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Reportage France

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Titres

L'État français conteste une nouvelle fois sa responsabilité dans le scandale du chlordécone aux Antilles. Ce pesticide ultra-toxique a pourtant été largement utilisé pendant des années, avec l'aval des autorités françaises, dans les plantations de bananes en Martinique et en Guadeloupe, et ce, malgré sa dangerosité. Le chlordécone est responsable de plusieurs maladies graves, dont des cancers. Le gouvernement vient de déposer un recours devant le Conseil d'État contre la décision de la cour administrative d'appel de Paris qui avait reconnu l'État « fautif » et qui l'avait condamné à indemniser une poignée de victimes (11) sur les quelque 1 300 plaignants. Notre correspondante a pu rencontrer plusieurs victimes, outrées du manque de considération de l'État.  Aujourd'hui, plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée au chlordécone, selon Santé publique France.

20/05/2025 • 02:31

En France, les téléphones interdits dans les collèges ? La ministre de l'Éducation, Élisabeth Borne, annonce la généralisation de la « pause numérique » à la rentrée prochaine. Le principe est simple : les collégiens n'auront plus du tout accès à leur téléphone dès qu'ils rentrent en cours. Cette année, près de 200 établissements ont expérimenté ce dispositif. Un an après, quels sont leurs retours ? Elisa Savaete s'est rendue dans l'Aube, à l'est de la région parisienne, au collège Jean Jaurès de Nogent-sur-Seine, poser la question à ceux qui testent déjà la pause numérique. Un reportage d'Elisa Savaete. À lire aussiLa France veut une interdiction totale des téléphones portables au collège

19/05/2025 • 02:29

En France, le débat parlementaire se poursuit sur la délicate question de la fin de vie. Les députés ont approuvé, samedi 17 mai, la création d'un « droit à l'aide à mourir », dans une version qui prévoit que les patients devront s'auto-administrer la substance létale s'ils en ont la capacité. Le texte sur l’aide active à mourir divise puisqu'il pose aussi la question de l'ouverture à l'euthanasie. Un geste qui implique aussi le corps médical. RFI a tendu son micro aux proches d'un patient qui en a bénéficié, mais aussi à un médecin français qui y est opposé. « Je m'adresse à vous en tant que futur défunt, au terme d'un long parcours de soins liés à une maladie mortelle et incurable. » Atteint d'une tumeur au cerveau, Nicolas Menet est mort à 44 ans, le 4 février 2023, à l'hôpital. Dans cette vidéo posthume, on voit marcher ce colosse dans la campagne ardéchoise, un bâton de montagnard guide ses pas. Il s'adresse aux parlementaires qui débattent actuellement sur la fin de vie : « Je ne veux pas quémander l'autorisation de mourir auprès des médecins. Je ne veux pas souffrir inutilement. Je veux choisir le moment, le lieu et l'endroit. Personne ne peut juger s'il est trop tôt pour moi ou trop tard, si je suis encore en bon état ou pas. Je dois être le seul à pouvoir juger de mes souffrances psychiques si j'en ai encore la possibilité cognitive. »Nicolas Menet militait pour la liberté de choisir l'euthanasie, autrement dit que le médecin ait le droit d'administrer la substance létale. Le texte prévoit pour le moment cette possibilité, à condition que la décision soit collégiale et que le praticien soit volontaire.Chef de service d'une unité de soins palliatifs pendant 25 ans, Claude Grange, lui, est contre l'euthanasie. « Ma seule compétence, ma seule légitimité, c'est d'avoir accompagné 4 000 personnes en fin de vie. Dans ces 4 000 personnes, il y en a que trois qui, malgré tous les bons soins, ont voulu aller en Suisse. Il y a plein de personnes qui peuvent être au départ dans une demande. Mais à partir du moment où on les soulage, on les entoure et on fait des choses qui ont du sens pour eux, ils ne nous demandent plus de mourir. Personne n'a envie de mourir. Même les grands malades. Ce sont les conditions du mourir qui font qu'on a envie de mourir. Quelque part, là, on va réintroduire la possibilité de donner la mort de la main des soignants. C'est catastrophique », explique-t-il, estimant que ce n'est pas au médecin de donner la mort.Jacques Buffières, qui a accompagné son mari Nicolas en fin de vie, répond à Claude Grange : « C'est la position de ce médecin. Ce n'est pas la position de tous les médecins. On peut avoir des clauses de conscience. Cela me paraît légitime qu'un médecin qui ne veut pas faire cela ne le fasse pas. Je rappelle quand même que, dans la France entière actuellement, des médecins, sans le dire, avec l'accord de la famille, osent cet acte. Comme avant 1974, des médecins pratiquaient des avortements sur des femmes. C'est cette hypocrisie, qu'on a connue sur l'avortement, à laquelle il faut mettre fin désormais. »Comme pour l'avortement, certains malades décident d'aller à l'étranger, dans des pays où cette pratique est autorisée. Un choix réservé à ceux qui en ont les moyens.À lire aussiFin de vie: les députés français approuvent un article créant un droit à l'aide à mourir

18/05/2025 • 02:29

En France, les pouvoirs publics ont choisi de tourner leur campagne de prévention vers les jeunes et en particulier vers l'école pour cette journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Collégiens et lycéens peuvent appeler le 3018, une ligne d'écoute dédiée. C'est aussi pour lutter contre le harcèlement qu'il a lui-même subi que le comédien Régis Nkissi, originaire de Seine-Saint-Denis, a publié il y a quelques semaines le récit de son parcours : Comment Marilyn m'a sauvé la vie, témoignage d'un adolescent passionné de mode et de cinéma, victime de violence dans son collège d'Aulnay-sous-Bois. À lire aussiLutter contre l’homophobie, un «sujet encore très tabou et délicat» pour les jeunes footballeurs

15/05/2025 • 02:31

Le lycée Averroès de Lille (Nord) est l'un des derniers établissements privés musulmans sous contrat avec l'État. Un contrat qu'il a failli perdre pour de bon : la préfecture du Nord l'avait résilié en 2023, invoquant de graves manquements aux valeurs de la République. Une raison contestée par les familles et par le tribunal administratif. En avril dernier, le tribunal a demandé le rétablissement immédiat du contrat. Un soulagement pour les élèves et leurs parents. Pour eux, être scolarisés dans cet établissement est essentiel. C'est la garantie de bons résultats, d'une qualité d'enseignement et surtout la possibilité de vivre sa religion. Thomas, 43 ans, nous accueille dans son appartement. Musulman converti, il a six filles. Trois d'entre elles sont scolarisées dans l'établissement musulman Averroès. « Ce que je vois, c'est le côté familial, chaleureux, en tout cas, c'est que me disent mes filles. » Hajar, 12 ans, est rentrée du collège. Elle acquiesce : « L'enseignement est, je trouve, sérieux, et les profs sont à fond pour aider les élèves. Ils nous aident jusqu'à ce que l’on réussisse. Tant qu'on ne réussit pas, ils ne nous lâchent pas. »Ce qui a aussi convaincu Thomas, c'est la possibilité pour ses filles de vivre leur religion. Des salles de prières sont à disposition des élèves et le voile est autorisé : « Ma fille, si elle le désire, si elle veut porter le voile, elle peut le faire là-bas, ça compte énormément. C'est important qu'elle se sente épanouie, si jamais elle veut suivre la religion de la famille, qu'elle puisse le faire à la maison, mais aussi à l'école. »  Lailla est maman de trois enfants. Cette mère de famille a toujours été attentive au contenu de l'enseignement, notamment à ce que l'établissement appelle « cours d'éthique », des cours consacrés à la question des religions. Nous la rencontrons dans un parc avec sa fille désormais à la fac : « Régulièrement, je leur demandais de quoi elles avaient parlé. C’était très rassurant, car ce qui était abordé tournait beaucoup autour des valeurs, du respect de l’autre, etc. »L'autre point important pour Lailla et pour sa fille : que les programmes soient les mêmes que dans n'importe quel autre établissement. « Est-ce que l'on enseigne bien les cours de musique, de SVT, etc. Oui », affirme la maman. « Je pense que s’il y avait abstraction de quelque chose, cela se verrait sur les résultats scolaires ou sur les diplômes sur les examens nationaux, comme le brevet ou le bac », ajoute sa fille.« On voyait cela comme une injustice »Le lycée a enregistré 96% de réussite au bac l'an dernier. La fille de Lailla l'a eu, avec mention, et elle vient de terminer sa première année de médecine. Mais la préfecture et les autorités, comme le président de la région Xavier Bertrand, ont essayé pendant deux ans de supprimer le contrat entre le lycée et l'État. « Nous, on voyait cela comme une injustice, on ne comprenait pas. Nous, on est à Averroès du matin au soir et depuis des années et on sait ce qui s’y passe et il n'y a pas de problèmes », affirme-t-elle.« Ce lycée avec un tel taux de réussite dérange. C’est un lycée musulman, dans la banlieue de Lille, avec un taux d’élèves boursiers de 60%. C’est de l'acharnement. Est-ce que ce sont les musulmans qui sont ciblés, est-ce que l’on ne veut pas les voir réussir ? », se demande la mère de famille.  L'établissement a retrouvé son contrat, mais l'affaire a laissé des traces. Les frais de scolarité ont augmenté l'année dernière, forçant certains élèves à changer d'école. Comme Hajar, la fille de Thomas, qui quittera à contrecœur Averroès à la rentrée pour un collège public.À lire aussiL’enseignement de l’arabe en France: un éternel débat?

14/05/2025 • 02:36

En France, comme chaque année, Bibliothèques sans frontières va à la rencontre du grand public dans le cadre de la très grande collecte de livres. À peine terminé, les livres ont une seconde vie. Ils seront redistribués à travers le monde dans différents projets : dans des camps de réfugiés, mais aussi dans des micro-bibliothèques en milieu rural ou en province. L'association famille langues cultures, l'AFaLaC implantée au Mans dans le centre-ouest de la France a reçu une dotation de 1 300 ouvrages pour alimenter une micro-bibliothèque très originale qui accueille beaucoup de famillles étrangères.  L'association famille langues cultures, l'AFaLaCBibliothèque sans frontières

13/05/2025 • 02:36

C’est le scandale sanitaire de ce début du XXIe siècle : les PFAS. Ces polluants éternels sont des substances chimiques très persistantes. On en trouve dans nos objets du quotidien : produits de beauté, pesticides, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs... Mais ils sont aussi apparentés à des perturbateurs endocriniens, et leurs effets sur la santé humaine, avérés ou potentiels, sont multiples. En France, une loi a été votée en février dernier sur le sujet. Objectif : interdire les cosmétiques, vêtements ou encore les chaussures qui en contiennent à partir de 2026. Une législation bien loin de satisfaire les habitants de la « vallée de la chimie », près de Lyon. Dans la région, alors que près de 220 000 personnes sont concernées par cette pollution, la lutte contre les PFAS s’organise : une action judiciaire de masse a été lancée par plusieurs ONG pour aider les habitants de la région. « Là, c'est le centre d'essai et derrière, c'est Daikin avec ses ateliers ». Thierry Mounib habite Pierre-Bénite, dans le sud de Lyon. Face à lui : les usines Daikin et Arkema. « Si on se retourne, on a les stades de foot. Là, c'est l'école maternelle. On a fait des prélèvements sur l'école maternelle, c'est une catastrophe. »Avec son association Bien vivre à Pierre-Bénite, Thierry Mounib alerte sur la pollution de son environnement, et sur des problèmes de santé dans son entourage, qu’il soupçonne être liés aux PFAS. « Ma femme a été opérée d'un d'un cancer du sein et elle a Parkinson. Autour de moi, dans toutes les maisons, il y a des cancers. Aux États-Unis, qu'est-ce qui s'est passé quand c'était prouvé ? Les entreprises 3M et DuPont ont été obligées de verser des milliards pour le suivi de la population. Arkema et Daikin, ils refusent. Ils ne vont pas verser les milliards pour la population de Pierre-Bénite. »À lire aussiPFAS: peut-on se débarrasser des polluants éternels ?« Un sérieux doute sur la qualité désormais des légumes »Tous ces espoirs reposent désormais sur une action judiciaire de masse. Objectif : que 500 victimes potentielles des PFAS dans la région lyonnaise demandent en même temps des réparations financières aux entreprises Arkema et Daikin pour de multiples préjudices subis concernant la santé, le moral ou une perte de valeur immobilière par exemple. Alain a déposé son dossier après avoir fait une prise de sang. Il s'est aperçu être contaminé en regardant les microgrammes de PFAS présents par litre de sang.« Moi, je suis à 22,6. Quand vous regardez la grille donnée par le laboratoire, au-dessus de 20, il y aura des problèmes sur la santé. Ceux qui ne sont pas le plus proche de l'usine, comme nous, par exemple, à un kilomètre et demi, ils ont l'impression quand même d'avoir échappé au problème. On a quand même un sérieux doute sur la qualité désormais des légumes qui nous sont fournis ou des œufs. »À lire aussiPFAS: «La France doit prendre des mesures urgentes contre la pollution de l'eau potable»Une action judiciaire unique en FranceCette action au civil sur les PFAS est une première en France. Louise Tschanz est avocate spécialiste du droit de l'environnement au cabinet Kaizen, celui qui s'occupe des potentielles victimes de contamination aux PFAS.« L'idée, c'est qu'on crée de la jurisprudence qui ait vraiment beaucoup d'impact et que ça amène les entreprises à ne pas faire des décisions comme celles qui étaient prises par Arkema. C'est-à-dire de savoir qu'il y a une pollution très grave qui est en train de se passer et de continuer à faire des profits. L'idée, c'est que ça leur coûte tellement cher que la prochaine fois, lors de leur décision business et dans leur comité de pilotage, ils se disent, "Ok, ce n'est pas possible de réagir comme ça". Il faut préserver l'environnement et la santé, sinon la population va faire des actions en justice qui vont nous coûter très cher. »Selon l'avocate, cette action judiciaire de masse est unique par son ampleur et pourrait être la plus importante d’Europe.À lire aussiPFAS: une vaste enquête journalistique révèle le coût astronomique de la dépollution en Europe

12/05/2025 • 02:36

Il y a tout juste un an, le 13 mai 2024, de violentes émeutes éclataient en Nouvelle-Calédonie. Liée à une réforme électorale contestée, l’insurrection a duré plusieurs mois, faisant au total 14 morts et causant au moins deux milliards d’euros de dégâts. Dans la capitale, Nouméa, certains quartiers, notamment les plus populaires, peinent à se relever. Mais un an après les émeutes, des initiatives émergent pour leur redonner vie et retisser du lien social. De notre correspondante à Nouméa,Un peu de musique qui s’échappe d’un restaurant ouvert, où des mères de famille animent un petit marché. Rien de plus banal, et pourtant, la scène est exceptionnelle à Kaméré. Dans ce quartier très populaire de Nouméa, le seul supermarché a été incendié en mai 2024, tout comme la pharmacie, une partie du collège et la médiathèque. Alors, l’ouverture il y a six semaines du restaurant de Yasmine Goulamhoussen a surpris les habitants. « Qu'il y ait un petit peu de musique d'animation au restaurant, ça fait du bien à tout le monde. J'ai l'impression que c'est un peu comme s'ils s'étaient sentis abandonnés. Ils se posent même la question : comment ça se fait que quelqu'un ait osé venir alors que tout le monde nous a dit que personne ne viendrait ? »À lire aussiProjet de l'Etat pour la Nouvelle-Calédonie: les pistes sur la table des discussionsDes tensions persistantes, mais un appel à l'unité pour l'avenir de la CalédonieLes tensions de 2024 ont laissé des traces et, surtout, creusé un immense fossé entre les quartiers populaires, fers de lance de la mobilisation indépendantiste et les autres. Ariane le constate avec regret, les Calédoniens ont du mal à se retrouver. « Les gens ne veulent plus aller chez les uns ou les autres. "Viens, on se retrouve à tel endroit. Non, je ne viens pas parce que si je pars trop tard, il pourrait y avoir quelque chose". Tout ce que j'attends des Calédoniens, c'est du discernement, de faire la part des choses. Ce qui a été, a été ; ce qui sera, c'est à bâtir. Donc, il faut vraiment qu'on se tourne vers le futur ».Le lien rompu, c’est aussi avec les jeunes du quartier. Pendant des mois, ils se sont mobilisés sur les barrages. Certains restent encore aujourd'hui dans la rue, entre colère toujours présente et difficulté à retrouver une vie normale, pointe Élise. « C'est difficile encore pour les jeunes. Moi, j'ai invité plein de jeunes à venir. Mais il n'y a pas, il n'y a que les deux de ce matin qui sont venus. Et ouais, il n'y a pas encore. Ils m'ont promis que cet après-midi, ils viendraient, mais ils ont peur du regard des autres. Beaucoup ont peur du regard des autres et qu'il y ait des gens d’ailleurs ici. Ils sont beaucoup gênés ».Virginie, une des doyennes du quartier, veut croire à un retour à la normale, qui, selon elle, a déjà commencé. « Moi, je trouve qu’il a beaucoup changé, maintenant ça va. Ce n'est plus comme avant. Avant, ils faisaient tous des bêtises. Mais là, c’est calme le quartier. Moi, je dis qu’il ne faut pas avoir peur, il faut venir discuter avec les jeunes ». Une confiance exprimée par de nombreux Calédoniens malgré l’échec des négociations sur un avenir politique qui risque de faire replonger l’archipel dans l’incertitude.À lire aussiNouvelle-Calédonie: Manuel Valls a repris son bâton de pèlerin et entame une troisième session de pourparlers

11/05/2025 • 02:31

Ce samedi 10 mai marque la Journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. À cette occasion, la commune d’Arcueil, en région parisienne, inaugurera une stèle commémorative. Cet événement s’inscrit dans une dynamique nationale de création de nouveaux lieux de mémoire (monuments, sculptures, plaques) qui prennent progressivement place dans l’espace public de plusieurs communes en France. À écouter aussi10 mai : Journée nationale des mémoires, de la traite et de l’abolition de l’esclavage

08/05/2025 • 02:35

Il y a tout juste un an, Marseille vivait en avant-première la ferveur des Jeux olympiques et paralympiques. Le 8 mai 2024, la flamme olympique arrivait dans la cité phocéenne depuis Athènes. Transportée à bord du Belem, elle était escortée par quinze éclaireurs, des jeunes en quête d’une insertion professionnelle. Parmi eux, un réfugié afghan, Zabih Yaqubee, 26 ans. Il travaille désormais dans un chantier naval à la Rochelle, mais peine à stabiliser sa situation administrative et familiale. À première vue, c’est un labyrinthe. Pas facile de s’orienter dans l’immense chantier naval en pleine effervescence, alors nous sommes guidés jusqu’au département menuiserie où nous attend Zabih Yaqubee. Le jeune homme travaille sur l’aménagement d’un imposant catamaran : « Je construis les chambres, la cuisine, la salle de bain, les toilettes, avec du bois », explique-t-il. Grâce au voyage olympique à bord du Belem, Zabih Yaqubee dit avoir trouvé sa voie, toujours dans l’univers marin : « Avant de travailler ici, j’étais un peu perdu dans ma tête, je ne savais pas quoi faire. Ce voyage m'a donné envie de travailler dans l’univers du bois et celui des bateaux ». Zabih YaqubeeAprès avoir quitté l’Afghanistan, Zabih Yaqubee s’est réfugié en France en 2021. Et dans ses nouveaux habits de menuisier, dit-il, il a retrouvé confiance en lui. “Quand tu vois tout ce que tu as fait à la fin de ta journée, tu te dis que tu es quelqu’un de fort, un vrai menuisier ! savoure le jeune homme. « Avant, je n’étais pas capable de terminer un travail joli et propre tout seul. Aujourd’hui quand je vois et je touche, c’est vraiment artistique ». Zabih Yaqubee passe régulièrement sa main sur le bois travaillé afin de relever d’éventuelles impuretés, « c’est la sensation qui me rend heureux et fier à la fin de mon boulot ».« Il ne faut pas nous oublier » Sur son téléphone, Zabih conserve les souvenirs de l’arrivée à Marseille à bord du Belem. Un an plus tard, ce métier de menuisier lui plaît, mais il se dit découragé par le maigre salaire qu’il perçoit. Il est insuffisant pour aider sa famille, notamment sa femme installée en Iran, où les cours de français ont un coût élevé : « J’ai fait une demande de regroupement familial, mais malheureusement ç'a été refusé, car jusqu’alors, mon salaire n’était pas au niveau du SMIC [le salaire minimum, ndlr] ». Alors le jeune homme prévoit de faire une nouvelle demande dès que possible. En attendant, c’est un sentiment d’abandon qu’éprouve le réfugié : « Représenter la flamme olympique et la France, c'est une grande chose. Mais, il ne faut pas nous oublier aussi. Il faut nous aider. Aidez-moi à faire venir femme, aidez-moi au niveau du logement, du travail, de la vie quotidienne, pour changer vraiment ma vie ». Une vie que Zabih Yaqubee espère poursuivre en France. Il a sollicité un renouvellement de son titre de séjour, mais attend toujours une réponse, huit mois après sa demande.À lire aussiEn France, les réfugiés peinent à accéder à l'emploi

07/05/2025 • 02:35

En France, un ancien pirate somalien est menacé d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Mahmoud Abdi Mohamed avait 22 ans lorsqu’il a pris en otage avec quatre autres somaliens l’équipage du Tanit en 2009, un voilier français dans le golfe d’Aden. Abdi a purgé sa peine de neuf ans de prison et s'est installé depuis en Bretagne, où RFI l'a rencontré. Après dix ans d'insertion réussie, la préfecture d’Ille-et-Vilaine lui demande de quitter le pays.  À lire aussi«L'homme aux bras de mer»: portrait d’un pirate somalien du «Tanit» en BD

06/05/2025 • 02:32

Les discriminations envers les personnes racisées dans le domaine médical existent en France. Délais d’attente plus longs, sous-estimation de la douleur chez certains patients, stéréotypes culturels plaqués sur les symptômes. Pas facile lorsqu'on est racisé d’être toujours entendu. Plusieurs affaires, dont certaines très médiatisées, ont mis au grand jour ces différences de traitement. Dans un univers médical qui prône l’égalité d’accès aux soins entre tous les patients, la question des discriminations reste un sujet très sensible. « Quand j'étais en salle d'accouchement, la sage-femme est venue me trouver et elle m'a dit : "Madame, surtout ne vous inquiétez pas si vous entendez hurler dans les salles d'à côté parce que, ce sont des personnes d'origines étrangères et que dans leur culture, en fait, elles ont besoin de s'exprimer. Mais ce n'est pas qu'elles ont mal". » Sonia Bisch, à la tête de Stop Vog, milite contre les violences obstétricales et gynécologiques. L'exemple qu'elle nous donne n'est pas un cas isolé des discriminations.Élodie, originaire de l'île Maurice, en a subi dès son plus jeune âge : « J'ai déjà eu des remarques comme ça de médecin quand j'étais enfant, on ne s’adressait même pas à moi pour me demander où est-ce que j'avais mal. Parce qu'ils considéraient que je ne parlais pas français, parce que j'étais foncée. » Élodie laisse échapper un rire nerveux. Elle garde un souvenir douloureux de ses trois grossesses. Elle n'a oublié aucun détail : « "Oh, mais vous n’êtes pas arrivée à terme", me dit la sage ferme alors que j'ai vraiment mal. Mon ventre se contracte et ce n’est pas normal. On me dit revenir le lendemain matin, puis le surlendemain, alors que je n'arrivais plus à marcher. Ce n'est qu'au bout de la troisième fois que l'on prend en considération ma demande… J'avais des contractions à tout va, en fait, et mon travail avait déjà commencé depuis au moins un jour. » Ce calvaire, Élodie va encore le vivre pour ses deux autres grossessesLes professionnels racisés ne sont pas épargnésCes a-priori racistes, le professeur Xavier Bobia, cheffe des urgences du CHU de Montpellier, les connaît bien. Avec son équipe, il a réalisé une étude sur les différences de prise en charge liées au sexe et à l'origine ethnique des patients, en s'appuyant sur l'intelligence artificielle. Les images des patients étaient construites à partir d'un logiciel : « Les soignants qui ont des images d'hommes évaluent la gravité du cas clinique plus grave que ceux qui ont des images de femmes. Et les soignants qui ont des images de personnes d'apparence noire évaluent la gravité moins importante que les autres apparences blanches, asiatiques et maghrébins. »Les professionnels de santé racisés ne sont pas épargnés par ces préjugés. « On est en l'an 2000. Je suis accueillie dans un stage où on me dit : "Ah ben, on ne t’a pas dit, mais nous, on n'aime pas les Noirs", se souvient Amina Yamgnane, gynécologue-obstétricienne et ancienne cheffe de service à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. C'est quelque chose que vous ne pouvez pas faire semblant d'oublier ce qui a été ma stratégie, ça a été l'excellence. Et en effet, j'acquiers des compétences. Les professionnels me font confiance. J'ai créé une clinique, j'ai été cheffe de service ici à l'hôpital américain pendant six ans et je suis le seul médecin afro-descendants de tout l'établissement en France. »On le voit bien, parler des discriminations ethno-raciales dans le secteur médical reste encore un sujet tabou.À écouter aussiLutte contre les préjugés raciaux en médecine

05/05/2025 • 02:35

Saint-Félix-de-Pallières et ses environs, dans le sud de la France, vivaient depuis plus de cinquante ans au milieu de tonnes de déchets miniers hautement toxiques. Après une décision du Conseil d'État en avril 2024, de délicats travaux de dépollution ont enfin été lancés à l'automne. De notre envoyé spécial, de retour de Saint-Félix-de-Pallières et ChangéPour accéder au chantier depuis la route qui vient d’Anduze, André Charrière a pris à droite juste avant la maison des Leclercq. Il a traversé le petit pont qui enjambe le Paleyrolles pour s’engager sur un chemin forestier cabossé et finalement s’arrêter quelques centaines de mètres plus loin, bloqué par deux pelleteuses en plein travail. Alors il est descendu de sa voiture et le voici qui contemple la scène, placide, un classeur sous le bras. À vrai dire, il n'y a plus grand-chose à regarder. Simplement une étendue de terre fraîche clôturée par un grillage et, là-bas, émergeant d'un tas de branchages, un panneau qu'on déchiffre en plissant les yeux : « Attention danger ». Il paraît neuf mais c'est déjà un vestige. Celui d'une époque pas si lointaine où s'arrêter ici pour pique-niquer était vivement déconseillé. Et pour cause : le sol était gorgé de métaux lourds à des niveaux explosant les records. André Charrière a tout répertorié dans son classeur. « La dernière analyse menée cet été avant le lancement des travaux a relevé à certains endroits des teneurs en plomb de l'ordre de 100 000 à 600 000 mg par kilo de matière sèche. C'est deux mille fois le seuil de toxicité ! », s'émeut-il. Il n’en revient toujours pas.Exploitation et désinvoltureAndré Charrière était autrefois géologue. Il est aujourd'hui l'un des piliers de l'Association pour la dépollution des anciennes mines de la Vieille Montagne (ADAMVM), qui s'est montée après qu'un rapport faisant état de zones fortement contaminées par les métaux lourds dans la commune a été exhumé d'un tiroir de la mairie. C'était il y a quinze ans. Depuis, quand un journaliste se rend à Saint-Félix-de-Pallières pour un reportage sur le sujet, c'est souvent lui qui se charge de le guider sur ces terres empoisonnées par plus d'un siècle d'exploitation minière et de désinvolture.À lire aussiEaux métalliques: dans les Cévennes, un «paradis empoisonné» [1/2]Dans les années 1950, le secteur de la Croix-de-Pallières était le troisième plus grand site minier de zinc et de plomb de France. À sa fermeture en 1971, des tonnes de résidus ont été abandonnés là, en pleine nature. Outre le zinc et le plomb, on y trouve des particules de manganèse, d’arsenic, de cadmium, d’antimoine… que les grosses pluies automnales charrient jusqu’aux cours d’eau et que les vents éparpillent dans la vallée. L'organisme public Geoderis a cartographié 43 hectares de dépôts, l'équivalent de 61 terrains de football, dont le Conseil d'État a fini par exiger la dépollution en avril 2024. En tant que dernier exploitant des mines, et bien qu'il ne soit plus propriétaire des terrains, le géant belge Umicore a dû s'exécuter. Les travaux ont commencé ici, au cercle de l'Issart, juste en contrebas du chemin où André Charrière a laissé sa voiture. Ce premier chantier, lancé en novembre, aura duré trois mois. Quelques jours plus tôt, le retraité avait pu observer le ballet des engins déblayer la terre contaminée, aussitôt analysée puis transportée par camions dans des sites d’enfouissement spécialisés, avant que le sol ne soit recouvert d'une première couche de galets et de tout-venant, et d'une seconde de terre végétale. Quelque 4 000 tonnes de terre ont ainsi été extraites, soit plus du double qu'initialement prévu. En raison de sa forte toxicité, la quasi-totalité a été emportée à 800 kilomètres de là, au centre de stockage de déchets dangereux de Changé, dans le département de la Mayenne. L'un des treize du genre que compte l'Hexagone.Un long processusLe visiteur qui s'attendait en arrivant sur place à pénétrer sur un site ultra-protégé, avec barrières métalliques et agents de sécurité, en sera pour ses frais. Avec ses bâtiments en vieilles pierres blottis dans un écrin de verdure, l'endroit fait davantage penser à un hôtel thalasso qu'à un site classé Seveso seuil haut. « Ici, c'est juste la partie administrative », précise Alain Rospars, directeur environnement chez Séché Eco-Industries, propriétaire du lieu. C'est lui qui assure la visite, chaperonnée par la responsable communication du groupe venue tout spécialement de Paris.Elle démarre quelques dizaines de mètres plus loin, au niveau de l'entrée des camions. Le processus de traitement des déchets, lui, commence bien en amont, avec l'examen d'un échantillon par lixiviation. L'opération menée en laboratoire consiste à déterminer la capacité du matériau à retenir ses éléments polluants en le mélangeant dans de l'eau qui est ensuite filtrée puis analysée. Si le résultat n'est pas satisfaisant, d'autres essais sont effectués avec l'ajout de ciments. Jusqu'à trouver la bonne formule. « Cette étape peut prendre jusqu'à deux mois, selon la complexité du traitement, pointe Alain Rospars. De toute façon, on ne peut pas émettre de certificat d'acceptation tant qu'on n'obtient pas un résultat conforme à la réglementation. »À l'arrivée des camions, nouveau test, cette fois pour vérifier que la cargaison correspond bien à l'échantillon envoyé. Place ensuite à la stabilisation : les déchets sont déversés dans un malaxeur, où ils subissent le même traitement que celui réalisé en laboratoire. Ils sont enfin transportés dans des « alvéoles », aussi appelées « casiers », en fait d'immenses fosses tapissées de plusieurs couches d'argile et de membranes synthétiques censées empêcher toute contamination des sols, et parcourues par un système de drainage. « Cette argile à un coefficient d'imperméabilité d'un nanomètre par seconde. Cela veut dire qu'il va falloir à la goutte d'eau un siècle et demi pour traverser les cinq mètres d'argile », fait valoir Alain Rospars. Une fois l'alvéole pleine, elle est recouverte du même millefeuille, de façon à former une capsule hermétique finalement enveloppée d'une couche végétale. À raison de 60 à 120 camions réceptionnés par jour, entre 350 000 et 380 000 tonnes de déchets dangereux sont ainsi traités et stockés chaque année à Changé. Le site devrait arriver à saturation peu après 2040.« Comment va-t-on faire pour dégager tout ça ? »Dans le Gard, les pelleteuses doivent revenir cet été pour attaquer le deuxième chantier. Cette fois, c'est un ancien carreau de mine qui doit être dépollué. Sylvie Dupard guette le retour des engins avec une pointe d'appréhension. L'association qu'elle copréside accueille depuis 25 ans des « roulards », des semi-nomades qui vivent de petits boulots et logent dans leurs camions, sur ce terrain où les teneurs en métaux lourds affolent les compteurs. Mais ce n'est pas ça qui inquiète Sylvie Dupard. « On ne suce pas les cailloux et on ne boit pas l'eau des flaques », lance-t-elle, gouailleuse. Non, ce qui la tracasse, c'est surtout l'ampleur du travail qui l'attend : avec le temps, l'endroit s'est transformé en une espèce de casse auto qu'il va falloir débarrasser avant l'arrivée des ouvriers. « Comment va-t-on faire pour dégager tout ça ? », s'interroge-t-elle tout haut.En ce qui concerne les travaux de dépollution, c'est déjà un peu plus clair, du moins dans son esprit : le dépôt minier devrait être confiné sous une immense bâche imperméable recouverte de « bonne terre », à la manière de ce qui a été fait juste en face pour la « digue Umicore », une dune de 3,5 hectares renfermant une tonne et demie de résidus miniers. « Ils vont installer des drains tout autour du carreau et dans les pentes, et puis là-bas, tout au fond, ils vont faire un grand bassin de rétention pour collecter les eaux de pluie », décrit Sylvie Dupard avec force geste. Sylvie Dupard se prend déjà à rêver de lendemains bucoliques. Ici, on planterait des fleurs pour égayer un terrain jusqu'alors désespérément sec. Là, on mettrait des petites barrières, pourquoi pas en bois. Michel Sala, le maire de Saint-Félix-de-Pallières, verrait bien quant à lui un champ photovoltaïque à l'endroit où le premier chantier vient de se terminer. Cela permettrait de produire de l'énergie et puis cela empêcherait les quads et les motocross de labourer des terres longtemps contaminées.Des questions en suspensCinquante ans après la fermeture de la mine, une page s'est enfin tournée dans ce coin des Cévennes. Mais l'histoire n'est pas terminée pour autant. L'avenir de la mine Joseph, le troisième site qu'Umicore doit traiter, reste en suspens. Le géant belge n'a pas répondu à nos demandes sur le sujet. Des tonnes de résidus miniers y sont stockées à flanc de colline, juste au-dessus du Paleyrolles, dont l'eau est teintée d'une inquiétante couleur ocre. « On ne lâchera rien », promet Michel Sala.Se pose aussi la question de l'indemnisation. Celle de Michel Bourgeat, que la justice lui refuse alors que la maison qu'il a construite de ses mains ne vaut aujourd'hui plus rien. Et celle de tous ceux qui ne peuvent plus jardiner et qu'on pourrait peut-être aider à installer des potagers hors-sol. « Ça ne coûterait pas grand-chose », tente de plaider l'édile. Il y a enfin l'aspect sanitaire. En 2016, l'Agence régionale de santé avait publié les résultats d'une vaste campagne d'analyse sanguine menée auprès des riverains. Elle avait révélé que près d'un quart d'entre eux présentaient des taux d'arsenic supérieurs à la normale. Il n'y a eu depuis aucun suivi. Michel Sala en est dépité : « On s'est arrêté au milieu du gué ».

04/05/2025 • 02:30

Alors que les tensions sont vives entre Paris et Alger, les opposants au régime d'Abdelmadjid Tebboune vivant sur le sol français se retrouvent, eux aussi, pris pour cible par le pouvoir algérien et ses partisans depuis plusieurs mois. À l'instar de l'influenceur Amine DZ qui avait été enlevé il y a un an. Menaces, cyberharcèlement, condamnations par contumace, deux activistes politiques installés en France racontent les outils de pression qu'utilisent le régime et l'existence discrète qu'ils sont contraints de mener. Sur ces réseaux sociaux, l'activiste Chawki Benzehra critique le régime algérien à visage découvert. Mais une fois la caméra éteinte, il vit caché. Chaque déplacement est millimétré. « Je fais très attention de sortir principalement en voiture, de ne pas prendre le même chemin, être incognito dans la rue. Je choisis les endroits avec beaucoup de précautions. C'est plus une vie normale », raconte-t-il.Le mois dernier, il apprend que son nom figure sur une liste de trente opposants vivant en France, sur lesquels Alger se renseigne. Un fonctionnaire, accusé d'espionnage et arrêté, aurait fait sortir leurs informations personnelles des bases de données administratives de l'État français. L'activiste algérien bénéficie du statut de réfugié politique, mais pour lui, ce n'est plus suffisant. « C'est plus une protection administrative qu'une vraie protection de mon intégrité physique. À cause des pratiques du régime algérien et de ses agents présents sur le sol français. Maintenant, ce n'est plus possible de vivre normalement en étant opposant au régime algérien en France », regrette-t-il.Même prudence chez Aksel Bellabbaci, opposant lui aussi, car il milite pour l'indépendance de la Kabylie, région du Nord de l'Algérie. « Bien sûr, on change toujours nos habitudes. On change aussi le lieu de résidence. Parce qu'on est tout le temps surveillé, on est tout le temps suivi. On sait de quoi il est capable ce régime », confie-t-il. En juin 2024, alors qu'il vit en France depuis 2012, la police française le convoque et lui apprend qu'un mandat d'arrêt a été déposé contre lui. « J'ai découvert que j'étais accusé d'être derrière des incendies de la Kabylie de 2021 où il y avait à peu près 500 morts et le lynchage de Djamel Bensmail, un Algérien qui a été assassiné, lynché sur le territoire kabyle », se souvient-il.Des motifs fallacieux et absurdes selon lui, qu'il ne prend pas au sérieux. Mais qui révèlent la pression juridique qui pèse sur ses épaules. « J'ai été condamné à 14 reprises. En tout, il y a 203 ans de prison plus deux condamnations à mort », énumère-t-il. Contrairement à Chawki Benzehra, la demande d'asile politique d'Aksel Bellabbaci n'a pas encore été acceptée. Il pourrait donc être extradé si la justice française donnait son feu vert. La cour d'appel de Paris devait rendre sa décision cette semaine, mais a finalement choisi pour la deuxième fois de la reporter.À lire aussiEn région parisienne, la crise diplomatique entre Paris et Alger vue par les Franco-Algériens

01/05/2025 • 02:34

Le 1er mai est un jour de lutte pour tous les travailleurs et travailleuses en France. RFI se penche sur une problématique propre aux professions libérales, la question du congé maternité. Exemple chez les avocates, parmi lesquelles 17 % ne prendrait pas leur congé maternité, contre 10 % dans les autres professions. La maternité reste un parcours difficile pour ces avocates : mise au placard, licenciement, perte de clients. Des syndicats d'avocats se battent pour faire respecter les droits des futures mères, et notamment leurs congés maternité. Dans la 13e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, l'atmosphère est tendue. Une vingtaine d'avocats et avocates, robes noires sur le dos, sont venus soutenir Lola de Laâge. Cette avocate demande un renvoi d'audience, c'est-à-dire le report du procès sur lequel elle doit intervenir, car elle est enceinte. « Ma consœur devait partir en congé maternité plus tard. Pour des raisons médicales, elle a dû commencer son congé plus tôt que prévu. Elle en a avisé dès que possible le président de la chambre correctionnelle concerné. Qui lui a indiqué qu'il fallait qu'elle se prépare à ce que cette demande de renvoi soit rejeté et que son client soit jugé sans elle », déplore Manon, l'une de ses amies.Lola de Laâge est absente depuis le déclenchement de son arrêt maternité. Alors c'est sa consœur Sophie Allaert qui plaide pour elle. L'audience est mouvementée. Le président de l'audience, Guillaume Daïeff lève les yeux au ciel durant la plaidoirie. Le représentant du parquet s'agace. Selon lui, Lola de Laâge a gardé le dossier, malgré son arrêt, pour continuer à toucher de l'argent. Les avocats se lèvent, indignés. Le report de l'audience est finalement accepté, mais pas d'explosion de joie chez les avocats.À la sortie de l'audience, Sophie Allaert semble lessivée. « C'était la pire audience de ma vie. Aujourd'hui, en 2025, on est en train de nous dire qu'un arrêt maternité, et encore plus pathologique, ne justifie pas un renvoi. Donc, on est encore au point zéro. Moi, j'aimerais qu'on pose une question. Je n'ai pas dix ans de barre, je n'ai pas vingt ans de barre. Mais de mon expérience, je n'ai jamais vu un renvoi refusé lorsqu'un confrère fait état d'une problématique médicale. Et là, c'est exactement le cas. On est sur un arrêt pathologique et on s'en fiche », s'indigne-t-elle.Lola de Laâge n'était pas présente, mais ses collègues lui ont raconté l'audience. Elle est sous le choc : « À la base, c'est peut-être naïf de ma part, je n'ai pas imaginé que ça allait poser des difficultés. Je ne comprends pas que ce ne soit pas un motif légitime de renvoi. Et qu'on doive se justifier et venir expliquer des choses que je considère de l'ordre de l'intime à une audience. Franchement, c'est regrettable. » Le cas de Lola n'est pas une première. Il y a un an, une avocate a perdu les eaux et fait une crise d'épilepsie en pleine audience au tribunal de Paris. La raison ? Le renvoi de son audience avait été refusé par le tribunal.Pour Chloé, avocate, il y a un problème de sexisme au sein de la profession et faire partie d'une profession libérale n'arrange rien. « Il faut savoir que très peu d'avocates sont salariés. Quand on est libérale, on n'est pas protégées par le droit du travail. Donc, il y a ce risque d'être licenciée du jour au lendemain. Il y a aussi le sujet de comment on garde ses clients si l'on est arrêtés pendant quatre mois comme c'est notre droit. On est de fait interdit de travailler, sinon on n'a pas le droit à nos indemnités maternité. Mais en même temps, les dossiers continuent, donc il y a beaucoup de questions organisationnelles sur lesquelles on a besoin de mettre en place un certain nombre de mesures. Une mesure simple, c'est déjà de dire que quand il y a un dossier qui tombe pendant cette courte période de quatre mois, le renvoi doit être absolument de principe, sauf situation exceptionnelle », estime-t-elle. Une situation qui la touche personnellement, car Chloé est enceinte de quelques moisÀ lire aussiLe Barreau des arts, des avocats bénévoles au service des artistes précaires

30/04/2025 • 02:37

Que l'on adhère ou non à son programme et ses idées, le président des États-Unis ne laisse pas indifférent. Depuis sa prise de fonction à la Maison Blanche en janvier dernier, Donald Trump a déjà signé plus de 140 décrets remettant ainsi en cause, entre autres, le droit du sol, des minorités et des femmes, ou en suspendant (ou supprimant) brutalement les financements américains qui passaient par des agences USAID, sans oublier la hausse des droits de douanes. Les coupes budgétaires opérées dans de nombreux secteurs, notamment dans celui de la santé et de la science, inquiètent également bon nombre d'Américains. À l'occasion des 100 premiers jours du président républicain Donald Trump, notre journaliste s'est entretenue avec deux étudiants américains à Paris qui lui ont confié leurs inquiétudes et leurs espoirs. Reportage. 

29/04/2025 • 02:31

Il y a 50 ans s’achevait l’un des conflits les plus meurtriers du XXe siècle : la guerre du Vietnam. Le 30 avril 1975, la ville de Saïgon, bastion occidental du sud, tombe aux mains de l’armée populaire vietnamienne. C’est une débâcle pour les États-Unis engagés dans le conflit et le début d’une nouvelle ère marquée par la réunification du pays, dirigé depuis cinq décennies par un régime communiste. De nombreux vietnamiens fuient ce nouveau régime par la mer à la fin des années 1970 : ce sont les « boat people ». Nombre d’entre eux trouvent refuge en France, notamment à Bussy-Saint-Georges, une ville située à l’est de Paris, où trois générations de Vietnamiens racontent leur rapport au conflit. « Le 30 avril 1975 est une journée que je n'oublierai jamais. » Anh Linh Tran, septuagénaire, est un ancien officier de l’armée du sud Vietnam. Ce 30 avril 1975, lui et la centaine d'hommes qu’il dirige, n’ont d’autres choix que de se rendre : « Nous n’avions plus assez de nourriture et de munitions pour résister, alors nous avons déposé les armes. Nous étions très tristes, mais on ne pouvait pas faire autrement. »  Le nouveau régime communiste l’emprisonne durant trois ans.Puis, en 1979, il fuit son pays à contrecœur et embarque avec lui les traumatismes de la guerre. Il rejoint la Malaisie en bateau, puis la France où naissent et grandissent ses enfants. « Quand ils étaient jeunes, je leur promettais de les amener au Vietnam, là où je suis né. Je l’ai dit comme cela, sans trop réfléchir, mais mes enfants s’en sont souvenus et ils m’en ont à nouveau parlé quelques années plus tard, raconte Anh Linh Tran. Mais à l’approche du départ, je leur expliquais que je ne me sentais pas encore d’y retourner, car je ne supporte pas le régime communiste en place. »Le voyage aura finalement lieu en 2019. Un retour au pays pour l’ancien militaire, quarante ans après l’avoir quitté. Depuis, c’est dans un livre intitulé Good Bye Saïgon, adressé à ses enfants, qu’il a couché ses souvenirs. « Je relate mon passage à l’armée, la prison puis mon arrivée en France, je leur raconte presque tout. » Presque tout. Car une partie du récit est toujours douloureuse, alourdie par le tabou de la guerre et le déracinement.« Je ne raconte pas la tristesse que j’ai vécue, je ne leur impose pas, car ce n'est pas leur histoire », renchérit de son côté Tran Phung Vu Nguyen, la cinquantaine. Avec ses enfants, il fait aussi le choix de l’économie des mots. Lui a quitté le Vietnam à l’âge de neuf ans. « On est partis sur un petit bateau avec une vingtaine de personnes et on a rencontré un bateau pirate qui nous a coulés. » Ce sont finalement des marins malaisiens qui les récupèrent et les ramènent à terre. Tran Phung Vu Nguyen finit lui aussi par gagner la France.« J’essaye de ne pas me définir par mon passé »De cette histoire, ses enfants savent peu de choses. Ils ne posent pas beaucoup de questions. L’histoire, le passé, la mémoire les intéressent peu. « Ils sont nés en France donc ils ont une mentalité française. Pour eux, le Vietnam est un pays plus touristique qu’autre chose, explique le père de famille, président de l’amicale des Vietnamiens de Bussy-Saint-Georges. Quand je les emmène au Vietnam, c’est d’abord et avant tout pour les paysages. L’aspect mémoriel, on l’évoque ici, en France, entre nous. »À 18 ans, Minh Quan Vo, étudie le droit à Paris. Issu de la seconde génération de Vietnamiens nés en France, il le confirme : il pose peu de questions à ses aînés. Par crainte, dit-il, « de réveiller des blessures ». Par volonté aussi d’écrire sa propre histoire : « J’ai étudié la géopolitique au lycée, donc je connais l’importance de la mémoire et du devoir de mémoire, mais pour autant, j’essaye de ne pas me définir par mon passé et mes origines. J'essaye de me définir par mes propres actions, explique le jeune homme. Je pense que c’est important de savoir ce qu’il s’est passé, de savoir comment cela a affecté ma vie indirectement. C'est important d'en avoir conscience, pour autant, je n’ai pas envie que ça influence ce que je ferai et qui je serai à l’avenir. »Minh Quan Vo participera tout de même aux commémorations organisées à Bussy-Saint-Georges, ce dimanche 4 mai, où une petite stèle rend hommage aux immigrés vietnamiens.À lire aussiLa guerre du Vietnam: un conflit que les États-Unis souhaitent oublier

28/04/2025 • 02:36

En réaction à l'adoption par les députés d'un article de loi visant à réguler l'installation des médecins sur le territoire, et ainsi espérer résoudre le problème des déserts médicaux, les médecins lancent un mouvement de grève ce lundi 28 avril et des manifestations auront lieu dans toute la France mardi. Ce n'est pas une nouvelle problématique en France : non seulement il n'y a pas assez de médecin dans le pays, mais ils sont aussi très mal répartis. Huit millions de Français vivent aujourd'hui dans un désert médical, sans médecin généraliste attitré. Pour y remédier, des députés ont adopté, le 2 avril 2025, un article de la loi Garrot visant à réguler l'installation des médecins sur le territoire. Les jeunes praticiens seraient ainsi obligés de s'installer dans des territoires sous-dotés. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une fronde des médecins.À lire aussiFrance: les médecins bientôt contraints à exercer jusqu'à deux jours par mois dans les «déserts médicaux»

27/04/2025 • 02:33

Devant la cour criminelle de Vannes où il est jugé pour 300 viols et agressions sexuelles sur des patients majoritairement mineurs au moment des faits, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec reconnaît les faits, formule régulièrement des excuses, assure « en avoir fini avec les mensonges ». Mais les nombreuses victimes qui défilent à la barre restent persuadées que l’homme ne s’est pas débarrassé de ses fantasmes pédocriminels. Dès les premiers jours de son procès, qui s’est ouvert le 24 février dernier, Joël Le Scouarnec collabore et répond aux questions des magistrats. Face aux caméras et micros, son avocat, Maxime Tessier, ne manque pas de le mentionner : « Vous avez un homme qui est dans une démarche de reconnaissance, de coopération et jamais de minimisation. Monsieur Le Scouarnec donne des explications, ne se moque de personne, bien au contraire. »Depuis, l’accusé a reconnu, le 20 mars, sa culpabilité pour l’intégralité des faits concernant les 299 victimes. Ses crimes n’étaient donc pas des gestes médicaux, comme il le soutenait jusqu’alors. Une démarche de vérité globale qui a le mérite d’exister, concède Francesca Satta. « Il continue à nier l’individualité de chaque victime, pointe une avocate des parties civiles. Chacune d'entre elles qui passe à la barre n’a pas de sa bouche une reconnaissance de son existence, une reconnaissance de son visage. Je peux comprendre qu’il puisse ne pas se souvenir des 300 victimes qu’il a pu faire, mais je ne peux pas comprendre qu’il n’en reconnaisse aucune. »Une amnésie volontaire d’après cette avocate, qui a un double objectif, selon elle : échapper à certaines questions de la cour et garder la maîtrise des débats. « Il refuse absolument de considérer qu’il a pu, par exemple, poser des indications médicales pour pouvoir ensuite opérer un enfant dont il avait le projet de le violer. Ça, c’est aussi pour lui une façon de garder le contrôle sur ce qu’il veut rester, c’est-à-dire un chirurgien valable qui coexistait avec un pédophile », abonde sa consœur Frédérique Giffard. Mais pour l’avocate, cet argument ne tient pas une seconde : « On a tous les jours la démonstration qu'en fait, il créait, grâce à son travail, les conditions de possibilité de ses infractions. »À lire aussiProcès Le Scouarnec en France: des associations dénoncent un système qui «protège les prédateurs sexuels»« Il ne s’est pas excusé, car je l’ai déstabilisé »Manon s’est confrontée à son agresseur à la mi-mars. « J’ai pu lui donner des uppercuts vocaux par mes mots. Ce passage, en effet, m’a soulagé, m’a conforté et m’a permis de tourner une page », résume la trentenaire. Son passage à la barre lui a permis de mesurer, dit-elle, la perversité de l’ex-chirurgien. « Quand les victimes lui demandent de ne pas s’excuser, il le fait quand même. Il insiste en disant que c’est le seul moment où il les a en face de lui et qu’il ne pourra pas le faire à un autre moment », explique Manon. « Il dit vouloir s’excuser pour chaque victime, ce qui n’est pas vrai. Il ne s’est pas excusé devant moi, car je l’ai déstabilisé quand je suis passée à la barre. »Quand elles sont prononcées, ses excuses sonnent faux, estime de son côté Mauricette Vinet. « Est-ce que ça ne serait pas pour qu’il ait une remise de peine ? », s’interroge-t-elle. Avec Roland son mari, ils vont faire entendre à la barre la voix de Mathis, le 7 mai prochain. Leur petit-fils s’est suicidé trois ans après avoir appris qu’il était l’une des victimes de Joël Le Scouarnec. « On va lui dire qu’il a tué Mathis. On ne peut pas le dire autrement. On lui avait dit à Mathis, on sera toujours à côté de toi. On lui a promis, on continue. » Le face-à-face avec Joël Le Scouarnec est nécessaire, disent-ils, mais aucune de ses paroles ne les apaiseront.À lire aussiFrance: au procès de Joël Le Scouarnec, un médecin lanceur d’alerte à la barre

24/04/2025 • 02:38

Il est le lanceur d'alerte de l'affaire Bétharram. Celui qui a brisé une omerta de 60 ans sur un établissement privé catholique du sud-ouest de la France. Alain Esquerre, le fondateur du collectif des victimes, publie ce jeudi le livre Le silence de Bétharram, dans lequel la fille aînée du Premier ministre François Bayrou témoigne notamment. Le fruit de 18 mois d'une quête de vérité auprès des anciens élèves de l'établissement, d'une alerte lancée dans la presse début février et de la saisie de l'affaire par la justice. Plus de 200 plaintes ont été déposées, allant de violences physiques à viols. Depuis l'affaire Bétharram, les langues se délient ailleurs, dans d'autres établissements privés et d'autres scandales éclatent. Constance Bertrand sort de son sac son ordinateur portable. Depuis un mois et demi, cette quadragénaire reçoit quasi quotidiennement des récits d'anciens élèves de l'établissement privé catholique où elle a été scolarisée. « À l'origine, on a ouvert ce groupe Facebook parce qu'on a appris le 3 mars qu'un ancien surveillant de Bétharram a poursuivi sa carrière directement après à Saint Dominique de Neuilly », raconte-t-elle.Mais les messages qui affluent ne concernent pas seulement ce surveillant. « En cinq jours, on obtient des témoignages de choses gravissimes sur six personnes », confie-t-elle. Des accusations de violences physiques, psychologiques, d'agressions sexuelles et de viols. Beaucoup sont anonymes, publiées en messages privés. Constance, qui elle-même a été victime de harcèlement, décide alors de témoigner à visage découvert. « J'ai trouvé que c'était important de le faire pour que les gens sachent à qui ils s'adressaient. Et puis les témoignages arrivent. Ça, c'est, c'est mon cahier des horreurs, je suis obligée de prendre des notes pour ne pas mélanger les témoignages », explique-t-elle en montrant le carnet de notes où figurent de nombreux témoignages récoltés. Une cinquantaine de victimes sont déjà sorties du silence, pour des faits allant des années 1980 au début des années 2000. « Une maîtresse qui arrache l'oreille d'une petite fille, une maîtresse qui donne des coups de poing dans la tête d'un enfant, un maître qui caresse des enfants sous la jupe. Les parents ont la plupart du temps fait des démarches auprès de l'institution, mais l'institution ne les a pas soutenus. On a répertorié une dizaine de personnes accusées de violence. On a des enseignants, des surveillants, des prêtres aumôniers, des censeurs, à savoir le responsable de la discipline », détaille-t-elle.Cinq plaintes ont été déposées dont une pour viol. Le 20 mars dernier, Constance Bertrand prend la parole devant la commission d'enquête parlementaire mise en place, fin février, suite au scandale de Notre-Dame de Bétharram. Depuis, cette commission a enregistré des signalements dans 17 départements de France. Pour Arnaud Gallais, président de l'association de protection de l'enfance Mouv'enfant, un double phénomène explique ces révélations en cascade.« Premièrement, vous avez le pouvoir d'identification. C'est-à-dire que les victimes s'identifient entre elles. Ce qui leur permet de parler, parce qu'elles vont se dire : "tiens, c'est ce que j'ai vécu". Le second élément est quand même extrêmement politique. Le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église en 2021 disait que 108 000 enfants ont été victimes de violences sexuelles dans des établissements privés et personne ne fait rien. Du coup, vous avez une colère en fait qui monte. C'est-à-dire que les enfants ou les enfants devenus grands ont parlé, mais on ne les a pas protégés », analyse-t-il. Ce #MeToo de l'enseignement pourrait bien dépasser le secteur privé catholique. Pour la première fois, ce mardi, la commission d'enquête s'est rendue dans un lycée public, où un enseignant, visé par plusieurs plaintes, s'est suicidé fin 2023. À lire aussiViolences sexuelles à Bétharram: la congrégation admet sa «responsabilité» dans les «abus massifs» À lire aussiAffaire Bétharram en France: le Premier ministre François Bayrou «bouleversé» face au témoignage de sa fille

23/04/2025 • 02:32

« Parlons santé mentale ! ». Autour de ce slogan, le gouvernement français a récemment décidé de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Et force est de constater que de plus en plus de personnalités, journalistes, artistes, ou encore sportifs connus divulguent au grand public leur maladie mentale. Le dernier exemple en date est celui de Nicolas Demorand, journaliste de la matinale de la radio publique France Inter. Il a annoncé de manière crue au micro qu'il était bipolaire depuis des années. Une démarche qui relève de l'intime et qui lève le voile sur ce qui était jusque-là tabou. Ce genre de révélation peut-elle servir les malades atteint de troubles identiques ? « Comme des centaines de milliers de Français, je suis bipolaire. Si je me suis tu si longtemps, c'est parce que la maladie mentale fait peur. Car la maladie mentale reste une maladie honteuse et que, oui, j'avais honte. Mais j'ai décidé maintenant d'en faire un combat », déclare Nicolas Demorand, présentateur de la matinale de France Inter, s'adressant à ses milliers d'auditeurs.La honte dont parle le matinalier de la radio publique, Maxime Perez-Zitvogel la connaît bien. Âgé aujourd'hui de 32 ans, il a été diagnostiqué bipolaire, alternant phase d'euphorie et période de dépression, il y a près de dix ans. « J'ai vraiment eu honte au départ. Vous vous rendez compte de tous les délires que vous avez eu et de tout l'impact que cela a pu avoir sur votre entourage, sur vos amis. J'ai dû arrêter mes études à cause de cela. C'est très dur de se retrouver après seul face à tout cela, et de se dire "mais pourquoi en fait ?" », confie-t-il. Aujourd'hui, Maxime Perez-Zitvogel a cofondé la Maison perchée, une structure d’accueil pour les gens confrontés à des troubles psychiques. Selon lui, il faut mettre en lumière la maladie mentale.Alors le fait que des journalistes, des comédiens, des artistes, des sportifs témoignent au grand jour de leur maladie mentale est pour lui salutaire. « Cela fait huit ans que j'attendais ce moment, qu'une vedette prenne la parole sur le sujet. Pour que cela amène de la discussion. Moi, quand j'étais à l'hôpital, le fait de savoir que des gens comme Van Gogh ou Baudelaire l'étaient, cela m'a rassuré. Cela m'a permis de me dire qu'ils avaient quand même du talent. Disons que ce fut quelque chose qui m'a rassuré et qui m'a permis de m'ancrer et de me dire que je pouvais tout de même vivre avec cette maladie », explique-t-il.La maladie mentale n'est pas une maladie comme les autres, car elle est stigmatisante. Comme l'explique le psychiatre Thierry Najman, c'est difficile de vivre avec cette pathologie : « Il y a à peu près 15 % des personnes diagnostiquées bipolaires qui vont décéder par suicide et qui vont avoir des trajectoires extrêmement impactées par la maladie. En termes de divorce, beaucoup plus fréquents dans la population générale. En termes de perte d'emploi. Ce sont des trajectoires de vie accidentées. »Quand des personnalités publiques montrent qu'avec un traitement, les malades peuvent vivre presque normalement, cela les aide. Le psychiatre encourage ces témoignages de gens connus, très bénéfique pour les patients, mais il avertit. « C'est très bien que les personnalités publiques fassent cette sorte de coming out – je ne sais pas comment il faut l'appeler. En tout cas, qu'elles puissent parler le plus simplement possible et de façon solidaire de leurs difficultés personnelles et de leur maladie. Mais tout le monde n'est pas une personnalité publique. Nicolas Demorand, Yannick Noah, Florent Manaudou ou d'autres ont peut-être la possibilité de trouver plus facilement une aide psychiatrique, un soutien. Mais ce n'est pas le cas de monsieur et madame tout le monde. Je crois que c'est important d'en profiter pour dire que la psychiatrie traverse une crise extrêmement profonde », rappelle-t-il. Un questionnement d'autant plus pertinent que la santé mentale avait été décrétée, en France, grande cause nationale en 2025.À écouter aussiSanté mentale: «Le rôle de la grande cause nationale est de déstigmatiser la psychiatrie»

22/04/2025 • 02:30

De l'émotion et des larmes. Encore sous le choc depuis l'annonce ce lundi 21 avril de la disparition du pape François, des centaines de touristes et de fidèles se sont rassemblés à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour se recueillir et rendre hommage au pape. Sur le parvis de Notre-Dame de Paris, une employée, haut-parleur à la main, lance en boucle ce message, pour informer le public que la cathédrale n'accueille plus de visiteurs, mais uniquement les croyants qui se regroupent pour prier en mémoire du défunt pape François. Notre-Dame est en deuil et les fidèles ont encore du mal à réaliser.« C'est un choc pour moi. Comme je n'habite pas très loin, je me suis dit que c'était le moment de venir dans une Notre-Dame nouvellement restaurée pour un moment de recueillement et de prière », explique cet homme, visiblement ému. Comme lui, la mort du pape François a surpris de nombreux touristes, c'est le cas de cette jeune espagnole. « C'est un moment symbolique, on est très touchés d'être ici pour dire au revoir au pape François. Il m'a permis de me rapprocher du christianisme », confie-t-elle.Dans la file d'attente, Anne Kate, originaire de Maurice, est venue plus d'une heure à l'avance pour assister à cette messe et se recueillir. « Je viens prier pour le pape. Comme on visite Paris, on apporte notre prière pour le pape François. C'est touchant. Il est venu à l'île Maurice en 2019. Cela nous touche particulièrement, nous les Mauriciens. Il avait une belle approche pour les jeunes et les personnes marginalisées. J'espère que le prochain pape suivra le même parcours », affirme-t-elle.Il est 18h, des centaines de fidèles suivent l'homélie qui résonne depuis la cathédrale, retransmise par la chaîne de télévision catholique KTO : « Rendons grâce, pour la personne que fut le pape François, pour le ministère qu'il a accompli parmi nous. Demandons à Dieu de donner à son Église la grâce de son unité. Implorons l'Esprit-Saint pour qu'il ne cesse de nous conduire sur les chemins que le pape François nous trace. Amen. »Encore sous le choc, cette famille toulousaine est très émue. « En tant que chrétien, c'est un jour qu'on n'oubliera pas. Cela m'a touché », expliquent-ils. Les hommages continuent et certains fidèles se préparent pour la veillée.À lire aussi«On perd le meilleur d'entre nous»: les Argentins pleurent la mort de «leur» pape François

21/04/2025 • 02:39

Une bonne nouvelle pour l’Église catholique de France. Selon un rapport de la Conférence des évêques, le nombre d’adultes qui se sont fait baptiser pour Pâques a quasiment doublé par rapport à 2024. Ils sont plus de 10 000 à franchir le pas cette année. Et ce alors que l’Église catholique de France est en difficulté, en proie à de nombreux scandales de pédocriminalité. D’où vient cet intérêt soudain des jeunes adultes pour le catholicisme ? RFI est allée poser la question aux premiers concernés à Paris. La paroisse Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, dans le XVe arrondissement de Paris, se réjouit. Une vingtaine d’adultes se préparent au baptême. Une première depuis très longtemps. Cinq d’entre eux sauteront le pas à Pâques. Gabriel est l’un d’entre eux. À 20 ans, il est étudiant en école de commerce. Son chemin vers le baptême commence il y a quatre ans. À l’époque, il traverse des difficultés. « Ça m'a apporté une stabilité, beaucoup de calme, beaucoup d'apaisement. C'est comme si on était accompagné d'un guide qui nous aide à faire le bien autour de nous. Cela m'aide à être une meilleure personne », estime-t-il.À quelques kilomètres, dans le quartier populaire de Belleville, dans le onzième arrondissement, à la paroisse Saint-Joseph-des-Nations, Ferdinand vient lui aussi d’être baptisé, après un an et demi de préparation. Pour cet étudiant à Sciences Po Paris, le baptême a été motivé par un événement bien particulier. « C'est avant tout une espèce de façon de comprendre nos vies. C'est un moyen d'accepter l'absence de réponse. Beaucoup de paradoxes aussi, explique le jeune homme de 24 ans. C'est devenu une idée concrète lorsque j'étais en échange universitaire en Amérique du Sud, au Chili. J'ai passé un an là-bas, à aller de plus en plus fréquemment à la messe. À mon retour, j'ai entamé la préparation. Ce sont des motivations très personnelles, liées à des réflexions, des lectures. »Selon Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions, les baptêmes des adolescents et des adultes sont en hausse en France depuis deux ou trois ans. « Apparemment, il y a un retour un peu spontané. Alors, spontané veut dire suite à une rencontre. Une rencontre avec quelqu'un, lors d'un événement. On va à un baptême, à mariage, on va à une messe, à un pèlerinage. Des choses de ce genre-là », explique-t-il. Peu d’enquêtes ont été menées sur le sujet, mais il semble que la hausse des baptêmes relève d’abord de démarches individuelles. Il ne s’agirait donc pas d’un mouvement de société. Mais il pourrait y avoir d’autres raisons. « L'incendie de Notre-Dame n'aurait-il pas éventuellement joué un rôle ? Par l'énorme rappel que cela a été, tout de même. De la possibilité d'une catastrophe qui frapperait notre tradition religieuse, notre tradition catholique française ? » interroge-t-il. Toujours d’après Jean-Louis Schlegel, cela ne suffira pas à sortir l’Église de la crise qu’elle traverse. Aujourd’hui, seuls 2 % des Français se disent catholiques pratiquants.À lire aussiReligions du monde: Pâques 2025: l’unité des chrétiens

20/04/2025 • 02:25

En concert au Stade de France de Paris ce vendredi 18 avril 2025, Burna Boy est le premier chanteur africain à s'y produire, dans un stade presque complet. C'est en 2012 que l'artiste s'est fait connaître avec le tube Like To Party. Depuis, il a sorti sept albums et a conquis la planète. Il a contribué à populariser l'afro-fusion, un genre musical qui mêle afro-pop, reggae, soul et d'autres influences. Et comme toutes les stars internationales, Burna Boy a de nombreux fans à travers le monde. Certains l'ont vu plus de dix fois en concert et ne ratent pas une occasion de rencontrer leur idole. Rencontre avec deux d'entre elles qui se rendront au Stade de France. À lire aussiEntre furie et génie, le concert fou de Burna Boy au Stell'Air d'Abidjan À lire aussiL'Afrobeats nigérian se prépare à une année triomphale en 2025

17/04/2025 • 03:35

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