Sur la pochette, un oiseau d'or et deux lettres. L.A. Comme Los Angeles. Comme Las Aves. Las quoi??? Las Aves. Les Oiseaux en espagnol ancien ou les Volatiles pour les plus linguistes. Ou encore un archipel à l'ouest du Venezuela. Las Aves. Derrière ce nom exotique, prompt à tous les voyages, immobiles ou pas, un groupe d'origine toulousaine, aujourd'hui basé à Paris. 4 amis de collège. Vincent et Jules aux guitares, Adrien à la batterie et Géraldine au chant. Avant, ils s'appellaient The Dodoz, encore une histoire de plumes... Durant deux années enfermés dans leur studio, ils partent à la recherche d'une innocence réinventée, quitte à désapprendre, déconstruire et relayer la technique au second plan. Aujourd'hui, ils jouent de la pop. Pas celle castrée ou lourdingue qui étouffe le quotidien, non. Celle qui jongle entre chaud et froid, percussions et pédales d'effets, strates multiples et émotions toujours palpables, ombres et lumières. Celle qui donne envie. Acid pop. Acid comme quelque chose d'ambitieux, d'halluciné, de piquant, à la fois rugueux et efficace, complexe et à la portée de tous ceux capables d'encore s'envoler. C'est exactement ça. Ici, les refrains sont entêtants, les mélodies indestructibles, les ambiances équivoques. Ici, on peut chanter l'angoisse, les ténèbres tout en conviant à la danse. L'intérieur et l'extérieur. Une lutte maîtrisée, belle comme une caresse de velours et addictive comme une drogue pas encore répertoriée. Ici, les accrocs n'ont pas été étouffés, gommés à coups de technologie froide. Ils appartiennent au processus de création, ils enrichissent le propos.
« En studio on s'échangeait les instruments, on voulait créer quelque chose de fragile et provoquer les accidents. Il fallait transgresser nos propres règles, balancer de l'essence sur nos habitudes et tout faire flamber ». De ce brasier émanent des vapeurs exotiques et corrosives, impossibles à contenir. Percussions sauvages, guitares trafiquées, claviers cabossés et refrains fédérateurs fondent les bases d'une musique bricolée de toutes pièces et pourtant révolutionnaire... Las Aves sort ces jours-ci son premier EP, avant un album prévu pour septembre 2015. 4 titres et 4 raisons d'y croire encore. Produites par Dan Levy (The Do), Le coup de foudre est immédiat : « Ils m'ont complètement bluffé. C'est comme si j'entendais enfin une musique du futur, qui ne regarde pas dans le rétroviseur. Chaque idée semble nouvelle et inédite, et pourtant le tout est d'une évidence à toute épreuve ».Ces chansons appartiennent à celui qui écoute avant même d'avoir égrené leurs premières notes. “Los Angeles”, on met au défi quiconque de ne pas l'avoir déjà entendue, un soir de pluie d'été ou au volant d'une voiture dévoreuse d'horizons. Un tube en puissance! Une complainte à la fois séduisante et venimeuse, saturée et ronde, aérienne et souterraine. “Gasoline” progresse d'abord seule, la voix en avant, puis elle flirte avec quelque chose de plus sensuel et narquois. En plein coeur! “Acid Years” accélère, plonge dans les addictions passées pour mieux écrire l'avenir et plane au moment du refrain. Enfin, “Banshee” dévoile ce que le groupe a voulu absolument atteindre en entrant en studio: une production impeccable, travaillée au corps et à l'âme, des chansons paradoxales, refusant toute tiédeur, toute mièvrerie. Las Aves ont tout composé en groupe, ensemble, avec un esprit proche du Do It Yourself. Ils ont appris à laisser cavaler leurs envies, à refuser les dogmes, les raccourcis et les facilités. À ne pas avoir peur de (re)commencer. Toujours. Renaître de ses cendres pour s'élever, voilà le seul défi qu'un groupe se doit de relever à chaque nouvelle tentative. Le Phénix. Encore un oiseau. Décidément.