverse et transcende notre condition urbaine. Cette réflexion sur les difficiles renoncements qui attendent inévitablement l’urbanisme est en fait une invitation à repolitiser la discipline. Ainsi seulement serons-nous en mesure, par exemple, de réduire les échelles d’interventions, de désindustrialiser notre production de l’urbain et de trouver des solutions urbanistiques moins énergivores. Cette conversation avec Emile et Guillaume part donc dans plusieurs directions, mais ne tourne pas en rond pour autant, car les cercles qui sont tracés au sol permettent clairement de distinguer les pratiques urbaines appartenant au passé (et méritant d’y rester), celles actuelles, mais requérant nombre d’adaptations, et celles qui sont encore à imaginer ou à opérationnaliser en des actions concrètes. La ville du futur est déjà là.

11/11/2022 • 97:42

Dans cet épisode, Emile et Guillaume s’entretiennent avec Catherine Fournier, la toute nouvelle mairesse de Longueuil (la « capitale de la Rive-Sud » !). Catherine fait partie de cette Nouvelle Vague d’élu-e-s ayant raflé la victoire aux élections municipales de novembre 2021. La discussion s’amorce avec un retour sur les inondations du 13 septembre 2022. Nous sommes d’emblée dans le vif du sujet : la vétusté des infrastructures municipales, la nécessité de les actualiser pour faire face aux épisodes de pluie massive qui seront de plus en plus fréquents avec les changements climatiques. Le trait entre l’échelle la plus vaste, planétaire, et ses conséquences immédiates à l’échelle locale est déjà tracé. On revient ensuite sur le parcours de Catherine, sur son enfance à Sainte-Julie et son intérêt grandissant pour la politique qui l’a mené à l’Assemblée nationale, puis à l’hôtel de ville de Longueuil. Être élue au municipal, nous dit la mairesse, permet de changer de perspective sur les enjeux : tout devient plus concret, plus rapide également, ce qui exige d’être en phase avec le terrain et faire preuve d’agilité.Quelques enjeux auxquels font face les municipalités au Québec sont expliqués : le fameux déséquilibre fiscal, le défi des infrastructures, l’impératif de densification. Des solutions bien concrètes sont aussi proposées, comme l’écofiscalité, « un ensemble d’instruments économiques visant à décourager les activités nuisibles à l’environnement ou à encourager les activités qui lui sont favorables et à en stimuler l’innovation » (Gouvernement du Québec, Le recours à l’écofiscalité, 2017, p.5). Car si, effectivement, des revendications doivent être sans cesse adressées au gouvernement provincial — dont les municipalités québécoises sont très largement redevables —, les villes ont aussi le devoir d’exploiter ce qui est déjà en leur pouvoir et d’innover. Et c’est là l’une de ses ambitions pour Longueuil : innover plutôt que d’attendre que l’innovation vienne d’ailleurs. Ce changement d’approche implique nécessairement une part d’expérimentation, ce que Catherine Fournier aborde avec sérénité, préférant communiquer sans fard avec ses concitoyens sur les réussites comme sur les erreurs de son administration. Cette conversation est aussi l’occasion de faire un bref retour sur les événements marquants de l’histoire récente du monde municipal : la Commission Charbonneau et le grand ménage municipal qui l’a suivi, puis le tournant des élections de 2021 qui marque une nouvelle étape après une période de transition. Un changement de vision s’opère depuis : d’une municipalité dont les affaires seraient « à gérer », on passe à un réel gouvernement de proximité, avec des orientations politiques claires. Une révolution à petite échelle, quoi !

13/10/2022 • 82:40

Dans ce dernier épisode de la saison 2 de Cadre bâti, Guillaume et Emile accueillent Gérard Beaudet, professeur d’urbanisme à l’Université de Montréal et figure incontournable de l’aménagement au Québec. Gérard a derrière lui un parcours atypique : formation initiale en architecture puis en urbanisme, des années de pratique privée, un engagement précoce pour le patrimoine, des « mauvaises fréquentations » qui lui feront voir une autre échelle d’analyse spatiale, et finalement, une carrière de professeur à l’Université de Montréal qui lui sert aujourd’hui de rampe de lancement pour contribuer au débat public.C’est donc dire le professeur porte plusieurs chapeaux : spécialiste au besoin, intellectuel dans la cité, et citoyen à temps plein. Sa longue liste de publications en témoigne. En tant que professeur d’urbanisme, Gérard demeure critique de la formation reçue à l’heure actuelle. Elle reste trop près, selon lui, de l’urbanisme de modèle, des « best practices », des « projets structurants » et autres mythes qui produisent trop souvent des greffes qui ne prennent pas, d’où l’importance du temps long, de l’histoire et de l’analyse territoriale.À titre d’exemple, son dernier ouvrage (Banlieue, dites-vous ? La suburbanisation dans la région métropolitaine de Montréal, Presses de l’Université Laval, 2021) propose non pas une critique culpabilisante du mode de vie banlieusard, mais une explication de la complexité de notre rapport à la banlieue et des difficultés bien réelles de s’attaquer à l’étalement urbain. Un épisode à écouter pour éclaircir quelques énigmes telles que : pourquoi le développement du Quartier latin est-il si difficile à démarrer ? Comment surmonter une grande timidité pour devenir professeur ou tribun ? Ou encore, comment diable prononce-t-on le nom d’André Corboz (avec un « z » muet ou non) ? L’article du journaliste du Devoir évoqué dans l’épisode :Baillargeon, Stéphane, 2007. « Il était une fois… — La malédiction de l’Est. Le chantier de l’îlot Voyageur va-t-il conjurer le mauvais sort ? », Le Devoir (Montréal), 2007/07/16.

10/08/2022 • 111:48

Cet épisode propose une immersion dans le monde de la microsociologie. Maude et Guillaume discutent avec Maxime Boucher, chercheur postdoctoral à l’Université de Montréal, professeur de sociologie au Cégep Ahuntsic et chercheur-collaborateur avec l’ARPENT (voir l’épisode 4 !). Sociologue de terrain, Maxime s’est tourné vers le monde de l’urbain au fil de ses études. D’abord en s’intéressant au vécu et aux interactions des usagers du métro de Montréal dans la perspective de réduire les tensions dans le métro, puis en suivant sur le long cours, les coulisses et arrière-scènes de la planification associées à la table de Rénovation urbaine intégrée (RUI) d’Hochelaga. Dans un cas comme dans l’autre, il a cherché à ouvrir des boîtes noires — celle des interactions entre usagers dans le métro et celle de la planification urbaine concertée. Il est question dans cet épisode de tout ce qui apparait moins tangible dans ces espaces de concertation : les émotions, les échanges informels, les tactiques des acteurs pour faire dérailler des processus, faire perdre la face et faire déraper des projets jugés indésirables. Dans la lignée de l’École de Chicago, Maxime nous parle d’une tradition sociologique qui porte une attention particulière à l’intangible, à toutes ces informations fines révélées au cours de longues séances d’observation et par une réelle proximité avec les acteurs. L’épisode chemine vers le projet qui occupe Maxime à l’heure actuelle, soit une initiative de logement social à haut facteur d’accès mis sur pied autour du 3629 Sainte-Catherine Est. Anciennement un squat qui a passé au feu il y a quelques années, le lieu a été repris par l’arrondissement de concert avec l’organisme l’Anonyme. L’objectif du projet consiste à en faire une maison de chambres pour les habitantes et habitants ayant vécu dans l’édifice avant l’incendie. La microsociologie permet ici de poser un regard sur les trajectoires individuelles des résidents et résidentes et sur la trajectoire du bâtiment lui-même en relation avec un quartier en profonde transformation. Au menu, donc, une réflexion sur les espaces informels de la planification, sur l’écoute des voix dissidentes et des discours moins habiles, et plus globalement, sur l’hospitalité (et l’inhospitalité !) des espaces de participation et de planification.

17/06/2022 • 89:33

Dans cet épisode, Guillaume et Emile s’entretiennent avec Christophe-Hubert Joncas et Karl Dorais Kinkaid de la coopérative de travail en aménagement l’Enclume. À l’origine de cette initiative, on retrouve une belle histoire d’amitié et de complicité, des expertises croisées et un désir de se mobiliser pour agir autrement en urbanisme. Oeuvrer différemment ? Ça commence à l’Enclume par une insistance sur le fait de travailler dans le plaisir, et de le faire au quotidien avec des personnes que l’on estime et respecte. C’est aussi aborder le travail aménagiste à partir de considérations éthiques visant à promouvoir une vision plus culturelle de l’aménagement et une sensibilité au territoire et à ce qui le façonne.  Il est aussi question dans cet épisode des « espaces équivoques », ces lieux inusités — mais néanmoins foisonnants dans nos milieux de vie — où la définition juridique de l’espace ne correspond pas à son usage. Il y a souvent du privé dans le public, et du public dans le privé… Sur une note plus intime, vous en apprendrez un peu plus sur l’amour de Karl pour les parcs régionaux, sur celui de Christophe-Hubert pour les rives du Saint-Maurice… et sur les anomalies du cadastre de la Ville de Laval !

19/05/2022 • 110:50

Lors de cet épisode enregistré au sein même de la galerie SBC, Guillaume et Maude discutent à micros ouverts avec l’artiste Chloé Roubert et l’historienne en architecture Christina Contandriopoulos. Comment percevoir les rapports unissant les pigeons, les faucons et le cadre urbain ? Quels sont les moyens architecturaux et urbains mis en place pour contrer la présence de l’un et inciter l’épanouissement de l’autre ? De plus, dans un contexte où les municipalités s’avèrent de plus en plus aseptisées, c’est-à-dire exemptes de toute saleté, comment envisager une telle cohabitation entre humains et non-humains ? Chloé Roubert, artiste-invitée dans le cadre de l’exposition Faucons pigeons, traite ouvertement de cette question de l’aseptisation dans son projet A pigeon’s perspective (2013).

15/04/2022 • 80:28

Dans cet épisode, Guillaume et Emile discutent avec Josianne Poirier autour du récent livre Montréal fantasmagorique, ou la part d’ombre des animations lumineuses urbaines (Lux Éditeur). On apprendra au fil de l’échange que Josianne porte plusieurs chapeaux : historienne de l’art, chargée de cours en histoire de l’art et commissaire, son travail est au confluent des études urbaines et de l’art public. Depuis quelques années, plusieurs grandes (et moins grandes) villes du monde se sont dotées de plans lumière. L’idée à la base du livre, tiré des constats de sa thèse de doctorat, consistait à interroger les discours sur la mise en lumière de certains espaces urbains à Montréal, discours dont on peut dire qu’ils étaient marqués par un enthousiasme très consensuel. La lumière apparaît ainsi comme une force motrice pour réenchanter les espaces urbains et asseoir l’identité de Montréal comme ville créative — on peut penser ici à la mise en lumière du pont Jacques-Cartier visant à faire du pont une icône montréalaise. La mise en lumière apparaît aussi comme un outil qui vient pacifier les espaces urbains, pacifier la nuit urbaine et mettre à l’écart certaines populations et certaines pratiques qui ne cadrent pas avec une image normée de la ville. Que nous disent ces mises en lumière vis-à-vis d’une vie nocturne urbaine déjà riche et abondante, mais aussi essentielle pour certaines sous-cultures et certains groupes marginalisés dont les pratiques se font plutôt dans l’obscurité ? N’y a-t-il pas là un regard moralisateur sur la nuit urbaine ?Cet épisode, comme le livre de Josianne, aborde de manière dialectique et nuancée la question de la nuit urbaine et des animations lumineuses, la lumière étant en fin de compte un excellent prétexte pour parler de la ville au XXIe siècle.

03/04/2022 • 102:23

On avait bien hâte de rencontrer Bochra Manaï, la toute première commissaire au Bureau de la lutte contre le racisme et les discriminations systémiques à la Ville de Montréal. Nul besoin de préciser, s’il fallait encore s’en convaincre, que Bochra n’a pas grand-chose à voir avec la figure polarisante qu’on a bien voulu dépeindre au détour de sa nomination. Géographe de cœur (et d’action), docteure en études urbaines de l’INRS (une autre !), Bochra nous livre son parcours au fil des lieux traversés : son enfance en Tunisie, ses années de jeunesse à Paris, sa découverte et son amour pour Montréal. De ses migrations jusqu’à la recherche en études urbaines, elle nous parle du fait de devenir l’Autre, de conjuguer des identités multiples, de cohabiter sur un territoire et de faire cohabiter intérieurement ses identités.Bochra nous livre ici à une géographie de l’intime, à une réflexion sur ces lieux traversés qui nous transforment et nous révèlent à nous-mêmes. Que peut bien vouloir dire quitter son chez-soi, puis arriver dans un nouveau lieu et expérimenter l’altérité ? Cet épisode est aussi l’occasion d’explorer comment la recherche transforme la chercheuse ou le chercheur, comment cela nous force à nous situer — et dans le cas de Bochra, à « situer sa propre intersectionnalité » à travers l’étude de réalités autres. Au fil de la discussion, les morceaux du casse-tête se mettent en place et on en vient à comprendre ce qui l’anime dans son poste de commissaire, soit le fait de maintenir une « saine tension utile » pour que survienne un changement nécessaire à la Ville de Montréal. Bochra nous donne accès à son quotidien de commissaire : comment localiser les angles morts, identifier les acteurs de la transformation et les soutenir pour, à terme, faire de Montréal une administration — et une ville — inclusive. Devenir l’autre pour mieux revenir à soi : voilà le parcours qui est proposé ici.

19/03/2022 • 114:19

N’attendez pas de cet épisode d’apprendre beaucoup de choses sur la ville ! Il s’agit d’un épisode non conventionnel, enregistré pour le simple plaisir de célébrer le premier anniversaire de Cadre bâti. L’équipe se retrouve début février à Métis, et le voyage pour s’y rendre est l’occasion de se raconter des histoires de route. Profitant du fait que les micros sont installés, Maude, Emile et Guillaume se mettent à table, hormis David notre monteur, pour se raconter des souvenirs de route, une manière de considérer le chemin parcouru avec Cadre bâti.  Les histoires de route sont d’authentiques huis clos en mouvement, des moments de mise en tension avec le territoire, d’incertitudes liées aux trajets. Ce sont aussi des parenthèses hors du temps où notre moyen de transport, à deux ou à quatre roues, devient notre seul allié face aux épreuves. On apprend quelque chose de soi quand on teste les limites de sa résilience, et c’est ce qui fait de ces souvenirs épiques des histoires drôles, inquiétantes ou touchantes. Des histoires à partager.

27/02/2022 • 50:56

Pour cet épisode tout en lumière et en neige, l’équipe de Cadre bâti a pris la route vers l’Est afin de rencontrer Alexander Reford, le directeur général des Jardins de Métis. Historien de formation, Alexander nous fait faire plusieurs sauts temporels : il nous amène sur les traces de son arrière-grand-mère Elsie Reford au moment de la création d’un vaste jardin privé à partir des années 20, évoque son ouverture au public dans les années 60 par le gouvernement, ainsi que sa mise en vente au milieu des années 1990 et la diversification de sa mission depuis qu’il a pris les rênes de l’OBNL qui assure désormais la gestion du site. C’est en grande partie à Alexander que l’on doit les jardins tels qu’on les découvre aujourd’hui. Un lieu éclectique qui jongle entre ses vocations botanique, artistique, muséale, touristique, éducative et paysagère. Au-delà de l’inventaire botanique, c’est maintenant tout un inventaire d’expériences qui s’y rattache. Les expérimentations faites à Métis ne s’arrêtent pas aux frontières du site. Pour Alexander, elles sont autant d’occasions de réfléchir à l’intégration du design et de l’art dans le paysage. La Résidence des stagiaires, où s’est déroulé la rencontre avec Guillaume et Emile — fier natif de la région — a ainsi été construite par l’Atelier Pierre Thibault dans le but d’accueillir en résidence nombre de professionnel.les en aménagement et d’artistes engagé.es à essaimer un peu partout la mission des jardins. En ce qui concerne l’avenir, Alexander nous parle des Jardins de Métis comme d’un lieu d’exposition et de création, toujours, mais aussi de fabrication, de formation ; un lieu d’incubation au centre d’un écosystème qui vise à transformer notre façon de penser le territoire. Cet épisode est l’occasion de prendre la route — littéralement et métaphoriquement — et de longer le fleuve jusqu’aux Jardins de Métis afin de découvrir l’épaisseur temporelle et expérientielle de ce lieu unique.

03/02/2022 • 98:45

Enregistré à l’Espace Ville Autrement, cet épisode nous transporte dans une discussion complice et animée entre Emile, Guillaume, Philémon et Marie-Josée. Ces deux derniers nous présentent d’abord leur entreprise d’économie sociale, Entremise, qui est spécialisée dans l’occupation transitoire des bâtiments. C’est le problème de la vacance — tous ces bâtiments inoccupés dans la ville — qui a servi d’élément déclencheur à ce qu’est devenu aujourd’hui Entremise. Faire avec l’existant, c’est l’une des missions que s’est donné Entremise dont le souhait consiste à repenser le développement immobilier conventionnel. Comment négocier, contourner et adapter le cadre réglementaire rigide qui existe actuellement ? Comment convaincre les acteurs publics et privés de faire la ville autrement ? Dans cette optique, l’occupation transitoire permet d’avoir une démarche de projet moins formelle qui vient révéler des usages possibles, redonner une partie de ville aux habitantes et habitants tout en préservant les caractéristiques patrimoniales des bâtiments. Cet épisode est un chassé-croisé entre des considérations très pragmatiques sur l’interprétation des règlements d’urbanisme et des réflexions plus théoriques sur les possibilités offertes par cette autre façon d’occuper les lieux, entre des idées novatrices pour “faire la ville autrement” et des exemples concrets de ce qui se fait de plus intéressant ici comme ailleurs.

02/01/2022 • 91:26

Florence Paulhiac Scherrer est professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM et titulaire de la Chaire internationale sur les usages et pratiques de la ville intelligente. Elle s’intéresse à la mobilité, sous un angle qui dépasse largement les questions de temps de transport, de flux et des infrastructures. Se déplacer, c’est beaucoup plus que de passer d’un point A à un point B : c’est un acte qui met en jeu des motivations, un moyen de transport, et tout un ensemble de caractéristiques particulières qui compliquent le mouvement. On pense alors à des limitations physiques, mais aussi aux effets des inégalités sociales sur les déplacements des personnes, à l’expérience du déplacement, à la desserte en transports, aux technologies qui peuvent se mettre au service du transport, etc. La mobilité vécue, en somme, c’est un projet de vie. Cet épisode de Cadre bâti est le premier présenté devant public. Il a été enregistré dans le cadre d’un cours du baccalauréat en urbanisme à l’UQAM donné par Guillaume à la session d’automne. L’épisode se clôt ainsi par une période de questions des étudiantes et étudiants. Un grand-angle sur la mobilité, donc, où l’on se déplace ensemble entre des réflexions sur les défis de la recherche qualitative sur le transport, les effets rebond des grands projets d’infrastructure, les conséquences de la pandémie sur l’aménagement des villes en plus d’un détour par une critique en règle du populaire concept de « ville des 15 minutes ».

21/12/2021 • 88:14

Premier épisode “hors les murs”, cet épisode est aussi le premier de la seconde saison de Cadre bâti. Pour l’occasion, Guillaume et Maude visitent l’atelier de l’artiste en arts visuels et sculpteur Michel de Broin. Artiste reconnu mondialement, il a œuvré abondamment dans l’espace public avec des œuvres d’art public à Montréal (Dendrites, Révolutions, etc.) et dans plusieurs villes canadiennes et européennes. Plusieurs rétrospectives sur son œuvre ont été organisées au cours des années, dont une exposition en solo au Musée d’art contemporain de Montréal. Après un bref tour des lieux, Michel, Guillaume et Maude se mettent à table pour discuter des plus récents projets de l’artiste, du processus qu’implique la réalisation d’une œuvre d’art public et du rapport que ces dernières entretiennent avec la ville. Qu’est-ce que l’art public au juste ? Entre la démarche terroriste de l’œuvre organique à petite échelle et la commande publique de l’œuvre officielle qui se déploie à grande échelle, on apprend que l’art public est — entre autres — un combat, un jeu, une guerre de pouvoir ; bref, c’est le fruit d’une démarche de négociation. La ville n’est jamais bien loin dans les œuvres de Michel de Broin. Le cadre bâti, les infrastructures urbaines, la signalétique sont souvent détournés, forçant ainsi une perspective nouvelle sur des objets et des espaces du quotidien. Une piste cyclable qui s’apparente à un barbeau dessiné par un enfant, un escalier qui nous ramène au point de départ, des tuyaux entremêlés, des lampadaires agglomérés à leur base. Michel joue avec les normes et les codes, vient déranger et interroger des systèmes bien en place. Toujours ludique, mais toujours critique également.

10/11/2021 • 89:06

Mélissa Mongiat a co-fondé Daily tous les jours avec Mouna Andraos en 2010, année au cours de laquelle elles ont également été lauréates de la bourse Phyllis-Lambert Design Montréal. Ce studio d’art et de design est à l’origine de plusieurs projets interactifs dans l’espace public — le plus connu à Montréal étant sûrement les 21 balançoires musicales du Quartier des spectacles.  Cet épisode s’intéresse à la notion de « placemaking » au-delà du « buzzword ». La rencontre avec l’autre est l’un des thèmes porteurs de la discussion entre Mélissa, Emile et Guillaume. Comment le design des espaces publics peut-il contribuer à créer des conditions de convivialité qui mènent à plus d’interactions entre les gens ?  L’avenue explorée par Mélissa est celle de la musique et de la danse, avec tout le pouvoir transformateur qui vient avec le fait de créer (ensemble) de la musique et de faire l’expérience de son corps dans l’espace. Le tout s’incarne dans divers dispositifs et installations, ludiques certes, mais qui encouragent l’écoute, la collaboration, la connexion avec l’autre.  La somme de ces petits moments anodins de rencontre contribue, selon Mélissa, à une plus grande cohésion sociale.

24/07/2021 • 72:49

Vous voulez faire parler Olivier Niquet pendant plus d’une heure ? Parlez-lui d’urbanisme. C’est « l’exploit » accompli par Emile et Guillaume dans cet épisode de Cadre bâti.  Fier urbanologue de formation (et non pas urbaniste !), Olivier Niquet est l’une des rares personnalités publiques qui parlent d’enjeux urbanistiques dans les médias québécois. La trajectoire qui l’a mené à La soirée est (encore) jeune sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première est somme toute assez inattendue : elle part du baccalauréat en urbanisme, passe par une recherche sur la participation publique à la maîtrise pour le mener à la radio par la porte de côté. Les questions urbaines sont souvent polarisantes ; elles touchent les gens de près dans leur quotidien et ont trait à leur environnement immédiat, ce qui fait en sorte qu’il est parfois difficile de dépasser les premières impressions pour envisager le problème dans son ensemble. C’est un peu le travail que fait Olivier — avec humour, bien sûr — dans sa prise de parole publique : celui de déboulonner quelques mythes, de rectifier les faits quand ses chroniqueurs préférés s’emballent et s’enfargent. Cet épisode est aussi une réflexion sur la prise de parole publique et la posture presque radicale consistant à prendre son temps avant de se forger une opinion, voire d’admettre ne pas avoir d’avis sur un dossier particulier. Dans un espace public qui valorise les grandes gueules, il manque peut-être de place pour tout.es ces introverti·e·s qui, comme Olivier, sont plus à l’aise dans la nuance et l’ambivalence que dans les slam-dunks rhétoriques.

08/07/2021 • 82:37

C’est d’abord par la littérature que Taïka Baillargeon s’est intéressée aux questions urbaines. Plus précisément, c’est après avoir fait une analyse typo-morphologique par hasard (!) dans son mémoire de maîtrise en littérature qu’elle a basculé vers les études urbaines au doctorat. Depuis peu Directrice adjointe aux politiques chez Héritage Montréal, Taïka s’est jointe à Guillaume et Emile pour une discussion vibrante sur le patrimoine et son ancrage social. Pour elle, le patrimoine est beaucoup plus que le simple bâtiment : c’est quelque chose de vivant, d’ancré dans le territoire et entretenant une relation de proximité avec les gens. Ce sont aussi des artisans, des savoir-faire et des techniques qui le font vivre. Le patrimoine se révèle en ce sens comme un pont entre le passé et l’avenir. Il témoigne de façons de penser et de construire la ville, un répertoire de pratiques dont on peut s’inspirer pour penser les enjeux urbains de demain.  Ce sont souvent des barèmes, lois, et inventaires qui balisent la sélection patrimoniale, laissant à l’arrière-plan tout ce qui ne rentre pas dans les cases : patrimoine industriel, vernaculaire ou moderne, par exemple. Ces oublis importants nous invitent à revoir nos catégories et à penser plutôt le patrimoine comme des verbes d’action : garder, prendre soin, léguer. En ce sens, par delà la sauvegarde, les bâtiments patrimoniaux constituent autant d’opportunités d’expérimenter la ville aujourd’hui et de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Cet épisode est donc une invitation à penser autrement la mémoire patrimoniale, mais surtout — verbe d’action — à faire-ensemble la ville.

29/06/2021 • 82:18

Podcasts similaires