Napalm Death a beau être le premier groupe de death metal aux Etats-Unis, c'est pourtant dans la campagne anglaise que le groupe voit le jour au début des années 1980. À l'époque, ses fondateurs, Miles Ratledge et Nicholas Bullen sont davantage marqués par le punk que le hardcore et leurs premières compositions sont très marquées par The Clash ou Rudimentary Peni, malgré un environnement sonore marqué par le hard rock et plus complexe que les rythmiques un peu simplistes du punk.
Ombres errantes de l'underground, les premiers membres de Napalm Death évoluent tant dans l'univers des squats que des fanzines alternatifs et des concerts improvisés. Le nom du groupe est d'ailleurs tout à fait à l'image de ces jeunes gens en quête d'identité. Ils sont successivement The Mess, Civil Decence puis Undead Hatred avant d'adopter le patronyme définitif de Napalm Death en 1982. Le ton est radical, l'engagement total et les prises de positions se situent nettement à l'extrême gauche de l'échiquier politique.
Premiers concerts, premières bières, premières bastons, Napalm Death connaît sa période « sex, drugs and rock n' roll » dès 1982 alors que le line-up des premiers temps évolue à la vitesse de la lumière. Ephémèrement, Simon Oppenheimer, Darryl Fedeski et Graham Masterson occupent un poste de guitariste dans le groupe alors que Finnbar Quinn s'installe à la basse. Le groupe vivote pendant quelques années avant de commencer à se faire un nom dans le milieu underground de Birmimgham aux côtés d'autres formations comme Killing Joke ou Crass.
Encore loin du death metal, Napalm Death évolue cependant dans un punk agressif s'inspirant de certains groupes de heavy metal grindcore davantage que dans l'alternatif du début du milieu de la décennie 1980 qui flirte déjà avec le glam rock. En 1985, Damien Errington succède à Graham Masterson qui, lui, remplace Fedeski à la basse. Le style évolue progressivement vers un trash métal énervé, lourdement teinté de revendications sociales agressives et de textes bruts de décoffrage autant que politisés.
Après cinq démos, Napalm Death créé son propre label, Earache, et enregistre un premier album : Scum . Format atypique : l'album ne comprend pas moins de 28 titres (dont le titre « You Suffer » , homologué comme le morceau le plus court du monde, avec une seconde trente dixièmes de durée totale), un vrai menu complet avec triple rab' de purée. Première tournée nord-américaine et premier succès d'estime. Scum s'écoule bien et Napalm Death séduit les teenagers des Etats-Unis.
En 1988, From Enslavement To Obliteration leur vaut même un bref passage sur la BBC et recrute le guitariste Jesse Pintado et le chanteur Barney Greenway en remplacement des partants, dont Miles Ratlege qui abandonne la musique pour devenir professeur de yoga, alors que Bullen, lui, est déjà reparti sur les bancs de la fac depuis deux ans. Earache, quant à lui accueille désormais quelques groupes grindcore comme Carcass, Bolt Thrower ou Morbid Angel.
Harmony Corruption , en 1990, Utopia Banisher en 1992 et Fear, Emptiness, Despair en 1994 voient Napalm Death se délier progressivement de ses influences punks pour évoluer pour un registre grind frôlant souvent le death metal, d'autant que la voix de Greenway s'accorde mieux avec le growl qu'avec les hurlements stridents de Nicholas Bullen et de son éphémère successeur Lee Dorrian. La formation n'abrite d'ailleurs plus aucun des membres du départ à cette époque, les autres ayant choisi d'évoluer dans d'autres groupes comme Carcass, Cathedral ou Goldflesh. Désomais, c'est aux côtés de groupes de death ou de black metal comme Obituary, Sepultura ou Entombed que se produit Napalm Death.
En 1997, Inside the Torn Apart consacre définitivement Napalm Death comme un groupe de deathgrind metal à part entière, même si le groupe garnit des prestations de références grindcore qui rappellent parfois The Dead Kennedys. Si Greenway s'exile quelques temps au profit de Phil Vane en 1996, ce dernier revient cependant derrière les micros très rapidement pour les besoins de Words from the Exit Wounds . Toutefois, Napalm Death n'a pas vocation à s'enfoncer dans un death metal « basique » à la manière d'Obituary ou de Massacra, conservant certains accents punk et hardcore qui lorgnent parfois davantage du côté de Biohazard que de Mortuary.
De plus, le groupe n'hésite pas à recourir à des textes grinçants, emplis d'humour noir, assez peu présents dans la galaxie habituelle du death metal. De toutes façons et qu'elle qu'en soit le line-up , Napalm Death n'a jamais caché tout ce qu'il devait à Jello Biafra et lui rend d'ailleurs hommage au travers d'une reprise de « Nazi Punks Fuck Off » . C'est également à cette époque que le groupe acquiert ce qui sera approximativement sa composition définitive avec Greenway au chant, Pintado et Harris à la basse, Shane Embury à la basse et Danny Herrera à la batterie.
En 1999, cependant, les membres de Napalm Death s'accordent une petite pause, chacun souhaitant se consacrer à des projets personnels ou s'avérant un peu fatigués par l'aventure. Il est vrai que les tournées succèdent aux enregistrements d'albums dans un rythme frénétique et épuisant, et que certains des musiciens souhaitent lever un peu le pied sur l'activité du groupe. La pause ne dure toutefois pas très longtemps et, à peine deux ans plus tard, Napalm Death est de retour en studio pour l'enregistrement d' Enemy Of The Music Business qui les voit renouer avec leur public et le rythme effréné des tournées.
Un rythme qui, cependant, épuise Jesse Pintado qui souffre depuis longtemps de problèmes de diabète, aggravés par son alcoolisme. Celui-ci, même s'il reste en théorie l'un des guitaristes de Napalm Death, ne participe que très peu à l'enregistrement d' Order of the Leech et Leaders Not Followers Part 2 .
En 2004, trop malade pour poursuivre sa carrière, il annonce aux autres son départ définitif avant de s'envoler pour les Pays-Bas où il décède en 2006. Il n'est pas remplacé, Napalm Death décidant d'évoluer désormais avec le seul Mitch Harris à la guitare. Smear Campaign , en 2006, accueille un peu de féminité avec la présence sur quelques titres de la chanteuse Anneke van Giebersgen, débauchée de The Gathering. Ce n'est d'ailleurs pas la première collaboration vocale du groupe, l'album précédent, The Code is Red... Long Live the Code avait vu le charismatique Jello Biafra venir pousser la chansonnette avec Napalm Death.
Le Smear Campaign Tour qui s'ensuit est l'occasion pour le groupe de rendre hommage à Pintado, décédé pendant l'enregistrement de l'album. Le World Domination Tour qui s'ensuit en 2007 et 2008 annonce la sortie imminente d'un nouvel album studio. C'est chose faite en 2009 avec Time Waits for No Slaves , qui, vingt-deux ans après Scum , confirme la vitalité de ce groupe d'ancêtres - encore verts - du grindcore. Impression plus que renouvelée trois ans plus tard avec Utilitarian à la sauvagerie toujours assumée. Son quinzième album studio, Apex Predator - Easy Meat, paru en 2015, témoigne que Napalm Death ne perd rien de ses qualités avec le temps.