Ne pas croire d'entrée de jeu le calembour initial. Le duo Il Est Vilaine n'a pas trainé ses guêtres dans les sound-systems marécageux de la Bretagne, là où le BPM sent la chaussette sale. Un clin d’œil qui se traduit surtout par une volonté de ne pas se prendre trop au sérieux dans une époque qu'il l'est beaucoup trop.
Florent et Simon, les deux parisiens qui composent ce vilain duo ont lancé en 2014 leur maxi inaugural sur Dialect Recordings, le bien nommé "Scandale". Bien plus qu'une carte de visite, le duo balançait juste un pavé dans la mare ronronnante du petit monde électronique.
Refusant tout de go d'être rangé dans le placard tech-house, là où la poussière s'accumule plus que de raison, Il est Vilaine propulsait trois titres façon cran d'arrêt sur le dancefloor. Un terrain de jeu jouissif inventé de toutes pièces qui réunissait le disco hédoniste et le cuir loubard dans un tourbillon pop motocross. Derrière un son déjà reconnaissable se nichait des incantations mystiques et la puissance des primitifs du rock n' roll aux beats qui tâchent. Tout un bazar sans nom qui sonnait surtout comme une invitation au déchainement. Traduction : ça sent la transpiration et c'est tant mieux.
Après donc donc une année passée à expérimenter dans leur studio du 11è arrondissement et à exhorter les foules des clubs, Il est Vilaine passe la seconde et ouvre le bal pour Chloé. Cette dernière, fer de lance de Kill The DJ s'essaye dans une belle aventure avec son nouveau label Lumière Noire, du même nom que sa résidence au Rex Club. L'écrin semble parfait pour les Vilains qui ont bien entendu digéré tout ce que le Pulp a essaimé depuis une dizaine d'années.
Tout ce truc se voit donc sublimé sur leur nouveau disque, un EP digital trois titres estampillé Lumière Noire donc, qui explose déjà le compteur sur l'autoroute de l'efficacité. De la sueur certes, mais avec beaucoup d'idées. On reste ébahi devant le titre Peyotl, qui fait joyeusement copuler des phonèmes que n'aurait pas renié le jeune Bashung sur un tapis rétro-futuriste. Estomaqué par la démarche d'une part, à savoir oser le français électronique, fatalement on ne pourra qu'appuyer sur PLAY ad libitum. Aucun remplissage ici avec des remixes encombrants, les titres suivants assouviront aisément les pulsions sauvages des kids du samedi soir. A l'instar du fameux Surf Rider, ce banger démoniaque à l'ADN rock n'roll vissé au corps, qui a déjà fait ses preuves entre les mains des Pachanga Boys ou de Marvin & Guy. Imparable, et très vilain. Tout comme le morceau Lies, avec qui la boucle semble bouclée tant ce track parait reprendre les choses là où El Topo (sur leur 1er maxi) avait débuté : riff de guitare à la Bo Diddley et odyssée cosmique en prime.
Ne pas s'enfermer dans un style, mais affirmer le leur, tel est le crédo d'un duo en pleine possession de ces moyens. On n'a pas fini d'entendre ces Vilains garçons, à la maison ou les bras en l'air sur les grands boulevards.