Né en 1962 à quelques kilomètres de Québec, Bruno Pelletier est, comme beaucoup de jeunes gens de sa génération, un enfant du rock. Bon chanteur, il s’initie également à la guitare et à la batterie et évolue, durant son adolescence, dans nombre de groupes sans lendemain comme Snake Preview ou Amanite. Si, cédant en cela à la tentation du rock n’ roll, il chante tout d’abord en anglais, il ne tarde pas à revenir à ses racines francophones dès la fin des années 1980 en intégrant la place de chanteur de Pëll, une formation de rock québécoise.
Vivotant de petits contrats en engagements éphémères dans les bars et les clubs de la Belle Province, Pëll ne rencontre que de petits succès, ce qui pousse le chanteur à tenter une carrière solo. Il se présente au radio-crochet Rock Envol, une véritable institution au Canada, et décroche un premier véritable engagement professionnel qui se traduit par l’enregistrement de son premier album, Bruno Pelletier, et une participation à la comédie musicale Vu d’En Haut, l’année suivante.
De Jimmy à Johnny
Si Vu d’En Haut constitue la première rencontre entre Pelletier la comédie musicale, ce n’est certainement pas la dernière. En 1992, il se retrouve au casting de La Légende de Jimmy, l’opéra rock consacré à James Dean et montée par Luc Plamondon. En dépit de résultats commerciaux décevants pour la comédie musicale, la voix puissante de Pelletier lui vaut la confiance du metteur en scène qui lui confie le premier rôle du remake de Starmania, qu’il monte l’année suivante. Endossant le perfecto cuir de Johnny Rockfort, Pelletier se montre convaincant dans le rôle et rencontre au passage une jeune confrère faisant également partie du casting, Diane Tell.
Le triomphe de cette version 2.0 n’ayant rien à envier à celui de l’original, la troupe se produit trois ans durant en Amérique du Nord et en Europe. Lui-même alternera entre les trois rôles principaux durant cette tournée. En 1995, une fois son engagement terminé, il enregistre un nouvel album solo, Défaire L’Amour. Toutefois, s’il rencontre un succès d’estime très correct avec ce deuxième album, c’est surtout Miserere, en 1997, qui le propulse aux plus hautes marches des palmarès canadiens et lui vaut un Félix (l’équivalent Canadien des Victoires de la Musique en France).
Il est venu le temps des cathédrales
À l’image de son homologue Roch Voisine, comédien à l’occasion en plus de ses activités de chanteur, Pelletier est sollicité en 1998 par la télévision et décroche le rôle de l’Inspecteur Bergevin dans la série télé québécoise Omerta II dans lequel il se montre convaincant. Mais s’il peut camper un flic efficace à la télé, il revient vite à ce qu’il sait faire de mieux, la comédie musicale, en 1998, lorsque Luc Plamondon lui propose le rôle de Gringoire, le narrateur de Notre-Dame de Paris, l’opéra rock inspiré de Victor Hugo.
S’il n’est pas aussi présent en promo que Garou, Patrick Fiori et Daniel Lavoie, le morceau qu’il interprète seul, « Le Temps des cathédrales » est l’un des deux singles tirés de l’album chargés d’assurer le succès de celui-ci. En dépit d’un matraquage médiatique virant parfois à l’insupportable, Notre-Dame de Paris est un immense succès mondial et Pelletier n’y est pas pour rien.
Un monde à l’envers
Après l’immense tournée de la comédie musicale, Pelletier rentre en studio pour un quatrième album solo, D’autres Rives, qui sort en 2000 et sur lequel il invite quelques artistes francophones, à commencer par son collègue d’opéra rock, Daniel Lavoie.
Désormais internationalement connu de par la grâce de Notre-Dame de Paris, il entame la même année une tournée triomphale en Europe. Un deuxième Félix vient saluer le succès de l’album et Pelletier prend deux ans pour composer son prochain opus. En 2002, Un Monde à L’Envers le voit renouer avec un style plus marqué par le rock mais rencontre tout de même le succès.
Le Prince des ténèbres
En 2004, Bruno Pelletier annonce qu’il entame l’écriture de sa propre comédie musicale, basée sur une histoire qui lui tient à cœur, celle du suceur de sang le plus célèbre de l’histoire de la littérature et du cinéma. S’attribuant le rôle-titre de ce Dracula – Entre l’Amour et la Mort, Pelletier évacue le côté gore de la légende du comte transylvanien en la transposant dans un avenir mâtiné de SF et renouant avec les codes de l’amour romantique tel que décrit dans les films de la Hammer.
En dépit d’une mise en scène un peu épaisse (prépondérance des décors et de la pyrotechnie sur les prestations des chanteurs), le spectacle rencontre un succès, là où plusieurs comédies musicales s’étaient brisé le dos auparavant en tentant de saturer le marché. En 2007, Bruno Pelletier et le Gros Zorchestre se voit un peu plus jazzy et léger que sa précédente production, symbole d’une pluridisciplinarité joyeuse, assez loin des château des Carpathes et des cathédrales gothiques.
En 2009, Microphonium renoue avec la chanson classique et se taille là encore un succès majeur. Devenu l’un des artistes les plus prolifiques du Canada à l’intersection du chant lyrique, de la variété et du rock. S’il reste avant tout l’homme des comédies musicales à casting majoritairement Québécois, Pelletier n’en est pas moins un auteur interprète possédant un univers artistique qui lui est bien propre.