La première fois que la voix d’Emmy Liyana résonne en vous, c’est un choc. Comme ce jour décisif où, après avoir été filmée par Slimane qui la découvre dans un bar, elle accepte de s’avancer sous les lumières éblouissantes de « The Voice » pour interpréter « The Power of Love » de Frankie Goes to Hollywood. Le pouvoir de l’amour. Emmy Liyana en sait quelque chose. Fébrile, l’artiste de 20 ans passe de l’intimité et la sécurité de sa chambre, où elle s’enferme des heures seule pour chanter, écrire et se raconter, à un plateau de télévision. Presque sans le vouloir, elle capte toute l’attention grâce à son timbre chaud et son look atypique. Comme venue d’un autre monde. Une question de pouvoir, encore une fois.
Impressionnant tant le public, debout, que les quatre coachs, Emmy Liyana peut ensuite compter sur sa mentor Zazie lorsqu’elle se retrouve en lice dans « Destination Eurovision », dans l’espoir de représenter la France à l’Eurovision. Son ancienne coach lui écrit alors « OK ou KO », composée par Olivier Schultheis, Jean-Pierre Pilot et William Rousseau. Une chanson percutante qui lui permet de terminer 4ème de la compétition, et de bluffer une nouvelle fois les téléspectateurs comme les professionnels.
Assurant les premières parties de Jenifer et travaillant avec Slimane, Emmy Liyana, aussi vacillante que déterminée, sait aujourd’hui plus que jamais que son histoire ne s’écrira pas qu’entre les quatre murs violets de sa chambre. Un véritable refuge, son cocon, alors qu’elle affronte une phobie scolaire survenue à l’adolescence qui l’oblige à se faire déscolariser. Grâce notamment à la musique et l’écriture, la chanteuse a pu exorciser ses démons, et elle nous ouvre aujourd’hui les portes de son monde imaginaire et féérique, inspiré par les mangas japonais, l’épopée labyrinthique d’Alice au pays des merveilles ou l’univers poétique des films Ghibli.
Des influences qui sont aussi tatouées sur sa peau. Comme la clé du sceau sacré de Sakura, l’héroïne qu’elle rêverait d’être si elle avait davantage confiance en elle. Tatouée sur le thorax, elle lui donne cette force invisible de s’affronter pour nous chanter qui elle est vraiment. Justement, il n’y a qu’à la regarder d’un peu plus près pour mieux comprendre qui elle est et la dualité qui l’habite.
D’une part, le côté dark du réel que l’on retrouve dans ses textes et dans son style : piercings, écarteurs dans les oreilles, tenues presque exclusivement noires, seulement contrastées par les jeux de texture. Un monde obscur que l’on retrouve sur son bras droit, recouvert d’encre noire, pour symboliser le « black out ».
D’autre part, l’échappatoire imaginaire, doux et féérique que l’on peut lire sur son sourire enfantin et sincère, et que l’on retrouve dans les inspirations graphiques de son univers. Mais aussi sur son autre bras, où sont tatoués de petits personnages.
« J’ai appelé mon petit monde ma ‘planet purple’. Un monde assez sombre en apparence mais qui est plein d’imaginaire, de féerie et dont la douceur est là pour nous envelopper comme un cocon » explique Emmy Liyana.
Délicate et vénéneuse, aussi fragile que tempétueuse, Emmy Liyana parvient aujourd’hui à apprivoiser et à composer avec ses paradoxes, à créer ses propres couleurs de l’arc-en-ciel, où le violet prédomine. Une couleur symbolique, qui la caractérise bien, à la fois mystérieuse et éclatante.
Des rêves plein la tête, prête à fusionner ses parts d’ombre et de lumière, tatouées à l’encre indélébile sur sa peau, et à écrire la suite de son histoire, c’est comme si Emmy Liyana éclorait à nouveau sous nos yeux.