Chaque mois, dans Politistes dans la Cité, l’Association française de science politique vous propose une conversation avec une ou un politiste dont les recherches ont, à un moment donné, fait écho à l’actualité et contribué au débat public, sous des formats variés allant de l’expertise à la mobilisation en passant par l’innovation pédagogique ou des publications à destination du grand public. Et parce que la science politique n'est pas qu'une discipline mais aussi un métier, Politistes dans la Cité revient sur les parcours multiples d'enseignant.e.s chercheur.e.s et sur la manière dont se concilient la science, la recherche et l'enseignement, au quotidien. Bonne écoute, et n’hésitez pas à nous faire part de vos impressions et réactions afin d’alimenter la réflexion ! Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Nouvelle saison avec un 38e épisode un peu spécial puisque Marieke Louis, l'animatrice de Politistes dans la cité, passe de l'autre côté du micro ! L'occasion de faire mieux connaissance avec la directrice adjointe du Centre Marc Bloch à Berlin, maîtresse de conférences en science politique et spécialiste des organisations internationales. C'est Benjamin Boudou qui anime désormais le podcast. Il interroge son invitée sur ses travaux, depuis la question de la représentativité de l'Organisation Internationale du Travail jusqu'aux organisations patronales, objet de son Habitilitation à Diriger des Recherches. Mais dans cet épisode, il est aussi question du rôle de Marieke Louis au Centre Marc Bloch, des difficultés de la vie de "turbo-prof", de l'écriture à quatre mains et de ce qu'implique d'être une universitaire "podcasteuse" !Un grand merc à Marieke Louis d'avoir accepté de jouer le jeu de l'intervieweuse interviewée !Pour aller plus loin: La dépolitisation du monde, co-écrit avec Lucile MaertensSociologie des Relations Internationales, co-écrit avec Guillaume DevinQu'est-ce qu'une bonne représentation ? L'Organisation Internationale du Travail de 1919 à nos jours, Dalloz, 2016Le pouvoir des multinationales, co-écrit avec Christian ChavagneuxHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
11/12/24 • 57:04
Pour ce 37e épisode de Politistes dans la Cité, nous poursuivons avec notre série spéciale Congrès de l'AFSP 2024, qui se tiendra du 2 au 4 juillet à Sciences Po Grenoble, l'occasion de parler de cette institution où on retrouve de nombreuses et nombreux politistes aux spécialités et trajectoires très différentes, et aujourd’hui, nous vous proposons un entretien avec une collègue assez exceptionnelle à tout point de vue: Martine Kaluszynski.Martine Kaluszynski, aussi connue sous le nom de "Martine Kalu" est directrice de recherche au CNRS au laboratoire PACTE, spécialiste des questions de police, de justice et de la construction de l’État républicain en France sous la Troisième République. Dans cet épisode, nous avons abordé de nombreux thèmes, allant du goût de notre invitée pour la "part sombre" de la République comme le crime et la prison, et comment ils s'articulent à une réflexion d'ensemble sur la genèse et les transformations de l'État républicain en France, à celles et ceux qui l'ont inspirée dans son travail et sa pratique de la socio-histoire (Michelle Perrot, Alain Corbin, Michel Foucault...) et de la pluridisciplinarité. Nous avons également parlé des espaces de dialogues avec d'autres acteurs non universitaires en revenant, notamment, sur le projet CRIMINOCORPUS, et sur les enjeux de diffusion des connaissances à un jeune public et à un public large sur les questions de prison, de dangerosité et de perceptions du crime. Cet esprit de transmission des connaissances s'est aussi incarné dans la carrière de Martine Kaluszynski par un fort investissement dans l'enseignement à Sciences Po Grenoble, au travers d'un séminaire de recherche "Crimes et Châtiments" qu'elle a animé pendant 25 ans, mais aussi, dans le fait d'assumer la co-direction du Master Sciences de Gouvernement Comparées avec Olivier Ihl. Enfin, nous sommes revenues sur un moment marquant de sa carrière, puisque Martine Kaluszynski s'est aussi vue décerner la Légion d'Honneur en 2019. L'occasion pour elle d'un bilan de carrière, avec ses moments heureux et ses parts plus douloureuses, comme dans le rapport de la communauté universitaire au handicap, et dans un contexte de relations sociales dégradées dans l'ESR. Mais c'est aussi ça "le métier" assume celle qui se définit avant tout comme une défricheuse, une passeuse et parfois même une "accoucheuse"!Un grand merci à Martine Kaluszynski qui me permet de "boucler la boucle" de cette saison 4 de Politistes dans la Cité! Bon Congrès de l'AFSP aux politistes et visiteur.e.s curieux.ses et bonne écoute à toutes et tous!Pour aller plus loin"A quoi sert la Prison? Entretien avec Martine Kaluszynski", Le P'Tit Libé, n°108, mai-juin 2019. Plateforme CRIMINOCORPUSMartine Kaluszynski, "La femme (criminelle) sous le regard du savant au XIXe siècle" inColine Cardi et Geneviève Pruvost (dir.) Penser la violence des femmes, La Découverte, 2012Martine Kaluszynski, "Le retour de l’homme dangereux Réflexions sur la notion de dangerosité et ses usages", Champ Pénal, 5, 2008. Jacques Commaille et Martine Kaluszynski (dir.), La fonction politique de la justice, La Découverte, 2007 Martine Kaluszynski, La République à l’épreuve du crime : la construction du crime comme objet politique, 1880-1920, L.G.D.J, 2002. Martine Kaluszynski, "Les artisans de la loi. Espaces juridico-politiques en France sous la IIIe République", Droit et Société, 1998
6/25/24 • 61:26
Pour terminer la saison 4 de Politistes dans la Cité, nous vous proposons une mini-série en deux épisodes, spéciale Congrès de l’AFSP 2024. A l’occasion de cette grande rencontre des politistes qui aura lieu cette année à Sciences Po Grenoble, du 2 au 4 juillet 2024, nous tendons le micro à deux politistes: un y ayant été formé, l'autre y ayant fait sa carrière. Pour ce premier épisode, nous avons le plaisir de recevoir Fabien Escalona, journaliste à Mediapart, et ancien de Sciences Po Grenoble, qu’il a connu comme étudiant pendant presque 10 ans, de la première année de Bachelor jusqu’au doctorat en science politique. Dans cet épisode, il a été question du choix des études dans un IEP, à Grenoble, de la formation et des enseignements marquants, jusqu’à la thèse que Fabien Escalona a consacré aux partis sociaux-démocrates, sous la direction de Pierre Martin.Il a aussi été question de bifurcation professionnelle, et des raisons qui ont poussé Fabien Escalona à renoncer à une carrière universitaire pour embrasser celle de journaliste, au sein du journal Mediapart. Dans cet entretien, nous sommes également revenus sur le contenu du métier de journaliste, du coût d’entrée lorsqu’on est formé à la recherche et à l’écriture académique, mais aussi des liens qu’il est possible de conserver avec les sciences sociales, notamment lorsqu’on est en charge du débat d’idées.Un grand merci à Fabien Escalona d’avoir accepté d’accompagner cette série spéciale Congrès de l’AFSP, et bonne écoute !Pour aller plus loinFabien Escalona, Une république à bout de souffle, Seuil, 2023.Fabien Escalona, « Transformations et reconversions partisanes » in Florence Haegel et Simon Persico (dir.), Partis politiques, Larcier, 2023.Fabien Escalona, « Un totem nommé République. Le rapt conservateur des principes républicains », Revue du Crieur, n°19, 2021, p. 6-29.Fabien Escalona, La reconversion partisane de la social-démocratie européenne : du régime social-démocrate keynésien au régime social-démocrate du marché, Dalloz (coll. La Nouvelle bibliothèque des thèses), 2018.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
5/28/24 • 50:14
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Marie Bassi, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Côte d’Azur à Nice, et actuellement en détachement en tant que coordinatrice du CEDEJ Khartoum (le Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales sur le Soudan, provisoirement relocalisé au Caire). Elle est également Fellow de l’Institut Convergences Migrations. Spécialiste des politiques d’immigration et d’asile en Italie et des réseaux de solidarité envers les exilés, Marie Bassi a entamé, dès la fin de sa thèse, une reconversion thématique en s’intéressant aux trajectoires migratoires et à l’engagement politique de la diaspora soudanaise. Cette reconversion a été concomitante aux mouvements de protestation qui traversent le Soudan depuis plusieurs années, et qui ont culminé en 2019, avec un soulèvement révolutionnaire qui aboutit à la chute du régime en place depuis 30 ans. 4 ans après, en avril 2023, une guerre d'une violence extrême éclate au Soudan et ravage le pays depuis lors. Dans cet épisode, il a été question de la faible visibilité et du désintérêt des médias et de la communauté académique pour la question soudanaise, et de la façon dont on peut, en tant qu’enseignante-chercheuse, susciter cet intérêt et mobiliser un collectif, dans un cadre universitaire et scientifique. Il a aussi été question de la manière dont un engagement personnel et collectif peut accompagner une mutation en termes d’objet de recherche, des dilemmes inhérents à ce type de changement, et du besoin de mobilité dans l’enseignement supérieur et la recherche. Un grand merci à Marie Bassi pour cette riche conversation et bonne écoute !Pour aller plus loin:Marie Bassi, Pauline Brücker et Alice Franck, « Supporting a revolution from afar: The construction of unity between generation of Sudanese exiles in France », Mediterranean Politics, 2024, 29(2), 210–234.Marie Bassi, « La construction locale de l’encampement : les centres pour migrants au prisme de l’économie politique sicilienne (2010-2019) », Raisons politiques, vol. 86, no. 2, 2022, p. 43-67.Marie Bassi et Farida Souiah, « La violence du régime des frontières et ses conséquences létales : récits et pratiques autour des morts et disparus par migration », Critique internationale, 2019, n°83, p. 9-19.Marie Bassi, « Mobiliser aux frontières de l’Europe ? La construction militante de l’enjeu migratoire en Sicile (1980-2010) », Critique internationale, n°81, 2018, p. 149-171.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
4/23/24 • 51:45
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Damien Simonneau, maître de conférences en science politique à l’INALCO où il enseigne notamment les relations internationales depuis 2021. Après un doctorat à Sciences Po Bordeaux sur les mobilisations pro-barrière en Israël et aux États-Unis publié en 2020 sous le titre L'obsession du mur : Politique de militarisation des frontières en Israël et aux États-Unis (Peter Lang, 2020), ses recherches ont croisé une réflexion sur les dispositifs de sécurité et la notion de frontière mis en lien avec les recompositions des sphères politiques nationales et des mobilisations sociales. A la suite des massacres du 7 octobre 2023, Damien Simonneau est intervenu dans les médias, fort de son expertise sur les murs, les dispositifs de sécurité, les mobilisations et la question de l'occupation. Au cours de cet entretien, nous avons abordé de nombreuses questions sur l'intervention en contexte de crise et de polarisation, où les chercheuses et chercheurs se trouvent pris dans un cadrage médiatique focalisé sur l'événement, où le chercheur évolue à l'ombre d'une logique de camps et sur les conditions à poser pour intervenir, quitte à refuser de le faire. Notre discussion a également longuement porté sur la question du rapport aux émotions et à la neutralité, sur la réflexivité à laquelle enjoignent de telles situations de crise, sur la nécessité de s'interroger sur ses valeurs, ses choix d'objets et d'éventuels angles morts. Il a également été question de réception auprès de publics divers, dont celui des étudiants. Un grand merci à Damien Simonneau d'avoir accepté de nous partager ses analyses et ses questionnements de politiste engagé dans la Cité et bonne écoute !Pour aller plus loinDamien Simonneau, Vers la recolonisation israélienne de Gaza ? Retour sur le désengagement de 2005, Yaani blog, 9 mars 2024Damien Simonneau, « Quelle stratégie israélienne pour Gaza », The Conversation, 22 octobre 2023Damien Simonneau, « Il y a un lien évident entre les attaques contre la démocratie et la poursuite de l’occupation », Interview dans La Croix, 25 juillet 2023.Damien Simonneau, L'obsession du mur : Politique de militarisation des frontières en Israël et aux États-Unis, Peter Lang, 2020Damien Simonneau et Pietro Castelli Gattinara, « Prendre part aux logiques d’exclusion : les mobilisations anti-migrants en France, en Italie et aux États-Unis », Critique internationale, n°83, 2019.Damien Simonneau, « Construction de la menace et construction des problèmes publics: Les mobilisations pro-« barrière frontalière de l’Arizona », Études internationales, Vol.49, 2018Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
3/28/24 • 41:14
Pour ce 33e épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Valérie Rosoux, directrice de recherche du FNRS en Belgique et professeur à l’Université Catholique de Louvain où elle enseigne la science politique et les relations internationales.Spécialiste du rôle de la mémoire et du poids du passé dans les processus de négociations et de médiation internationales, notamment dans les sociétés en proie à des violences de masse, Valérie Rosoux est la seule universitaire qui ait accompagné l’ensemble des travaux de la Commission parlementaire spéciale sur le passé colonial belge de 2020 à 2022.Dans cet épisode, Valérie Rosoux est revenue sur les débats qui traversent la Belgique depuis quelques années dans la confrontation de son passé colonial (notamment en lien avec le Congo, le Rwanda et le Burundi) et comment elle s'est positionnée par rapport à eux. Pourquoi accepter d'intégrer une Commission spéciale que certains voulaient uniquement "de façade" ? Comment prendre des initiatives pour améliorer les dispositifs existants ? Comment se positionner par rapport aux nombreux dissensus qui ont jalonné le travail de cette commission pendant 2 ans et demi mais aussi comment gérer les émotions et la conflictualité qu'on ramène aussi chez soi ? Enfin, que retenir de ce travail alors même que la Commission n'a pas été en mesure de produire des recommandations, ce que beaucoup ont considéré comme un échec ?Ce sont de toutes ces thématiques que Valérie Rosoux a accepté de nous parler, en détail et avec franchise.Dans cet épisode, il a aussi été question de son positionnement dans la Cité, de la nécessaire modestie dont doivent faire preuve les chercheuses et chercheurs dans le rapport aux sociétés étudiées, sans chercher nécessairement à "avoir le dernier mot", et enfin de ce que permet le milieu académique belge, par rapport au système français, notamment de par son ouverture internationale mais aussi de par des conditions de vie et de travail qui rendent la Belgique francophone particulièrement attractive pour les jeunes chercheuses et chercheurs français.Un grand merci à Valérie Rosoux pour cet échange et très bonne écoute!Pour aller plus loin:Sur la Commission parlementaire sur le passé colonial belge:Site de la Commission avec la liste de toutes les auditions (videos et transcriptions intégrales) Rapport initial des experts Rapport final des experts Valérie Rosoux, Representing the Absent, Nomos, 2023 (ouvrage en open access, co-dirigé avec Hélène Ruiz Fabri et Alessandra Donati) Valérie Rosoux, “How not to mediate conflict?”, International Affairs, 2022 (article lauréat du Centenary Prize du Royal Institute of International Affairs) Valérie Rosoux, "Negotiating on Behalf of Previous Generations: Justice in Post-Conflict Contexts", International Negotiation, 25, 2020. Valérie Rosoux, "Israeli and Palestinian stories. Can mediators reconfigure incompatible narratives?", Global Policy, 10 (S2), 2019. Valérie Rosoux, "The Administration of Post-War Memory in the Franco-German and Franco-Algerian Negotiations", International Journal of Politics, Culture and Society, 32 (2), 2019. Valérie Rosoux, "Reconciliation Narrative: Scope and Limits of the Pax Europeana", Journal of Contemporary European Studies, vol. 25 (3), 2017 (JCES Anniversary Prize).
2/9/24 • 56:42
Alors que l'année 2024 s'ouvre sur une actualité marquée par l'adoption d'une loi sur l'immigration largement décriée par la communauté académique (voir ici le communiqué de l'AFSP), Politistes dans la Cité donne la parole à Hélène Thiollet, chercheuse au CNRS (CERI, Sciences Po), spécialiste des migrations au Moyen-Orient et dans la Corne de l'Afrique et très engagée dans la structuration d'un dialogue entre mondes académique, médiatique et politique, notamment autour de projets comme Desinfox Migrations mais aussi l'émergent Groupe international d'experts sur les migrations (GIEM), inspiré du GIEC. Dans cet épisode, il a d'abord été question de la trajectoire d'Hélène Thiollet, imprégnée de pluridisciplinarité, de goût pour les lettres classiques, la mythologie et les terrains "lointains", avant d'arriver à la géographie puis à la science politique et à la manière dont celle-ci permet de comprendre et de déconstruire les représentations et "idées reçues" - un terme à repenser - sur le phénomène migratoire. Et parce que le "fact checking" n'est pas suffisant et que les connaissances sur les migrations ne manquent pas, Hélène Thiollet est revenue sur les différentes initiatives auxquelles elle a participé pour former les journalistes et les chercheurs à intervenir dans l'espace public afin de mieux faire circuler et diffuser ces connaissances. Comment sortir de la personnalisation des échanges entre chercheur.e.s, médias et décideurs? Comment faire intervenir le plus de chercheur.e.s possible en préservant leur autonomie? Et surtout comment rendre ces liens durables, surtout dans un contexte politique très polarisé sur la question et où les différents mondes nourrissent parfois des suspicions mutuelles?Dans cet épisode, il a aussi été question de conditions de travail, de ce que permet le statut de chercheur CNRS, notamment dans le temps qu'il offre à ses membres pour participer à de telles entreprises collectives.Merci à Hélène Thiollet pour cet épisode riche, bonne écoute, et bonne reprise!Pour aller plus loin:Site d'Hélène Thiollet Site de Desinfox MigrationsHélène Thiollet et Antoine Pécoud (dir.), Research Handbook on The Institutions of Migration Governance, Edward Elgar Publishing, 2023.Hélène Thiollet, Camille Schmoll, Catherine Lejeune et Delphine Pagès el Karoui, Migration, Urbanity and Cosmopolitanism in a Globalized World, Springer, 2021.Hélène Thiollet (dir.), Migrants. Migrations. 50 questions pour vous faire votre opinion, Armand Colin, 2016. Hélène Thiollet, Camille Schmoll et Catherine Wihtol de Wenden (dir.), Migrations en Méditerranée. Permanences et mutations à l’heure des revolutions et des crises, CNRS Editions, 2015. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
1/16/24 • 56:59
Pour terminer l'année 2023, et alors que la COP 28 remet la question climatique au cœur de l'actualité, nous avons le plaisir de nous entretenir avec François Gemenne, Chercheur à la Fondation nationale de la recherche scientifique, directeur de l'Observatoire Hugo de l'Université de Liège en Belgique, François Gémenne est aussi, et surtout dans le cadre de cet épisode, connu comme un expert du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Co-auteur du dernier rapport réalisé en 2023, François Gémenne est revenu sur le rôle qu'il a joué dans la rédaction du chapitre consacré aux migrations, ainsi que sur la cuisine interne de cette "vaste revue de littérature" qu'est le rapport du GIEC, des dilemmes et des défis auxquels sont confrontés les panels d'auteurs, que ce soit vis-à-vis de leurs collègues et, surtout, des décideurs. Il a aussi été question de la place des sciences sociales et des critiques fréquentes de politisation dont elles font l'objet par rapport aux autres sciences qui ont, de longue date, investi les questions climatiques. Dans cet épisode, nous avons également évoqué le rôle politique joué par François Gemenne en tant que conseiller en campagne(s) présidentielle(s), dans l'équipe de Benoît Hamon (PS) en 2017 et de Yannick Jadot (EELV) en 2022 Comment tracer la ligne rouge entre activités politiques et scientifiques lorsqu'on n'aime pas être qualifié d'activiste ni de militant? Comment s'adresser à un large public quitte à être pris pour "quelqu'un de droite"? Et finalement, est-ce que cela change quelque chose d'évoluer en permanence entre la France et la Belgique? Ce sont toutes ces questions auxquelles François Gemenne a accepté de répondre et dont nous le remercions vivement. Attention, en raison des conditions d'enregistrement la qualité sonore est un peu moins bonne que d'habitude mais nous vous souhaitons néanmoins une très bonne écoute, et surtout une bonne fin d'année ! Pour aller plus loin: Quentin Girard, "François Gémenne, vert vénère", Libération, 4 novembre 2022 François Gémenne, L'écologie n'est pas un consensus. Dépasser l'indignation, Fayard, 2022. François Gémenne, Géopolitique du climat. Les relations internationales dans un monde en surchauffe, Armand Colin, 2021. François Gémenne, Mc Leman Robert (dir.), Routledge Handbook of Environmental Displacement and Migration, Routledge, 2018. François Gémenne (dir.), L'enjeu mondial: L'environnement, Presses de Sciences Po, 2015 Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
12/11/23 • 38:54
Pour ce 30e épisode de Politistes dans la Cité, nous donnons la parole à Yann Raison du Cleuziou, professeur de science politique à l'Université de Bordeaux, et chercheur à l'Institut de recherche Montesquieu. Spécialiste des religions et plus particulièrement du catholicisme en France, Yann Raison du Cleuziou analyse les transformations du monde catholique français, survenues notamment depuis La Manif pour Tous. Le retour en force d'un conservatisme de droite, voire d'affinités avec l'extrême-droite, constitue l'un des fils rouges de ses ouvrages récents comme Une contre-révolution catholique (Seuil, 2019) ou encore A la droite du père (Seuil, 2022). Dans cet épisode, il a été question de la place particulière de l'étude des religions et du catholicisme dans la science politique française, de la familiarité du chercheur à son objet mais aussi de sa manière de le mettre à distance. Nous avons aussi échangé sur la difficulté à faire dialoguer le monde des sciences sociales et celui des religions, mutuellement suspicieux, et de comment Yann Raison du Cleuziou se prête à un exercice de "traduction" entre ces espaces, que ce soit dans les médias ou dans ses recherches. Enfin, fidèles à l'esprit de cette 4e saison, nous avons terminé cet entretien sur l'exercice du métier de politiste et sur les réflexions de notre invité après 15 ans de "turbo-prof" entre Paris et Bordeaux. Merci à Yann Raison du Cleuziou pour cet échange riche, dont nous vous souhaitons une très bonne écoute! Pour aller plus loin Yann Raison du Cleuziou, "Le Pape François représente-t-il les catholiques français", France Culture, La question du jour, 22 septembre 2023. Yann Raison du Cleuziou & Florian Michel (dir.), A la droite du père. Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours , Seuil, 2022 Yann Raison du Cleuziou, « Pour les catholiques conservateurs, l’adhésion au « grand remplacement » est un prolongement de la hantise du déclin », Le Monde, 19 janvier 2022. Yann Raison du Cleuziou, "National-populisme et christianismes. Les ressorts d’un ralliement paradoxal", Esprit, Le populisme en débat, 463, 2020. Yann Raison du Cleuziou, Une contre-révolution catholique. Aux origines de la Manif pour tous, Seuil, 2019. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
11/16/23 • 50:08
Pour cet épisode de rentrée de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Annabelle Allouch, maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Jules Vernes à Amiens et rattachée au CURAPP. Sociologue de l'éducation, spécialiste des politiques éducatives et du rapport entre usagers et institutions scolaires dans une perspective comparée France/Royaume-Uni/Etats-Unis, notre invitée a été formée à la science politique depuis son entrée à l'IEP de Strasbourg, puis à Paris 1 et à l'EHESS et s'est emparée depuis son doctorat de la question du mérite et de la méritocratie. Avec les réformes ayant touché l'enseignement supérieur et notamment l'instauration de la plateforme Parcoursup, Annabelle Allouch a été régulièrement sollicitée par les médias, et parfois prise à parti, sur des thèmes particulièrement sensibles, même si moins polarisés que par le passé selon notre invitée. De par ses ouvrages La société du concours (Seuil, 2017) Mérite (Anamosa, 2021) ou encore Les nouvelles portes des grandes écoles (PUF, 2022), Annabelle Allouch est souvent présentée comme une sociologue critique voire une adversaire du mérite et des réformes en cours, thèmes sur lesquels nous sommes notamment revenues dans cet épisode. Dans cet épisode, il a aussi été question de l'intervention sur des sujets apparemment "techniques", de style d'écriture, de la place des émotions en sciences sociales, et enfin, des conditions de travail. En effet, en écho au titre de l'épisode, cette rentrée est aussi l'occasion d'alerter sur la dégradation des conditions de travail des enseignant.e.s-chercheur.e.s, et de la condition particulière des "turbo-profs", qui travaillent à des centaines de km de leur lieu de vie et de leurs familles, des entraves à la mutation et à la mobilité dans l'enseignement supérieur et la recherche. Autant de thèmes importants et, nous l'espérons, mobilisateurs en ce début d'année, que nous vous souhaitons d'accompagner par l'écoute de ce podcast... Bonne rentrée! Pour aller plus loin MESRI, DGRH, Bilan de la mise en oeuvre du dispositif des mutations prioritaires des universitaires. 2015-2019. Annabelle Allouch, Les nouvelles portes des Grandes écoles, PUF, 2022. Annabelle Allouch, Mérite, Anamos a, collection « Le mot est faible ». 2021. Annabelle Allouch, « De l’individu au politique. L’angoisse comme régime d’expérience. » (avec Clémentine Vidal-Naquet et Christelle Rabier), in Tracés"Angoisse" (Dir. Annabelle Allouch, Christelle Rabier, Nicolas Rabain, Clémentine Vidal-Naquet); ,°38, 2021, p. 7-28. Annabelle Allouch, "Accès à l'université. Les réformes de l'angoisse" , AOC, 2 mai 2018. Annabelle Allouch, « L’ouverture sociale par le marché ? Sociologie de la captation des classes populaires à l’Université d’Oxford. », Revue française de Sociologie, n° 2, 2017, p.233-265 Annabelle Allouch, La société du concours. L’empire des classements scolaires, Paris : le Seuil/La République des idées, 2017. Annabelle Allouch, « L’éthique des élites scolaires. Du mérite à la responsabilité chez les étudiants de l’Université d’Oxford et de Sciences Po », L’année sociologique, n°66, 2016, p.193-224. Annabelle Allouch, "Self, Career and Nationhood: The contrasting aspirations of British and French elite graduates" (avec Sally Power, Phil Brown et Gerbrand Tholen), British Journal of Sociology, vol. 64, n° 4, 2013, p. 578-596.
10/10/23 • 48:30
Pour ce dernier épisode de la saison 3 de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Manuel Cervera-Marzal, chercheur qualifié FNRS et professeur associé à la faculté des sciences sociales de l' Université de Liège , spécialiste de la désobéissance civile et du populisme, notamment du populisme de gauche, et dont les travaux s'inscrivent au croisement de la philosophie politique et de la sociologie politique. A l'occasion des Rencontres de la science politique , qui se tiendront à Sciences Po Paris les 26 et 27 juin 2023, cet épisode vise à interroger la question de l'engagement dans l'espace public à l'aune de celle de la précarité des jeunes chercheur.e.s. Derrière le CV et la trajectoire "d'excellence", l'enchaînement de contrats après la thèse, les publications foisonnantes et un dynamisme apparemment à toute épreuve, Manuel Cervera-Marzal est régulièrement intervenu, notamment sur les réseaux sociaux, pour témoigner des dégats causés par la précarité financière et géographique et de ses liens ambivalents avec l'exposition médiatique. Dans cet épisode, nous sommes notamment revenus sur l'expérience de Manuel Cervera-Marzal au sein du Club des chroniqueurs de l'émission d'Arte 28 Minutes, qui a débouché sur un article publié sur le site AOC en janvier 2023 "Faut-il aller à la télé?". Cela nous a permis d'aborder la question de l'engagement de l'intellectuel (total ou spécifique) dans la Cité, des étiquettes dont on peut faire l'objet lorsqu'on intervient dans les médias, de l'intérêt qu'il peut y avoir à s'exprimer sur des sujets dont on n'est pas spécialiste, mais aussi de la réprobation que peut susciter, dans le milieu universitaire, ce qui est perçu comme une surexposition médiatique et un pas de côté qui peut coûter cher lorsqu'on cherche à être recruté. Dans cet entretien, il a beaucoup été question des différentes facettes de la maltraitance institutionnelle dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche, de la remise en question permanente, de la perte d'estime de soi, de la difficulté à se mobiliser lorsqu'on est dans la tourmente, et de ce que change, au bout de 7 ans, l'accès à un poste enfin stable, dans son cas en Belgique. Un grand merci à Manuel Cervera-Marzal d'avoir accepté d'intervenir sur ces nombreux sujets, et pour sa liberté de ton! Pour aller plus loin: Faut-il aller à la télé? Le sociologue et les sollicitations médiatiques,AOC, 23 janvier 2023 (accès gratuit à raison d'un article par mois, sous condition de renseignement d'une adresse e-mail)Lien ver s l'émission Hors-SérieManuel Cervera-Marzal, "La France insoumise, un « mouvement » qui n’en a que le nom ? Effacement symbolique et transformations pratiques de la forme partisane", Politix: Revue des Sciences Sociales du Politique, 2023, 138, p. 45-70. Manuel Cervera-Marzal, Portrait du politiste en funambule, Le Bord de l'Eau, 2022. Manuel Cervera-Marzal, Les nouveaux désobéissants: Citoyens ou Hors-la-loi?, Le Bord de l'Eau, 2023. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
6/19/23 • 56:45
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Claire Sécail, chargée de recherche au CERLIS/CNRS, spécialiste des médias et de communication politique. Dans cet entretien, nous sommes revenues sur son parcours marqué par une forte interdisciplinarité, entre l'histoire, sa discipline d'origine, mais aussi les études de communication et la science politique. Bien que vantée et mise en avant par les institutions, et "évidente" du point de vue des objets qui sont les siens, cette interdisciplinarité a aussi constitué un défi pour la chercheuse dans son parcours de recrutement sur lequel elle est revenue dans la première partie de cette émission. Dans la seconde partie de l'entretien, nous sommes longuement revenues sur l'étude qu'elle a publiée sur la campagne présidentielle de 2022 vue par Cyril Hanouna, l'animateur de Touche pas à mon Poste (TPMP) sur C8, et qui a valu à Claire Sécail de faire l'objet d'une forte attention médiatique mais aussi de discours de haine pour avoir montré en quoi TPMP participait d'une extrême-droitisation du débat public. Comment travaille-t-on sur une telle émission ? Comment la construit-on comme un objet de science politique ? Comment gère-t-on la réception de son travail ? Quelle mission s'assigne-t-on en tant que chercheuse lorsqu'il est question de démocratie et de débat public ? Une conversation à nouveau très riche, qui se conclut comme toujours par une question insolite, cette fois-ci sur les émissions "du bon vieux temps". Pour aller plus loin Claire Sécail, Emmanuelle Fantin, Valérie Schafer, « L’animal médiatique, au croisement des études animales et de l’histoire culturelle », Le Temps des médias, n° 40, printemps 2023. Claire Sécail, « L’élection présidentielle 2022 vue par Cyril Hanouna. 2.2 La campagne (janvier-avril 2022) », 9 novembre 2022. Claire Sécail, « L’élection présidentielle 2022 vue par Cyril Hanouna. 1.2 La pré-campagne (septembre-décembre 2021) », 26 janvier 2022. Claire Sécail, Les meetings électoraux. Scènes et coulisses de la présidentielle de 2017, Presses universitaires du Septentrion, 2020. Claire Sécail, Le Crime à l’écran. Le fait divers à la télévision française (1950-2010), INA/ Nouveau monde Editions, 2010. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
5/11/23 • 55:55
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Alexandre Dézé, maître de conférences en science politique à l'Université de Montpellier et chercheur au CEPEL. Spécialiste des partis politiques d'extrême droite, Alexandre Dézé est revenu sur le cheminement intellectuel et politique qui l'a amené à se consacrer à ces partis depuis les années 1990, sur la manière dont il est possible de rester détaché de ses jugements moraux en situation d'enquête, et surtout lorsqu'on est à l'étranger. Faisant le constat d'une faible cumulativité des recherches sur le Front National, Alexandre Dézé est par ailleurs revenu sur les raisons qui le poussent à intervenir dans la Cité, notamment autour de la question des sondages, à laquelle il a consacré en 2022 un ouvrage critique et grand public intitulé 10 leçons sur les sondages politiques (De Boeck), paru en pleine élection présidentielle. Cette question des sondages nous a longtemps occupés puisqu'Alexandre Dézé a fait l'objet d'une plainte de l'IFOP pour diffamation, suite à la critique qu'il avait émise d'un sondage produit par ce même institut. Sans qu'il soit possible d'entrer dans les détails d'une affaire toujours en cours sur le plan judiciaire, nous sommes revenus sur les menaces qui pèsent sur la liberté académique et sur les soutiens qu'il est possible de mobiliser dans ce genre d'affaires, à commencer par le mécanisme de protection fonctionnelle de l'Université. Cet échange a enfin été l'occasion d'aborder d'autres aspects du métier, et notamment l'activité de directeur de collection chez De Boeck, et la manière dont Alexandre Dézé conçoit son rôle en matière d'élaboration de manuels de science politique plus appropriés que par le passé au public étudiant. Un grand merci à Alexandre Dézé, à qui l'AFSP réitère tout son soutien dans son combat pour la défense des libertés académiques! Pour aller plus loin: Lien vers l'Observatoire des Atteintes à la Liberté Académique "'Une tentative de rappel à l'ordre': l'IFOP poursuit un chercheur qui a critiqué la méthodologie d'un sondage", Libération, 4 avril 2022. L'IFOP tente de faire taire les universitaires. Pétition en soutien à notre collègue Alexandre Dézé (via Le Blog de Médiapart) Alexandre Dézé, 10 leçons sur les sondages politiques, De Boeck, 2022. Humberto Cucchetti, Alexandre Dézé et Emmanuelle Reungoat, Au nom du peuple? Idées reçues sur le populisme, Le Cavalier Bleu, 2021. Sylvain Crépon, Alexandre Dézé et Nonna Mayer (dir.),Les Faux-semblants du Front national. Sociologie d’un parti politique, Presses de Sciences Po, 2015. Alexandre Dézé, « Pour une iconographie de la contestation », Culture et conflits, n°91-92, 2013, p. 13-29 Alexandre Dézé, Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, Armand Colin, 2012. Alexandre Dézé, Jean-Louis Missika et Bertrand Denis, Parler pour gagner : sémiotique des discours de la campagne présidentielle de 2007, Presses de Sciences Po, 2011. Myriam Aït-Aoudia et Alexandre Dézé « Contribution à une approche sociologique de la genèse partisane. Une analyse du Front national, du Movimento sociale italiano et Front islamique de salut », Revue française de science politique, vol. 61, n°4, 2011, p. 631-657. Yohann Aucante et Alexandre Dézé (dir.), Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question, Paris, Presses de Sciences Po, 2008.
4/11/23 • 49:18
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Frédérique Matonti professeure de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et chercheuse au Centre européen de sociologie et de science politique. Spécialiste d'histoire sociale des idées politiques, notamment au travers de l'histoire du parti communiste, thème sur lequel nous sommes revenus au tout début de l'épisode, mais aussi des questions de genre, Frédérique Matonti a également co-fondé Politika portée depuis 2017 par le LabEx Tepsis et qui se veut être une vitrine internationale de la recherche en sciences sociales, plurilingue et en accès libre. A côté de l'université, Frédérique Matonti est également engagée dans le débat public et intervient régulièrement dans les médias, notamment à la faveur de ses travaux sur la parité, les "scandales" politico-médiatiques sur la vie privée des hommes et des femmes politiques, mais aussi, plus récemment, sur ce qu'elle analyse comme le retour en force d'une vague réactionnaire et la diffusion des idées d'extrême-droite dans le paysage médiatique, politique, universitaire. Nous sommes ainsi longuement revenues dans cet entretien sur son dernier essai intitulé Comment sommes-nous devenus réacs ? (Fayard, 2021). Qu'est-ce qu'être "réac"? Pourquoi faut-il assumer ses positions, de droite comme de gauche? Toutes les recherches sont-elles définies par une identité politique ? Une conversation à nouveau très riche que nous avons le plaisir de diffuser un 8 mars... Bonne écoute ! Pour aller plus loin: Site de Politka et lien vers l'atelier sur l'élection présidentielle 2022. Frédérique Matonti, Comment sommes-nous devenus réacs? , Fayard, 2021. Frédérique Matonti, « Il n’y a plus de digues pour empêcher l’extrême-droite d’imposer sa vision du monde », Libération, 7 novembre 2021 Frédérique Matonti « Le vêtement en politique. Représentation, ressemblance et faux pas », Travail, genre & société, n°41, 2019. « L’ordre des sexes en politique », Entretien avec Frédérique Matonti, Politika, 2017. « Quel genre de politique? Entretien avec Frédérique Matonti », La Suite dans les Idées, France Culture, 8 avr il 2017. Frédérique Matonti, Le genre présidentiel. Enquête sur l'ordre des sexes en politique , La Découverte, 2017. Frédérique Matonti, « Retour au concept : le structuralisme des Cahiers pour l’analyse », Raisons politiques, n°67, 2017. Frédérique Matonti, Intellectuels communistes. Essai sur l’obéissance politique. La Nouvelle Critique (1967-1980), La Découverte, 2005 Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
3/8/23 • 51:26
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Benoît Pélopidas, professeur associé à Sciences Po Paris, rattaché au CERI, et également affilié au Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’Université de Stanford. Benoît Pélopidas est spécialiste des questions liées au nucléaire militaire. En 2022, il a notamment publié Repenser les choix nucléaires aux Presses de Sciences Po, un ouvrage qui s'inscrit dans un vaste programme collectif sur les savoirs liés au nucléaire et qui a notamment bénéficié de plusieurs financements, nationaux et européens, refusant le financement d'acteurs de la filière tout comme d'activistes antinucléaires afin d'éviter les conflits d'intérêts. Dans cet entretien, nous sommes revenus sur ce que signifie faire une recherche indépendante sur un thème aussi crucial que politiquement sensible que le nucléaire militaire, thème sur lequel prolifèrent d'un côté les discours de légitimation des dirigeants, et de l'autre les discours militants, pro ou anti-nucléaire. Outre les critères de définition de l'indépendance, en passant par l'évaluation et les financements et l'importance de la pluridisciplinarité, Benoît Pélopidas est aussi revenu sur les résultats inédits du programme de recherche, qui posent les jalons d'une autre discussion démocratique sur le nucléaire militaire. Enfin nous avons abordé la question de la diffusion des savoirs dans le champ politique: faut-il accepter toutes les invitations, et sous quelles conditions? Que signifie adopter une posture critique? Celle-ci se confond-elle avec une position "anti-nucléaire"? Merci à Benoît Pélopidas pour cette discussion et les bases qu'il propose pour penser l'éthique de la recherche en sciences sociales. Très bonne écoute! Pour aller plus loin: Lien vers le site du p rogramme d’études des savoirs nucléaires Benoît Pelopidas,Repenser les choix nucléaires, Paris, Presses de Sciences Po, 2022 Voir aussi un entretien écrit sur le site du CERI et un entretien vidéo dans Médiapart. Benoît Pelopidas et Kjolv Egeland, « No such thing as a free donation? Research funding and conflicts of interest in nuclear weapons policy analysis », International Relations, publié en ligne le 22 décembre 2022. Sébastien Philippe et Tomas Statius, Toxique. Enquête sur les essais nucléaires français en Polynésie. Paris, PUF 2021. Benoît Pelopidas, « Imaginer la possibilité de la guerre nucléaire pour y faire face. Le rôle de la culture populaire visuelle de 1950 à nos jours », Cultures & Conflits, 2021/3-4, p. 173-212. Thibaud Boncourt, Marielle Debos, Mathias Delori, Benoît Pelopidas et Christophe Wasinski, « Que faire des interventions militaires dans le champ académique. Réflexions sur la nécessaire distinction entre expertise et savoir scientifique », 20/21 Revue d'histoire, 2020/1, p. 130-150. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
2/9/23 • 50:21
Pour inaugurer l'année 2023, nous avons le plaisir de tendre le micro à Audrey Célestine, maîtresse de conférences en études anglophones à l’Université de Lille, rattachée au CERAPS (le Centre d’études et de recherches administratives politiques et sociales), et ancienne membre de l’Institut universitaire de France. Dans cet épisode, nous sommes d'abord revenues sur la trajectoire d'Audrey Célestine, docteur en science politique, recrutée dans un département d'études anglophones, et donc sur les atouts et les défis d'être à cheval entre plusieurs disciplines, et d'enseigner dans des formations où les sciences sociales sont parfois peu présentes, avant d'entrer dans le coeur du sujet de son rapport à l'espace public. Ces dernières années, et surtout depuis 2021 où il a été question tant dans l'espace politique que médiatique de wokisme, de cancel culture et d'islamo-gauchisme à l'université, Audrey Célestine s'est retrouvée partie-prenante, parfois malgré elle, de débats houleux, portant notamment sur les usages du concept de race, tantôt entre universitaires, tantôt sur les plateaux télévisés et dans les médias en général. Toutes les critiques sont-elles bonnes à prendre, comment y répondre, et toute critique est-elle nécessairement disqualifiante du point de vue scientifique? Cette question nous a occupées pendant un long moment, avant d'aborder un deuxième thème, celui du mode d'écriture et des deux ouvrages récemment publiés par notre invitée (Une famille française en 2018 et Des vies de combat en 2020), l'un mettant en pratique le style de l'égo-histoire, l'autre proposant un galerie de portraits de femmes noires aussi différentes que Rosa Parks, Nina Simone, Marie Josée Pérec ou encore Toni Morrison. Ces ouvrages, bien que différents, ont en commun l'objectif assumé de s'adresser à un autre public que celui des universitaires (même si ces derniers se sont avérés de fidèles lectrices et lecteurs...) Merci à Audrey Célestine pour cet entretien à nouveau très inspirant, et pour être revenue sur les dessous de tous ces dispositifs d'intervention dans la Cité. Bonne écoute, et bonne année 2023! Pour aller plus loin Audrey Célestine, « La transformation des identifications raciales en Martinique sous l’effet des migrations vers la France hexagonale », Critique internationale, n°95, 2022, p. 66-85. Audrey Célestine,Des vies de combats, Femmes, noires et libres , Éditions L’Iconoclaste, 2020. Réédité en format poche en 2022. Audrey Célestine, La fabrique des identités : L'encadrement politique des minorités caribéennes à Paris et New York, Karthala, 2018. Audrey Célestine, Une famille française , Textuel, 2018. Arte 28 minutes. Le magazine de l’actualité Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
1/12/23 • 49:18
Pour bien terminer l'année 2022, nous avons le plaisir de tendre le micro à Daniel Mouchard, professeur de science politique à l'Institut d'études européennes de l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, pour parler d'une reconversion professionnelle temporaire dans le milieu politique, une autre facette de l'engagement que nous avions déjà un peu exploré dans l'épisode avec Pascale Laborier. Spécialiste des mouvements sociaux et des questions de représentation, co-fondateur de la revue Raisons Politiques,Daniel Mouchard a en effet une trajectoire peu commune de politiste, puisqu'en 2010, soit quelques années après son recrutement, il est appelé à rejoindre le cabinet du maire de Paris de l'époque, Bertrand Delanoë, d'abord comme conseiller chargé de l'enseignement supérieur de la recherche et de la laïcité, avant de devenir 4 ans plus tard, suite à l'élection d'Anne Hidalgo, directeur du cabinet de la maire adjointe en charge de l'ESR et de la vie étudiante, puis de réintégrer son poste à l'université en 2018. Dans cet entretien, Daniel Mouchard est revenu sur cette parenthèse de 8 ans à la mairie de Paris, sur cette "fenêtre d'opportunité" particulière alors qu'il occupait déjà des fonctions administratives à l'Université, sur les raisons de son choix et les dilemmes rencontrés au moment de prendre un poste clairement politique et partisan, sur certaines activités typiques du conseiller en cabinet, et sur la transformation de son rapport au temps. Nous sommes aussi revenus sur ce qui peut faire la force d'une formation de politiste lorsqu'on occupe ce type de fonctions, et les défis à relever, notamment en temps de crise majeure, comme lors des attentats de 2015. Une conversation à nouveau très riche, qui se conclut par un dilemme de taille pour notre invité dans la question insolite...! Bonne écoute, nous nous retrouvons en 2023! Pour aller plus loin Daniel Mouchard (dir.), «. Démocraties urbaines », Raisons politiqu es, 3, 79, 2020 Daniel Mouchard, « Les 'sans' », in Danièle Tartakowsky (dir.), Paris Manifs, PUR, 2011 Daniel Mouchard, « Les mouvements sociaux, laboratoire de la démocratie », LaViedesIdées, 7 septembre 2010. Daniel Mouchard,Etre représenté: mobilisations d'exclus dans la France des années 1990, Economica, 2009. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
12/13/22 • 49:56
Dans ce 21ème épisode de Politistes dans la Cité, nous nous entretenons avec Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches en science politique à l'Université Paris 8, responsable du Master de science politique et rattachée au CRESPPA. Spécialiste des procès politiques et des questions de justice et de répression, Vanessa Codaccioni a été extrêmement sollicitée dans l'espace public: journaux, plateaux-télé, mais aussi commission parlementaire et tribunaux, à la faveur d'une conjoncture délicate allant de la séquence des attentats de 2015 en France au mouvement des Gilets Jaunes. Dans cet entretien, notre invitée est revenue sur sa trajectoire, ses motivations à parler dans l'espace public, et sur comment une socio-historienne, habituée au "confort des archives", s'est retrouvée interpellée par les médias sur des sujets allant de l'État d'exception aux violences policières, tout en interpellant elle-même au travers d'ouvrages grand public et de tribunes pour dénoncer les excès de l'appareil d'État, ce qui lui a valu notamment une réputation de politiste "anti-flic" pendant le mouvement des Gilets Jaunes. Dans cet épisode, il a été question d'espaces et de séquences encore peu explorées dans le podcast (comment intervenir dans un procès ou au lendemain d'un attentat?), mais aussi de documentaires, de films et de séries....On vous souhaite une très bonne écoute! Pour aller plus loin: Vanessa Codaccioni, La société de vigilance. Auto-surveillance, délation et haines sécuritaires , Paris, CNRS, 2021. Vanessa Codaccioni : « Les policiers incarnent le monopole de la violence physique légitime de l’Etat », Le Monde , 25 avril 2021 Intervention de Vanessa Codaccioni dans le Compte rendu n°10 de la Commission d’enquête relative à l’état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l’ordre de l’Assemblée nationale, 14 octobre 2020 Intervention de Vanessa Codaccioni dans le documentaire de David Dufresne, Un pays qui se tient sage (2020) Vanessa Codaccioni, La légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières , Paris, CNRS Éditions, 2018 Vanessa Codaccioni,Justice d’exception. L’État face aux crimes politiques et terroristes , CNRS Éditions, 2015 Vanessa Codaccioni, Punir les opposants. PCF et procès politiques (1947-1962), CNRS Éditions, 2013 Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
11/14/22 • 48:20
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous échangeons avec Olivier Schmitt, professeur de relations internationales au Center for War Studies de l'Université du Sud Danemark, et qui a été pendant deux ans, de 2020 à 2022, directeur scientifique de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), une institution peu connue du grand public mais qui a pourtant pour ambition de former les élites militaires et civiles de l'État aux enjeux de sécurité et de défense. Mais quelle est la valeur ajoutée d'un politiste dans ce type d'institution ? A l'inverse, que peut-on y trouver en tant qu'universitaire, spécialiste de science politique et de relations internationales ? Dans la première partie de cet épisode, il a beaucoup été question du défi de la circulation des savoirs entre l'université, la haute administration et le monde de la défense, et du constat posé par notre invité, d'une distance persistante entre ces mondes, et du cloisonnement des cultures professionnelles, y compris dans des institutions qui visent le contraire. Dans le fil d'une actualité qui nous poursuit, celle de la guerre en Ukraine, il a ensuite été question du positionnement d'Olivier Schmitt sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, et notamment des idées reçues qu'il s'est efforcé de déconstruire sur la toile, à partir d'un ouvrage grand public, Pourquoi Poutine est notre allié? paru en 2017, et qui a retrouvé une grande actualité depuis février 2022. Enfin, en revenant sur la trajectoire d'un internationaliste atypique passé par Aix en Provence, Genève, Londres, Montréal avant d'aterrir à Odense, nous avons terminé l'entretien en parlant des défis de l'internationalisation dans la carrière des politistes aujourd'hui, et des choix qu'il faut parfois faire (tôt) entre rester en France ou partir à l'étranger. Merci beaucoup à Olivier Schmitt pour cet échange très riche, et bonne écoute à toutes et à tous! Pour aller plus loin Page personnelle d'Olivier Schmitt: https://olivier-schmitt.com/ Olivier Schmitt et Charles-Philippe David, La Guerre et la Paix. Approches et Enjeux de la Sécurité et de la Stratégie , 4e éd., Presses de Sciences Po, 2020 Olivier Schmitt, Allies that Count. Junior Partners in Coalition Warfare, Georgetown University Press, 2018 Olivier Schmitt, Raymond Aron and International Relations , Routledge, 2018 Olivier Schmitt, Pourquoi Poutine est notre Allié?, Hikari Éditions, 2017. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
10/10/22 • 46:57
Pour ouvrir la rentrée universitaire et la saison 3 de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Émilie Frenkiel, spécialiste de la Chine contemporaine, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris Est Créteil (UPEC), directrice adjointe du LIPHA (le laboratoire interdisciplinaire du politique Hannah Arendt), membre du comité de rédaction de La Vie des idées , et surtout principale artisane du lancement de conventions citoyennes étudiantes au sein l’UPEC en 2020. Ce dispositif participatif inspiré de la Convention citoyenne pour le Climat (on vous renvoie à l'épisode 1 de Politistes dans la Cité avec Loïc Blondiaux) ne vise rien de moins qu’une transformation en profondeur des pratiques universitaires : de l’alimentation sur le campus à une formation intellectuelle plus horizontale et inclusive, qui soit en phase avec les enjeux du 21e siècle, à commencer par celui du climat. Des thématiques qui ont trouvé un fort écho médiatique suite aux manifestations de diplômés de grandes écoles appelant à « bifurquer » et à remettre en cause le contenu de leurs formations. Dans cet épisode, nous sommes revenues sur la configuration particulière qui a donné envie à Emilie Frenkiel de se lancer dans une aventure certes innovante, mais aussi chronophage. Plusieurs facteurs, allant des suites de la Convention citoyenne pour le climat à l’ouverture d’un nouvel Institut d’études politiques à Fontainebleau , en passant par la crise du Covid, un terrain chinois devenu inaccessible et le passage des enseignements au distanciel, vont donner l’impulsion à ces innovations. Comme souvent dans le podcast, il a également été question de la « bifurcation » d’une trajectoire intellectuelle : des intellectuels chinois qui tentaient de réformer leur pays à des dispositifs pédagogiques et scientifiques innovants en banlieue parisienne. La diffusion de cet épisode coïncidant avec le lancement de la deuxième édition de la convention citoyenne étudiante à l’UPEC, nous espérons que cela suscitera nombre de réflexions et débats dans la communauté des politistes. Bonne écoute ! Pour aller plus loin La présentation de la prochaine convention citoyenne étudiante et le film sur la première édition peuvent être consultés ici : https://algopo.osp.cat/processes/CCE2 Emilie Frenkiel, « Multiplions ces écoles de la démocratie que sont les conventions citoyennes étudiantes », 1er juin 2022, Le Monde Emilie Frenkiel, «Participatory budgeting and representation in China », Journal of Chinese Governance, 2020. Emilie Frenkiel, «Quand les citoyens écrivent la loi. La Convention citoyenne pour le climat», La vie des idées, 8 mai 2020 Emilie Frenkiel et Simeng Wang, « Participer dans le monde chinois : une jeunesse connectée », Participations, 2017/1. Emilie Frenkiel, Conditional Democracy: the Intellectual Debate on Political Reform in China, ECPR Press, 2015 Emilie Frenkiel, Parler politique en Chine, Presses Universitaires de France, 2014. Emilie Frenkiel et Jean-Louis Rocca, La Chine en mouvements, Presses Universitaires de France, collection Vie des Idées, 2013.
9/14/22 • 47:42
Pour clôturer cette deuxième saison de Politistes dans la Cité, nous avons le très grand plaisir de nous entretenir avec Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences en science politique à l'Université Paris Nanterre, rattachée à l'Institut des sciences sociales du politique. Spécialiste des conflits armés et de l'action protestataire dans les espaces post-soviétiques, elle fait partie d'une petite communauté de chercheuses et chercheurs spécialistes de la zone post-soviétique qui était déjà en "état d'alerte" depuis 2013 avec la guerre du Dombass. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, elle est sans doute la politiste la plus présente dans les médias, notamment parce qu'elle a entamé une intense activité d'information et de diffusion de connaissances via Twitter. Son compte @colinlebedev est ainsi passé de 3 000 à 65 000 abonnés en l'espace de quelques mois et a constitué une mine d'informations, notamment pour les journalistes. Attachée depuis longtemps à la diffusion des connaissances au grand public, Anna Colin Lebedev nous fait entrer dans son "atelier" de fabrique de "fils Twitter", revenant sur des cas particulièrement sensibles (comment tweeter sur la question des tortures ?), sur les risques de ce type d'interventions (en raison, aussi, de la circulation de fake news), mais aussi la manière dont le rapport "chercheuse-journaliste" a pu être mis à son profit, en proposant un cadrage plus académique dont les journalistes, pour une fois, semblaient demandeurs, de France Culture à BFM en passant aussi par Brut ! Nous avons aussi parlé de la manière dont on se sent légitime (ou pas) pour s'exprimer sur un sujet dans un moment de crise telle que celui de la guerre, quand on est d'abord identifiée comme spécialiste de la Russie. Il a aussi été question de la place déclinante des études sur les aires comparées, et de leur marginalisation dans la science politique française. Ce podcast, enregistré au terme d'une période d'intenses sollicitations poussant quasiment au surmenage, a aussi été l'occasion d'interroger la difficulté des institutions universitaires à soutenir les chercheuses et chercheurs qui sont amenés, de par l'urgence de certaines crises comme celle de l'Ukraine, à intervenir dans l'espace public. Car, faut-il le rappeler, tout ce travail ô combien nécessaire de diffusion de connaissances est chronophage, bénévole, peu valorisé et se surajoute à toutes les autres activités d'une enseignante-chercheuse. Comme cette conversation était passionnante et aussi parce qu'il faudra patienter jusqu'à la rentrée universitaire pour découvrir la saison 3, nous avons souhaité vous livrer cet épisode in extenso. Bonne écoute donc, et n'hésitez pas à nous laisser des commentaires, directement sur les plateformes ou bien à l'adresse afsp@sciencespo.fr !Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
7/1/22 • 59:05
Pour cet épisode de Politistes dans la Cité, nous avons l’honneur de recevoir Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS rattachée au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po Paris, ancienne présidente de l’Association française de science politique de 2005 à 2016 et membre de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (la CNCDH) depuis 2017. Spécialiste du Front National, du racisme et de l’antisémitisme, les travaux de Nonna Mayer, sont « branchés » sur l’actualité de la vie politique et sociale française. Une porosité assumée par notre invitée qui revendique un positionnement scientifique strict, refusant de porter un jugement normatif sur les comportements qu’elle étudie, et qui s’arme de prudence quant aux mots qu’elle emploie. Cette prudence et cette rigueur, d’autant plus nécessaires que les sujets sont sensibles, ne s’accompagnent pas pour autant d’un retrait de l’espace public et des médias, quitte à s’exposer comme cela a été le cas récemment dans le cadre de la controverse sur l’islamo-gauchisme. Forte de ces expériences, Nonna Mayer nous livre un certain nombre de conseils sur la manière de se positionner et d’intervenir dans les médias. Cet épisode est aussi l’occasion pour Nonna Mayer de revenir sur son parcours, sur les figures qui l’ont accompagnée, les centres qui ont hébergé ses recherches, l’environnement du CEVIPOF, du CEE et de Sciences Po. La conversation s’achève sur le rôle qu’elle a joué au sein de l’Association française de science politique, sur l’importance de l’internationalisation et sur les enjeux de l’éthique, aujourd’hui, dans la défense de notre métier. Pour aller plus loin : Olivier Fillieule, Florence Haegel , Camille Hamidi et Vincent Tiberj (dir.), Sociologie plurielle des comportements politiques. Je vote, tu contestes, elle cherche…, Presses de Sciences Po, 2017. Nonna Mayer, Alain Policar et Philippe Corcuff (dir.), Les mots qui fâchent. Contre le maccarthysme intellectuel, Éditions de l’Aube, 2022 Nonna Mayer « Qualitatif ou quantitatif ? Plaidoyer pour l’éclectisme méthodologique », Bulletin de méthodologie sociologique, 139 (1), 2018, p.7-33 Nonna Mayer et Céline Braconnier (dir.), Les inaudibles : sociologie politique des précaires, Presses de Sciences Po, 2015 Nonna Mayer, Sociologie des comportements politiques, Armand Colin, 2010 Nonna Mayer, Gérard Grunberg et Paul Sniderman (dir.), La Démocratie à l’épreuve : une nouvelle approche de l’opinion des Français, Presses de Sciences Po, 2002 Nonna Mayer, Ces Français qui votent Le Pen, Flammarion, 2002 Nonna Mayer et Pascal Perrineau (dir.), Le Front National à Découvert, Presses de Sciences Po, 198 9 Nonna Mayer, La boutique contre la gauche, Presses de Sciences Po, 1986 Rapport 2020 sur le Racisme et Antisémitisme de la CNCDH Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
6/9/22 • 52:33
Pour ce 16e épisode de Politistes dans la Cité, nous recevons Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’Université de Lille, chercheur au Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (plus connu sous son acronyme CERAPS !). Spécialiste de la gauche française et des partis politiques (PS, LFI, LREM notamment), Rémi Lefebvre revient sur son engagement politique à gauche, mais aussi sa passion à parler de politique et à analyser la vie politique dans la Cité, auprès du grand public et dans les médias. En quoi un engagement assumé à gauche est-il compatible avec le métier d’enseignant-chercheur ? Quelles difficultés et quels atouts cela peut-il présenter dans l’accès en terrain ? Dans quelles conditions une parole universitaire peut-elle être entendue et utile dans un format médiatique qui enferme souvent les enseignants-chercheurs dans l’exercice (frustrant) du commentaire rapide ? Dans cet épisode nous sommes aussi revenus sur le dernier ouvrage de Rémi Lefebvre, Faut-il désespérer de la gauche ?, paru en pleine campagne présidentielle, et sur les risques qu’il y a à assumer publiquement des convictions politiques. Il est enfin question de rapport à la ville, et notamment à la métropole lilloise. Sans surprise, l’épisode se termine par l’évocation d’une série télévisée devenue culte, et qui mériterait sans doute de figurer dans les cours d’introduction à la science politique... Merci à Rémi Lefebvre pour son franc parler et son énergie communicative et bonne écoute à toutes et à tous ! Pour aller plus loin : Rémi Lefebvre, Interventions sur France Inter à l’occasion de la présidentielle de 2017 et 2022 Rémi Lefebvre, « La tortue, le trou de souris et Sisyphe : Mélenchon et l’élection présidentielle », AOC, le 13 avril 2022 Rémi Lefebvre, Faut-il désespérer de la gauche ?, Textuel, 2022 Rémi Lefebvre, Les mots des partis politiques, Presses universitaires du Mirail, 2022. Rémi Lefebvre, « Les primaires : entre désillusion et expérimentation », La Vie des idées, 12 avril 2022 Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel et Rémi Lefebvre (dir.), L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir, Presses Universitaires de Grenoble, 2022 Rémi Lefebvre et Emmanuel Taïeb (dir.), Séries politiques. Le Pouvoir entre fiction et vérité, De Boeck, 2020 Collectif Degeyter, Antonio Delfini, Fabien Desage, Fabien Eloire, Rémi Lefebvre, Yoan Miot, Frédéric Poulard, Stéphanie Pryen, Juliette Verdière, Cécile Vignal, Sociologie de Lille, La Découverte, 2017 Anne-Cécile Douillet et Rémi Lefebvre, Sociologie politique du pouvoir local, Armand Colin, 2017 Rémi Lefebvre, « « Politiste et socialiste ». Une politique d'enquête au PS », Revue internationale de politique comparée, 17(4), 2010, pp. 127-139 Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
5/16/22 • 42:45
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Patrick Le Galès, directeur de recherches au CNRS, rattaché au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po Paris et Doyen de l’Ecole urbaine de Sciences Po, Corresponding fellow of th e British Academy. Dans cet épisode nous sommes beaucoup revenus sur la manière dont la recherche de Patrick Le Galès, fermement articulée autour de la comparaison, de l’étude des villes et des politiques publiques dans un cadre globalisé, a, depuis toujours, nourri ses enseignements et des projets pédagogiques innovants. Ceux-ci ont entre autres, débouché sur la création de l’École Urbaine de Sciences Po en 2015. Mais comment passe-t-on d’un master de 12 étudiants à une formation qui compte parmi les plus attractives de Sciences Po tout en restant très exigeante sur les sciences sociales ? Comment convaincre les professionnels de l’urbanisme que pour gouverner la ville, il ne faut pas que « des préfets et des ingénieurs » ? En revenant sur le succès du séminaire Cities Are Back in Town, c’est aussi l’occasion de montrer comment on peut glisser d’un format d’intervention à un autre : du séminaire, au cours magistral jusqu’au MOOC . En fin d’épisode, nous soulevons aussi des questions importantes quant au statut des enseignants-chercheurs et à l’internationalisation. Comment mieux concilier la recherche et l’enseignement ? Faut-il fusionner le CNRS et l’Université ? Faut-il continuer à parler d’une internationalisation « anglo-saxonne » ? - une étiquette qui déplaît fortement à notre invité. Merci à Patrick La Galès pour cet échange riche et franc, et dont nous vous souhaitons une très bonne écoute ! Pour aller plus loin : Page personnelle « Pour en finir avec la fracture territoriale » Interview de Patrick Le Galès par Thiphaine de Rocquigny dans Entendez Vous l’Éco ?, France Culture, 23 mars 2021 Patrick Le Galès, (dir.) Gouverner la métropole Parisienne : États, conflits, réseaux, institutions, Presses de Sciences Po, 2020 Antoine Courmont, Patrick le Galès (dir.), Ville et numérique, PUF, 2019 Desmond King et Patrick Le Galès (eds.), Reconfigurating European states in crisis, Oxford University Press, 2017 Alberta Andreotti, Patrick Le Galès, Javier Francesco Moreno Fuentes, Un monde à la carte, les cadres supérieurs dans les villes européennes, PUF, 2016 Florence Faucher-King, Patrick Le Galès, L’Expérience New Labour, 1997-2009, Presses de Sciences Po, 2010 Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès, (dir.), Gouverner par les instruments, Presses de Sciences Po, 2004 Colin Crouch, Patrick Le Galès, Carlo Trigilia, Hemout Voeltzkow, Changing Governance of Local Economies: Responses of European Local Production Systems, Oxford University Press, 2004 Patrick Le Galès, Le retour des villes européennes ? Sociétés urbaines, mondialisation, gouvernement et gouvernance, Presses de Sciences Po, 2003 Patrick Le Galès, Politiques urbaines et développement local : une comparaison franco-britannique, L’Harmattan, 1993
4/12/22 • 45:56
Ce quatorzième épisode de Politistes dans la Cité est un peu particulier, puisqu’il est consacré à une chercheuse qui n’est pas là pour parler d’elle. Cette chercheuse, c’est Fariba Adelkhah, une anthropologue franco-iranienne, connue pour ses travaux sur l’Iran et l’Afghanistan. Depuis le 5 juin 2019, soit presque 3 ans, Fariba Adelkhah est privée de liberté en Iran, condamnée à 5 ans de prison, pour des motifs très politiques et arbitraires. Pour parler d'elle, de son travail, et de son positionnement dans la Cité, nous avons reçu Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS, et membre fondatrice de son comité de soutien, un comité qui réunit aujourd'hui plus d'une centaine de personnes oeuvrant sans relâche pour demander la libération inconditionnelle de Fariba Adelkhah et dénoncer l'arbitraire de son emprisonnement. Dans ce long entretien, nous avons d'abord pris le temps de parler du travail de chercheuse de Fariba Adelkhah: en quoi est-elle, plus que jamais, une anthropologue voire une politiste dans la Cité? Pourquoi ses travaux ont-ils pu être jugés "suspects" par le régime, alors même qu'elle prenait garde de ne jamais mélanger le scientifique et le politique? Comment expliquer que des pouvoirs publics ne fassent pas la différence entre recherche et "espionnage"? Dans un second temps, nous sommes revenues sur comment s'est organisée la mobilisation, visible et invisible mais toujours durable, du comité de soutien de Fariba: des hashtags "FreeFariba" à la demande de cessation des partenariats avec les institutions iraniennes en passant par de nombreuses manifestations à caractère scientifique. Nous sommes aussi revenues sur le choix d'innover dans les termes, en parlant de Fariba comme d'une prisonnière "scientifique" et non "politique". Enfin, nous avons clôt la discussion par un échange sur ce que signifie aussi le "risque": Fariba se savait-elle exposée à l'arbitraire? Savait-elle qu'elle "prenait des risques"? Qui définit ce qu'est un terrain à risque et quelles conséquences pour une recherche pionnière et indépendante cette notion de risque peut-elle avoir? Un grand merci à Béatrice Hibou d'avoir prêté sa voix et livré ses analyses pour sensibiliser, nous l'espérons, un public plus large à un combat qui n'est pas que celui de Fariba Adelkhah, mais bien celui de la recherche et des sciences sociales en général. Pour aller plus loin Site du comité de soutien : https://faribaroland.hypotheses.org « Écrits d’avant-prison. Pour la libération de Fariba Adelkhah », Critique internationale , n°90, janv-mars 2021 Pour Fariba Adelkhah et Roland Marchal. Chercheurs en péril, Presses de Sciences Po, 2020 Interview de Roland Marchal sur RFI suite à sa libération, 7 avril 2020 Série d'articles de Sociétés Politiques Comparées dédiés à Fariba et à la liberté scientifique «Sociologie et anthropologie sociale du politique: penser en pensant à elle et avec elle », Série de séminaires organisés au CERI autour et pour Fariba Fariba Adelkhah, Les Mille et une frontières de l’Iran. Quand les voyages forment la nation, Karthala, 2012. Fariba Adelkhah, Être moderne en Iran, Karthala, 2006. Fariba Adelkhah, La Révolution sous le Voile. Femmes islamiques d’Iran, Karthala, 1991. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
3/8/22 • 68:06
Dans ce nouvel épisode de Politistes dans la Cité, nous donnons la parole à Marielle Debos, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris 10 - Nanterre, chercheuse à l’Institut des Sciences Sociales du Politique (ISP) et actuellement membre de l’Institut d’études avancées de Princeton aux États-Unis. Spécialiste de la violence politique, des conflits armés, des politiques post-coloniales de la France, en particulier au Tchad, ses recherches actuelles portent sur la biométrie électorale en Afrique. Dans cet entretien, nous avons abordé de nombreuses questions qui ont trait à l’intervention dans le débat public. Que signifie être considérée comme une experte d’un pays comme le Tchad, anciennement colonisé, sans reconduire des formes de domination ? Quand et comment se positionner lors d’une crise comme celle d’un coup d’État ? Qu’est-ce qu’un terrain dangereux ? Quels sont les défis spécifiques rencontrés par les femmes sur ces terrains ? » Comment gérer la réception, universitaire et non-universitaire, de ses travaux et que faire d’un accueil critique quand on adopte soi-même une posture critique ? Enfin, que signifie une recherche indépendante, notamment sur des thématiques sensibles comme celles de la défense alors que la recherche sur projet et financé par des acteurs politiques se développe au point de devenir quasiment la norme ? Merci à Marielle Debos pour toute cette matière à penser et les débats (non tranchés !) ouverts dans cette discussion. Pour aller plus loin : Site personnel : https://www.marielledebos.com/ Marielle Debos, “Biométrie électorale: un mirage démocratique”, Afrique XXI, 6 septembre 2021 Marielle Debos, “Chad’s president lived and died by the gun. Will the country shift away from militarized rule?”, The Washington Post, 7 mai 2021. Marielle Debos, “France, the Military, and Strongman Politics in Chad”, African Arguments, 30 avril 2021. Marielle Debos, “Tchad : La France et les Etats-Unis ne pouvaient pas ignorer qu’ils jouaient avec le feu”, Le Monde, 23 avril 2021. Marielle Debos, “Biometrics and the disciplining of democracy: Technology, electoral politics, and liberal interventionism in Chad,” Democratization, Volume 28 (8), 2021 Thibaut Boncourt, Marielle Debos, Mathias Delori, Benoît Pélopidas, Christophe Wasinski, “Que faire des interventions militaires dans le champ académique? Réflexions sur la nécessaire distinction entre expertise et savoir scientifique,” 20&21 Revue d’histoire, 2020, n°145, p. 135-150. Marielle Debos,Le métier des armes au Tchad : le gouvernement de l’entre-guerres , Paris, Karthala, 2013. Traduit en anglais, Living by the gun in Chad: Combatants, impunity and state formation, London, Zed Books, 2016. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
2/14/22 • 42:04
Pour inaugurer l’année 2022, nous prenons un peu de hauteur philosophique et tendons le micro à Thierry Ménissier, professeur de philosophie politique à l’Université Grenoble Alpes, au sein de l’Institut universitaire de management (Grenoble IAE), membre de l’Institut de Philosophie de Grenoble (IPhiG). Spécialiste de Machiavel dont il a actualisé la pensée sur des terrains allant de la corruption à l’innovation, Thierry Ménissier, qualifié par certains de ses collègues de « philosophe impur », nous livre d’abord dans cet épisode ses réflexions sur l’état du dialogue entre philosophie et science politique et des difficultés de la pluridisciplinarité. Filant la métaphore du conservatoire de musique, notre invité décrit une formation disciplinaire exigeante mais aussi potentiellement enfermante. Thierry Ménissier nous fait également partager l’expérience des Rencontres Philosophiques d’Uriagequ’il a lancées il y a dix ans lorsqu’il présidait la Société alpine de philosophie et qui se tiennent tous les ans à l’automne. Conçues comme un moment d’échange entre des spécialistes de sciences humaines et sociales et un public curieux - et toujours plus nombreux – cet évènement renvoie pour lui à une ancienne tradition de philosophie ouverte sur la Cité. Mais pour Thierry Ménissier, cette tradition de philosophie populaire ne doit pas être confondue avec une consommation culturelle qui fait de la philosophie un outil de développement personnel anti-politique, tendance dont la philosophie politique n’est que partiellement préservée. Dans cette critique se joue en creux la question de savoir ce qu’est, véritablement, un succès dans l’entreprise de valorisation des savoirs issues des sciences humaines et sociales. Merci à Thierry Ménissier pour cet entretien riche, dont nous espérons qu’il donnera matière à penser à un large cercle ! Pour aller plus loin : Thierry Ménissier , « L’éleucratie : et si nous inventions un statut pour protéger la liberté de penser » ?, Presses Universitaires de Grenoble, Collection Le virus de la recherche, 2021. Thierry Ménissier, Innovations. Une enquête philosophique, Paris, Editions Hermann, 2021. Thierry Ménissier, « Un ‘moment machiavélien’ pour l’Intelligence Artificielle. La Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’IA », Raisons Politiques, 2020/1 (n°77), p. 67-81. Thierry Ménissier, « Tech for good » : quelle théorie de la justice pour les sociétés innovantes ?, The Conversation, 26 juin 2018 Thierry Ménissier, Philosophie de la corruption, Paris, Éditions Hermann, 2018. Thierry Ménissier, Machiavel. Ombres et lumières du politique, Paris, Editions Ellipses-Marketing, 2017. Thierry Ménissier, La liberté des contemporains. Pourquoi il faut rénover la République, Presses Universitaires de Grenoble, 2011. Site des Rencontres Philosophiques d’UriageHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
1/13/22 • 43:29
Dans cet épisode, nous tendons le micro à Manon-Nour Tannous, maîtresse de conférence en science politique à l’Université de Reims Champagne Ardennes, rattachée au Centre de Recherche Droit et Territoire, ainsi qu'à la Chaire d’histoire contemporaine du monde arabe (Collège de France) et au Centre Thucydide (Université Paris II, Panthéon-Assas), pour revenir sur la mobilisation des chercheuses et chercheurs sur la guerre en Syrie depuis 2011. Alors qu'on parle souvent de l'importance de mobiliser la communauté scientifique pour faire œuvre d’information et de solidarité, on a parfois tendance à oublier tous ces moments où la mobilisation ne prend pas ou alors de manière limitée, comme ça a été le cas pour la Syrie. De par ses liens familiaux avec le pays, Manon-Nour Tannous fait partie de celles et ceux pour qui ce conflit "lointain" est d'une lancinante familiarité. D'autant plus que lorsque le conflit éclate, elle effectue une thèse sur les relations diplomatiques entre la France et la Syrie, ce qui lui vaut d'être régulièrement sollicitée par les médias et les acteurs politiques. En partant de la question de la contribution des chercheuses et chercheurs au débat scientifique et politique sur le conflit syrien, cet épisode revient sur les nombreux aspects de ce que signifie un engagement académique dans l'espace public: sur la manière dont l'actualité redéfinit des agendas de recherche, sur la question de la responsabilité scientifique et des risques d'une prise de parole publique (pour soi et pour les autres), et aussi sur les défis de la pédagogie dès lors que la complexité ne peut plus être résumée en seulement "1 minute 30". Nous vous souhaitons une bonne écoute, et une bonne fin d'année 2021! Pour aller plus loin: « Syrie : Retour à la case Bachar », Interview de Manon-Nour Tannous par Florian Delorme dans Cultures Mondes, France Culture, 4 novembre 2021 « Spéciale Syrie », Interview de Manon-Nour Tannous par Laure Adler dans l'Heure Bleue, France Inter, 13 décembre 2016. « Manon-Nour Tannous : L’interminable recommencement des relations franco-syriennes est pathologique », Tribune, Le Monde, 27 oct obre 2017. Manon-Nour Tannous, Chirac, Assad et les autres, les relations franco-syriennes de 1946 à nos jours , Presses universitaires de France, Paris, 2017. Manon-Nour Tannous « Tenir son rang : la politique française à l’épreuve de la crise syrienne », Critique internationale, n° 74, 2017/1, p. 117 -136. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
12/14/21 • 40:38
Dans cet épisode de Politistes dans la Cité, nous tendons le micro à Gilles Dorronsoro, professeur de science politique à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, rattaché au Centre européen de sociologie et de science politique, pour parler de son dernier ouvrage, Le gouvernement transnational de l’Afghanistan. Une si prévisible défaite, paru en 2021 aux éditions Karthala (voir ci-dessous). Alors que nous avons toutes et tous en tête les images de la reprise du pouvoir par les Taliban à l’été 2021 dans une atmosphère de débâcle occidentale, la lecture de cet ouvrage, paru quelques mois avant la phase finale du retrait des troupes occidentales, est pour le moins déconcertante. Gilles Dorronsoro y dresse un constat à la fois sévère et lucide de l’intervention occidentale en Afghanistan depuis une vingtaine d’années, fondé à la fois sur ses travaux universitaires et sur sa participation à un think tank américain de première importance : la Carnegie Endowment for International Peace à Washington, entre 2008 et 2011. Dans cet épisode, nous revenons sur un parcours d’enseignant-chercheur peu linéaire, travaillant sur un sujet et des espaces qui, jusqu’à récemment, n’intéressaient pas grand monde, sur ce que signifie porter une voix critique de l’action gouvernementale dans l’espace public quitte à en faire parfois les frais, sur les biais qui empêchent les décideurs de prendre les bonnes décisions, sur les manières de se positionner comme expert dissident, mais en même temps pragmatique et constructif. Bref, un épisode riche dont nous vous souhaitons une très bonne écoute ! Pour aller plus loin : « Pakistan : la stratégie de l’ambiguïté », Cultures Mondes, France Culture, 3 0 août 2021 Gilles Dorronsoro et Adam Baczko, « La défaite de l’OTAN en Afghanistan est le résultat d’une stratégie erronée et d’une vision du monde biaisée », Tribune. Le Monde, 30 avril 2021 Gilles Dorronsoro, « Qui sont les Taliban ? », AOC, 30 avril 2021 Gilles Dorronsoro, Le gouvernement transnational de l’Afghanistan. Une si prévisible défaite, Karthala, 2021 Adam Baczko et Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie : Anatomie d’une guerre civile, CNRS Éditions, 2016. Version anglaise publiée chez Cambridge University Press Adam Baczko et Gilles Dorronsoro, « Pour une approche sociologique des guerres civiles»,Revue française de science politique, 2017, 67(2), p. 309-327. Gilles Dorronsoro , « Après les Taleban : fragmentation politique, hiérarchie communautaire et classes sociales en Afghanistan », Cultures & Conflits, 44, 2001 Site personnel de Gilles Dorronsoro Site du projet ERC « Social Dynamics of Civil Wars » Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
11/10/21 • 44:13
Alors que l'université fait sa rentrée, nous avons eu le grand plaisir, pour inaugurer cette saison 2 de Politistes dans la Cité, de nous entretenir avec Céline Braconnier, professeure de science politique et directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Si Céline Braconnier est bien connue pour ses travaux sur la démocratie et l'abstention, nous avons souhaité parler, dans cet épisode, de ce que signifie "bâtir" un nouvel institut d'études politiques: de sa conception à sa consolidation. En 2013, Sciences Po Saint Germain en Laye a en effet rejoint une "famille" ancienne et déjà fort nombreuse en devenant le 10e institut d'études politiques en France. Dans cet épisode, nous sommes revenues sur la genèse originale de cette institution, sur les négociations qu'il a fallu mener, sur les soutiens, nombreux, qu'à reçu ce projet d'un nouvel institut d'études politiques, sur les liens avec Sciences Po Paris dans un contexte parfois houleux, mais aussi, et surtout, avec tous les autres instituts d'études politiques. Parler de la science politique dans la Cité, c'est donc bien parler des lieux, et des institutions où elle s'enseigne. C'est aussi parler des contraintes voire des menaces qui pèsent sur cette discipline, comme on le voit en ce moment dans les défis auxquels Sciences Po Saint Germain en Laye est confronté, par manque de moyens, alors que les effectifs et la demande étudiante croissent. Parler de la science politique dans la Cité, c'est enfin parler de celles et ceux qui l'incarnent et nous remercions sincèrement Céline Braconnier pour sa prise de parole directe, notamment lorsqu'elle aborde les enjeux de consolidation de l'IEP, ou encore les défis qu'il y a à concilier une activité de direction avec une activité de recherche. Nous vous souhaitons une bonne écoute! Pour aller plus loin: Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, La démocratie de l'abstention : aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Gallimard, 2007. Céline Braconnier, « À plusieurs voix. Ce que les entretiens collectifs in situ peuvent apporter à la sociologie des votes », Revue française de sociologie, 2012, Vol.53 (1), p.61-93. Céline Braconnier et Nonna Mayer (dir.), Les inaudibles : sociologie politique des précaires, Presses de Sciences Po, 2015. Céline Braconnier, Jean-Yves Dormagen et Vincent Pons, « Voter Registration Costs and Disenfranchisement: Experimental Evidence from France », The American political science review, 2017, Vol.111 (3), p. 584-604. Céline Braconnier, Pierre-Yves Baudot, Marie-Victoire Bouquet et Ghislain Gabalda, «Les politiques publiques façonnent-elles les listes électorales ? Le cas des personnes handicapées en 2017», Revue française de Science Politique, Vol.70 (6), 2020. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
10/11/21 • 47:33