De son vrai nom Nadir Kouidri, Ridan est né à Brou-sur-Chantereine, près de Chelles (Seine et Marne), le 23 juin 1975. Assidu à la lecture et passionné par le verbe, il débute en tant en tant que rappeur et producteur musical, notamment sur la compilation 30 rappeurs contre la censure en 2004 et l'inédit Chroniques d'Alger. Mais très vite, sans pour autant le dénigrer, il se détourne de ce genre musical devenu trop mercantile et trop communautaire à ses yeux.
Son message veut aller plus loin. Et les chansons à textes entendues chez ses parents d'origine algérienne, celles de Léo Ferré, Jacques Brel ou Serge Reggiani, lui parlent davantage et prennent naturellement le relais. Face aux inégalités, au racisme ou face à l'hypocrisie de la société, il choisit les mots comme exutoire à sa révolte. Ceux qui parlent de notre quotidien, de nos désillusions, de la police, de racisme, d'injustice, avec une pertinence qui rappelle celle de Renaud à ses débuts. Ridan chante alors ce que Nadir écrit. L'écriture écorchée, réaliste, laisse transparaître le spleen de l'artiste.Le blues de banlieueIl rêve d'un monde meilleur même s'il se considère faire partie d'une génération désenchantée et pleine d'amertume. Remarqué par une maison de disque grâce à son titre « Le Quotidien » qui faisait partie de Chroniques d'Alger, il donne naissance en 2004 à son premier album Le Rêve ou La Vie qu'il mettra quatre ans à préparer. Il l'intitule ainsi car les deux mots se répètent de manière obsessionnelle dans les chansons, montrant ainsi le difficile choix à faire. Ridan prône la paix, d'une voix sobre et sur fond de guitares acoustiques, piano et violons. Sa musique assez simple et mélodieuse, influencée par plusieurs styles (reggae, rap, chanson) adoucit les propos parfois virulents.Le rêve d'une vieSous forme de critiques sociales, il chante la vie d'aujourd'hui avec les espoirs de meilleurs lendemains. Tout comme Georges Brassens qu'il admire, ses textes poétiques sont autant de métaphores qui se jouent de la réalité. Celle de l'argent (« Partie de golf »), du manque de perspectives qu'il raconte au fils qu'il n'a pas encore dans « Demain », celle d'une société formatée dans « Piège à cons ». A sa manière, il parle aussi d'amour dans « Woman » et de liberté. Quitte s'il le faut, à se mettra au vert et finir agriculteur (« L'Agriculteur »). Le message de Ridan est entendu : il est sacré en 2005 aux Victoires de la musique dans la catégorie « Album révélation de l'année », et vend par la suite plus de 90.000 disques, obtient le Prix de l'Académie Charles-Cros, donne plus d'une centaine de concerts et parcourt les festivals d'été. Le public est touché par sa simplicité et sa spontanéité.Heureux qui comme RidanTrois ans plus tard, en 2007, Ridan revient avec un deuxième album plus sombre que le précédent qui mêle reggae, ska, rap, electro, et chanson. L'Ange de Mon Démon s'articule autour des paradoxes de l'être humain dévoilant les zones d'ombre et de lumière de chacun d'entre nous. Il surprend en dévoilant un premier single assez inattendu, « Heureux qui comme Ulysse », qui n'est autre qu'une adaptation du poème de Joachim du Bellay et connaît un réel succès. « Objectif Terre », second morceau tiré du disque, montre un artiste soucieux de l'environnement et humaniste : le texte est même appris dans les écoles. Après un Olympia en 2007, Ridan poursuit sa tournée en 2008 à travers la France afin d'offrir à un public éclectique un style désormais installé. En 2009, son troisième album L'Un Est L'Autre, toujours éclectique, met en avant le simple « On est comme on naît ».
En 2012, Ridan frappe un grand coup avec son quatrième album Madame La République sorti à deux semaines de l'échéance présidentielle. Sous la pochette où le « petit beur de la chanson française » pose en porte-drapeau au bonnet phrygien, les chansons parlent d'elles-mêmes : « Ah les salauds ! », « Les Enfants de colonies » ou « Ali Baba et les 40 valeurs » forment l'ossature d'un album aux accents autant révolutionnaires que poétiques.