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En sol majeur

En Sol Majeur joue la partition du métissage de façon ludique et musicale. Des personnalités (politique, culture, sport, sciences) de « double culture » nous font partager leur histoire jalonnée d’espérances, de combats, d’humiliations parfois, de rêves souvent. Le tout sous la houlette d’un programme musical signé par l'invité (e). Une émission de Yasmine Chouaki. *** Diffusions vers toutes cibles, le dimanche à 15h10 TU et 23h10 TU. 

Titres

La Nouvelle-Calédonie n’est toujours pas sortie d’une opposition entre deux termes : négocier ou se suicider. Cette petite phrase lue dans le journal Le Monde, récemment, on la doit au professeur agrégé de Philosophie Hamid Mokaddem. Je m’étonne que cette tête pensante ne circule pas davantage dans nos espaces post-coloniaux. Car Mokaddem n’est-il pas, comme il le dit lui-même, un descendant de travailleurs immigrés algériens, né en France qui, par un tour de passe passe colonial, s’est retrouvé à Nouméa où il a rencontré un jour l’homme incarnant la souveraineté kanak.Au menu de cet ESM, il y a comme des résonances, des résurgences, et puis de l’histoire intime où des noms d’écrivains (Kateb Yacine, Apollinaire Anova Atabah) apparaîtront. Où des vocables - généalogie, déportation, souveraineté - auront peut-être leur mot à dire, encore faut-il que le pays des Z’oreilles (la France métropolitaine) les entende. Et puis un livre publié par notre invité au Vent des îles, intitulé L’histoire dira si le sang des morts demeure vivant.

20/04/2025 • 48:30

De sol et de sang, c’est un mutant, un pacifiste qui fait la guerre, un guerrier qui veut la paix. C’est une histoire dans l’Histoire avec sa grande hache que celle de Xavier Le Clerc. Issu d’un récit colonial français invisibilisé et fils d’Un homme sans titre (son précédent roman), Le Clerc s’inscrit désormais sur le fronton de notre paysage littéraire en cheval de Troie. Mais attention, cet amoureux d’Albert Camus et d’Alexandre Dumas ne s’avance pas en spahi destructeur de nos consciences, mais en humaniste lettré qui doit tout à la France, sans se départir de sa mystique algérienne. Né Aït-Taleb en Kabylie, ayant grandi en France où porter un nom d’arabe est mortel, et vivant aujourd’hui la dignité d’un Le Clerc en Grande-Bretagne, on dira que l’altérité est sa table de travail. Il vous en donne aussi, du travail, avec son nouvel opus Gallimard intitulé Le pain des Français.  Programme musical :  Rachid Taha – Bent Sahra Jean-Sébastien Bach – Violin concerto n•1 in A minor BWV 1041 dirigé par Daniel BarenboimÀ écouter aussiXavier Le Clerc, au nom du père

13/04/2025 • 48:30

C’est Milan Kundera qui le disait : l’Enfant, c’est une existence sans biographie. Cette phrase pourrait habiller en partie l’étrange récit d’Amado Komi. Vous le savez, souvent, pour ESM, on évoque des histoires d’identité revendiquées, secrètes ou malmenées pour cause d’assignation ou de préjugés, des identités qui se transforment au gré des exils, des impossibles retours ou simplement du temps qui passe. Vieux père, l’histoire filmée par Marine de Royer entre Ouagadougou et Paris, le théâtre et les visites médicales, mais aussi entre deux âges pose une sacrée question (un peu genrée, désolée)… à savoir : qu’est-ce qu’être un homme ?`Programmation musicale : Tchicaya – Soukouss Machine Police – Roxanne 

06/04/2025 • 48:29

C’est un cœur et une pensée dedans dehors, loin de tous les dogmes. Avant de sortir les jolies phrases, regardons le CV de Sophie Bessis qui nous fait l’amitié de taper du poing sur la table, en plein conflit au Proche-Orient avec son nouvel ouvrage «La civilisation judéo-chrétienne, anatomie d’une imposture» (Éd. Les liens qui libèrent). J’vous avais prévenu, ça décape toujours avec cette journaliste, chercheuse, historienne, née dans la belle lumière du sud, dans la bourgeoisie juive de Tunisie, avec dans son arc des possibles le communisme, les droits de l’homme et les relations nord-sud. Si vous ne pouvez pas être un pont pour relier les gens, ne soyez pas un mur pour les séparer. Cette citation de Khalil Gibran va à merveille à Sophie Bessis qui, tout en dénonçant les murs, propose des ponts de réflexion de livre en livre. À feuilleter également de façon très ESM Je vous écris d’une autre rive, lettre à Hannah Arendt c/o Elyzad et La double impasse qui vient de ressortir c/o Riveneuve.

30/03/2025 • 48:30

On se construit sur l’histoire des anciens et (ai-je envie de dire) des anciennes. C’est ce que disait Géraldine Faladé, que nous recevions ESM en 2021, à l’occasion de la parution de ses Turbulentes, aux Éditions Présence africaine. (Rediffusion) C’est tellement vrai : que seraient Chimamanda Ngozi Adichie ou Leonora Miano sans le passage terrestre de ces grands-mères ou arrière-grands-mères africaines, pionnières chacune dans son domaine. Ce livre Turbulentes recensait 17 femmes oubliées de l’Histoire, l’une 1ère magistrate, l’autre 1ère femme médecin ou 1ère institutrice du continent. Contre vents et marées de préjugés. De Suzanne Vertu Diop à Funmilayo Ransome Kuti en passant par Sarah Maldoror, c’est une éternelle piqûre de rappel pour les combattantes d’aujourd’hui, et on le doit à l’une des 1ères journalistes béninoises qui n’a jamais pu nous faire oublier qu’elle était aussi une princesse, descendante du roi Behanzin du Dahomey… Géraldine Faladé ayant tiré sa révérence le 16 février 2025, ESM lui rend hommage en rediffusant cet entretien.Turbulentes, des Africaines en avance sur leur temps. Les choix musicaux de Géraldine Faladé Touadé- Louis Armstrong Nobody knows the trouble I’ve seen- Bella Bellow Zelie- Prince Nico Mbarga Sweet mother I never forget you.

23/03/2025 • 48:30

Et si le récit familial ne parlait que de notre monde ? Et si nos histoires singulières n’étaient que le miroir déformant de notre famille humaine ? Évidemment pour que ce miroir miroir nous parle, il faut le sens aigu d’une observatrice telle que Gabriella Zalapì. De livre en livre, cette plasticienne d’origines anglaise et italienne livre des paysages intérieurs faits de prénoms Wilibald, Antonia, Ilaria. Des prénoms et des mots-clé : enfance, désobéissance, oppression avec à l’arrivée un héritage familial aussi lourd symboliquement que peut l’être un tableau représentant le Sacrifice d’Abraham. Diplômée de la Haute école d’art et de design à Genève, la Zalapì s’aventure régulièrement dans la cave familiale pour en ramener des archives personnelles qui finiront en photographies de l’âme. Éditées aux éditions Zoé. Et en pleine semaine de la francophonie. Programmation musicale :• Anibal Troilo Nocturno a mi barrio• J.S. Bach Rédemption interprété par Anna Prohaska Mache dich, mein Geist, bereit. BWV 115 Bete aber auch dabe• Art Blakey Are you real ? 

16/03/2025 • 48:30

Ce qu’on refuse de nommer finit par disparaître. Une phrase que nous sommes nombreux du côté d’ESM à penser, que je viens de lire dans le nouveau roman d’Hemley Boum «Le rêve du pêcheur». C’est tellement vrai, les secrets de famille ou certaines pages d’histoire sanglante qu’on refuse de nommer, finissent par disparaître. Qu’est-ce qui a poussé cette fille de Douala, passée par l’anthropologie, à s’ancrer dans la littérature ? Qu’est-ce qui la pousse, de sa fenêtre parisienne, à revenir de livre en livre en terre camerounaise ? Pour son 5ème roman, cette discrète qui creuse son sillon notamment chez Gallimard, revient sur cette puissance d’océan qui peut sceller le destin de plusieurs générations. Et l’anthropologie n’a qu’à bien se tenir. Les musiques d’Hemley Boum- Manu Dibango Qui est fou de qui?- Anne-Marie Nzié Sarah- Blick Bassy Ngwa

09/03/2025 • 48:30

Un thriller qui castagne dans les faubourgs de Nice, un parfum géorgien sur les écrans français, un amour du cinéma léché, bienvenue au pays d’Akaki Popkhadze. Un nom qui castagne lui aussi, venu des montagnes caucasiennes, enneigées, orthodoxes, patriarcales. Qu’est-ce qui fait une signature au cinéma ?  Dans le cas de Popkhadze - 33 ans, scénariste réalisateur de «Brûle le sang», un premier long métrage très maîtrisé - dans son cas, sans doute un chemin de vie, de croyances et une concentration de geek du 7ème art.Au menu de cette conversation à l’humeur un peu traînante, de la Russie, Tarkovsky, le nouveau testament, Robert Bresson et l’accent d’une grand-mère nommée Daredjane. Et là, on peut dire que c’est signé Akaki … Aka pour les intimes. 

02/03/2025 • 48:30

Y a de la poétesse inclusive dans l’air et le studio ESM. Inclusive, c’est-à-dire n’omettant aucune de ses robes à pois ou sans manches : l’intello, la guerrière, la maman, la populo, la Parisienne, la Marocaine. Avec Rim Battal, on n’est pas dans le prêt-à-penser, vite enfilé, vite défilé, non, plutôt dans l’hyperactivité cérébrale et langagière. Ayant pour sujet poétique: elle-même. Féministe sans doute, mais très contemporaine, d’ailleurs grande prêtresse du Bordel de la poésie, expérience immersive débarquée de New York et qui contamine Paris.Entre ce grand bordel et la petite question de la virginité abordée dans son 1er roman Je me regarde-rai dans les yeux, il y a un certificat de liberté qu’elle se délivre. Délivrée de livre en livre, avec Rim Battal, il y a un désir brûlant de vivre et de dire. 

23/02/2025 • 48:30

Nous devions nous croiser au moment de la Saison lituanienne en France. Mais comme y a plus de saison ma p’tite dame, Mūza Rubackytė et ESM, c’est maintenant et en tournée en France, en Lituanie, à Porto Rico… 2025 sera lyrique. Pour cette artiste totale, Née sous un piano (c’est le titre de son autobiographie), le mouvement est son mantra.  Mouvement d’une enfant surdouée, auréolée à 13 ans d’une grande victoire au concours All union récompensant les meilleurs pianistes d’Union soviétique, mouvement irrésistible pour la musique (de Franz Liszt, Godowsky, Chostakovitch) mouvement d’engagement pour la révolution lituanienne.Mouvement d’une soliste internationale en mission vers un au-delà musical qui n’empêche nullement les pieds sur terre : présidente de la société LISZTuania, marraine de la maison Debussy en France, Mūza Rubackytė exulte, transmet, voyage. Le regard vert entouré de taches de rousseur dit à peine la force de ce petit soldat mystique qui, entre Vilnius, Genève et Paris, nourrit un grand rêve européen pour sa Lituanie éternelle. 

16/02/2025 • 48:30

Crâne rasé et la mentale d’un mousquetaire. Le crâne rasé, c’est lui sur la photo, la mentale d’un mousquetaire c’est lui qui le dit. Dans la besace de cet ex-taulard du 9.4 qui a jamais été en taule, même dans sa piaule, y a du gros son, des posters et des noms qui ont laissé des traces dans le frigo de la vie : Malcolm X, Robespierre, Ice Cube, Magic Johnson, Kery James et toute la célèbre clique de Mafia K’1 Fry. L’âme de ce collectif hip-hop c’est lui, Samir Salah, plus connu sous le nom de O.G.B. 20 ans de carrière, 1 600 concerts entre la France et le Maghreb et 38 tonnes de doutes pour ce métis des banlieues. Grâce à un lit d’hôpital où il est passé à un cheveu de la grande faucheuse, O.G.B auteur interprète-producteur-régisseur se livre en tant qu’homme, fils, père, poto sur 300 pages au titre évocateur Je suis venu me dire, aux éditions Mindset. Une lecture qui m’a donné envie de cette conversation ESM pour remonter aux origines de l’artiste, même si dans la vie, on ne peut pas pull up comme dans la musique. À écouter aussiL'artiste Samir Salah, dit OGB, présente son autobiographie «Je suis venu me dire ...»

09/02/2025 • 48:30

Princesse Salomé is back, mais cette fois-ci en présidente géorgienne coûte que coûte. Comment on dit mektoub en géorgien, il faudra que je demande à mon invitée exceptionnelle, madame Salomé Zourabichvili qui nous fait l’amitié de nous retrouver ESM de retour des États-Unis et dans ce moment si tendu pour sa Géorgie.  Batoumi-Paris, Paris-Tbilissi, Tbilissi-Washington, c’est l’histoire d’une malle familiale têtue, faite d’hommes et de femmes debout mais contraints à l’exil devant l’oppression russe, puis soviétique, puis de nouveau russe. Une malle renfermant une terre interdite, devenue mythique, puis réellement politique pour la petite fille aux yeux verts-gris franco-géorgienne. Vert caucasien, gris parisien. Salomé, c’est le synonyme de multiples vies : d’abord diplomate française, puis présidente géorgienne, aujourd’hui elle part en mission pour recouvrir sa terre de vertus démocratiques et européennes.

02/02/2025 • 48:30

C’est pas une plaisanterie… que l’on regarde du côté du Yémen, de la RDC, du Burkina Faso, du Soudan, du Mali ou du Niger, ce n’est que guerres et conflits frontaliers. Et si le cousinage à plaisanterie - pratique qu’on retrouve en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale qui oblige quasiment les membres d'une même famille et de certaines ethnies à se moquer, s'insulter, mais sans conséquence aucune - et si cette pratique ne jouait plus son rôle de préservation des grandes et belles alliances ? Et si, par exemple, le président nigérien Mohamed Bazoum était victime d’un défaut de parenté à plaisanterie…? Je m’égare sans doute, voilà pourquoi ESM a jugé bon d’inviter Salifou Boubé, enseignant à l’École politique de Paris et au Département de philosophie, culture et communication à l’Université de Niamey qui publie, aux éditions L’Harmattan, La dialectique de l’appartenance et de la distanciation, un exemple paradigmatique : le cousinage à plaisanterie.

26/01/2025 • 48:29

Sur l’état civil, c’est Camille mais, sur scène, c’est Gildaa. Voilà ce que je lis sur le dossier de presse très très paillettes de Gildaa, une tragi-comédie musicale à voir en courant, du 21 au 30 janvier 2025, au Théâtre du Rond-Point à Paris. D’accord, mais alors si l’une c’est aussi l’autre, sur scène qui est Gildaa ? C’est une meneuse de revue dans un cabaret brésilien qui, un soir, avant d'entrer en scène, essaye de se suicider. Sauf que l’esprit d’un ancêtre passe une tête… Ou comment se libérer du poids de l’héritage avec les outils de l’héritage lui-même. D’accord, d’accord, ça c’est Gildaa. Mais alors dans la vie, qui est Camille Constantin Da Silva ? On dira que c’est une artiste multiple (comédienne, musicienne, danseuse) passée par le Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paname, née à Paname, mais dont le corps est diablement traversé par un frisson ancestral brésilien. 

19/01/2025 • 50:06

« Nous ne discutons pas la famille. Quand la famille se défait, la maison tombe en ruines. » Un proverbe portugais sur lequel j’aurais pu tomber en lisant Un anthropologue dans ma famille qui paraît chez Buchet Chastel. Ouvrage concocté par l’anthropologue Elsa Ramos qui, sur presque 300 pages, vous fabrique une boîte à outils pour rédiger votre roman familial en quasiment six mois. Comment mener l’enquête dont vos grands-parents sont les héros ? Sur quels thèmes ? Autour de quels objets ? Avec quelle technique pour libérer la parole ?Des questions très En sol majeur, d’où le bristol envoyé à Elsa Ramos, maîtresse de conférences en sociologie, dont les recherches portent sur la famille, la jeunesse, la migration. Des travaux qui cherchent à saisir la place de l'individu pris entre son autonomie et ses appartenances. Une invitée qui peut dire à propos d’elle-même et sans doute de ses origines : le fado, c'est tout ce que je ne peux pas dire.

12/01/2025 • 48:30

Si vous êtes un amoureux des proverbes, je vous en dépose un dans le creux de l’oreille. La souveraineté est une chose qui s’étend en cercles toujours plus larges, à partir de vous-même. Proverbe venu à tire-d’aile d’une terre qui ne compte pas les années en décennies ni en siècles, mais en saisons et en générations d’anciens : la terre des Innus, communauté d’autochtones d’Amérique du Nord. En Sol Majeur est heureux de voir assis derrière ce micro un homme multiple, appartenant à la communauté de Mashteuiatsh sur les bords du lac Saint-Jean au Québec. Journaliste et auteur qui a le talent du castor, puisque de livre en livre, Michel Jean tisse une hutte immense avec des fils d’or pris dans les bois et des histoires que personne ne souhaite entendre : Atuk, Elle et nous, sur sa grand-mère Jeannette Siméon, Le vent nous parle encore sur la tragédie des pensionnats autochtones, Kukum succès de librairie autour de son arrière-grand-mère innue Almanda et voici Tiohtiá:ke /Montréal sur la question de l’itinérance autochtone en milieu urbain.Conversation enregistrée quelques jours avant la nomination d'un Premier ministre autochotone à la tête d'une province québécoise.Les choix musicaux de Michel Jean :Niagara Pendant que les champs brûlentVilain pingouin Sous la pluieElisapie Isaac Ton vieux nom

05/01/2025 • 48:30

Yngvild. Un prénom qui vient du pays d’Ibsen, des fjords et des maisons colorées. Yngvild Aspeli vient de là, habitée qu’elle est par un monde invisible, fait de sorcières, de spectres et de sentiments terriblement humains. Bienvenue dans son monde, et quel monde !(Rediffusion) Actrice, marionnettiste, metteuse en scène, directrice de Plexus Polaire et depuis 2022, directrice artistique du Nordland Visual Théâtre à Stamsund (en Norvège), Yngvild Aspeli est une sorte de passe-muraille : elle traverse les frontières. À travers chacune de ses créations (Dracula, Moby Dick et actuellement Une maison de poupée) et grâce à ses marionnettes à taille humaine, elle nous reconnecte au sensible, au sauvage et au double qui sommeille en nous.Les choix musicaux d'Yngvild Aspeli :Ane Brun Do you rememberRavnene FolqueJoni Mitchell Both sides now.

29/12/2024 • 48:30

La femme est la ceinture qui tient le pantalon de l’homme, nous dit le proverbe africain. Pourtant, lorsqu’on vit au Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, il semblerait que certains proverbes aient perdu leur chemin et leur bon sens. Il y a quelques mois, pou En sol majeur, je suis allée enregistrer in extremis avant son retour sur Goma. Justine Masika Bihamba, petit bout de bonne femme, aux robes fleuries. Cette fille du Nord-Kivu, qui a l’allure d’une sœur, le cœur d’une mère et la force du monde puisée dans la foi, n’est qu’un maillon indispensable d’une chaîne humaine héroïque. Cofondatrice de l’association la Synergie des femmes pour les victimes des violences sexuelles, elle sillonne inlassablement notre monde pour interpeller les instances internationales, et sensibiliser la France par exemple, au terrible champ de bataille congolais qui utilise le viol comme arme de guerre, depuis 30 ans d’interminables conflits. Interview sur le pouce (j’vous préviens) & et rediffusion autour de son ouvrage publié aux éditions de L’Aube, Femme debout face à la guerre.

22/12/2024 • 48:30

ESM arrive encore tout mouillé du Théâtre national de la Colline, à Paris, les oreilles pleines d’eau, pleines de récifs et de récits de tous ces naufragés qui ont des prénoms. Comment raconter à un enfant de 8 ans la traversée en mer d’un ingénieur guinéen, d’une institutrice ghanéenne ou d’une fillette soudanaise ? Une drôle de question que s’est posée Anaïs Allais Benbouali dans Esquif (à fleur d’eau), à l’affiche jusqu’au 22 décembre 2024. Autrice, metteure en scène, comédienne et directrice artistique de la compagnie nantaise La Grange aux Belles, son truc, même avec le trac, c’est de troquer l’indifférence contre le cœur.Son truc, c’est de parler depuis le bastingage de l’enfance de la crise humanitaire en mer, de créer des ponts narratifs entre la Méditerranée et l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe. Créer d’autres ponts aussi entre une fratrie et une terre d’origine, entre son Algérie et sa France, c’est ce qu’Anaïs Allais Benbouali s’est autorisée dans deux textes précédents aux accents camusiens et maquisards Lubna Cadiot fois 7 et Au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été.

15/12/2024 • 48:30

C’est si facile de rayer une vie de la surface de la mer. D’en faire un  migrant de moins, un Africain définitif, un inconnu du grand canal. Une facilité que ne connaît pas Khalid Lyamlahy, universitaire, écrivain et critique littéraire franco-marocain. À regarder de près son périple géographique (hier Maroc, puis France et Grande-Bretagne, EU aujourd’hui) quelque chose me dit qu’il en connaît un rayon et sur la notion d’altérité (lire son premier opus Un roman étranger) et sur la notion du genre humain, lire son Évocation d’un Mémorial à Venise qui lui vaut d’être lauréat de la mention spéciale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie. Que peut l’écriture pour dire l’identité ? Est-ce que l’écrivain a le pouvoir de transformer votre titre de séjour ou votre visage de migrant en palimpseste ? Mille questions pour un auteur Présence africaine unique. 

08/12/2024 • 48:30

Toujours au front en Ukraine, au Soudan ou au Proche-Orient, RFI ne peut que constater la situation de dégradation des réfugiés dans le monde et de centaines de journalistes contraints de quitter leur pays pour assurer leur survie. Mais leur rôle pour diffuser une information fiable étant vital, Canal France International, la Maison des Journalistes et Reporters sans frontières lancent Voix en exil, un projet qui les accompagne dans leur parcours personnel et professionnel. ESM est heureux d’accueillir l’un de ces journalistes de la 1ère promotion de Voix en exil, Jean-Samuel Mentor, 28 ans, reporter-rédacteur de plusieurs médias en ligne dans son pays chéri et notamment 2è Prix Jeune journaliste en Haïti de l’OIF. Bonjour et bienvenue sur RFI, i.e sur 89.3FM si vous nous écoutez à Port-au- Prince.

01/12/2024 • 48:30

Bienvenus dans cet ESM spécial avec les mots d’un des fils ainés du XXè siècle, Amadou Hampaté Ba. Où que vous soyez, RFI l’entend, RFI le sent : la boussole du monde s’affole, donc pourquoi ne pas rouvrir Kaïdara, ce merveilleux conte philosophique, peul et universel, à l’image de son auteur qui aura traversé le lointain et le proche, l’humanisme œcuménique et l’Islam éclairé. Pourquoi ne pas nomadiser, comme bon nombre de nos ancêtres cheminant derrière leur bétail (ou pas), nomadiser ensemble dans ce trésor de langue et de visions symboliques… il était une fois Omar Ba, peintre sénégalais du XXIè siècle, dont les pinceaux rivalisent avec la flûte qui accompagne le récit. Des pinceaux griots offrant une version picturale de ce conte peul, 40 œuvres réalisées spécialement pour les éditions Diane de Selliers, dont les grands formats sont exposés en ce moment à la galerie Templon à Paris.

24/11/2024 • 48:29

Les Arabes l’appellent le pays du Cèdre, les Médias le pays de la guerre, les enfants le pays des knéfés (pâtisserie dont on raffole à tout âge). Cap ESM vers ce Liban épicentre et victime de toutes les crises depuis 1948, et pourtant. Beyrouth a beau être à nouveau ensevelie sous des images de ruines causées par les bombardements israéliens depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, cette région clé du Moyen-Orient brille encore. Elle brille d’un diamant sépia, qui aura pris sa source entre Nazareth, Beyrouth et Le Caire, pour devenir la première féministe de la région, au service d’un trait d’union entre Orient et Occident. Fichu trait d’union pour cette figure du XIXème et XXème siècle, somptueusement exhumée par notre invité Carmen Boustani qui publie aux Éd. des femmes Antoinette Fouque May Ziadé, la passion d’écrire. Écrivaine franco-libanaise, médaille d’or et prix d’excellence du CNRS en 2012, c’est une passion qui concerne aussi Ô combien… notre Carmen.

17/11/2024 • 48:29

La Nouvelle-Calédonie n’est toujours pas sortie d’une opposition entre deux termes : négocier ou se suicider. Cette petite phrase lue dans le journal Le Monde, récemment, on la doit au professeur agrégé de Philosophie Hamid Mokaddem. Je m’étonne que cette tête pensante ne circule pas davantage dans nos espaces post-coloniaux. Car Mokaddem n’est-il pas, comme il le dit lui-même, un descendant de travailleurs immigrés algériens, né en France qui, par un tour de passe passe colonial, s’est retrouvé à Nouméa où il a rencontré un jour l’homme incarnant la souveraineté kanak.Au menu de cet ESM, il y a comme des résonances, des résurgences, et puis de l’histoire intime où des noms d’écrivains (Kateb Yacine, Apollinaire Anova Atabah) apparaîtront. Où des vocables - généalogie, déportation, souveraineté - auront peut-être leur mot à dire, encore faut-il que le pays des Z’oreilles (la France métropolitaine) les entende. Et puis un livre publié par notre invité au Vent des îles, intitulé L’histoire dira si le sang des morts demeure vivant.

10/11/2024 • 48:30

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