Akalé Wubé, c'est l'histoire improbable liant des jeunes parisiens à des musiciens éthiopiens des seventies. En octobre 2008, le saxophoniste et flûtiste de jazz Etienne de la Sayette tombe sur la collection Ethiopiques, conçue par Francis Falceto, où sont rassemblés certains trésors de la musique enregistrés à Addis Abeba dans les années 1970, le fameux « Swingin' Addis ». La sortie du film Broken Flowers de Jim Jarmusch, en 2004, qui utilise pour sa bande originale les compositions de Mulatu Astatqé, a beaucoup contribué au nouvel engouement que connaît ce style musical.
Etienne de la Sayette fait partager son coup de foudre à son ami trompettiste Paul Bouclier, tous deux musiciens du groupe de jazz Frix. Ensemble, ils élaborent le projet d'un groupe qui revisiterait ce patrimoine oublié. C'est ainsi que se créé Akalé Wubé, qui signifie « Quelle jolie fille » en amharique. Cette métaphore poétique, empruntée à l'un des thèmes du saxophoniste Getatchew Mekurya, fait référence à la « beauté de l'âme ». Le duo intègre le guitariste Loïc Réchard, le bassiste Oliver Degabriele et le batteur David Georgelet au projet et se produit sur une quarantaine de dates avant de sortir leur premier opus.
Reprenant certains classiques du répertoire des Ethiopiques de façon assez scolaire au départ, Akalé Wubé finit par se l'approprier sur Akalé Wubé, un excellent premier album auto-produit, réalisé en live dans un entrepôt de la SNCF à Paris et publié le 3 mai 2010. Des morceaux enregistrés par Mulatu Astatké, Alémayéhu Eshèté et d'autres stars de la pop éthiopienne de l'âge d'or servent de point de départ à des relectures et des réarrangements du groupe. L'éthio-jazz des années 1960 et 70 est lui-même une musique très métissée, nourrie de rock, de funk, de soul décharnée , de pop, de guitares aux accents reggae et de fragments plus nettement traditionnels. Paradoxalement, reprendre ce répertoire offre au groupe une immense liberté. On retrouve ce mélange de soul-funk désossée et de pop délurée sur Mata, deuxième album du groupe, publié le 26 mars 2012 chez Nabligam Production. Le groupe est aussi invité sur trois titres du deuxième album de Blundetto, Warm My Soul (février 2012). En 2017, le groupe enregistre un album avec le pianiste éthiopien Girma Bèyènè.