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La disparition subite, à trente-six ans et au sommet de sa gloire, de cette interprète brésilienne aimée des intellectuels et du petit peuple a été un choc national. Le vide qu'elle laissa mit du temps à être comblé. Sa voix fine au timbre aigu, son sens du rythme étaient servis par un répertoire choisi, allant de compositeurs contemporains (João Bosco et Aldir Blanc, Ivan Lins, Gilberto Gil, Tom Jobim, Lí Borges) aux anciens (Lupicínio Rodrigues). Née au sud du pays, Élis Regina a débuté à la radio avant d'enregistrer un album de calypso-rock (Viva Brotolândia, 1961), puis de boléro trois ans plus tard. Installée à Rio, son premier succès surgit en 1965, avec une interprétation de Arrastão une chanson signée Edu Lobo et Vinicius de Moraes. Elle a du swing, de la modernité à revendre. En duo avec le chanteur Jair Rodrigues, l'album Dois na bossa bat tous les records de vente. Il sera prolongé en 1966 et 1967 par deux autres volumes, nourris de bossa-nova, de pot-pourri de sambas populaires. En 1965, toujours aux côtés de Jair Rodrigues, elle lance une émission de télévision sur la TV Record de São Paulo : O Fino da bossa, où de très nombreux succès vont être lancés.
Tournées mondiales. En 1968, elle est invitée au Midem de Cannes, où elle lance « Pá Neguinho » (Edu Lobo/Gianfrancesco Guarnieri), qui la mène directement à Paris, à l'Olympia, puis dans d'innombrables tournées dans le monde entier. De retour au Brésil en 1970, Élis Regina est à l'affiche du Canecão, la salle de spectacle la plus prestigieuse de Rio, où la chanson « Madalena » devient un tube national, tandis qu'elle dirige une émission sur TV Globo. Les années suivantes, elle ne décollera pas des hit-parades brésiliens, et collaborera avec Tom Jobim (Élis e Tom, 1974), puis avec de jeunes talents comme Milton Nascimento ou Guilhermo Arantes. Avant sa mort accidentelle (officiellement, un arrêt cardiaque), Élis Regina avait connu des creux de vague. Mais qui l'avait entendue chanter « Trenzinho do caipira », un thème populaire célèbre composé par Heitor Villa-Lobos, ne pouvait oublier la fraîcheur de sa voix, la justesse de son timbre, son éclat.
V. M.