Fondé en 1993, Mass Hysteria est un melting-pot de la scène alternative française. Venus indifféremment du punk, du metal voire du death metal, les cinq premiers membres (parmi lesquels un transfuge de Treponem Pal) orientent leurs compositions vers un metal industriel alors novateur en France, sans pour autant oublier les influences hardcore dans lesquelles tous les membres ont baigné lors de leurs premières expériences musicales.
Après quelques années de tâtonnements, deux démos sont enregistrées en 1994 et 1995. Bien qu'un peu brouillonnes et inachevées, ces démos induisent les premières pierres de ce que sera le style de Mass Hysteria : du hardcore, du metal industriel, du gros son et de la rage à revendre. Mais l'élément qui donnera son cachet au groupe arrive en la personne de Pascal, d'Overload System, mixeur et échantillonneur dont le groupe requiert les services pour un titre.
Séduits par le résultat final qu'offre l'ajout d'effets samplés dans leurs compositions metal, Mouss Kelai (chant), Erwan Disez (guitare), Stéphan Jaquet (basse) et Raphaël Mercier (batterie) s'adjoignent les services de Pascal Jeannet alias Overload System, qui devient le DJ officiel du groupe, le petit détail qui manquait à Mass Hysteria pour définir un style personnel. L'arrivée, la même année, du guitariste Yann Heurtaux, fraîchement débarqué de son groupe de death metal, ajoute une petite touche de speed à un groupe qui n'en demandait pas tant, désormais prêt à conquérir le public. Quelques dates en première partie de Korn permettent aux Français d'affiner leur répertoire avant l'enregistrement d'un premier album très remarqué, Le Bien-Être et la Paix.
En dépit de son titre, l'album se présente comme un vrai disque de metal industriel, aux sons lourds et rauques, dignes de Ministry ou de Nine Inch Nails, à ceci près que Mass Hysteria persiste à s'exprimer principalement en français. Enregistré sous la houlette d'André Gielen, le « monsieur industriel » français, Le Bien-Être et la Paix est l'une des révélations metal de l'année et, chose rare pour un groupe français, obtient un succès confortable auprès du public anglo-saxon.
Après une tournée exténuante, Mass Hysteria retourne en studios pour l'enregistrement de Contraddiction (1999), un deuxième album plus marqué par l'influence du hip-hop, notamment au niveau du phrasé de Mouss qui se fait plus rapide et saccadé. Avec ce disque, Mass Hysteria devient réellement un groupe qui compte et on le retrouve programmé aux Eurockéennes de Belfort ou encore au festival des Vieilles Charrues, en tête d'affiche. Un son bien léché, des paroles recherchées où l'on retrouve parfois l'influence du rap français (sur le morceau « Finistère amer » notamment) : le système Mass Hysteria est bien rôdé et fonctionne à plein régime.
En revanche, le troisième album du groupe paru en 2001 reçoit un accueil beaucoup plus froid que les précédents. En effet, sa collaboration avec le rappeur DJ Ombre (La Brigade) laisse dubitatif une grande partie du public. En outre, le flow de Mouss Kelai est perçu comme un raccourci commercial afin de toucher un public peu habitué au metal. De Cercle en Cercle est donc un échec commercial en dépit de ses qualités artistiques.
Pourtant, Mass Hysteria persiste dans ses expérimentations en 2005 avec Mass Hysteria, un album homonyme qui, cette fois s'oriente vers un son pop-rock un peu « vintage » sur des paroles plus ironiques et désenchantées, dont certaines sont écrites par le chanteur Miossec qui impose quelques-uns de ses thèmes fétiches (l'alcool, la mer). Une nouvelle fois, le public n'est pas massivement au rendez-vous. Leçons apprises des deux semi-échecs précédents, Mass Hysteria revient à ses premières amours avec Une Somme de Détails, album renouant avec un son authentique et industriel, laissant de côté toutes les autres variations. Résolument orienté vers le metal, ce nouvel opus sorti en 2007 voit le groupe renouer son succès et entamer une tournée à guichets fermés.
En juin 2011, alors que le groupe s'apprête à fêter ses vingt ans de carrière, sort le premier album en public. Mass Hysteria Live est assorti d'un DVD relatant ses exploits scéniques. Avec son intitulé cinématographique, l'album original suivant L'Armée des Ombres, livré l'année suivante, offre une parfaite synthèse entre metal et industriel. La version digipak du CD contient deux titres bonus qui réjouissent les amateurs, de plus en plus nombreux. Trois ans après, le huitième album du groupe, Matière Noire, accueille le guitariste de No One Is Innocent, Frédéric Dusquesne, en lieu et place de Nicolas Sarrouy. Après un passage à guichets fermés à l'Olympia de Paris, Mass Hysteria produit un nouvel exercice de rock-metal sans concession, produit par le nouvelle recrue et mixé par Ted Jensen, dont le résultat sort en octobre 2015. L'année qui suit, Mass Hysteria publie Le Trianon, qui témoigne de son passage soniquement dévastateur dans cette salle.