Le guitariste et chanteur Mélomé Clément forme en 1966 à Cotonou au Bénin le Sunny Blacks Band. Celui-ci devient en 1969 l'Orchestre Poly-Rythmo, pour bien mettre en valeur la variété de rythmes joués par le groupe. Comme de très nombreux orchestres africains de l'époque, Orchestre Poly-Rythmo mêle ses racines africaines à la soul, au jazz, et à des rythmes latinos comme la rumba. Ce mélange qui va devenir la highlife puis l'afrobeat, triomphe partout en Afrique et Orcheste Poly-Rythmo joue avec les plus grands, de Fela à Miriam Makeba, sans oublier Manu Dibango.
La dizaine de musiciens qui composent Orchestre Poly-Rythmo enregistre environ cinq cent titres et une cinquantaine d'album durant l'âge d'or du groupe. A la différence d'autres artistes africains prompts à s'exporter, Orchestre Poly-Rythmo reste en Afrique et ses disques ne voyagent guère non plus. C'est donc dans l'indifférence occidentale que Orchestre Poly-Rythmo interrompt sa carrière en 1982, à la suite des décès de Papillon (guitare) et Yehouessi Léopold (batterie). C'est finalement Samy Ben Redjeb le patron du label allemand Analog Africa qui commence à exhumer les titres de Orchestre Poly-Rythmo. Son travail donne lieu à deux compilations qui retracent la carrière du groupe, The Vodoun Effect qui couvre la période 1972 à 1975, et Echos Hypnotiques qui s'intéresse aux années 1969 à 1979.
L'histoire s'emballe en 2007 avec la rencontre des membres du défunt groupe et la journaliste française Elodie Maillot, venue à Cotonou enregistrer une émission pour France Inter. Elle apprend ensuite que le groupe Franz Ferdinand rêve d'enregistrer avec le modèle de groove qu'est l'Orchestre Poly-Rythmo ou Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. L'idée germe alors de réunir de nouveau l'orchestre et cinq anciens membres répondent à l'appel.
C'est ainsi que Mélomé Clément, Vincent Ahéhéhinnou (chant), Maximus Ajanohun (guitare), PierreLoko (saxophone), et Gustave Bentho (basse), reprennent le chemin des concerts avec de nouveau complices. Mais cette fois c'est le monde qui est visé avec l'Europe en 2009 et les Etats-Unis en 2010. Retrouvant naturellement la maîtrise des rythmes qui firent sa splendeur, Orchestre Poly-Rythmo sort en avril 2011 l'album Cotonou Club produit par Elodie Maillot. Loin d'être un disque nostalgique, Cotonou Club fait penser à un autre club formé de glorieux papys, le Buena Vista Social Club. Reste à souhaiter à l'Orchestre Poly-Rythmo une longue seconde carrière.