Originaires de San Francisco, Peter Hayes (chanteur et guitariste, né le 10 février 1976) et Robert Levon Been (bassiste, chanteur, pianiste et guitariste, né le 22 août 1978) se rencontrent au lycée de Lafayette, une banlieue aisée de Frisco. Robert a « de qui tenir » puisqu'il est en fait le fils de Michael Been, ancien chanteur du groupe rock à succès The Call, mais il ne le révèlera que tardivement, se cachant d'abord sous le nom plus passe-partout de Robert Turner. Un temps, Peter fait partie d'une des nombreuses incarnations du Brian Jonestown Massacre, ce qui lui vaudra d'apparaître dans le fameux documentaire Dig ! quelques années plus tard.
Après avoir quitté le Massacre, Peter Hayes fait avec Robert L. Been la connaissance d'un Anglais expatrié de leur âge, Nick Jago, qui joue de la batterie et avec qui ils ne tardent pas à sympathiser et à former un trio, ceci en 1996. Ils mettent au point une musique très influencée par celle des groupes garage ou noisy comme The Jesus & Mary Chain ou My Bloody Valentine (les indépendants anglais (The Stone Roses, Ride les passionnent aussi), et ils se baptisent d'abord The Elements, mais ils constatent très vite qu'un autre groupe s'appelle déjà ainsi et ils optent alors pour Black Rebel Motorcycle Club (couramment nommé BRMC), nom que porte la bande de motards menée par Marlon Brando dans le film L'équipée sauvage. Hayes et Been écrivent des chansons tous les deux, même si le premier est plus productif et chante plus volontiers.
Optant d'abord pour le système D, ils concoctent un disque fait « maison » à partir de leur meilleure démo, riche de 16 titres, et ils le vendent lors de leurs concerts, les 500 exemplaires gravés par leurs soins s'écoulant tous. C'est cette démo que la station KCRW de Santa Monica passe en rotation lourde tandis que l'antenne locale de la BBC à Sheffield l'élit « Disque de la semaine ». Ils s'installent alors à Los Angeles et reçoivent beaucoup d'offres de labels prestigieux. Sorti chez Virgin en avril 2001, leur premier album studio, Black Rebel Motorcycle Club, leur vaut les compliments de la presse, plus spécialement du New Musical Express, qui loue leur soif d'authenticité et leur consacrera pas moins de cinq « Une ». A leur premier passage en Angleterre (pays où ils ont réellement été découverts et sont à ce jour plus populaires que chez eux), Noel Gallagher (Oasis) n'hésite pas à se dire leur fan. On les compare alors souvent à The Strokes mais en version « côte ouest » (ce qui les agace profondément) et ils connaissent leurs premiers soucis à cause de Nick Jago, qui, pour de sombres raisons de visa et de permis de travail, ne peut officiellement pas quitter les Etats-Unis, sous peine de ne plus pouvoir y remettre les pieds. Ils s'établissent alors temporairement à Londres, jusqu'à ce que le batteur ait régularisé sa situation.
Durant leur séjour dans la capitale anglaise, ils se taillent une réputation peu flatteuse auprès des journalistes, qui n'aiment guère les interviewer : rebelles mais aussi hautains et taciturnes, ils s'habillent de noir en toute saison et affichent un air sinistre, les drogues qu'ils prennent n'arrangeant pas les choses. Nick Jago, manifestement le plus fragile du trio, est même envoyé en cure de désintoxication et il fera plusieurs allers-retours dans le groupe, sa place étant prise un moment par Peter Salisbury, ancien batteur de The Verve. Ceci explique peut-être pourquoi leur deuxième album, Take Them On, On Your Own, sorti en 2003, comprend des chansons issues de leur vieille démo 16-titres, chose qui leur a été imposée par Virgin et qu'il n'ont pas appréciée du tout. L'album, qui comporte certaines chansons aux textes très engagés mais s'avère très moyen, se classera pourtant n°3 en Grande-Bretagne (leur meilleure performance), son prédécesseur n'ayant atteint que le n°25.
En 2005, Virgin les ayant finalement lâchés, ils se retrouvent un temps sans maison de disques avant de trouver refuge chez Echo, pour laquelle ils enregistrent Howl, un album aux accents très blues et folk, voire country, majoritairement acoustique, où Nick Jago, toujours aux prises avec ses démons, ne joue que sur un seul titre. Il se reprendra pour la tournée (où ils font appel à un copain, Michael « Spike » Keating, pour les aider à la deuxième guitare), mais ils prennent une décision qui s'avèrera malheureuse en invitant en première partie The Brian Jonestown Massacre (l'ancien groupe de Hayes), qui est alors en train de sortir de l'anonymat grâce à Dig ! et finit par attirer davantage qu'eux l'attention, leur nouveau répertoire étant loin de faire l'unanimité.
L'aristocratie du rock semble quand même les avoir adoptés puisqu'un soir, ils ouvrent pour U2 dans un stade et jouent aussi avec Patti Smith. Néanmoins, ils retournent à Los Angeles un peu dépités et se lancent dans l'écriture de nouvelles chansons. A la sortie de Baby 81, en avril 2007 (qui sera suivi d'un EP : American X: Baby 81 Sessions), les ennuis semblent finis pour eux : si la presse semble les avoir un peu délaissés, le public, qui a apprécié qu'ils retrouvent sur cet album le son de leurs débuts, répond encore présent dans les salles et c'est sans doute tout ce qui importe pour eux.
De retour au garage rock mélodique et bruyant sur Beat the Devil's Tattoo (2010), le trio qui est retourné dans le giron indépendant du label Abstract Dragon accueille désormais le batteur Leah Shapiro. Fort de sa réputation scénique, Black Rebel Motorcycle Club enchaîne les albums en public : au premier baptisé Live (2009) succèdent Live in London (2010) et Live in Paris (2015). En 2013 paraît Specter at the Feast, au son toujours aussi mordant. Quatre ans plus tard, le producteur Nick Launay intervient sur le huitième album Wrong Creatures, sorti en 2018, précédé par quatre singles : « Little Thing Gone Wild », « Haunt », « Question of Faith » et « King of Bones ».