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Revue de presse des hebdomadaires français

Les opinions, les points de vue et les avis souvent divergents des éditorialistes et des commentateurs sur l'actualité française et internationale dans les hebdomadaires français. Une revue de presse présentée chaque dimanche par Catherine Potet, 

Titres

À la Une: l’enlisement de la guerre en Ukraine
Les combats restent intenses, mais peu d’avancées majeures ont été revendiquées ces derniers mois en Ukraine. M, le magazine du Monde, s’intéresse à une conséquence du conflit : les tournages sont à l’arrêt et pour cause, le monde du cinéma est sur le front.Les professionnels du cinéma ont souvent tourné des scènes de guerre, mais rien à voir avec la réalité, comme le raconte Vladislav Mandrouk, cascadeur : « j'ai joué une scène où des soldats échappaient à un blindé en courant [...], mais dans la vraie vie, nous serions tous devenus des steaks hachés. À la guerre, pas de deuxième prise. Personne ne crie « coupez !» » Les cascadeurs sont donc devenus fantassins, les pyrotechniciens artificiers… un jeune acteur est désormais sniper, parce que, pour les besoins d'un film, il a « répété un rôle avec des soldats et des tireurs d'élite ». Une expérience que l'armée lui a demandé de mettre à profit au front.« Hyperviolence », « ultraviolence » … inquiétudes sur le climat actuel en France « France : les guerres de sécession », écrit L'Obs dans un édito, qui regrette que « les responsables politiques se précipitent pour choisir leur mort : Nahel ou Thomas ». La mort de Nahel, adolescent franco-algérien tué par un policier blanc lors d'un contrôle routier, a lancé une vague d'émeutes urbaines l'été dernier. La mort de Thomas, 16 ans, tué lors d'une fête de village à Crépol dans la Drôme, en novembre 2023, a provoqué des violences de groupes d'ultra-droite. La mort de Thomas « est devenue une crispation entre deux France », résume Le Point. La Tribune Dimanche se demande quant à elle « combien de temps avant que Crépol bascule dans le vote Le Pen ? »L'Obs, de son côté, publie une longue enquête sur « les nouvelles recrues du trafic de drogue », avec des adolescents qui acceptent de « tuer un homme pour une grosse enveloppe », pour une somme à cinq chiffres. Les autorités constatent « un rajeunissement de la criminalité organisée », une « main d'œuvre jetable », « inexpérimentée », recrutée sur les réseaux sociaux. Une sorte « d'ubérisation des meurtres », résume l’hebdomadaire.L’âpre concurrence dans les hautes sphères de l’IALe Point fait sa Une sur « la bataille pour contrôler nos cerveaux ». Il revient sur le feuilleton Sam Altman, patron d'OpenAI, à l’origine de ChatGPT. Il a été remercié puis réintégré quatre jours plus tard dans l’entreprise… peut-être pour être mieux surveillé.  Le Point explique que Sam Altman a indirectement travaillé « avec les Chinois pour mettre en place [une] puce concurrente du Californien Nvidia... alors même que la Maison Blanche lui interdit de vendre ses microprocesseurs les plus avancés à Pékin, de peur de voir l'Empire du Milieu prendre un coup d'avance dans l'IA ! »Le Figaro magazine, fait justement un gros plan sur Nvidia. L’entreprise fabrique des puces ultra-technologiques vendues « 40 000 dollars l'unité ». Des puces qui « éduquent les IA », elles leur donnent leur intelligence avec une « compilation d'une quantité astronomique de donnés pour entraîner à donner de bonnes réponses ». Pour l'heure, la compétition entre Google, Microsoft, Amazon, etc. « se fait au bénéfice de cette entreprise toujours méconnue du grand public », conclut Le Figaro. Une concurrence ardue, un « nouveau western » pour Le Point… et Sam Altman se sent bien dans ce décor, lui qui passe ses week-ends, nous dit-on, « sans toucher à son portable dans son ranch de Napa Valley en Californie ». Imane Ayissi importe l’Afrique dans la haute-coutureLe magazine Sphères dresse le portrait du créateur camerounais Imane Ayissi, un quinquagénaire longiligne, tout de noir vêtu, « porte-étendard de la couture africaine ». Il présente une collection par an, depuis 30 ans. Une assiduité remarquable pour cet homme parti de rien, arrivé en France sans-papier et qui crée ses premiers vêtements dans sa chambre de bonne. Les « robes chamarrées » qu'il présente sur le podium s'inspirent largement du continent : « raphia, kita de Côte d'Ivoire, bogolan du Mali ou encore faso dan fani du Burkina » …En 2020, il devient « le premier créateur d'Afrique subsaharienne à intégrer le calendrier officiel de la haute-couture », rapporte Sphères dans son numéro spécial mode. « J'ai eu la sensation de faire entrer toute l'Afrique dans le domaine du glamour », glisse-t-il, sans cacher sa fierté, ni le fait qu’il a « versé quelques larmes » ce jour-là. « J'avais ce besoin de montrer que l'Afrique ne se résumait pas qu'à la pauvreté. Qu'elle avait aussi droit au luxe et à la beauté, qu'elle possédait des matières d'exception et un savoir-faire unique », poursuit-il. Son seul regret, peut-être, est de n'avoir « jamais reçu un message d'encouragement de la part du Cameroun », son pays natal.
05:04 03/12/2023
À la Une des hebdomadaires: le Proche-Orient...
M, le supplément du Monde, a eu l'idée de mettre en vis-à-vis deux portraits, deux familles, les Weissmann, et les Redwan. Les premiers ont « échappé au massacre du Hamas et sont réfugiés chez des proches près de Tel Aviv », les seconds vivent en Cisjordanie et pleurent leurs grands-parents, morts sous les bombes à Gaza. Pour Yaakov Weissman, 83 ans, arrivé en Israël en 1959, « l'horreur toujours peut ressurgir. Encore et encore ».« Mais, dit-il, la différence avec les siècles d'agression et de traques qui nous ont précédés, c'est que nous avons désormais un pays. C'est le seul asile sûr pour les juifs du monde entier et il doit à tout prix le rester ». Une certitude que le 7 octobre ne semble pas avoir ébranlé. « Un peuple palestinien ? » Il se souvient de son arrivée en Israël, et assure que « cela ne voulait rien dire.  Il n'y avait pas d'identité palestinienne, dit-il. Des gens de toutes sortes, essentiellement des pays arabes alentour, s'étaient installés sur ce petit territoire, mais ce n'était en aucune façon un pays ».Comme en écho, la famille Redwan raconte son histoire. Celle des grands-parents, « chassés de leur foyer en 1948, installés un temps en Arabie saoudite, ils n'ont jamais cessé de cultiver leur identité palestinienne », souligne le supplément du Monde. Des grands-parents, « tués dans un bombardement israélien à Gaza, le 10 octobre »... « La belle maison orange et le jardin où le patriarche avait planté des fèves et de la vigne ne sont plus qu'un tas de ruines ». Leur fille Reem, « apaise sa douleur en se disant qu'ils sont morts en martyrs (...) elle croit qu'une place spéciale leur est réservée au paradis ». « J'ai vécu dans cinq maisons différentes à Gaza », raconte-t-elle,« elles ont toutes été bombardées. Je suis une éternelle réfugiée ». Reem et ses filles vivent désormais à Ramallah, en Cisjordanie, et elles ne peuvent pas en sortir. Le père, lui, est « coincé à Khan Younès, dans le sud de la Bande de Gaza ».La Cisjordanie en ligne de mireLe Point a enquêté sur un phénomène resté en arrière-plan, éclipsé par les bombardements sur Gaza, et l'inquiétude pour les otages israéliens... « Depuis le 7 octobre, explique l'hebdomadaire, les extrémistes israéliens multiplient les actions punitives » en Cisjordanie. Selon le ministère de la Santé, à Ramallah, plus de 220 Palestiniens auraient été tués en un mois par l'armée israélienne et les colons, en Cisjordanie. Le Point a rencontré Morsi et Akram, deux frères pour lesquels « la saison des olives a tourné au cauchemar ». Le 11 novembre, alors qu'ils réalisent les premières récoltes dans le champ familial, ils sont menacés par des hommes armés, qu'ils identifient comme des colons. « L'un d'eux », raconte Morsi, m'a tenu en joue avec son fusil M16, et m'a lancé : « je vais te descendre. Si tu oses sortir à nouveau, je te brûlerai vif ». « Depuis ce jour, précise Le Point, Morsi et Akram ne sortent plus de chez eux, où ils se sont cloîtrés avec femme et enfants ».Donald Trump, le retour ?« Au secours, Trump revient » s'alarme l’Express... parlant d'une hypothèse « vraisemblable », qui provoque des « sueurs froides dans le monde entier ».  Car l'ex-président « tient la corde dans les sondages », face à Joe Biden, en vue de l'élection présidentielle l'année prochaine. Trump vainqueur ? Une perspective qui est loin de concerner les seuls États-Unis... « Trump pourrait, nous dit-on, utiliser son pouvoir exécutif pour ralentir ou même arrêter le soutien à l'Ukraine approuvé par le Congrès américain ». Et ce n'est pas tout, poursuit l'Express, « le retour de Trump aux affaires impacterait aussi le Moyen-Orient avec, d'une part, une position plus dure que celle de Biden vis-à-vis de l'Iran, le Hamas et le Hezbollah et d'autre part, un ' soutien total à Israël ', comme il l'a déjà annoncé ». L'Express a aussi interrogé Françoise Coste, historienne du Parti Républicain. À la question « À quoi ressemblerait Trump 2 » ? Elle répond « ce serait Trump 1, mais en pire, parce qu'il sera plus aguerri et que désormais il connaît les institutions ». « Il a déjà annoncé, ajoute Françoise Coste, qu'il poursuivra en justice Joe Biden et ses conseillers. On ignore dans quel but, ce serait une simple vendetta ».Enfin, un portrait sans complaisance dans l'Obs...Portrait de Patrick Pouyanné, le patron de Total, « le roi du pétrole », ironise l'Obs, selon lequel « il freine la transition énergétique ». « Il est tellement en confiance » ajoute l'hebdomadaire, « qu'il peut annoncer sans gêne que son groupe prévoit d'accroître, de 2 à 3 % tous les ans, sa production de pétrole et de gaz, d'ici à la fin 2028 ». De son côté, l'ONG Greenpeace a « calculé que Total prépare 33 projets si émetteurs de CO2 qu'on peut les qualifier de "bombes climatiques ». Quant aux réunions de travail avec Patrick Pouyanné, elles virent souvent au « jeu de massacre », nous dit l'Obs... Un familier de ces réunions raconte les invectives : « c'est nul », « vous n'avez rien compris », « c'est n'importe quoi ». « Le patron de Total ne fait confiance à personne » conclut l'hebdomadaire.
05:14 26/11/2023
À la Une: les otages français du Hamas
C’est à la Une du Parisien Dimanche : les photos des huit Français otages du Hamas. On les voit souriant, enfants, adolescents et jeunes adultes, posant pour la photo à une époque heureuse. « Ne les oublions pas », s'exclame le Parisien Dimanche qui veut « mener le combat contre l'oubli ». Qui sont-ils ? « La plupart étaient des militants pour la paix », explique Roy Zichri, dont le petit frère Ohan, 9 ans, a été enlevé avec sa mère et ses grands-parents. « Nous ne demandons rien d'autre que de retrouver nos proches, témoigne-t-il. Il le sait, ajoute le journal, à l'étranger, les images de Gaza sous les bombes ont éclipsé l'attention portée aux otages. » Pour donner de la chair, à ces photos de disparus, le Parisien Dimanche a écrit quelques lignes sur chacun d'entre eux. L'un est « un enfant merveilleux », l'autre « une adolescente sensible avec une âme d'artiste »,un autre encore un « passionné de football ».Les otages français, il en est aussi question dans le Journal du Dimanche, qui a interrogé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées de retour d'une tournée qui l'a mené « au Caire, à Abu Dhabi, Ryad, Doha et Tel Aviv ».« Il a tenté, explique le JDD, de peser de tout le poids de la France, pour obtenir la libération de nos otages. Avez-vous des bonnes nouvelles ? », lui demande le journal. Mais le ministre est, évidemment, sur la réserve, expliquant : « Nous nous devons d'être efficaces, et vous comprendrez donc l'indispensable discrétion à adopter sur le contenu exact de mes différents échanges. »À la Une de l’Express : Élisabeth BadinterLa philosophe fait la Une de l'hebdomadaire, avec cette phrase : « Pour la première fois depuis 1945, beaucoup de Français juifs ont peur au point de se cacher. » Et elle accuse : « Nous avons laissé l'islamisme prospérer, faire de l'entrisme à l'école, dicter sa norme dans certains quartiers et impressionner les esprits partout. Les islamistes radicaux ont été plus malins que nous. Et aujourd'hui on a peur. » Face à l'augmentation des actes antisémites, notamment en France, la philosophe n'est guère optimiste lorsqu'on lui demande s'il est encore temps de reprendre la main, elle répond : « J'ai peur qu'il ne soit trop tard, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. »Un pessimisme qui contraste avec l'espoir, si ce n'est l'optimisme, de Zeruya Shalev, « grande voix de la littérature israélienne, précise l'Obs. Elle vit à Haïfa, et a donné rendez-vous à l'envoyé spécial de l'hebdomadaire, dans un restaurant tenu par une Palestinienne, Rola, qu'elle serre dans ses bras. Après le 7 octobre, raconte Zeruya Shalev, tout a volé en éclat. Mais nous sommes nombreux, néanmoins, à vouloir la paix en Israël. Il faut poursuivre le dialogue. Je continue à avoir de l'espoir ». Même si elle n'a aucune confiance dans le gouvernement actuel. « Benyamin Netanyahu, nous a mené à la catastrophe. Nous devons nous débarrasser de lui. »Rien ou presque, dans les hebdos, sur la guerre à GazaIl est vrai que les journalistes étrangers n'ont pas le droit de rentrer dans l'enclave palestinienne. Mais ils peuvent encore se rendre en Cisjordanie, c'est ce qu'a fait l'envoyé spécial de M, le supplément du Monde, qui est allé dans le village de Nabi Saleh, « dont tous les habitants sont des membres de la famille Tamimi. Une tribu dont chaque génération se mobilise contre la colonisation israélienne. La plus célèbre d'entre eux, est la militante palestinienne Ahed Tamimi, connue pour avoir giflé un soldat israélien, lorsqu'elle avait 16 ans ». C'était en 2017. Elle avait été condamnée à huit mois de prison. « Elle a aujourd'hui 22 ans, et elle a été arrêtée le 6 novembre, accusée "d'incitation au terrorisme". Les Tamimi ont toujours su rendre leur engagement très médiatique », précise l'Obs qui ajoute : « Bilal, l'un des cousins d'Ahed, "filme tout". Ses images sont postées sur la chaîne YouTube, et parfois consultée par des millions d'internautes. » Il s'agit de « récolter les preuves des violences commises par l'armée ou les colons, et immortaliser leur contestation », précise l'hebdomadaire.Y a-t-il un risque de conflit mondial ?Sur cette question, le Figaro Magazine fait dialoguer le chercheur Frédéric Encel, et l'écrivain Amin Maalouf. Le premier ne croit pas « à une grande régionalisation du conflit au Proche-Orient, et encore moins, à une guerre mondiale ». Le second parle d'une « nouvelle guerre froide, dont les développements sont nombreux ». Amin Maalouf cite notamment « le conflit entre la Russie et l'Occident, qui n'est pas engagé directement contre elle mais qui aide l'Ukraine ». Il cite aussi « le conflit en Afrique sahélienne, où la Russie a contribué à déstabiliser les alliés de la France et des États-Unis, à tel point qu'on ne sait plus au Soudan, en Libye au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, qui est l'allié de qui ».
05:01 19/11/2023
À la Une: le 7 octobre et la montée de l'antisémitisme dans le monde
Le 7 octobre 2023 : « Un pogrom au XXIe siècle », titre le Point, qui revient en détail sur cette journée où « le monde a atteint un sommet d'horreur ». L'hebdomadaire revient heure par heure sur les faits qui se sont déroulés ce jour-là, notamment dans les kibboutz, comme celui de Kfar Aza, « où 77 des 400 habitants du village ont été tués ». Les témoignages des survivants sont nombreux. Ils racontent le déluge des roquettes, les corps « découpés en morceaux », les appels d'enfants terrorisés à leur mère, alors qu'ils sont sur le point d'être pris en otages.Il y a aussi la violence des photos, les scènes de crime, les corps ensanglantés. Des « centaines de témoignages » ont été recueillis, précise le Point, dont l'objectif est clair : il s'agit de « faire face à la volonté de certains de minimiser ou de relativiser ce pogrom du XXIe siècle, [...] cette journée d'infamie ».C'est « le péril antisémite », s'alarme l'Obs. En France, « il ne cesse de grandir. [...] Insultes, tags de croix gammées, menaces sur les personnes, les synagogues et les écoles ». Et la « fièvre » est « mondiale », ajoute l'hebdomadaire qui revient sur l'épisode survenu en Russie, à l'aéroport du Daghestan, « lorsque des grappes de types ivres de vengeance se sont rués sur un avion en provenance de Tel Aviv ». L'Obs s'inquiète pour les juifs de cette région du Caucase, « 700 familles y subsistent encore. [...] Nul doute qu'après ce pogrom avorté, le Caucase va finir par les perdre jusqu'au dernier ».La situation est grave mais il ne « faut pas avoir peur », estime de son côté Ginette Kolinka, bientôt 99 ans, rescapée de la Shoah. « On parle de recrudescence de l'antisémitisme, mais la réalité, c'est que ça a toujours existé. Simplement on en parle peut-être davantage durant certaines périodes liées à des conflits », dit-elle dans une interview à Paris Match. Et elle s'indigne : « Avant de penser religion, pensons aux êtres humains. Croyez-vous qu'une mère réagisse différemment, qu'elle soit israélienne ou palestinienne, quand elle voit son enfant tué ? Non, je me mets aujourd'hui à la place de toutes les mères qui voient leurs enfants se faire tuer, sans distinction. »Une marche contre l’antisémitisme à ParisC'est la Une de la Tribune-Dimanche, qui affiche les photos de dix personnalités qui participeront à cette marche : écrivains, cinéastes, humoristes, animateurs télé. Des personnalités qui s'engagent et « soutiennent la mobilisation républicaine d'aujourd'hui », explique le journal.  Chacun exprime sa motivation : « Je marche parce que je suis juif et parce que les miens n'ont jamais eu aussi peur », déclare l'animateur de télé Arthur.« Abandonner la lutte contre l'antisémitisme aux juifs est profondément raciste », estime de son côté l'humoriste Sophia Aram, qui ne veut pas voir dans la présence de l'extrême droite à cette manifestation, une raison pour ne pas en être. « Le Rassemblement national reste dangereux, dit-elle, mais sa participation, [...] ne saurait justifier qu'on abandonne à ces tartuffes le terrain de l'antiracisme par crainte que le RN en devienne le fer de lance. » D'autres personnalités, dans Aujourd'hui en France, s'engagent, elles aussi. Notamment l'évêque de Nanterre Matthieu Rougé : « Pour les catholiques, il est essentiel d'y être. La lutte contre l'antisémitisme est un engagement d'hier, d'aujourd'hui et de demain. »« Il ne faut pas oublier l'Ukraine »« Il ne faut pas oublier l'Ukraine », c'est le message qu'Olena Zelenska, l'épouse du président ukrainien Volodymyr Zelensky, est venue porter en France. Habillée de noir, elle pose pour la photo, dans l'Express, le regard fixe, sans un sourire. Elle tient tout d'abord à dire que les Ukrainiens « partagent les souffrances du peuple israélien. Mais, il est primordial de ne pas laisser l'attention du monde se détourner de l'Ukraine. Nous constatons déjà que l'aide militaire en direction de notre pays arrive trop lentement pour permettre un changement positif sur la ligne de front. » Et elle met en garde : « Réfléchissons à ce qui se passerait si l'Ukraine n'avait pas tenu. À notre place, il y aurait la Russie et ce sont des centaines de kilomètres qui se rapprocheraient de vous, de vos maisons. »De son côté, l'Obs fait le même constat. « La guerre en Ukraine a jusqu'ici tenu le monde en haleine, suscitant les terreurs les plus viscérales et les indignations les plus légitimes. » Mais « l'opinion publique mondiale se lasse de ce conflit qui s'enlise à l'approche de l'hiver. Comme on se fatigue d'une série aux saisons trop nombreuses, quand l'intrigue tire en longueur et que les rebondissements se font rares ». Et puis, ajoute l'Obs, le « terrible pogrom du 7 octobre, avec ses tragiques conséquences et le possible embrasement des milices religieuses du Moyen-Orient, agitées par l'Iran, (ce terrible pogrom donc) a lancé un autre blockbuster, qui chasse le premier ».
05:19 12/11/2023
À la Une: l’horreur à Gaza, l’angoisse en Israël
Paris Match fait le parallèle entre, d'une part, les images diffusées par l'armée israélienne - des photos satellites des cibles à Gaza, des colonnes de blindés qui s'enfoncent dans l'enclave – et, d'autre part, les clichés des journalistes palestiniens.Parmi eux, le photographe Motaz Azaiza devenu « l'oeil de Gaza pour plus de 11 millions de personnes ».Sur son compte Instagram, « son visage s'éteint peu à peu »,« photo après photo », « massacre après massacre ».Le 14 octobre dernier, le jeune homme publie « une vidéo terrible ». On y voit un bébé de moins de deux ans, visage ensanglanté, les yeux fermés, la bouche ouverte à l'avant d'une ambulance.La petite fille est morte dans les bras du photographe. Son commentaire : « J'aurais voulu être à ta place... »« Motaz Azaiza n'édulcore rien », raconte Paris Match, « il montre l'horreur de Gaza comme elle vient ».L’angoisse des familles des otages israéliensDans un reportage à Tel Aviv, l’Obs rencontre Hadas Kalderon, visage tordu par l'inquiétude. Cette mère de famille n'a rien pu faire quand les membres du Hamas ont enlevé « sa fille, son fils, son ex-mari » dans le raid du 7-octobre.L'Obs relaie donc la colère de cette rescapée contre Benyamin Netanyaou accusé « de ne rien faire pour sauver les otages ».Seul lueur d’espoir pour Hadas Kalderon, sa double-nationalité française. Pour cette femme, c'est son autre patrie qui libérera ses enfants, car, dit-elle, « la France sait négocier avec le Qatar »...« Le dilemme des Arabes israéliens »Le Point prend la mesure du fossé en train de se creuser entre Juifs et citoyens d'origine arabe, à Nazareth.Dans la plus grande ville arabe d'Israël, un imam prêche devant ses fidèles rassemblés dans sa mosquée :« Nous sommes partagés entre la rage de voir notre peuple mourir sous les bombes à Gaza et notre condamnation de l'attaque terroriste du Hamas qui a tué des innocents. »Autre témoignage amer : celui de cet informaticien renvoyé quelques jours après avoir « liké » un hommage aux victimes de Gaza sur le réseau social LinkedIn. Il assure avoir vu « le visage de ses collègues juifs changer subitement » en réaction.Enfin ce politologue arabe israélien redoute un repli accru de sa communauté sur elle-même, depuis l’attaque du 7-Octobre. « Notre capacité à vivre ensemble continue de s'éroder. »Au Sahel, « le risque d’une victoire des djihadistes est réel »Dans les colonnes du Journal du Dimanche, interview du général Frédéric Blachon. Ce dernier a été commandant de l’opération Barkhane pendant un an. Le militaire constate une « poussée spectaculaire des djihadistes » au Sahel, que le Mali, le Burkina Faso, le Niger ne peuvent qu’au plus « contenir ». Selon Frédéric Blachon, « les djihadistes n’ont aucun mal à se substituer aux Etats pour apporter un semblant de justice et un cadre d’organisation politique » vue comme un « moindre mal ». Selon lui, les gouvernements concernés « peuvent surtout essayer de passer un compromis [avec les djihadistes] », comme « un peu plus d’application de la loi islamique (…) en échange de leur maintien au pouvoir ». Le général à la retraite craint « un risque d’expansion », avec au Ghana et au Sénégal, des « cellules dormantes » qui « peuvent passer à l’action à tout moment ». Seule raison d’espérer selon Frédéric Blachon : « la division entre l’Etat Islamique au Grand Sahara et le Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans qui se livrent une lutte sans merci ».En France, les travailleurs étrangers et sans-papiers à l’affiche avant l’examen du projet de loi ImmigrationLe Point  consacre un dossier à ces emplois occupés par des personnes venues d'ailleurs. Elles œuvrent dans la restauration, l'aide aux personnes dépendantes, le bâtiment, ou comme agents de sécurité, « des secteurs où les Français rechignent ».Selon l'hebdo, « le projet de loi dit immigration prévoit de faciliter la régularisation de certains étrangers dans les métiers dits en tension ». Une mesure rejetée par les partis les plus à droite, comme Les Républicains.Ce rejet suscite l'indignation chez certains : « sans immigré, comment on va faire ? », se demande un restaurateur, qui ajoute : « On va bientôt être un pays de centenaires, il faudra des gens pour s'occuper de nous. »Comme en écho, L’Obs consacre un portrait à Souleyman, sans-papier ivoirien.Il se débat depuis 5 ans pour être régularisé, mais son dossier a été refusé car son patron « a confondu les montants du smic brut et net ».Depuis son autorisation de séjour a expiré, et son employeur l’a licencié. Le jeune trentenaire originaire d'Abidjan se dit « à la merci de tous ». « De ses logeurs qui peuvent le mettre à la rue », « de ses employeurs qui ne veulent pas payer les heures sup ».Souleyman va de nouveau tenter sa chance mais il ne pourra obtenir de titre de séjour « qu'en 2025 au mieux », si son dossier est accepté.L’Abbé Pierre Superstar« L'abbé Pierre, une vie de combat » sort la semaine prochaine en France. Un film-prétexte qu'utilise Le Parisien Weekend  pour élever l'homme à la barbe blanche et à la pèlerine noire au rang des « superstars ».L'hebdo raconte ainsi comment le prêtre a déclenché « une déferlante de bonté » à travers son engagement contre le mal logement, notamment lors de son appel de l’hiver 1954.C'est ainsi au plaidoyer du fondateur d'Emmaüs que l'on doit la trêve hivernale, l'interdiction de l'expulsion des locataires pendant les mois les plus froids de l'année.« Plus de 4 millions de personnes sont aujourd'hui mal logées et fragilisées par la hausse des loyers [en France] (…) Le combat de l'Abbé Pierre y est toujours d'actualité ».Le fabuleux jackpot des tournées musicalesLes Echos Week-End se penchent sur le Final Lap Tour de 50 Cent. Le rappeur américain star du milieu des années 2000 a ainsi rassemblé 35 000 personnes il y a deux jours près de Paris, notamment grâce au tube In Da Club sorti il y a déjà 20 ans.50 Cent qui rentabilise la nostalgie des fans avec des billets vendus entre 70 et 140 euros.Et 50 Cent n'est pas le seul... car les concerts vont générer « près de 30 milliards de dollars de revenus » en 2023.Pour Les Echos Weekend, les principales sources de cette manne financière, ce sont deux divas, Beyonce et Taylor Swift. La tournée nord-américaine de cette dernière pourrait rapporter 2 milliards de dollars en 68 dates, un record absolu... Beyonce a quant à elle vendu des billets « à plus de 3000 euros » lors de son dernier concert au stade de France. Inflation justifiée par des tournées de plus en plus pharaoniques et donc coûteuses.Des spectacles souvent capturés dans des films ou autres produits dérivés là encore vendus aux fans-clients.Mais les perdants, comme le déplorent les Echos Weekend, « ce sont sans doute les petites salles et les artistes moins connus ».
05:06 05/11/2023
À la Une: le Proche-Orient s’invite une nouvelle fois dans la presse magazine
« Comment la guerre Israël-Hamas fracture le monde » titre l’Obs qui remonte le fil des événements depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas. Elle a d’abord « sidéré le monde par sa soudaineté et son déchaînement de violences » peut-on lire. Et puis il y a ensuite la réplique israélienne, les bombes sur Gaza, des événements qui, nous dit le magazine, « ont réveillé, partout, une cause palestinienne qui semblait oubliée » et qui « révèle l’impuissance de l’Occident qui a cru pouvoir, ces dernières années, rester à l’écart de ce conflit ». Alors comment « éviter l’aggravation des tensions », en France notamment ? Pour tenter de répondre, l’Obs publie un dialogue entre la rabbin Delphine Horvilleur, « figure de proue du judaïsme libéral en France », et l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud. Il y a d’un côté les regrets très amers de Delphine Horvilleur : « J’attendais les paroles d’intellectuels musulmans avec qui je dialogue habituellement. Il y en a eu quelques-unes, si essentielles, mais si rares. Quelque chose m’échappe dans ce silence qui me terrasse » explique-t-elle. Un silence qui lui paraît d’autant plus injuste qu’elle affirme dénoncer depuis des années « le gouvernement de Netanyahou, l’horreur de l’occupation, la dérive de la société ». De l'autre côté, Kamel Daoud, lui, regrette surtout cette prise de position perpétuelle qu’on lui impose à coups de chiffres et de bilans humains, aussi lourds soient-ils. « Je ne suis pas comptable. La logique des équivalences entraîne la logique de l’inhumain » affirme l’écrivain qui ajoute : « ce match Shoah contre Nakba qu’on voudrait nous faire jouer dans nos pays et qui arrange les islamistes est une mise en scène. C’est la cristallisation d’une histoire que l’on voudrait figer ». Un petit peu plus loin dans le magazine, David Khalfa, spécialiste du Moyen-Orient à la fondation Jean Jaurès, estime qu’on peut être à la fois « sensible à la cause palestinienne, soutenir la solution à deux États, critiquer la politique israélienne et condamner le Hamas. On ne doit pas choisir ses morts ».C’est pourtant, selon l’Express, ce que fait Jean-Luc Mélenchon« Le désastre », « la stratégie immorale » : l’hebdomadaire ne mâche pas ses mots après les prises de positions du leader de la France Insoumise qui s’est par exemple refusé à qualifier les actes du Hamas de terroristes. « Est-ce de la bêtise ? Ou peut-être de l’ignorance ? » se demande le magazine qui répond immédiatement : « Non et non. Jean-Luc Mélenchon connaît trop (…) le poids des mots ». Ce sont en fait « de sordides calculs » selon Le Point pour qui celui qui est arrivé troisième à la dernière présidentielle « est un homme qui ne laisse rien au hasard ». L’offensive du Hamas contre Israël représenterait « une aubaine pour un vieux politicien en perte de vitesse ». Interrogé sur la question, l’ex-député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit y va de son analyse : « Pour capitaliser sur la révolte qui s’est affirmée dans les banlieues cet été et chercher un nouvel électorat », Jean-Luc Mélenchon se servirait « de la rancœur de beaucoup de personnes d’origine musulmane » et l’instrumentaliserait « à des fins politiques, et même bassement électorales ».Le Ghana, « La poubelle des textiles du monde » : ça, c'est à lire dans Le Figaro MagazineIl s'en prend cette semaine à la fast fashion, à cette surconsommation occidentale qui est devenue « un mode de vie et une logique économique ». Une fois les vêtements remplacés par une nouvelle tendance, ils sont majoritairement expédiés à l'étranger et notamment vers le continent africain « avec la promesse d'une seconde vie possible ». Sauf que pour l'hebdomadaire, « ce trésor textile (...) s'est mué en un bourbier écologique et sanitaire pour les populations locales ». Chaque jour, le Ghana reçoit 160 tonnes de vêtements déjà portés, acheminés par bateau. La moitié de ces cargaisons serait « considérée comme invendable dans les échoppes locales », pour finir « jetée dans les rues ou les allées du marché » à Accra. Alors pour quelques pièces, des personnes ramassent ces vêtements abandonnés et s'en débarrassent à la périphérie de la ville, dans des décharges sauvages où ils finissent par former « de véritables dunes artificielles (...) pouvant atteindre 20 mètres de hauteur », au détriment de l'environnement.Et puis M, le magazine du Monde, s’intéresse lui à ces jeunes « Lisses comme des images »« Ils ont à peine plus de 20 ans, pas une ridule », et pourtant ils fréquentent « déjà des cabinets de médecine esthétique ». L’article nous apprend tout de ces techniques qui ont la cote auprès de ces jeunes et qui évitent de passer par le bistouri : les injections, le laser, le peeling chimique… Des soins, peut-on lire, « qui promettent à cette génération biberonnée aux réseaux sociaux de prévenir le moindre signe de vieillissement ». S’y prendre aussi tôt, ça porte un nom : la Préjuvénation. Mais attention au cliché, ça ne veut pas dire que ces jeunes, ils veulent ressembler aux stars de la réalité. Non, ce qu’ils veulent, nous dit M, c’est du Glow, soit un éclat qui semble venir de l’intérieur, un teint radieux, des pores invisibles, des lèvres bien hydratées. Le tout grâce à des techniques « insoupçonnables et indolores », pratiquées « si possible entre midi et deux à l’heure du déjeuner, comme on ferait une course ou une séance de sport ». Cette nouvelle patientèle, poursuit le magazine, « économise ou se fait offrir un soin pour son anniversaire, elle fait des recherches sur internet, connaît le nom des machines, des ingrédients, partage ses adresses, met des notes aux médecins ». Bref, ce serait presque devenu banal et naturel, pas de quoi rougir… Quoique : aucune des personnes qui témoignent dans cet article n’a souhaité donner son nom. Vestige, peut-être, d’un léger sentiment de honte plus dur à effacer que des rides ! 
04:56 29/10/2023
À la Une: Israël étend son offensive à Gaza
Toute la presse française se fait ce samedi matin l’écho des déclarations de l’armée israélienne qui a annoncé intensifier ses frappes de manière très significative, et qui a aussi dit qu’elle allait, dès hier soir, étendre ses opérations terrestres dans l’enclave palestinienne… Des déclarations « sans entrer dans les détails » nous dit Libération, sans dire, ajoute le journal, « s’il s’agissait de l’invasion terrestre globale promise depuis les attaques terroristes du Hamas en Israël ».Le Monde aussi reste prudent…… mais « le conflit a semblé rentrer dans une nouvelle phase » hier soir, peut-on lire sur le site du journal. Mediapart, de son côté, estime que « la menace semble avoir été mise à exécution. L'attaque intégrée et coordonnée par voie aérienne, maritime et terrestre contre la bande de Gaza commence à prendre corps » écrit le journal en ligne. Pour Le Parisien-Aujourd’hui en France, « certains observateurs évoquaient la possibilité » que cette offensive terrestre « ne soit jamais déclenchée » tant elle a été annoncée puis retardée. Mais de toute façon, « la guerre a bel et bien commencé » écrit le journal qui ajoute : « toute la moitié nord » de la Bande de Gaza « est réduite de jour en jour à un champ de ruines », et « la litanie des civils en détresse et des corps disloqués sous les gravats s’étale quotidiennement sur les photos des agences de presse palestiniennes […], chauffant à blanc une opinion arabe déjà très remontée contre Israël. »Et en France, « la communauté juive craint pour sa sécurité » écrit Libération« Plus de 700 actes antisémites ont été comptabilisés dans l’hexagone » depuis le 7 octobre, écrit le journal qui est allé à la rencontre des fidèles juifs devant la synagogue de Raincy, en région parisienne. La photo montre des militaires lourdement armés déployés aux abords de l’édifice religieux. « Que les policiers soient là, je les en remercie. Mais est-ce normal que pour venir prier, on soit obligés d’être protégés ? » s’interroge ou plutôt regrette le président de la communauté juive locale qui reconnait faire attention de ne pas « s’exposer » dit-il. « Il a renoncé aux grandes tablées au restaurant » écrit par exemple Libération qui a aussi recueilli le témoignage de Nathalie, elle raconte être allée dans une librairie juive du Marais pour acheter quelques livres. « Pour les emporter, j’ai demandé qu’on me donne un sac sans le nom du magasin » explique-t-elle.La Croix aussi a recueilli des témoignages, publiés sur son site : témoignages de franco-israéliens, certains vivant en France, d’autre en Israël  Et la guerre « les place face à un dilemme » explique le site : soit rejoindre Israël, soit rentrer en France. Pas question de rentrer pour Sabrina, coiffeuse en banlieue de Tel-Aviv. « En France, j’avais beau avoir une pratique discrète de ma religion, j’ai souvent été la cible d’actes antisémites » se souvient-elle, racontant aussi les moqueries subies par sa fille lors de sa scolarité, ou encore ce « sale juive » écrit dans leur cage d’ascenseur.Ce conflit israélo-palestinien, il « ébranle la foi de Strasbourg dans le dialogue » titre pour sa part Médiapart qui s’est rendue dans la ville alsacienne…… Une  ville pourtant « traditionnellement attachée à l’œcuménisme ». L’ambiance a clairement changé, le reportage évoque des tags antisémites dans les transports en commun, des injures, des menaces, et même ce jeune homme « interpellé après avoir été surpris frottant un couteau le long de la grille » d’une synagogue. « La communauté juive réclame un soutien sans équivoque » écrit Médiapart qui ajoute que les militants pro-palestiniens, eux, « se plaignent d’être muselés ». Le reportage revient notamment sur les arrestations lors d’un rassemblement pro-palestinien il y a quelques jours, c’était encore interdit... Il y a clairement eu une « bascule » ces trois dernières semaines explique pour sa part le Président d’une association qui vise à renforcer le dialogue entre le Maghreb et la France. « Nous préparons un concert dans une église protestante avec un chœur de réfugiés qui chantent en arabe » raconte-t-il avant de conclure : « je me pose des questions que je ne me suis jamais posées avant ».Et puis « Les Meilleurs pour la fin » titre le FigaroAll-Blacks-Springboks, la finale de la Coupe du Monde de rugby, c’est ce soir. « La Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ambitionnent de devenir la première nation à décrocher une quatrième couronne mondiale » nous rappelle le journal qui les qualifie de « Cadors du sud habitués aux grands rendez-vous, maîtres de leurs nerfs et de leur rugby ». Mais « il ne peut en rester qu’un » écrit L’Équipe qui parle d’une véritable « rivalité séculaire ». « Cette Coupe du monde » nous dit le quotidien sportif, « malgré sa livraison dans la douleur » (référence ici à l’élimination de l’hôte français par les Sud-Africains en quart de finale) a au moins « l’élégance de se conclure sur l’autre finale de rêve », entre « les deux meilleures nations de l’histoire de ce jeu ». « L’hémisphère sud ne perd pas le nord » titre de son côté Libération qui rappelle que les experts misaient plutôt sur « une passation de pouvoir », une victoire d’une nation du Nord, la France pour ne citer qu’elle. Alors c’est un « quasi-coup de théâtre, voire de massue » reconnait le journal. Mais ses confrères du Monde essaient de voir le verre à moitié plein : « Le rugby prend de la valeur », peut-on lire, auprès des entreprises notamment qui, nous explique l’article, conscientes du sens du collectif que dégage ce sport, sont de plus en plus nombreuses « à vouloir y associer leur image en soutenant financièrement les clubs ». « La fête est loin d’être finie » conclut Le Monde.
04:22 28/10/2023
À la Une: une image en noir et blanc sur la manchette du Figaro ce matin
On y voit des véhicules blindés et des bulldozers israéliens traverser un grillage dans le Nord de la bande de Gaza pour entrer dans l’enclave, la « première incursion de chars » explique le journal qui s’interroge : « Faut-il y voir les prémices de l’offensive terrestre israélienne […] envisagée et même annoncée à maintes reprises » ? « Cet assaut » poursuit le Figaro « suscite les réticences de moins en moins cachées de la communauté internationale, y compris au sein des alliés de l’Etat hébreu ». Les Etats-Unis notamment « redoutent un nombre important de victimes civiles ».Le journal est aussi allé à la rencontre à Elad, côté israélien, à l’est de Tel Aviv, des « ultra-orthodoxes, qui évitent habituellement le service militaire et le recours à la violence » mais qui veulent aujourd’hui se défendre. Le Parisien aussi donne la parole à cette communauté qui représente 12 % de la population israélienne, et donne même des chiffres en se basant sur ceux de la presse israélienne : « 2 100 hommes se seraient engagés à effectuer un service volontaire ». Avi en fait partie. Il explique au parisien avoir « peur d’y aller » mais ressentir « un devoir moral à rendre à son pays un peu de la protection qu’il lui offre ».  « Mais son raisonnement continue le Parisien, ne sera pas compris de tous ses voisins […], il reste une exception si ce n’est un traître ».« Pour les Palestiniens, la fuite sans fin des bombardements israéliens » écrit pour sa part Libération…« Plus aucun endroit de l’enclave palestinienne ne semble sûr pour les Gazaouis » nous dit le journal qui décrit le sentiment de miracle chez ceux qui, malgré les pluies de bombes, parviennent à se réjouir d'avoir tout simplement survécu. Libération publie aussi une carte de la Bande de Gaza obtenue grâce à « la comparaison de deux séries d’images radar […] prises à cinq semaines d’intervalle » par un satellite, et qui permet (cette carte) « de déceler les bâtiments détruits ou endommagés ». Ils sont très nombreux : la mosquée Yassine, l’hôpital Al Ahli Arabi ou encore l’Université islamique de Gaza.Mais « un espoir pour la paix » titre pourtant l’Humanité qui publie en pleine page une photo de ce fameux espoir…C’est Marwan Barghouti, menottes aux mains, lui qui est en prison depuis plus de vingt ans. Selon le journal, « il pourrait détenir la clé de la résolution du conflit ». Le dirigeant palestinien est tout simplement « le plus populaire » peut-on lire. L’Humanité l’assure : depuis le 7 octobre et l’attaque sanglante du Hamas, « nombreux sont ceux qui recherchent une voix politique, pacifique et crédible pour la paix », et « c’est tout naturellement qu’ils se tournent vers Marwan Barghouti, dont le nom même (peut-on lire encore) est le symbole de la véritable résistance du peuple palestinien. Une résistance soucieuse des deux peuples, mais clairement prête à la résilience ». L’Humanité explique même que selon un sondage publié au début de l’été, il serait en tête d’une éventuelle élection présidentielle à Gaza « quel que soit le candidat face à lui, y compris le chef du Hamas ».À la Une de la presse française également, la réponse du gouvernement après les émeutes…« C’était début juillet, après la mort du jeune Nahel à Nanterre, tué par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier. C’en était suivi, rappelle Le Monde, des pillages, saccages et incendies de bâtiments publics ». Alors hier, la Première ministre Elisabeth Borne a détaillé, donc, la réponse de l’exécutif devant quelque 200 maires. Et les parents sont « en première ligne » explique Le Parisien pour qui la cheffe du gouvernement a « beaucoup insisté » sur leur « responsabilité », leurs sanctions pénales seront renforcées. Autre mesure : une présence accrue d’adultes référents dans les quartiers pour mieux accompagner les jeunes et leur famille : « Un point très attendu par les élus » nous dit Les Echos « quand nombre de postes d’éducateurs spécialisés sont vacants ». Mais le chemin est encore long, explique le journal : non seulement ces mesures doivent « passer les fourches caudines du Parlement », mais elles devront aussi « faire leurs preuves sur le terrain ».Et puis un anniversaire dont les automobilistes se seraient bien passés…Il y a vingt ans jour pour jour, le 27 octobre 2003, le tout premier radar automatique de France était installé dans une petite commune de l’Essonne pour pénaliser les conducteurs qui ont eu le pied lourd sur l'accélérateur. « Vingt ans de tensions, de polémiques mais aussi de vies sauvées » titre Le Figaro : plus de 7 200 morts en 2002… 4 000 de moins aujourd’hui. Efficacité d’accord, mais aussi l’incarnation « d’une politique à double vitesse » nous dit le journal : « Zéro tolérance pour le conducteur, mais trop peu de moyens pour réprimer d’autres infractions, parfois bien plus graves ». « Le pactole des radars » écrit pour sa part Le Parisien qui rapporte que ces radars ont rapporté 12,5 milliards d’euros de recette à l’état, « affectées à la lutte contre l’insécurité routière ».
04:26 27/10/2023
À la Une: quasi trois semaines de conflit entre Israël et le Hamas
Et quasi autant de temps que l’État hébreu promet une offensive terrestre contre Gaza … qu’on attend toujours. Alors d’ici là, les journaux français s’interrogent sur le timing, les contours, et les dangers d’une telle intervention qui peut vite « tourner au piège redoutable », prévient Le Parisien ; qui recèle même des « risques incalculables » s’alarme Le Monde, une inquiétude partagée par les diplomaties occidentales : « aux yeux des responsables américains et européens, c’est l’opération de tous les dangers, analyse le journal, qui ferait basculer le conflit dans une tout autre dimension. »Est-ce à force de mises en garde de part et d’autre, d’appels à la prudence, que le gouvernement israélien prend son temps ? Le Figaro va plus loin : « Benyamin Netanyahu aurait-il la main qui tremble ? » En tout cas il ne va pas aussi vite en besogne qu’il le laissait penser, et le quotidien de droite croit savoir « qu’une partie des généraux s’étonnent de ce vertige » et s’impatientent, de peur de laisser passer le coche.Des enjeux immenses Le Figaro, toujours, en pose les termes quelques pages plus loin : « d’un côté, déclencher une conflagration régionale ; de l’autre, la perspective d’offrir une ‘victoire’ aux terroristes couverts de sang. »Dans la région justement, la population est « en apnée » souffle Libération qui s’est rendu à la frontière avec le Liban, « théâtre d’un combat imprévisible. »La question ne semble plus être s’il va y avoir un affrontement, mais quand : une analyste interrogée par le journal pointe que « tout indique que le Hezbollah se prépare à une invasion terrestre » tandis que la population estime, elle, en majorité « qu’Israël doit frapper en premier, en finir avec le [groupe armé libanais] comme avec le Hamas. »Du côté libanais de la frontière, on voit aussi avec inquiétude le spectre d’une guerre se profiler. « Encore un conflit dont on n’a pas besoin » soupire une habitante exténuée dans les colonnes de Libé. Le journal, pessimiste, balaie tout espoir : « dans les esprits, la guerre arrive déjà, et peu importe qui soutenir, tant qu’elle se termine vite. »Emmanuel Macron veut la désescaladeLe président français a mis un point final à sa tournée « sur le fil » hier selon les mots du Parisien, durant laquelle il a « tenté de porter une voix équilibrée, » « outre le message de solidarité sans équivoque adressé à Israël. » De fait, Emmanuel Macron a rencontré aussi bien les autorités israéliennes que palestiniennes, jordaniennes et égyptiennes. Ce dernier interlocuteur, rappelle La Croix,  est « central, comme médiateur traditionnel entre Israéliens et Palestiniens, et voisin de la bande de Gaza. » Là où la Jordanie, elle, « n’a pas les moyens de peser », estime le Monde,  n’ayant ni le statut du Qatar, ni précisément, « les leviers de l’Égypte » et est associée à l’Autorité palestinienne, « partenaire traditionnel moribond. » Surtout, la Jordanie a « une relation très dégradée avec l’État hébreu », depuis l’arrivée d’un gouvernement d’extrême droite au pouvoir.Malgré tout, Le Caire et Amman représentent « le levier arabe » d’Emmanuel Macron, selon Le Figaro, et le moyen de « briser la fatalité du Proche-Orient » que le quotidien résume en un triptyque cynique : les États-Unis bombardent, les Nations unies nourrissent, l’Union européenne paie.Une visite réussieC’est en tout cas l’opinion du Figaro – outre, admet-il, « l’idée saugrenue d’une coalition militaire internationale contre le Hamas. » Le quotidien s’emballe et estime même que le président français a « incontestablement surpassé diplomatiquement ses homologues occidentaux » en réussissant à « construire un partenariat crédible avec les leaders arabes voisins des Palestiniens. »  Un enthousiasme que tempère Le Parisien : certes, Emmanuel Macron est l’un des seuls occidentaux à avoir été à Ramallah ; certes, il a réussi là où Joe Biden a échoué, en décrochant un rendez-vous avec le roi jordanien. Mais cet entretien « n’a duré qu’une heure et n’a été suivi – à la demande du palais royal – d’aucune prise de parole conjointe. Comme pour donner moins d’éclat au rendez-vous », interprète le quotidien.De manière générale, tempère Le Monde, « les annonces peuvent paraître modestes » au regard des risques qui pèsent sur le Proche-Orient. Il n’empêche, le président a su esquisser « un grand écart diplomatique. Mais ces mouvements géopolitiques n’ont pas encore donné lieu à des avancées concrètes, alors, « les diplomates élyséens ont du travail devant eux », conclut Le Parisien.
04:25 26/10/2023
À la Une: retour sur le voyage d’Emmanuel Macron au Proche-Orient
Déplacement pas tout à fait terminé puisqu’une rencontre est prévue en Jordanie ce mercredi, mais c’est surtout la journée d’hier mardi qui a attiré les regards. Le président français s’est d’abord entretenu avec Benyamin Netanyahu côté israélien, puis avec Mahmoud Abbas côté palestinien. Qu’en retenir ? Eh bien justement ce n’est pas clair. « Emmanuel Macron tente le flou pour le tout », lance un Libération perplexe, tandis que Le Figaro admet volontiers se poser des « questions sur la coalition anti-Hamas de Macron », illustration selon le journal de la « diplomatie du tourbillon » du président. À moins qu’il ne s’agisse, comme le pense Libé, d’un « effet d’annonce comme les aime Macron ».Quoi qu’il en soit, les deux titres, pourtant rarement d’accord, sont pour une fois sur la même ligne : la proposition française d’une « coalition anti-Hamas » est surprenante. Tellement surprenante qu’il « aura à peine fallu deux heures à l’Élysée pour rétropédaler », raconte Libération, puisque la présidence a rapidement fait savoir qu’il s’agit en réalité de « s’inspirer » de la coalition qui avait été créée contre le groupe État islamique pour « voir quels aspects sont réplicables contre le Hamas ». Bref, balaie le Figaro, « la flamboyante idée n’ira pas plus loin ».À lire aussiCoalition contre le Hamas: une proposition d'Emmanuel Macron qui pose questionUne initiative non concertée ?C’est ce que pense le Parisien, dont la stupeur rejoint celle de ses comparses. Car « on voit mal, analyse le quotidien, Israël laisser quiconque se charger [d’agir contre le Hamas dans son propre fief] à sa place, ou à ses côtés ». Et cela risquerait aussi de fâcher les partenaires arabes de Paris, pour lesquels, rappelle Le Figaro, « le Hamas reste un mouvement nationaliste et non internationaliste » et « les bombardements indiscriminés de la ville de Gaza par l’aviation israélienne sont des crimes de guerre qui ne sont pas moins graves » que ceux commis par le groupe armé palestinien.L’épisode a en tout cas réussi un objectif : faire réagir en France. Face à l’incompréhension de la gauche, qui a retrouvé un semblant d’unité pour dénoncer « une incroyable improvisation », relate Libération, des critiques qui ont confiné « à la moquerie » quand la présidence a dû contredire la présidence ; face donc à cette gauche, se trouve une droite enthousiaste, qui « approuve sans réserve » cette proposition.Mais en réalité, tempère Le Monde, ce n’est pas du côté du clivage gauche-droite qu’il faut regarder, tout simplement parce qu’il n’est pas « recoupé », historiquement, « par le clivage sur le conflit israélo-palestinien ». Un chercheur interrogé par le quotidien estime que « l’incroyable charge émotionnelle des prises de position » au sujet des affrontements révèle en fait « une transformation profonde du champ politique » : « une conception politique qui se joue désormais sur un mode essentiellement émotionnel. » Dit plus clairement, l’angoisse, la tristesse, la colère sont mis en avant et la réflexion sur « l’événement dans sa dimension historique » passe au second plan.La guerre en Ukraine au second plan« La guerre en Ukraine a disparu de nos écrans », pointe La Croix. Pour autant « elle n’a pas pris fin » - loin s’en faut. Les combats se poursuivent, et d’autant plus ardemment, observe le quotidien catholique, que « chaque soldat se prépare à un nouveau et terrible hiver dans une tranchée, au pied d’un obusier ou dans une tourelle de char ». Une saison froide – entre -2 et 2°C en moyenne pendant cinq mois – d’autant plus éprouvante que, grimace La Croix, après vingt mois de combats, « la contre-offensive semble au point mort ». Quant à la population, elle a laissé loin derrière elle les espoirs d’une fin rapide de la guerre et observe maintenant les événements avec une « résignation épuisée ». La Croix s’inquiète surtout de « la perspective de nouvelles coupures de courant, […] alors que les autorités ont reconnu ne pas avoir pu réparer l’ensemble des dégâts causés l’année dernière ».A défaut de l’emporter rapidement, Kiev peut s’entourer ; alors, rapporte Le Monde, le Parlement ukrainien vient d’adopter une loi pour renforcer le contrôle financier des personnes politiquement exposées, « présentée comme la levée du dernier obstacle sur la route de l’Ukraine vers l’Union européenne ». De l’aveu même de Bruxelles, cette réforme est en tout cas « jugée essentielle pour l’ouverture d’éventuelles négociations d’adhésion, en décembre ». Et en attendant du mouvement, sur ce terrain ou sur le front, raconte une ukrainienne rencontrée par La Croix, « on vit dans une imitation de normalité. »
04:25 25/10/2023
À la Une: Emmanuel Macron suit son propre tempo au Proche-Orient
Un tempo qui aurait bien besoin d’un métronome selon Le Figaro alors que le président français est attendu ce mardi à Tel Aviv. Le quotidien estime « le "en même temps" à l’épreuve du contretemps ». Dix-sept jours d’attente avant de se rendre en Israël, Le Monde en convient : il s’agit là d’une « visite tardive », après celles de l’Américain Joe Biden, du Britannique Rishi Sunak, de l’Italienne Giorgia Meloni ou encore du Néerlandais Mark Rutte. Le chef de l’État en retard ? Non, il a « voulu temporiser », nuance le journal, en raison « des différences de sensibilité en France, où cohabitent la plus importante communauté juive d’Europe […] et un courant propalestinien remobilisé »Certes, consent Le Figaro, le président a peut-être craint de voir les banlieues s'enflammer – façon de pointer sans le dire, et donc sans devoir s'expliquer, les communautés musulmanes habitant ces quartiers. Sauf qu' « à défaut de spontanéité, Emmanuel Macron s’est enfermé dans le calcul ». Ce qui « l’a cantonné jusqu’ici à une invisible diplomatie du téléphone ».Une stratégie qui ajoute de la difficultéCar depuis deux semaines, non seulement il a été précédé de plusieurs dirigeants, mais le conflit s’est aggravé et les écarts se sont creusés. Un spécialiste interrogé par Le Monde avertit : « Si Macron déclare la même chose » que ses homologues, « ce sera catastrophique » en termes d’équilibre. Ce qui l’oblige à « dire quelque chose de neuf » pour rendre un autre discours audible. Difficile lorsque l'on porte la voix d'une « France aphone » comme le titre L’Humanité.Bref, une véritable épreuve de « funambulisme » attend Emmanuel Macron, prévient Libération, puisqu’il « lui faudra apporter son soutien à l’État hébreu, plaider la négociation sur la libération des otages, et en faveur d’un accès humanitaire maximal à Gaza ». De la politique « de casse-cou », avec des chances de réussite assez minimales. Un diplomate rencontre par Libé le dit franchement : « Si le président Biden n’a rien obtenu, ou simplement des miettes, je ne vois pas vraiment comment le président français pourrait obtenir plus. »La Croix en rajoute une couche : depuis le 11-Septembre, Paris n'est plus forcément audible au Proche-Orient. « La question sécuritaire a rapproché [la France] de la ligne israélienne et l’a éloignée de l’espace arabo-musulman. » Conclusion : le pays semble aligné sur l’État hébreu, et le voyage d’Emmanuel Macron « va renforcer, aux yeux du monde non occidental », cette impression. Et le titre catholique assène le coup de grâce : la France est de toute façon de moins en moins crédible dans la région, à cause « des tensions de politique intérieure, liées notamment aux nombreux différends suscités par les querelles autour de la laïcité et de l’immigration ».Polarisation palpable à l’Assemblée nationaleL’hémicycle quasiment vide pour débattre du Proche-Orient n’a pas empêché les rares présents d’exposer leurs divergences, rapporte Libération. Des désaccords entre la majorité et les oppositions, mais surtout entre la gauche et la gauche. « Entre les alliés de la Nupes, le fossé a semblé s’agrandir encore », jusqu’à cette humiliation essuyée par la présidente du groupe La France insoumise (LFI) Mathilde Panot. Son discours, « couvert par les huées des élus de la majorité […] n’a guère été soutenu par les bancs socialistes, écologistes et communistes ».Car LFI, et surtout son chef honorifique Jean-Luc Mélenchon, s'est rendue responsable d'un nouveau fait d'armes : un très virulent message contre la présidente de l’Assemblée Yaël Braun Pivet, en déplacement à Tel Aviv. Réaction immédiate, une « condamnation générale de la part des macronistes » et un « tollé à droite », note Le Monde. Mais à gauche, cela n’a fait que renforcer des divisions déjà creusées. Ce dont se félicite Le Figaro qui n’attend qu’une chose : « Déjà en surchauffe, la machine à polémique ne va pas tarder à exploser » et avec elle, LFI.Un système fiscal prêt à craquerMais vide à pleurer : il lui manque 1000 milliards d’euros. Autant d’argent envoyé vers des paradis fiscaux par les multinationales. « Accablant », se désole L’Huma : « À force de baisser constamment l’impôt sur les sociétés […], les gouvernements rognent eux-mêmes leurs propres recettes. » Il y a un autre problème, souligné par une experte dans les colonnes du quotidien communiste : « À chaque fois qu’on émet une règle en matière de fiscalité, on prévoit des dérogations pour la contourner. » Et c’est bien là la preuve, conclut Le Monde, que « l’évasion fiscale n’a rien d’une fatalité » et « résulte de choix politiques ». Reste à faire les bons.
04:40 24/10/2023
À la Une: le conflit israélo-palestinien accapare la presse française
Un conflit que La Croix qualifie de lutte pour « le droit à la terre » ; un affrontement entre le droit « des Palestiniens à vivre dans un État indépendant » et celui des Israéliens « à vivre en paix et en sécurité ». Deux prérogatives que le journal juge aussi légitimes l’une que l’autre, contrairement aux méthodes utilisées : « Leurs moyens ne peuvent être ceux du terrorisme : le soutien doit aller à ceux qui réclament pacifiquement la justice. » Le quotidien catholique invite « ceux qui, en France, souhaitent apporter leur appui à la cause palestinienne » à respecter ce principe, en référence aux récentes turbulences qui ont agité la gauche française, dont certaines figures hésitent aux qualificatifs à employer pour le Hamas.Des tergiversations que Le Figaro fait volontiers contraster avec l’intransigeance de Xavier Bertrand, cacique de la droite française qui lui, salue le journal, « ne veut "aucune complaisance" avec le Hamas ». Et si le groupe armé palestinien ne représente pas la population palestinienne en elle-même, Xavier Bertrand saute quand même le pas. D’après lui, rapporte le Figaro toujours, « si nous refusons le terrorisme islamique, nous sommes du côté d’Israël ». Une vision partagée par le quotidien d’obédience droitière, qui rapporte ainsi qu’à une manifestation en soutien aux Palestiniens ce dimanche 22 octobre, certains « ne disent pas "Allah Akbar", mais le pensent fort ». Un parallèle aussi expéditif qu’inapproprié entre ces rassemblements et des événements qui hantent la mémoire traumatique nationale. D’ailleurs, le Figaro préférerait ouvertement que ces manifestations soient interdites, lui qui les considère comme « à haut risque ».Liberté de manifesterLe Monde la défend becs et ongles, même s’il prévient : « Nul ne peut l’ignorer : en France, où cohabitent les plus nombreuses communautés juive et musulmane d’Europe, l’importation du conflit israélo-palestinien constituerait un risque majeur. » La question d’autoriser ou non les manifestations de soutien à tel ou tel camp n’a donc rien de superficiel. Mais il n’empêche : « En France comme dans toutes les démocraties, le principe est la liberté de manifestation, et il mérite d’être défendu. » Fort heureusement, se rassure le quotidien, il reste la justice qui, selon lui, a fait preuve ces dernières semaines d’ « un sens de la nuance qui tranche avec les déclarations à l’emporte-pièce de Gérald Darmanin ».Le turbulent ministre de l’IntérieurVéritable « ministre de la surenchère » pour le Monde. Libération estime même avoir affaire à un « affranchi de l’extrême », une sorte de cow-boy de la démocratie, qui « entend démontrer, en agissant quasiment hors-la-loi », que « l’état du droit l’empêche d’agir à sa guise pour assurer la sécurité des Français ». Condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir expulsé des réfugiés tchétchènes, dédit par la justice française à plusieurs reprises ces derniers mois, il est pourtant, estime Libé, « renforcé d’avoir enfreint la loi » sans que cela « émeuve personne » que le gouvernement « traite la justice comme une ennemie de l’intérieur ».Plus sobrement, Le Monde remarque que Gérald Darmanin « clive », « multiplie les déclarations polémiques », et « sature l’espace médiatique ». De fait, il a, rappelle le journal, « de longue date, théorisé une stratégie d’occupation de l’espace public, conscient que chacune de ses déclarations éclipse aussitôt les précédentes pour ne laisser subsister qu’une image de fermeté ». Et cette agitation a, pour lui, un mérite : le poser en « premier flic de France intraitable », face à « la faiblesse supposée d’Emmanuel Macron dans le secteur régalien ».La gauche embourbée dans ses contradictionsDéjà mal en point, la gauche se donne elle-même le coup de grâce et Le Figaro se frotte les mains : « La Nupes n’est plus ce qu’elle était. » La coalition, « brinquebalant ovni politique » est même « au bord de l’implosion… ». Voilà le quotidien prêt à lui donner l’extrême onction.Fait rare, c’est pourtant Libération qui signe l’acte de décès : « La Nupes a implosé sous l’effet du conflit. [...] Personne n’imaginait que la fin serait provoquée par un drame international », et pourtant nous y voilà. Une lente agonie qui a la fâcheuse conséquence de donner à la gauche toute entière, regrette Libé, « l’image confuse d’un camp en proie à des querelles de vocabulaires et des guerres stratégiques ». Et pendant ce temps, conclut amèrement le quotidien, « les amis de Marine le Pen jouent coup double ».
04:36 23/10/2023
À la Une: les suites du conflit au Proche-Orient et l’attentat d’Arras
« Israël-Gaza, au bord de l'abîme. » C'est la Une de l'Obs, cette semaine. L'Obs publie le reportage de deux journalistes palestiniens à Gaza. Le ton est donné d'entrée. « À Gaza, un nouveau message se partage sur les réseaux sociaux. Ou plutôt un conseil, une recommandation, presque une prière, à l'adresse de tous les Palestiniens assiégés de l'étroite bande de terre. Il faut qu'ils inscrivent leur nom sur leurs mains et sur leurs pieds. S'ils tombent sous les bombes israéliennes, leurs corps pourront être identifiés, et ils ne finiront pas dans une fosse commune, enterrés dans un drap blanc, sans la moindre inscription, comme avant eux des centaines d'autres cadavres, à jamais anonymes. » L'Obs se penche aussi longuement sur l'histoire de Gaza, une « prison à ciel ouvert, [...] coincée entre la mer et le désert ». Sur une photo en noir et blanc, datant de 1956, on peut voir un officier israélien interroger un prisonnier palestinien, les mains en l'air. L'hebdomadaire fait également la liste des occasions manquées, celles qui auraient pu donner un autre cours à l'histoire, comme à la fin des années cinquante, lorsque la bande de Gaza passe brièvement sous le contrôle de l'ONU.« Nous n’avons pas de rancœur »M, le supplément du Monde, est de son côté allé à la rencontre d'une famille franco-israélienne. La famille Spitz, qui vivait dans un kibboutz, et dont « la vie a basculé le 7 octobre, lors de l'attaque terroriste du Hamas. Ils ont dû fuir en catastrophe les deux villages où ont grandi leurs enfants ». L'hebdomadaire précise que « la majorité des habitants des kibboutz, ces communautés, historiquement marquées à gauche, était opposée à la politique de Benyamin Netanyahu, et favorable à la création d'un État palestinien ». Le patriarche Patrick Spitz raconte la vie dans les kibboutz autrefois : « Les repas dans une grande salle commune, les enfants qui partagent les dortoirs, les habitants qui travaillent ensemble et changent de fonction tous les trois ou quatre ans. » Depuis, les choses ont un peu changé, « mais nous maintenons deux principes de base dans notre vie commune, explique Patrick Spitz, l'égalité et la fraternité. » Et il ajoute : « La population de Gaza va, elle aussi, souffrir, mais nous n'avons pas de rancœur contre elle. Elle n'est pour rien dans notre tragédie. »Attentat contre un professeur de français à Arras« Après Samuel Paty, Dominique Bernard. Combien de morts faudra-t-il encore ? », se demande Marianne, qui a interrogé Iannis Roder, professeur agrégé d'histoire dans un collège en Seine-Saint-Denis, et membre du Conseil des sages de la laïcité au ministère de l'Éducation nationale. Les enseignants ? « Évidemment qu'ils ont peur et qu'ils vont avoir peur. Ils se disent que ça peut leur arriver aussi. Ce professeur n'a été frappé, comme ses collègues, que parce qu'il représentait l'Éducation nationale. »Lorsqu'on lui demande si l'on a tiré les leçons de ce qui s'est passé depuis les attentats de 2015 et l'assassinat de Samuel Paty en 2020, Iannis Roder s'emporte : « Manifestement non. Puisque pour certains, en France, on ne peut pas parler de terrorisme lorsque des enfants se font assassiner en Israël par exemple. » Allusion sans aucun doute aux déclarations de plusieurs responsables de La France insoumise qui refusent de parler de terrorisme lorsqu'il s'agit des attaques du Hamas. Et Iannis Roder ajoute : « Peut-on aujourd'hui enfin parler d'islamisme sans qu'on nous dise que nous stigmatisons l'ensemble de la communauté musulmane ? »La question de l'islamisme dans le Point« L'islamisme, ses crimes, nos dénis », titre en Une l'hebdomadaire, qui consacre une soixantaine de pages à la question.  Assassinat de Dominique Bernard, nouvelle loi sur l'immigration en France, situation en Israël. Pour le Point, tout se tient. Sur la question de l'immigration, estime le Point, « l'attentat d'Arras a encore une fois jeté une lumière crue sur les failles de notre droit dans le suivi et la non-expulsion de l'assaillant Mohammed M., un fiché S d'origine ingouche en situation irrégulière. La nouvelle loi résoudra-t-elle ce genre de problème ? La question reste en suspens, alors que l'exécutif, nous dit le Point, peine à trouver une majorité, pour voter son projet de loi ».C'est dans ce contexte que Gérald Darmanin accorde une longue interview au Journal du Dimanche. Alors que rappelle le JDD, « la France est en urgence attentat ». Le ministre de l'Intérieur, qui fait face à de nombreuses questions, critiquant implicitement ses décisions, ainsi que les grandes lignes du projet de loi sur l'immigration, que le Journal du Dimanche juge visiblement trop laxiste. Mais que le ministre défend toutefois sans faiblir. « L'immigration, c'est la conséquence des dérèglements du monde, économiques, démographiques, climatiques, religieux. "Je pense", conclut Gérald Darmanin, "que devant l'état du monde et devant ce qui va arriver encore, ce projet de loi très ferme est extrêmement nécessaire. »
05:03 22/10/2023
À la Une: la libération de deux otages américaines
Elles sont en photo dans le Parisien, la mère et la fille, entourées de soldats israéliens, peu après leur libération. « Un soulagement pour la famille, un immense espoir pour des dizaines d'autres, annonce le Parisien qui raconte : les deux femmes, originaires de Chicago, avaient été kidnappées le 7 octobre, alors qu'elles rendaient visite à des proches au kibboutz Nahal Oz. » Le Hamas affirme les avoir libérées, pour « raisons humanitaires. [...] La mère de famille serait en mauvaise santé. [...] Qui a participé à l'opération ? s'interroge le Parisien qui répond aussitôt : La décision fait suite à "une médiation du Qatar", selon le porte-parole militaire du mouvement islamiste ». Mais ce n'est pas tout, précise le journal : « Le Comité international de la Croix-Rouge a apporté sa pierre à l’édifice. Le CICR qui annonce, via sa présidence, avoir contribué à cette opération "en transportant les otages de Gaza en Israël". » Toutefois, les autorités israéliennes ne baissent pas la garde. Témoin ces propos d'un porte-parole de l'armée israélienne : « Le Hamas est en train de clamer à la face du monde qu’il a relâché les otages pour des raisons humanitaires, mais on parle d’une organisation terroriste qui retient en ce moment même des bébés, des enfants et des personnes âgées. »L’offensive militaire toujours en préparationLibération s'est rendu au kibboutz de Beeri à cinq kilomètres de Gaza. Un kibboutz « vidé de ses habitants, [...] dont une centaine ont été tués ou enlevés par le Hamas, le 7 octobre, et devenu un camp de base pour l'armée israélienne ». Quel est l'état d'esprit des soldats ? « Il faut rendre coup pour coup » annonce l'un d'entre eux. Libération a rencontré Yonatan. « Au milieu des maisons éventrées de Beeri, il s’imagine déjà dans Gaza. Il assure ne pas avoir peur de l’invasion. Ni des tunnels, ni des pièges, ni de voir la mort en face. "Je n’ai pas envie d’y aller", dit-il après un temps de réflexion. "Je dois y aller". » Un autre, commandant de réserve, déclare : « On rend service aux Palestiniens, en les débarrassant du Hamas. Un autre encore, "venu des États-Unis pour défendre Israël : "C'est la bataille du bien contre le mal". »Victimes et disparus françaisC'est le cas du journal La Croix, qui précise que le bilan est désormais de 30 morts et sept disparus français. La France est selon le journal, « l’un des pays les plus endeuillés par les attaques du mouvement terroriste qui ont fait plus de 1 300 morts en Israël ». Parmi les victimes, « au moins deux soldats franco-israéliens, morts au combat ». Dont Benjamin, 23 ans, « originaire de Yerres, dans l'Essonne, fils d'un rabbin, engagé dans un bataillon de parachutistes, il aurait été tué à la frontière avec Gaza, en essayant de protéger des victimes du Hamas ». Il y a aussi Valentin, 22 ans. On le voit en photo, souriant, un béret rouge sur la tête. « Ce Franco-Israélien originaire de Montpellier s'était engagé volontairement dans l'armée israélienne et était sur le point d'achever son service militaire », précise la Croix.Le Monde publie des photos prises à GazaC'est un photographe gazaoui de 37 ans, Mohamed Zaanoun, qui a pris ces photos. On y voit des enfants blessés, à terre ou portés par des adultes, des linceuls ensanglantés, des maisons détruites. Le photographe est lui-même pris dans la tourmente.  Le Monde raconte : « L'offensive israélienne est assortie d'un état de siège, plus rien n’entre ni ne sort de l’enclave depuis quinze jours. Plus d’un million de Gazaouis ont été déplacés par les bombardements. » Mohammed Zaanoun est l’un d’eux. Il raconte qu'il « cache à ses quatre enfants que leur foyer n'est plus qu'un tas de gravats. "Je dis à ma fille que j'irai chercher son vélo plus tard, que je n'ai pas le temps. Je lui dis qu'on retrouvera notre maison bientôt". » Manifestations en France« Ces défilés pro-palestiniens qui menacent l'ordre public », titre en Une le Figaro qui précise : « Jeudi soir, une manifestation autorisée par le Tribunal administratif a réuni des milliers de personnes place de la République à Paris. Une partie d'entre elles a scandé "Allah Akbar". » Le journal conservateur prend ouvertement position contre ces manifestations pro-palestiniennes et rend compte exclusivement des réactions de plusieurs élus de droite et d'extrême droite, dont celle de Michèle Tabarot, députée les Républicains des Alpes-Maritimes. « Je suis pour l'interdiction de ces manifestations. On ne peut pas les accepter, quand on sait qu'elles sont infiltrées par de pro-terroristes soutenant le jihad. [...] La question des futures manifestations va se poser très rapidement, remarque le Figaro. De nouvelles manifestations sont prévues ce dimanche partout en France et à Paris. »
04:59 21/10/2023
À la Une, les obsèques de Dominique Bernard...
« L'adieu à un prof extraordinaire », titre le Parisien, avec en Une la photo d'un homme souriant, portant sac à dos, ainsi que livres et papiers sous le bras. « « Les obsèques du professeur assassiné par un ancien élève radicalisé ont eu lieu ce jeudi matin », poursuit Le Parisien. « Une cérémonie chargée d'émotion, suivie par une foule composée d'élèves, d'enseignants et d'anonymes, encore sous le choc ».  Et parmi les plus jeunes, c'est l'incrédulité qui domine, comme pour cette collégienne de 12 ans qui explique : « Je n'arrive pas à croire que c'est vrai, que c'est lui ». Elle a suivi l'un de ses derniers cours, vendredi à 9 H. À la fin il nous a dit : « à lundi pour une interro. Ça devait être sur un truc de Victor Hugo ! ».À l'intérieur de la cathédrale, Isabelle, l'épouse de Dominique Bernard, a pris la parole...  Le Monde reprend ses propos : Dominique « n’aimait pas les réseaux sociaux, la foule et les honneurs, les cérémonies, qu’il avait en horreur... Il n’aimait pas le bruit et la fureur du monde. » Et le journal précise : « Professeur agrégé de lettres modernes, lui qui s’inquiétait tant des dégâts causés par l’ignorance, avait choisi d’enseigner au collège pour tenter d’inciter les élèves, dès la sixième, à délaisser leurs écrans pour les livres, croyant au pouvoir d’émancipation de l’enseignement, de l’art et de la littérature ».De son côté, Le Figaro accuse, rappelant qu'un autre professeur, Samuel Paty, a été assassiné il y a trois ans, presque jour pour jour. « Il faut, nous dit-on, écouter sa sœur ». Reçue en début de semaine par une commission sénatoriale, elle a eu cette remarque : « si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, Dominique Bernard serait encore là ». « En une phrase », souligne le journal, « cette femme a résumé l'état d'esprit d'une majorité de Français. Qu'ont fait nos gouvernants pendant les trois années qui ont séparé les tragédies de Conflans-Sainte-Honorine et d'Arras, que tout rapproche : l'islamisme des assassins, leur passé familial, l'école, la profession des victimes, le mode opératoire, les failles de notre politique migratoire ? »Les journalistes à GazaC'est la Une du journal la Croix. « Informer à Gaza ». En photo, des hommes habillés de gilets pare-balles marqués « Press », ils portent les corps de deux journalistes palestiniens tués à Gaza le 10 octobre. On aperçoit un linceul blanc, surmonté d'un casque bleu, lui aussi marqué « Press ». La Croix nous éclaire sur le contexte : « aucun journaliste n'ayant pu entrer dans l'enclave palestinienne depuis le 7 octobre, aucun média international n'y dispose d'envoyé spécial. La responsabilité d'informer repose donc sur les professionnels locaux, qui travaillent dans des conditions logistiques éprouvantes et au péril de leur vie. » Et La Croix précise : « Le danger, à chaque instant, pèse d'autant plus sur les journalistes, qu'il menace également leurs proches ». Le directeur de l'information de l'Agence France Presse, explique « qu'en même temps qu'ils couvrent l'actualité, la plupart des journalistes de l'AFP essaie d'évacuer leur famille vers la frontière égyptienne, dans l'espoir de la mettre à l'abri. »Reporter et humanisteUne bonne nouvelle, enfin, la libération du journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, sur laquelle revient le journal Libération. Lui aussi a exercé sa profession au risque de sa vie.  « Au moment de sa libération », précise le journal, « Mortaza Behboudi a été contraint de signer un document dans lequel il s’engage à ne plus travailler pour des étrangers, pas même en tant que traducteur lors de manifestations de femmes ». Mais « en prison, il a consigné les récits de ses compagnons d’infortune, notamment des condamnés à mort. Même en détention, Mortaza Behboudi n’a jamais cessé d’être un reporter et un humaniste, les fondements de son identité », conclut Libération.
04:06 20/10/2023
À la Une: le terrorisme, après Arras, Bruxelles
« L'Europe face au regain terroriste » titre Les Dernières Nouvelles d'Alsace. La voix du Nord pèse ses mots et parle de « cauchemar ». « L'Europe en état d'alerte » en Une du Parisien.Trois jours après l'attaque meurtrière dans un lycée français du Nord-Pas-De-Calais, à 150 km de là, deux Suédois ont été assassinés par balles dans la capitale belge.« Actes individuels et endogènes, propagande permanente sur les réseaux sociaux, mentors actifs à l'étranger ou derrière les murs des prisons, la menace prend plusieurs visages », peut-on lire. Une menace « accrue par un jihad d'atmosphère »Pour le journal, le Proche-Orient est « un halo d'excitation […] une actualité qui offre une motivation supplémentaire à tous ces candidats à la haine ».La Croix aussi fait ce lien entre embrasement au Proche-Orient et vague d'attentats islamistes, en posant cette question : « Le risque actuel d'attentat en Europe est-il lié au Hamas ou à l'organisation État islamique ? »Le quotidien fait de la pédagogie : « la guerre entre Israël et le ­Hamas fait craindre à certains une « importation » du conflit en Europe. Mais les attentats d’Arras et de Bruxelles ont tous deux, été revendiqués au nom de l’organisation État islamique ».Selon l'universitaire Myriam Benraad, citée dans l'article, « il est impossible de ne pas faire le moindre lien ». Pour elle : « ce qui se passe là-bas réactive l’idée qu’il faut faire justice aux musulmans sur fond de circulation d’images de civils gazaouis bombardés par ­Israël. Et cela peut faire écho chez les gens qui adhèrent à l’idéologie de l’EI. » Et justement, la guerre entre Israël et le Hamas, toujours à la Une de la presse française « Joe Biden dans la poudrière » titre Libération. Un voyage au Moyen-Orient du président américain jugé « périlleux » par le Figaro. Une visite pour manifester le soutien des États-Unis à Israël. « Une solidarité intéressée », affirme l'Humanité qui voit en cette visite un moyen de réaffirmer le leadership nord-américain sur ce territoire.Autre objectif, contradictoire, tenter de fixer les limites d'une opération à Gaza. Car avant même que cette deuxième phase de combats ne commence le déluge de feu qui s'abat depuis plus d'une semaine sur l'enclave palestinienne a déjà fait « beaucoup trop de victimes » peut-on lire dans Libération. Le journal prévient dans son éditorial « l'opinion publique mondiale est en train de changer radicalement ».Les images du bombardement mardi soir d'un hôpital dans la Bande de Gaza n'arrangent rien. « Carnage » écrit en Une l'Humanité. On peut voir sur le site du Monde des dizaines de corps sous une tente, enveloppés dans du plastique blanc ou recouvert de couvertures. On termine avec cette interrogation :« Existe-t-il un bruit plus rassurant, plus apaisant, plus généreux que le ronronnement d'un chat ? »Question posée dans les colonnes du Figaro. Car (et c'est très sérieux) l'origine anatomique de ce son si caractéristique n'est pas aussi claire qu'on pourrait l'imaginer. Comment un animal aussi petit produit-il un son aussi grave, aussi basse fréquence ? 20 à 30 hertz seulement.Il existe une règle empirique qui dit que les sons émis par un animal sont « proportionnels à la longueur de ses cordes vocales, qui sont proportionnelles à sa taille ». Oui, mais si on suit cette règle, on s'attendrait, en écoutant les ronrons de notre boule poil, à voir apparaitre un éléphant. « Une incongruité qui a donc poussé les biologistes à aller plus loin »Et ils ont découvert que ce sont des sortes de « coussinets intégrés » dans les cordes vocales qui provoquent ce son apaisant. Ils sont donc la clé du ronronnement. C’est le même mécanisme qu'un miaulement, un moyen d’expression, et pas seulement une contraction musculaire.
03:58 18/10/2023
À la Une: Benyamin Netanyahu sur la sellette…
« Benyamin Netanyahu survivra-t-il politiquement à l’un des plus grands désastres de l’histoire d’Israël ? », s’interroge Le Figaro. « Certes, dix jours après la sanglante attaque du Hamas, les Israéliens font bloc derrière leur drapeau. L’armée s’est fixée un objectif : détruire le mouvement islamiste qui règne depuis 2007 sur la bande de Gaza. Plus tard viendra l’heure des commissions d’enquête, chargées de faire la lumière sur les causes de l’échec du 7 octobre. En attendant, les réservistes répondent en masse à l’appel de l’armée, la solidarité s’organise, les dons affluent, les volontaires suppléent à la paralysie de la puissance publique. Mais, note Le Figaro, dans les rues, la colère du peuple israélien contre son Premier ministre est palpable. Le 'King Bibi', qui a entamé en décembre dernier son troisième mandat en tant que Premier ministre, voit dangereusement pâlir son étoile. Et c’est tout un système qui pourrait sombrer avec lui. »« Tu étais où ces dernières années ? »Et Le Figaro de citer le quotidien israélien centriste Yediot Ahronot : « Netanyahu doit savoir que, même s’il ne reconnaît pas sa responsabilité, le public israélien n’oubliera pas. Devant la Knesset hier, Netanyahu a parlé de tout sauf d’une chose : sa responsabilité. Il a parlé des victimes du massacre, mais sans mentionner qu’il est responsable de tout le sang qui a coulé. Il a parlé du 7 octobre comme d’un jour d’infamie, mais il n’a pas dit pourquoi : à cause d’une débâcle de l’armée et des services de renseignements, et à cause d’un gouvernement failli, aux priorités perverties. (…) Sans blague, s’exclame encore Yediot Ahronot, Netanyahu, tu étais où ces dernières années ? »« Pleutre ! »Libération ne mâche pas non plus ses mots… « En échouant à protéger les Israéliens, Benyamin Netanyahu a failli à sa mission la plus essentielle, affirme le journal. Son refus de reconnaître la moindre responsabilité signe sa faillite morale. (…) Aucune excuse publique pour avoir déplacé l’armée des pourtours de Gaza jusqu’aux colonies de Cisjordanie, à seule fin de protéger les colons et de satisfaire ses alliés d’extrême droite. Aucune excuse publique pour avoir dédaigné les alertes lancées peu avant la tragédie. Rien. Ah si, pardon, s’exclame Libération : le Premier ministre israélien a établi des responsabilités, mais ce n'étaient pas les siennes. Les responsables, il faut les trouver à la tête de l’armée et du Shin Bet (le renseignement intérieur), voire parmi ces gauchistes laïques qui ne respectent pas le shabbat. Bref, assène encore Libération, cet homme que l’on savait déjà corrompu, menteur, prêt à brader la démocratie israélienne pour se maintenir au pouvoir, se révèle être aussi un pleutre. Il n’échappera pas à une commission d’enquête. »Nos enseignants : derniers remparts contre l’obscurantismeÀ la Une également, émotion et recueillement hier dans les écoles en France, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty et trois jours après l’assassinat au couteau vendredi dernier à Arras d’un autre professeur, Dominique Bernard.Le Monde laisse éclater sa colère : « que le métier de professeur puisse, en France, être considéré comme "à risque" est inacceptable. Conflans-Sainte-Honorine, Arras… Le pays sait désormais ce qui l’attendrait si le meurtre de Dominique Bernard laissait intacte une certaine naïveté à propos des visées islamistes sur l’école, s’il ne sonnait pas comme un appel au pays à se mobiliser autour de ses professeurs et au ministre de l’Éducation nationale à programmer dans la durée la revalorisation du métier des enseignants, derniers remparts contre l’obscurantisme. »Avoir un travail ne suffit plus pour vivre…Enfin, aujourd’hui 17 octobre, c’est la Journée mondiale du refus de la misère. Avec ce grand titre de La Croix : « lutte contre la pauvreté : pourquoi on n’y arrive pas. (…) Le chômage baisse (en France) et pourtant la pauvreté semble s’aggraver d’année en année. Un paradoxe dont l’explication réside dans des causes structurelles profondes. »L’une de ces causes, pointe le quotidien catholique, « c’est que le travail ne paie plus. Depuis les années 1990 se sont développés tout un tas d’emplois mal rémunérés, avec les CDD, le temps partiel, l’auto-entrepreneuriat… Cette uberisation de la société contribue à ce qu’avoir un travail ne suffise plus pour vivre. »Et « si lutter contre la pauvreté est une question d’argent, c’est aussi et surtout une question de choix politique, relève encore La Croix. La suppression de la taxe d’habitation coûte 20 milliards d’euros chaque année. Porter le revenu minimum à 900 euros, soit l’équivalent du seuil d’extrême pauvreté, c’est entre 7 et 10 milliards d’euros. »
04:13 17/10/2023
À la Une: la guerre en Israël et l'attentat d'Arras
C'est la Une de la Tribune du Dimanche : « Terrorisme : le retour de la peur. » En photo, deux lycéennes qui s'étreignent, l'une d'elle tient un bouquet de fleurs blanches, au lendemain de l'assassinat d'un professeur de français, par un jeune homme d'origine tchétchène. Le journal publie une interview exclusive de la Première ministre Élisabeth Borne qui déclare : « l'attaque contre Israël a pu être un déclencheur à Arras. »« La barbarie sans fin », titre de son côté le Journal du Dimanche. Le JDD a interrogé Marek Halter, écrivain de confession juive. Pour lui, « les liens entre un terroriste du Hamas et un terroriste en France, existent : ils ne sont pas organisationnels mais idéologiques. Les conflits au Proche-Orient rejaillissent sur la France ».L’attaque du Hamas contre IsraëlDans les hebdomadaires, ces images terribles que l'on a beaucoup vues sur les réseaux sociaux ou à la télévision. Des corps, à peine recouverts de quelques linges, sur une autoroute, dans Paris Match. Des jeunes qui fuient la rave party attaquée par le Hamas, à la Une de l'Obs. L'hebdomadaire parle d'une « stratégie du chaos. [...] Occupé par la guerre en Ukraine, aveuglé par le désengagement américain au Proche-Orient, le monde regardait ailleurs. Par sa stratégie du chaos, le Hamas a violemment réinscrit Gaza sur la scène internationale, sans craindre les conséquences inouïes de la colère des Israéliens sur les civils palestiniens et les menaces en cascade pour la stabilité régionale et la paix dans le monde ».La main de l’IranBeaucoup voient derrière cette attaque la main de l’Iran. C'est le cas de Gilles Kepel, spécialiste de l'Islam et du monde arabe. « Le Hamas, nous dit-il dans l'Express, a complètement lié son destin à l'Iran, qui l'arme, le forme, le finance. Même si le Qatar lui donne aussi de l'argent de son côté. Le Hamas est devenu l'équivalent du Hezbollah, un supplétif de Téhéran n'ayant plus d'autonomie stratégique. » Et ce n'est pas tout, le Hezbollah est aussi « décisif », car il permet de bombarder Israël", poursuit Gilles Kepel. « C'est la meilleure sécurité de Téhéran. Si Israël décidait d'attaquer l'Iran, le "parti de dieu" dispose d'un vaste stock de missiles, lui permettant de déclencher une pluie de feu sur la Galilée .»Ils ont tué les innocents« Attaqués en Israël, menacés en France... La haine des juifs », titre le Point qui consacre une trentaine de pages à l'attaque contre Israël et à la vie des juifs en France. « Soudain, l'état d'Israël est apparu vulnérable. Or, il ne peut se permettre de se montrer faible, estime le Point qui ajoute : l'attaque hourdie par le Hamas avec l'appui intéressé de Téhéran, révèle à ceux qui l'ignoraient encore la barbarie des ennemis auxquels Israël doit faire face. Ceux-là ne reculent ni devant les crimes de guerre ni devant le terrorisme le plus abject. Ils ont sciemment visé les civils désarmés, n'épargnant ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes âgées. Ils ont tué les innocents par centaines, ils les ont violentés ou pris en otages, du seul fait qu'ils étaient juifs et vivaient sur la terre d'Israël. »  L'antisémitisme en FranceC'est le « retour de la peur », et même la « chronique d'une haine ordinaire », nous dit le Point. Les Juifs de France subissent au quotidien agressions et insultes antisémites », ajoute l’hebdomadaire. Exemple avec Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale. « Avec la notoriété, raconte le Point, sont arrivés les premiers courriers antisémites, tous anonymes évidemment. Des injures, des croix gammées, des étoiles de David, des petits cercueils dessinés portant le nom de ses enfants et sur Internet, des avalanches de tweets, innombrables et enragés. » Un Parisien de 49 ans témoigne de son côté : « Quand je porte ma kippa, je sens les regards désagréables, alors elle reste dans ma poche pendant shabbat, surtout quand je me balade avec mon fils. »« Nous avons peur, titre l'Obs. Pour les juifs de France, déjà traumatisés par plusieurs crimes antisémites, le spectre d'une importation du conflit israélo-palestinien a ressurgi. » Certains sont même prêts à quitter leur pays. Comme cet autre Parisien qui « prépare son départ pour l'état hébreu et déclare : "J'aime la France, je suis attaché à mes racines. Mais c'est la France qui ne nous aime plus trop. Comment croiser dans la rue des personnes qui se réjouissent de la mort de civils, de jeunes, de femmes, d'enfants..." Les témoins que nous avons interrogés, précise de son côté le Point, ont pour la plupart requis l'anonymat. Ils s'accordent sur ce constat : en 2023, on ne crie pas sa judéité sur les toits ».
04:55 15/10/2023
À la Une: l'assassinat d'un professeur de français
« La barbarie islamiste frappe la France », titre en Une le Figaro qui d'emblée pose deux questions : « Le terroriste d'Arras a-t-il voulu répondre à l'appel au jihad lancé par le chef du Hamas pour le vendredi 13 octobre ? » ou « entendait-il "célébrer" dans le sang, trois ans après - presque jour pour jour - la décapitation de Samuel Paty par l'un de ses compatriotes tchétchènes ? » Mais le journal ne compte répondre à aucune de ces deux questions, car « la réalité est ailleurs. Elle saute aux yeux. Mohamed M., 20 ans, l'assassin [présumé, NDLR] du professeur de la cité scolaire Gambetta, n'aurait jamais dû se trouver en France. Ni lui, ni sa famille, débarquée en 2009. C'est à la bruyante mobilisation des traditionnelles associations militantes pour les migrants, que ces caucasiens doivent de ne pas avoir été expulsés en 2014 ».De son côté, Libération retient que « Dominique Bernard est mort d'avoir été professeur [...] c'est une nouvelle fois l'école et ses valeurs, que les terroristes islamistes abhorrent, qui ont été visées ce vendredi 13 octobre ». Et Libération précise sa pensée : « Les terroristes détestent l’école, forcément, puisque c’est sur ses bancs que s’enseigne tout ce qu’ils abhorrent : la tolérance, le vivre ensemble, l’esprit critique, l’art de penser librement, l’acceptation de la différence. »Sujet brûlant« L'école frappée au cœur », titre Parisien, devant la photo de Dominique Bernard, légèrement souriant, une tasse à la main. Une photo visiblement prise dans un cadre privé. Le Parisien s'en prend à « ceux qui rechignent à dénoncer les dérives radicales et portent une lourde responsabilité ». Allusion à peine voilée au débat qui traverse la Nupes, la gauche française. « Tout ce qui se passe aujourd'hui en Israël et dans la bande de Gaza résonne fortement en France, poursuit le Parisien. Le sujet est brûlant. La peur de la contagion grandissante. L'équilibre tellement précaire ! Autant de raisons pour faire bloc et ne pas motiver des passages à l'acte. »La guerre en Israël et à GazaAvant une probable attaque terrestre, « Israël a ordonné hier l'évacuation vers le sud de "tous les civils" de la bande de Gaza, soit plus d'un million de personnes », rappelle la Croix. Le journal a interrogé des habitants qui « refusent de partir », et expliquent pourquoi. Comme Ziad Medoukh, le directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza : « Je ne céderai pas aux menaces et aux pressions d’Israël : avec ma femme et nos cinq enfants, nous avons décidé de rester chez nous. » Et la Croix poursuit :« Ziad Medoukh voit dans l’évacuation demandée vendredi par Israël les prémices d’une "nouvelle Nakba", terme arabe signifiant "catastrophe" et désignant l’exil forcé de 700 000 Palestiniens après la création de l’État d’Israël en 1948. Autrement dit, un départ sans retour. "Rester chez moi, c’est ma façon de résister, explique Ziad Medoukh. Même si cela revient à attendre la mort". »Enfin, le Monde donne la parole à Vincent Lemire, professeur d'histoire. Il estime que « depuis l'attaque du Hamas contre Israël, nous sommes entrés dans une période obscure, qu'il est encore impossible de nommer. [...] Il n'y a aucun précédent, plus de 1 200 morts en une seule journée, pour les Israéliens, c'est un bilan plus lourd que durant les cinq années de la seconde Intifada, entre 2000 et 2005 ». Vincent Lemire distingue cinq grandes périodes dans ce qu'il appelle la « tragédie israélo-palestinienne ». « L’histoire nous enseigne que c’est au bord de l’abîme que des décisions douloureuses peuvent être prises. Ce cinquième acte – celui du dénouement dans la tragédie grecque – a commencé par des scènes de guerre, de pogrom et de carnage. Il appartient aux Israéliens, aux Palestiniens et aux consciences internationales d’en écrire les scènes suivantes. »
04:10 14/10/2023
À la Une: la guerre entre le Hamas et Israël
« À Gaza, l'enfer », titre en Une Libération, qui publie des photos d'enfants blessés, du sang sur le visage et sur les jambes, un bandage autour de la tête. Certains d'entre eux pleurent. « Soumis à un siège total, par les autorités israéliennes, les Gazaouis, privés d'eau, d'électricité et de carburant, sont au bord de la catastrophe humanitaire », poursuit le journal. Un homme de 54 ans témoigne : « On est soumis à un blocus total. Ce sont les civils qui paient le prix de choix politiques, d'un côté comme de l'autre. C'est une punition collective. » Mediapart a interrogé Jean-François Corty, le vice-président de Médecins du Monde : « Il n'y a plus aucun lieu sûr à Gaza. Aller secourir des blessés, c'est risquer sa vie. » L'organisation non gouvernementale internationale ne reçoit plus désormais que des « nouvelles parcellaires, de son équipe sur place, composée d'une vingtaine de personnes. Ils craignent le moment où il n’y aura plus d’électricité, ils nous ont prévenus qu’ils ne pourraient bientôt plus recharger leurs téléphones et leurs ordinateurs. »Détresse des familles d'otages françaisElles tenaient hier une conférence de presse à Tel Aviv. RFI y était, Libération s'en fait également l'écho, expliquant que cette conférence de presse se tenait « loin de l'horreur des kibboutz suppliciés du pourtour de Gaza... Mais, derrière le pupitre où sont apposées les photos de disparus franco-israéliens, il suffit d’un mot tremblant, d’une larme brûlante, d’un hoquet qui vaut tous les hurlements pour être plongé au cœur de l’horreur ». Parmi les témoignages, celui d'Ido Nagar, « pâle comme un linceul », nous dit Libération, il berce sa fille de six mois, Ellie. Sa femme Céline se rendait avec deux amis à la rave party fatale... Ido raconte : "Sur la route, la pluie de roquettes les pousse à se réfugier dans un abri. Céline a pensé que des soldats arrivaient, mais c’étaient les barbares." » Ils n’ont aucune nouvelle d’elle depuis. « Céline allaitait, elle prenait des cachets tous les jours aussi, souligne son frère, Samuel. Tout ce qu’on veut, c’est une photo. Vivante ou morte, on veut savoir. »Le métro de Gaza« Hamas, l'idéologie terroriste », titre le Parisien qui s'exclame : « Le Hamas est aussi l'ennemi du peuple palestinien. Ses combattants savent que les crimes contre l'humanité perpétrés samedi dernier déclencheront une réponse terrible contre les habitants de Gaza, utilisés comme boucliers humains. » Le Parisien nous entraîne aussi dans « le métro de Gaza », l'expression choisie par l'armée israélienne, pour désigner les tunnels, « creusés par le Hamas sous les principales villes de la zone qu'il administre. Des tunnels que les combattants connaissent par cœur », affirme un chercheur américain, interrogé par le journal qui précise : « Parfois creusés à 30 ou 40 mètres de profondeur, ces tunnels sont le plus souvent placés sous des infrastructures civiles. [...] Ils pourraient être aussi "un avantage en cas d'incursion terrestre israélienne", poursuit le Parisien. Des combattants du Hamas pourraient ainsi se retrancher dans un labyrinthe réputé imprenable, avec le risque que des soldats israéliens s'y retrouvent piégés. »Joie des premiers Français rapatriésIls sont arrivés hier jeudi à Paris. Le Monde en a rencontré quelques-uns. « Tous racontent leur soulagement de quitter une zone de guerre, le stress du bruit des sirènes, des avions ou des roquettes et les heures confinées dans des pièces blindées. » Un soulagement parfois teinté de tristesse. Gabrielle, une Franco-Israélienne de 29 ans, se dit « soulagée d'être en France, pour ses trois enfants, mais en deuil pour son peuple ». Elle a quand même quelques mots d'espoir. « J'ai fait une petite valise, dit-elle, car je veux être optimiste, j'espère retourner bientôt en Israël. »
04:07 13/10/2023
À la Une: Israël sur le pied de guerre
« Le monde retient souffle, s’exclame Le Parisien en première page. Quelque chose se prépare, pointe le journal. Depuis l’assaut surprise du Hamas contre Israël, samedi, l’armée israélienne a rappelé 300 000 réservistes. La société civile fait face aux drames et se mobilise pour soutenir l’effort des soldats de Tsahal qui préparent la riposte. » Désormais, « trente-cinq bataillons israéliens entoureraient l’enclave palestinienne, où seraient détenus des dizaines d’otages ».« Israël en ordre de bataille », renchérit Libération en première page. Libération qui est en certain : « L’offensive terrestre de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, qui paraissait samedi n’être qu’une ultime possibilité, semble être devenue inévitable. Après la découverte de l’étendue des massacres perpétrés par le Hamas sur des civils, dont de nombreux enfants, l’opinion publique israélienne est chauffée à blanc, exactement comme l’espéraient les terroristes. »Face-à-face inexorableEt Libération de prédire que « nul ne pourra maintenant arrêter le déferlement des tanks. Les États-Unis sont entrés en période électorale, la Chine n’a aucune influence politique dans la région, l’Europe est profondément divisée et la Russie s’attend à en bénéficier. La théorie selon laquelle une invasion de Gaza, un labyrinthe de ruelles densément peuplées cachant un immense réseau souterrain piégé et bunkérisé, serait trop coûteuse en vies humaines pour Tsahal s’est effacée après le bilan vertigineux des morts israéliens cette semaine ».Et « c’est principalement la population civile de Gaza qui en paiera le prix, soupire encore Libération, car toute offensive terrestre sera précédée d’un tapis de bombardements aériens forcément aveugles. Les deux opposants principaux aux accords d’Oslo, Ismaël Haniyeh pour le Hamas et Benyamin Netanyahu pour le Likoud, se retrouvent maintenant dans ce face-à-face inexorable que leurs propres actions ont engendré. L’un est dans son asile doré au Qatar, l’autre dans sa villa fortifiée de Césarée ». Et Libération de citer cette phrase de l’écrivain Jean Giraudoux tirée de son roman La Guerre de Troie n’aura pas lieu : « "le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse". »Que cherche Jean-Luc Mélenchon ?Pendant ce temps, en France, la polémique se poursuit après le refus par une partie de l’extrême gauche de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Dans son éditorial, Le Monde n’y va pas par quatre chemins. Le Monde dénonce « une forme de complaisance envers la violence la plus barbare. (…) Que cherche Jean-Luc Mélenchon ?, s’indigne le quotidien du soir. À renforcer sa base électorale dans les quartiers ? À monter les communautés les unes contre les autres ? À encourager l’antisémitisme ? À cautionner le terrorisme islamiste ? Toutes ces questions méritent d’être ouvertement posées, s’exclame Le Monde. Non seulement au sein de son parti, mais aussi au sein des autres composantes de la Nupes, tant le cas Mélenchon est devenu le problème de toute la gauche. (…) À chaque fois que le leader des "insoumis" les a heurtés par son comportement autoritaire, ses excès, son sectarisme, son attrait pour les régimes forts, ils ont protesté mais finalement courbé l’échine, sans voir qu’à chaque fois c’est un peu de leur valeur qu’ils sacrifiaient et de leur capital qu’ils perdaient. Il est plus que temps, conclut Le Monde, de s’affranchir de cette tutelle ».« Ridicule et indécent… »Le Figaro s’interroge en écho : « Les acteurs non mélenchonistes de la Nupes ont choisi de s’indigner. Mais ne veulent pas rompre… Mélenchon leur fait-il donc encore si peur ? Manquent-ils d'audace ? Restent-ils prisonniers de leurs intérêts électoraux ? »En tout cas, conclut La Dépêche du Midi, « face à l’immense défi qu’Israël doit relever et aux conséquences géopolitiques qui pourraient ébranler une nouvelle fois le Proche-Orient, chez nous, les tergiversations politiciennes d’un Jean-Luc Mélenchon nous paraissent ridicules et pour tout dire infiniment indécentes. Honte à ceux qui hésitent ou qui ont peur des mots – les tueurs du Hamas ont démontré ce qu’on savait déjà, martèle le quotidien toulousain : ils sont bel et bien des terroristes. De la pire espèce ».
04:31 12/10/2023
À la Une: les otages israéliens au cœur de la guerre…
Leurs photos sont à la Une de Libération : une mère et ses deux filles. Doron, 34 ans, Raz, 5 ans et Aviv, 3 ans. « Samedi, relate le journal, elles ont été prises dans la tourmente de l’offensive du Hamas, qui a fait irruption à l’aube dans leur kibboutz de Nir Oz, à la frontière avec Gaza. Depuis un abri, Doron téléphone à son mari, Yoni. Elle est calme, elle chuchote. "Elle essayait de rassurer les filles, elle jouait avec elles", raconte sa belle-sœur. "Et puis plus rien, on a suivi la géolocalisation de son téléphone. On l’a vu se déplacer, jusqu’à Khan Younès", un quartier de Gaza. »« Une famille parmi tant d’autres », soupire Libération en première page. Doron et ses deux filles sont désormais otages à Gaza, comme des dizaines d’autres, des civils, peut-être plus d’une centaine et des soldats aussi, ils seraient une cinquantaine… Des Israéliens en majorité, mais aussi des bi-nationaux et des étrangers.Et « c’est la question qui hante Israël et, au-delà, tous les pays concernés à travers le monde, souffle Libération. Y a-t-il la moindre chance de récupérer vivants ces enfants, ces femmes et ces hommes pris en otages ? La menace lancée lundi soir par le Hamas de tuer un otage à chaque fois qu’un bombardement israélien toucherait des habitations civiles de l’enclave palestinienne n’a pas empêché Tsahal de continuer à pilonner Gaza. Ni le Premier ministre israélien de promettre l’enfer aux terroristes. Benyamin Netanyahu est si affaibli qu’il n’a plus le choix, pointe Libération : il doit hausser le ton pour faire oublier qu’il a baissé la garde sécuritaire. Il n’empêche que le dilemme est cornélien, surtout pour les Israéliens qui, jamais, ne renoncent à récupérer un prisonnier. »La bande de Gaza pilonnée et… envahie ?« Si le calcul du Hamas était de retenir le bras d’Israël, il semble perdu, relève Le Figaro. Pilonné sans relâche, des quartiers entiers aplatis sous les obus, Gaza compte déjà des centaines de morts et 200 000 civils sans abri, selon l’ONU. Mais la "résistance islamique" a d’autres usages possibles pour ses prisonniers : boucliers humains pour dissuader des frappes, victimes expiatoires pour semer la terreur… Elle a promis d’assassiner un otage pour chaque bâtiment civil détruit par Israël sans préavis. Ces vidéos d’assassinats compléteraient le tableau de la sauvagerie humaine. »Pour La Croix, c’est désormais sûr : « après l’effroi et la sidération, Israël prépare une invasion de la bande de Gaza (…). Son objectif affiché est de ‘"détruire" le Hamas. Selon les experts, l’opération combinerait dans un premier temps les composantes aérienne, terrestre, maritime et spatiale de l’armée pour frapper les centres de commandement ennemis dans un déluge de feu. Puis une offensive terrestre serait lancée, croit encore savoir La Croix, avec blindés et fantassins, pour réduire à néant les combattants et l’infrastructure guerrière du Hamas. Une bataille dangereuse et incertaine, qui pourrait durer des semaines. »Vers une nouvelle conflagration régionale ?Et finalement, constatent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « les islamistes du Hamas ont réussi à amener Israël dans la tourmente en attendant d’attirer ses troupes dans Gaza avec pour appâts la centaine d’otages qu’ils ont enlevés. Mais leur but ultime est de déclencher une nouvelle conflagration régionale, affirme le quotidien alsacien. D’inciter les mouvements de résistance armée de Cisjordanie, mais aussi le Hezbollah libanais, à attaquer de leur côté. D’impliquer ouvertement enfin l’Iran et la Syrie. Une spirale de mort, un engrenage qui est bien entendu un piège que chacun voit bien mais qu’il n’est plus possible d’éviter. »Le Monde pointe également « les risques de déstabilisation régionale que la tragédie de samedi dernier peut entraîner : (…) parmi les comparaisons historiques forcément imparfaites qui se sont multipliées pour donner corps au séisme que vient de constituer le 7 octobre pour Israël, celle avec le 11-Septembre est revenue avec régularité. À la lumière de la réaction américaine et de ses errements d’alors, on se prend à espérer, soupire Le Monde, que la riposte israélienne, dans l’intérêt des populations concernées, ne nourrisse pas la perpétuation du conflit. »
04:13 11/10/2023
À la Une: la spirale du pire au Moyen-Orient
« C’est un terrible engrenage qui est en train de s’enclencher au Moyen-Orient et personne ne peut en prédire l’issue, soupire Libération. L’attaque terroriste du Hamas sur Israël a plongé dans l’horreur l’État hébreu qui enterre ses plus de 800 morts et pleure ses otages qu’il sait menacés à chaque seconde, surtout depuis les menaces d’exécution lancées hier soir par le Hamas. Mais elle plonge aussi dans l’horreur les Palestiniens de Gaza, qui ne sont pas tous des soutiens du Hamas : plus de 600 ont déjà été tués et beaucoup encore risquent de mourir sous les bombes, ou même de faim vu qu’Israël a décrété un siège total de ce qui est déjà une prison à ciel ouvert. »« Comme dans un cycle inlassablement funeste, une chape de mort s’abat de nouveau sur Israël et la bande de Gaza, renchérit Le Figaro. La férocité dont a fait preuve le Hamas palestinien en massacrant par centaines des civils chez eux et des jeunes lors d’un concert dans le désert a ouvert une traînée de sang qui peut se transformer en rivière. En attendant de porter son "Sabre de fer" au cœur de Gaza, l’état-major de Tsahal rassemble ses forces et impose un "siège complet" à l’enclave palestinienne, constate encore Le Figaro. À l’enfermement de 2 millions de miséreux depuis des décennies s’ajoutent dorénavant les coupures d’eau, de gaz et d’électricité. Et les bombardements déjà constants, en représailles ou pour préparer le terrain, promettent là aussi aux civils de payer le prix fort dans la guerre qui s’annonce. »L’heure n’est pas à la paix…Dans ces conditions, tout espoir de paix est vain…En effet, relève Le Parisien, « la moitié de la population palestinienne a moins de 20 ans ; la moitié de la population israélienne, moins de 30 ans. Ces générations n’ont, pour ainsi dire, jamais entendu leurs leaders parler de dialogue, de négociation, de cohabitation. Elles ont grandi au mieux dans la méfiance, au pire dans la haine des jeunes du même âge qui leur font face. Comment cela pourrait-il constituer une base pour la paix ? »D’autant, souligne Le Monde, que « les fossoyeurs d’Oslo, la droite israélienne et le Hamas, sont aux avant-postes. Ils n’ont rien d’autre à offrir que des impasses : l’éradication, mille fois promise, du Hamas pour Benyamin Netanyahu, dont les civils de Gaza paieraient le prix ; la "victoire" selon le Hamas, qui n’est rien d’autre qu’un carnage sans lendemain. Du fait du désengagement des États-Unis et des Européens, la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes – à l’exception de ceux restés dans l’orbite iranienne (Liban et Syrie) – cette normalisation aurait pu permettre, estime Le Monde, de rouvrir une perspective politique et d’apporter une réponse à la question palestinienne, probablement imparfaite mais préférable au gouffre actuel. Cette question a été considérée, à tort, comme totalement accessoire par ceux qui ont déjà franchi le pas (Maroc, Émirats arabes unis, Bahreïn). La paix doit pourtant être la paix pour tous, s’exclame le quotidien du soir. Un sursaut international est impératif pour pouvoir encore espérer. »En effet, complète La Charente Libre, « devant l’impossibilité d’imaginer une quelconque négociation et face à cette guerre effroyable qui pourrait s’étendre, la communauté internationale, à commencer par le monde arabe et les États-Unis, semble être la seule à terme capable de débloquer une situation inextricable aujourd’hui. Ce n’est pas le moment de l’évoquer mais il est encore temps de l’envisager. »Vers une régionalisation du conflit ?Alors, que va-t-il se passer demain et après-demain ? Pour Les Echos, « le soutien militaire, logistique et financier de l’Iran à l’action du Hamas va probablement conduire Israël à punir l’Iran. Comment ? Question capitale. Un nouveau cycle de violence interétatique pourrait s’ouvrir au Proche-Orient. (…) Une guerre régionale entre Israël et l’Iran est-elle sur le point de commencer ? »Et puis, sur le plan intérieur, s’interrogent encore Les Echos, « le gouvernement d’extrême-droite israélien (critiqué pour n’avoir rien vu venir) va-t-il s’effondrer ou bien être renforcé ? (…) Les prochains jours seront décisifs. »
04:01 10/10/2023
À la Une: Israël en guerre
« Des centaines de morts, des milliers de blessés, des prises d’otages en nombre. Le choc, depuis samedi matin, est total pour la population israélienne, constate Ouest France. Il est à la mesure de l’attaque portée par le Hamas : meurtrière et déstabilisante par son ampleur, inédite par ses modalités, lourde de menaces par ses conséquences. »« Surprise, effarement, carnage, onde de choc dévastatrice : il y aura un avant et un après 7 octobre 2023, soupire Le Figaro. Cinquante ans après la guerre du Kippour, qu’Israël avait failli perdre, trente ans après la signature des accords d’Oslo, qui avaient permis de rêver de paix, le Proche-Orient est renvoyé à son "ground zero", ce point d’impact où il ne reste que des ruines. »Et désormais, relève La Croix, « l’agression du Hamas semble signer la mort définitive de l’action diplomatique au Proche-Orient.  Trente ans après les accords d’Oslo, la colonisation juive en Cisjordanie a atteint un point de non-retour, alors que la bande de Gaza est soumise depuis 2007 à un blocus qui met sa population à genoux. De l’autre côté, le Hamas refuse toute conciliation avec Israël, se plaçant dans la posture d’une opposition radicale et violente. Entre eux, des Palestiniens de Gaza qui n’ont d’autre perspective que de vivre dans un territoire sans avenir, avec une jeunesse qui, enfermée dans une prison à ciel ouvert, n’a guère d’alternative à l’action violente. L’offensive du Hamas est certes une démonstration de force du groupe terroriste, qui a fait la preuve qu’il pouvait déstabiliser l’État hébreu. Mais nul doute que cela se paiera cher, estime La Croix, et notamment pour les habitants de Gaza. Une fois la stupeur des premiers jours passée, il reste à espérer que la population israélienne comprenne l’impasse dans laquelle la politique actuelle du gouvernement l’entraîne, elle et tout le territoire. Sinon, on voit mal comment on évitera un nouveau bain de sang… »En effet, renchérit La Charente Libre, « en encourageant la colonisation des territoires palestiniens, Israël a ruiné toute solution à deux États. Le messianisme tient lieu de politique pour les plus radicaux qui font la loi et les gouvernements. Le territoire d’Israël abrite une bombe démographique entre deux communautés qui veulent se haïr, l’une ayant décidé de dominer l’autre. Cette guerre pourrait n’avoir qu’un seul mérite : ouvrir enfin les yeux de la société israélienne sur l’impasse qui l’attend. »Libération pour sa part, souligne « l’échec tactique » du Premier ministre israélien : « Benyamin Netanyahu porte une lourde part de responsabilité dans cet échec stupéfiant de son pays à protéger ses citoyens, affirme le journal : son alliance tactique avec le Hamas, visant à affaiblir tout légitime représentant de la cause palestinienne, l’a poussé à vider la frontière du sud de ses effectifs militaires pour les concentrer en Cisjordanie, conformément aux demandes messianiques de ses alliés d’extrême droite. Il en paiera probablement le prix politique ; mais c’est bien peu de chose comparé à la souffrance infligée à son peuple. »Dans une tribune à lire dans Le Monde, Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, est sans concession envers l’actuel gouvernement israélien : « Ce que nous venons de subir (…) est la résultante d’une conjonction de deux facteurs, affirme Elie Barnavi : une organisation islamiste fanatique dont l’objectif déclaré est la destruction d’Israël ; et une politique israélienne imbécile à laquelle se sont accrochés les gouvernements successifs et que le dernier a portée à l’incandescence. »Désormais, « Netanyahu est au pied du mur, constate Sud-Ouest. S’il ne ressoude pas le pays dans une forme d’union nationale, il aura du mal à reprendre le contrôle des événements alors qu’à la frontière du Liban, le Hezbollah pro-iranien menace de prendre Israël en tenaille. L’État hébreu a montré maintes fois sa capacité de réaction. Mais la prise d’otages d’envergure perpétrée par le Hamas permet à celui-ci d’entraver les mains de l’état-major israélien. En 2011, rappelle Sud-Ouest, Israël avait dû accepter de libérer mille prisonniers palestiniens pour récupérer le seul soldat Gilad Shalit. Dans cette guerre asymétrique lancée depuis Gaza, Israël vit sa plus grande épreuve depuis la guerre du Kippour. »
04:12 09/10/2023

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