Le groupe MAP (Ministère des Affaires Populaires) est né dans la région lilloise, de l’initiative de deux cousins, Dias et Hk, à qui les parents venus d’Algérie ont inculqué un militantisme politique et social sincère. Evoluant depuis quelques années dans le milieu du rap, ils revendiquent une double appartenance : à la fois à la culture prolétarienne du nord de la France mais aussi à celle, aussi contrastée, du nord de l’Afrique.
C’est en 2003 qu’avec le DJ et percussionniste Stanko Fat, l’accordéoniste Jeoffrey Arnone et le violoniste Hacène Khelifa, surnommé Monsieur Hacène, que les deux cousins montent un groupe de rap, qu’ils baptisent le Ministère des Affaires Populaires, alias le MAP, en référence au sentiment politique qui les anime. Il mélange le violon (et ses mélodies influencées par le raï), l’accordéon (qui symbolise l’influence de la chanson française, Dias avoue avoir été influencé très jeune par ses parents écoutant Jacques Brel) et leur ch’ti natal. Une formule sans frontière pour le moins inédite qui va leur porter chance.
Debout La D’dans
Car tout s’enchaine très vite. Leur bal populaire d’un nouveau genre est l’une des révélations de la scène du Printemps de Bourges 2006, date qui correspond à la sortie de leur premier album Debout La D’dans, qui contient la mention inédite « Méfi Teu, Ch’ti Lyrics ». Le parler vrai, la lucidité de ces cinq musiciens touchent immédiatement le public. Ils tournent ensuite en première partie de Java, dont le rap-musette parisien n’est guère éloigné. Le groupe est aussi sollicité par les médias (télévision, radios) qui voient en cette nouvelle formation une sorte de « Zebda du nord ». Il est vrai qu’avec des titres comme « Balle populaire » ou « Nos affaires », aux refrains fédérateurs, la comparaison est tentante.
Le retour des ch’tis engagés
Au gré de nombreux concerts de soutien (Pro-palestiniens, anticapitalistes, anti-impérialistes) et prises de position plus qu’explicites, le MAP affirme la dimension politique de sa musique, qu’il revendique comme « artisanale ». La langue de bois n’étant effectivement pas son fort, le quintette persiste et signe dans un second album, Les Bronzés Font du Ch’ti, en avril 2009. Un album que le groupe présente sur son site officiel comme « un appel à la révolte, à l’insurrection et à la désobéissance, mais surtout à la solidarité ». Cette mise « au poing » faite, le groupe, qui se présente avec une bonne humeur de rigueur comme « algéro-chti », reprend donc la route avec rage et frénésie.