C’est à Philadelphie, en 1986, que les lycéens Marc Nelson et Nathan Morris commencent à enchaîner les groupes de R&B, comme il fréquent d’en constituer durant les années d’études. Ils ont grandi au son de New Edition, auquel ils empruntent un titre de chanson pour se nommer ainsi, puis Bel Biv Devoe, qui en sont issus et rêvent d’imiter leurs idoles. Ils recrutent tout à tour Wanya Morris, Shawn Stockman et Michael McCary. Le temps pour Marc Nelson de jeter l’éponge et les ados se font remarquer par Michael Bivvins, l’un des membres de Bel Biv Devoe, en interprétant a capella une de ses chansons, après un concert.
Dans la cour des grands
Le quatuor est signé chez Motown, la maison-mère du genre (Temptations, Four Tops, etc…), où Bivvins produit un premier album qui va sortir en 1991 et installer durablement le groupe au sommet des charts. Ce premier album, Cooleyhighharmony, contient en « Motownphilly », un hit considérable produit par Dallas Austin (TLC, Madonna, Janet Jackson…), qui évoque les deux capitales de cœur des jeunes artistes, Detroit et son label légendaire Motow, dont ils vont croquer une part de légende, et leur Philadelphie natale (« Philly »).
En ce début des années 90, les Boyz II Men arrivent en mêlant l’univers hip-hop de leur génération (leur look et le son new jack, comme on le qualifie alors) avec les harmonies classiques des groupes vocaux du R&B traditionnel. L’album s’écoule à neuf millions d’exemplaires et classe un autre n°1 des singles avec « It’s So Hard to Say Goodbye to Yesterday ».
Tout en parcourant les stades lors d’une tournée majeure, le quatuor enregistre « End of the Road » avec Babyface, en quatre heures, selon la légende, pour la bande oirginale du film Boomerang, avec Eddie Murphy. La chanson se classe 13 semaines durant n°1 au classement, battant le record jusque-là détenu par Elvis Presley et ses 11 semaines de présence avec « Don’t Be Cruel ». La chanson est ajoutée à une nouvelle édition de l’album.
Triomphe international
C’est en 1994 que sort II, un album essentiellement réalisé par Babyface et Jimmy Jam & Terry Lewis (Janet), qui va repousser plus loin encore les frontières du succès. Le disque est une collection de singles, parmi lesquels on retiendra les n°1 « On Bended Knees » et « I’ll Make Love to You ». Le second bat le record de « End of the Road » en restant cette fois 14 semaines n°1 et le premier le remplace à cette même place dans le classement, faisant de Boyz II Men les troisièmes artistes, après Elvis et les Beatles, à se remplacer eux-mêmes à la place de n°1 des singles. II se vend à plus de 12 millions d’exemplaires rien qu’aux Etats-Unis, mais le triomphe des quatre chanteurs est planétaire.
Ensemble ou séparément, les Boyz II Men prêtent leur voix à leurs confrères, chantant avec LL Cool J, Michael Jackson ou Brandy ; mais c’est avec Mariah Carey qu’ils enregistrent le single « One Sweet Day », qui cette fois reste seize semaines n°1 au classement. En ce milieu de décennie, le groupe est devenu une énorme machine de guerre, mais aussi une cible pour les détracteurs de leur allure proprette et bien pensante, apte à rassurer les parents. Des groupes vocaux plus sexy et plus hip-hop dans l’attitude apparaissent (Jodeci, Jagged Edge, Dry Hill…) et commencent à se faire une place au soleil, avec une version modernisée du R&B de Boyz II Men.
Le reflux de la vague
En 1997, le troisième album, Evolution, marque un point d’arrêt. Il peine à se vendre à « seulement » trois millions de copies et ne classe qu’un seul single en tête des charts. En parallèle à cet essoufflement, des soucis de santé d’un des chanteurs et des frictions avec leur label contribuent à faire avorter la tournée qui suit.
Un dernier album pour Motown, entre temps racheté par Universal, sort en 2000. Nathan Michael Shawn Wanya est pris en main par le groupe lui-même, qui souffre d’être vu comme un « jouet » de Babyface et d’autres producteurs affûtés. C’est une erreur manifeste de choix : l’album atteint à peine les cinq cent mille exemplaires et ne comporte aucun hit notable. Le groupe signe ensuite avec Arista et propose en 2002 l’album Full Circle, qui fait le même score que son prédécesseur. Les belles années semblent terminées, d’autant que le groupe se retrouve en trio, Michael McCary devant jeter l’éponge et cesser sa carrière à cause d’une sévère scoliose.
Les Boyz II Men proposent alors un album de reprises, sur un label indépendant, puis sortent un septième album, qui ne voit le jour qu’au Japon, en 2006. En 2007, le trio signe un contrat avec Universal, pour sortir un autre album de reprises, cette fois uniquement piochées dans le répertoire des classiques de Tamla Motown. Motown, a Journey Through Hitsville USA revisite Marvin Gaye, Stevie Wonder, les Temptations et même... Boyz II Men !
Une poursuite de carrière un rien pathétique (on les voit même participer à un jeu télévisé connu en France sous le nom de N’oubliez pas les paroles), qui devrait pourtant continuer en 2009 avec un nouvel album original.