Né le 16 mars 1948 à Rouyn-Noranda (Canada), Richard Desjardins débute sa carrière dès l'adolescence en accompagnant au piano les prestations de son frère aîné, également musicien.
Au milieu des années 1970, avec quelques complices croisés sur un campus, il fonde le groupe de folk-rock Abbittibbi (patronyme tiré de la très réelle région administrative d'Abitibi-Témiscamingue d'où est issu Desjardins) inspiré tant par la chanson traditionnelle québécoise que par le folklore algonquin (tribu dont la région d'Abitibi-Témiscamingue constitue le berceau historique).
Tournant localement, Abbittibbi commence à obtenir une notoriété grandissante et le groupe enregistre un premier disque en 1981, Boom Town Café, album au ton décalé qui sort hors des circuits traditionnels de l'édition musicale et rencontre un important succès dans le milieu underground. Le groupe se sépare peu de temps après, les relations entre les membres n'étant plus au beau fixe.
Le micro et la caméra
Desjardins, de son côté, entame une carrière solo de chanteur country folk, mais aussi de documentariste et vidéaste. Déjà auteur, en 1977, de Comme des chiens en pacage, un documentaire sur le massacre des Algonquins pendant la colonisation du Canada, il récidive en 1982 avec Mouche à feu, un second film, là encore consacré à cette tribu indienne.
Du fait de ses activités de réalisateur, il met quelque peu sa carrière de musicien de côté, ne retournant en studio qu'en 1988 pour les besoins de Les Derniers Humains son premier album solo. Le discours social et satirique de l'album lui rapporte un certain succès et vaut la reconnaissance à son auteur. Des morceaux comme « Les Yankees » ou « 16.03.48 » (d'après Maurice Ravel) deviennent instantanément des tubes de la contre-culture québécoise.
Electron libre
En 1990, le deuxième album de Desjardins, Tu M'aimes-tu est là encore un succès critique et public. La même année, l'auteur compose la bande originale du film La Party, drame pénitentiaire de Pierre Falardeau, le réalisateur de la célèbre série de comédies québécoise Elvis Gratton. Consacré par un prix Félix Leclerc de la chanson, Desjardins n'en reste pas moins un marginal qui préfère auto produire ses albums, sans passer par un contrat avec une major en dépit des ponts d'or qui lui sont alors faits. L'homme se veut autonome et tient à la liberté que lui offre l'indépendance. Une indépendance qui se traduit par un engagement assez marqué à gauche et écologiquement radical.
Le retour des cinq mercenaires
Une tournée en France précède la sortie au format CD de son premier album, Les Derniers Humains en 1993 et, l'année suivante, sort son premier live, Richard Desjardins au Club Soda. En 1994, il participe activement à la reformation d'Abbittibbi pour le disque Chaude Etait la Nuit, deuxième album du groupe après Boom Town Café.
Les cinq musiciens partent alors en tournée à travers tout le Canada et, deux ans plus tard sortent un album enregistré en public, Desjardins Abittibbi Live. S'il continue à se produire, seul ou en compagnie de ses collègues, il n'en oublie cependant pas sa carrière de réalisateur de documentaires et, en 1999, sort son troisième film, L'erreur boréale, un brûlot écologiste à charge contre la gestion du parc forestier canadien. Dans la foulée, il crée un mouvement écologiste, L'action boréale, chargé de contrôler la commission gouvernementale gérant les eaux et forêts du Québec.
L'Algonquin
Choisissant de s'installer en France en l'an 2000, Desjardins participe à quelques projets radiophoniques, littéraires et documentaires, ne revenant à la musique qu'en 2003 avec l'anthologie Kanasuta. Reconnu par ses pairs, Desjardins est régulièrement sollicité par d'autres artistes dans le cas de duos ou de participations artistiques. On le retrouve ainsi aux côtés de Gilles Vigneault, Claude Léveillée et même le français Francis Cabrel.
En 2007, après avoir contribué à l'écriture d'un conte radiophonique à destination de la jeunesse (La Fabuleuse mélodie de Frédéric Petitpin), il revient sur les écrans avec Le peuple invisible, un nouveau documentaire, consacré, cette fois, aux indiens algonquins et à leur mode de vie. Là encore, le film est salué pour ses qualités pédagogiques et son efficacité au niveau de la prise de conscience. Signe de la reconnaissance de l'oeuvre accomplie, Richard Desjardins fait son entrée dans le Larousse en 2006.
Après presque trente années d'une carrière aussi bien journalistique qu'artistique, Richard Desjardins a bien gagné le droit d'être consacré comme le dernier des Mohicans.