Fille d'un chanteur et d'une actrice de comédie musicale, Anastacia (de son nom complet Anastacia « Stacy » Lyn Newkirk) était prédestinée à une carrière dans le milieu du spectacle. De fait, c'est très jeune que cette jolie blonde née en 1968 à Chicago (et non en 1973 comme elle l'a longtemps prétendu elle-même par coquetterie) intègre la Professional Children's School dans le but avéré de devenir une vedette.
Apprenant le chant, le théâtre et la danse, elle se destine à un avenir de star, ou, du moins, de professionnelle du spectacle. Dotée d'un certain charisme, d'une volonté inébranlable de percer et, disent les mauvaises langues, d'une capacité d'auto-promotion frôlant la mythomanie, Anastacia débute par quelques petits boulots de danseuse dans des revues de Broadway, puis dans quelques shows télévisés, souvent au second plan ou dans le staff d'une vedette se produisant dans l'émission.
En 1985, la chaîne musicale MTV lance une idée plutôt originale : Club MTV est une émission entièrement centrée sur la danse où tout un chacun peut s'inscrire et danser face à la caméra pendant tout le temps du show. Et c'est par milliers que les candidats se massent aux portes de la célèbre chaîne pour teenagers dans l'espoir que leurs prestations face à la caméra pourront convaincre un éventuel producteur. Anastacia fait partie des centaines d'anonymes venant tenter leur chance dans le show.
Et si aucun producteur ne l'appelle pour lui proposer des millions de dollars, elle n'en devient pas moins une figure récurrente de l'émission, jusqu'à l'arrêt de cette dernière en 1992, ce qui lui permet d'obtenir quelques contrats de danseuses, notamment dans les clips du groupe de rap féminin Salt n' Pepa.
Ce n'est 1999 qu'Anastacia accède à la notoriété, toujours par le truchement de MTV, grâce à l'émission The Cut, précurseur d'American Idol ou, pour le public francophone, d'A la recherche de la nouvelle star. Présenté par l'ex-membre de TLC Lisa Lopes, le show permet à la jeune starlette d'officiellement vingt-six ans (en réalité trente et un, mais Anastacia avait alors estimé qu'une artiste ayant dépassé la trentaine n'aurait que peu de chances de séduire le jury) de terminer sur la deuxième marche du podium.
Cette consécration lui vaut quand même d'être contactée par Daylight Records, une filiale de Sony, qui croit en son potentiel et lui permet d'enregistrer Not That Kind, en 2000. Orienté soul et pop, l'album, porté par le single « I'm Outta Love », surfe à a fois sur un style r'n'b alors en pleine expansion, tout en rappelant les débuts d'une jeune Madonna.
S'il ne convainc guère le public américain, Not That Kind n'en cartonne pas moins dans l'Europe anglo-saxonne et scandinave ainsi qu'en Australie où il reçoit un triple Disque de Platine. Même les publics Japonais, Chinois et Coréens sont séduits par la voix soul et chaude de Stacy Newkirk et les chorégraphies lascives de ses clips.
En dépit des faibles ventes sur le territoire américain, Sony continue à faire confiance à la jeune femme et lui débloque les crédits pour les besoins de Freak Of Nature, son deuxième opus. Échaudé par le relatif échec commercial aux Etats-Unis de son précédent album, le label oriente la promotion de Freak Of Nature vers l'Europe, l'Asie et l'Océanie. Avec succès là encore, puisque plusieurs titres issus de l'opus (« One Day In Your Life », « Paid My Dues », « You'll Never Be Alone »...) deviennent autant de tubes dans les discothèques de Londres, Tokyo ou Sydney. Le public américain lui fait, cette fois, un accueil plus chaleureux, puisque l'album se classe vingt-septième du Top 200 des ventes d'album aux Etats-Unis, signe plus qu'encourageant pour une chanteuse qui peut enfin espérer percer dans son propre pays. La notoriété d'Anastacia s'accroît de manière exponentielle, y compris aux Etats-Unis, notamment par l'intermédiaire du titre « Love Is A Crime », sur la bande originale de la comédie musicale Chicago, de Rob Marshall. Si le film ne bouleverse pas l'histoire du cinéma musical, son habillage sonore, en revanche s'écoule à plusieurs millions d'exemplaires et permet à la chanteuse de connaître une seconde carrière dans son propre pays qui la boudait jusqu'à présent.
« Boom » est enregistrée et interprétée à l'occasion de l'ouverture de la coupe du monde de football avant que la chanteuse ne soit invitée aux côtés de Mary J. Blige, Cher ou Céline Dion pour le méga-concert événementiel Diva, diffusé sur une grande chaîne Américaine. À force d'insistance, les Etats-Unis finissent eux aussi par saluer l'enfant du pays et à lui faire un accueil chaleureux.
Mais tout succès a sa rançon et la presse qui commence à s'intéresser à la chanteuse révèle ses petites indélicatesses au niveau de son âge et ne manque pas de raconter par le détail ses années de galère avant The Cut. Mais le pire est à venir, lorsque les tabloïds révèlent le cancer du sein dont souffre l'artiste depuis 2003.
Une guérison éclair lui permet de se remettre en selle, créant au passage une fondation consacrée à la promotion du dépistage et de la lutte contre cette maladie (jouant de malchance, l'artiste se verra déceler une maladie de Cröhn - affection des intestins - quelques années plus tard). Dès son rétablissement, la chanteuse retourne en studio pour les besoins de son nouvel album, Anastacia, pour lequel elle s'adjoint les services de Dave Stewart ou Dallas Austin.
Doté d'un son plus rock, il apparaît également plus ambitieux et plus hermétique lors des écoutes-tests auprès du public américain. De fait, la maison de disque de la chanteuse décide de ne même pas planifier de sortie Américaine, misant encore une fois tout sur l'Europe, l'Océanie et l'Asie du sud-est. À raison d'ailleurs, car plusieurs titres d'Anastacia deviennent autant de tubes aux Pays-Bas, en Angleterre ou au Japon.
L'élan qui semblait permettre enfin à la chanteuse de devenir une vedette de premier plan dans son pays natal semble en tout cas stoppé net. Rappelée par Hollywood, Stacy Newkirk enregistre un duo avec Ben Moody (ex Evanescence), « Everything Burns » présent sur la bande originale du film Les Quatre Fantastiques (The Fantastic Four), de Tim Story. Mais à la différence de Chicago, dont la bande originale s'était bien écoulée, l'adaptation du célèbre comic est un fantastique four en termes d'habillage sonore, ne permettant guère à Anastacia de redevenir prophétesse en son pays, en dépit d'un duo avec Eros Ramazzotti présent sur son premier best-of Pieces of a Dream en 2005.
La même année, Sony Music, qui a compris tout le potentiel européen de sa poulaine ne mise même pas sur une tournée américaine et concentre toute sa promotion sur le Vieux Continent. Le DVD Live At Last qui sort en 2006 ne comporte que des extraits de concerts enregistrés en Europe.Bien décidée à varier ses activités, l'artiste sa lance dans le design d'une collection de fringues « hype » en collaboration avec le couturier allemand S. Oliver. C'est d'ailleurs à Berlin que le premier défilé est organisé, et là encore, sans qu'aucune sortie ne soit réellement planifiée aux Etats-Unis. En Grande-Bretagne, Anastacia est invitée à chanter au Wembley Stadium en hommage à la Princesse Diana, reprenant pour l'occasion le titre « Superstar » de la comédie musicale Jesus Christ Superstar.
Mariée la même année à son garde du corps par un shaman indien au Mexique, l'artiste repart en studio pour les besoins de Heavy Rotation (chez Mercury Records, cette fois) dont la sortie Européenne et Asiatique est prévue pour 2008, soit un an avant que Sony n'envisage une éventuelle sortie sur le sol Nord-Américain. Si ses positions européennes sont maintenues avec Heavy Rotation et la tournée qui s'ensuit, Anastacia ne peut compter que sur le soutien de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Autriche et de la Suisse pour It's a Man's World en 2012.
De nouveau frappée par un cancer du sein en février 2013 qui la contraint à annuler une tournée européenne, Anastacia lutte de nouveau courageusement contre la maladie. La musique fait d'ailleurs partie de sa thérapie et elle commence à enregistrer un nouvel album avant sa guérison. Le bien-nommé Resurrection sort en mai 2014 pour une artiste qui veut récupérer sa splendeur après avoir recouvré la santé.
