Originaire de Leeds, ce quatuor de contestataires pétris de références au marxisme et aux structuralistes français (Lévi-Strauss, Lacan, Foucault et Barthes leur fournissent un nom) a réussi un improbable mélange de guitares punk minimalistes et de rythmiques funk, qui n'a pas vraiment affolé les charts en son temps mais a eu une importance artistique considérable sur toute une génération du rock anglo-saxon.
Sorti en 1978 sur le petit mais actif label Fast de Bob Last, leur premier EP « DamagedGoods » leur vaut les louanges de John Peel sur la BBC (cf. le CD Peel Sessions sorti en 1990). Par contre, le deuxième « AtHomeHe'sATourist » en sera banni suite à une dispute avec la chaîne au sujet des paroles de la chanson mentionnant le mot rubbers (capotes anglaises). En 1982, le provocateur « ILoveAManInAUniform » connaîtra le même sort pour une raison différente : il voit le jour en pleine guerre des Malouines.
Le premier album Entertainment ! représentatif de leur son abrasif à base de courts riffs tranchants et de rythmique sautillante , est devenu au fil des décennies un classique redécouvert par la génération des Franz Ferdinand et autres Bloc Party. Il est suivi par le « Yellow EP » isolé car sorti sur Regal Zonophone avant la signature du groupe chez EMI.
Après leur deuxième album SolidGold (1981), Andy Gill et John King subissent la défection du bassiste Dave Allen - parti fonder le groupe proto-industriel dansant ( !) Shriekback en compagnie de l'ancien XTC Barry Andrews. Il est alors remplacé en pleine tournée par Busta Cherry Jones (ex-Sharks) puis Sara Lee (ex-Jane Aire & the Belvederes) l'année suivante.
Songs Of The Free (mai 1982) et l'ironique « Call Me Up » renforce l'image contestataire du groupe, de par ses références à la guerre des Malouines (Falklands). Pendant l'été 82, le groupe est remanié autour du trio Gill, King et Burnham rejoints par Jon Astrop, Chuck Kirkpatrick et John Sombatero. Le son du groupe s'en ressent dans le funky Hard (1983) avec deux choristes soul. Le départ du batteur Hugo Burnham, remplacé par l'ex-Rumour Steve Goulding sur la tournée et l'album live At The Palace (novembre 1984), marque en fait la fin de la première incarnation de Gang Of Four en bout de course.
Le groupe se sépare. Andy Gill, installé aux Etats-Unis après un unique simple solo « Dispossession », mène à partir du milieu des années 80 une carrière de producteur, notamment pour les Red Hot Chili Peppers. Dans les années 90, il remet sur pied Gang Of Four avec John King et deux nouveaux musiciens Hiromi et Stan Loubieres, mais le groupe qui publie Mall (1991) et Shrinkwrapped (1995) n'a guère plus de succès commercial qu'à ses débuts et se dissout à nouveau, dans une semi-indifférence.
Arrive le début des années 2000, où l'émergence de formations comme Franz Ferdinand, Radio 4 et Bloc Party, qui les cite comme influence prédominante, leur permet de se reformer avec la section rythmique originale, de faire des tournées et de réenregistrer leurs anciennes chansons pour un album, ReturnTheGift (2005), preuve qu'un grand groupe n'est jamais oublié.
En 2010, Gang of Four se paie le luxe d'être en phase avec les nouvelles technologies ; l'ancien titre « Natural's Not In It » illustre la campagne Microsoft Xbox 360. À l'automne suit le single « Who Am I? » et en javnier 2011 l'album Content, financé par les fans pour le label Grönland Records. En mars 2015, le groupe culte réacitvé par Andy Gill accueille la chanteuse Alison Mosshart (The Kills) et les musiciens Hotei, Gail Ann Dorsey, Robbie Furze (The Big Pink) ou encore l'acteur allemand Herbert Grönemeyer pour l'album de la résurrection What Happens Next.