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Rodney Basil Price est né le 12 juin 1972 à Kingston. Il est élevé dans une famille de neuf enfants dans les ghettos de Trenchtown et Riverton City, ce dernier bâti sur une ancienne décharge à ordures. Malgré ces conditions précaires, son père est propriétaire d'un petit sound system, le Black Scorpio. C'est là qu'il commence en tant que singjay dès l'âge de neuf ans. A quatorze ans il est frappé de plein fouet par la violence endémique qui règne dans les quartiers défavorisés de la capitale jamaïcaine. Tombé sous les balles de factions rivales, Rodney Price en réchappe et sort de l'hôpital avec le surnom de Bounty Hunter.
C'est sous ce nom de scène qu'il débute sa carrière en se produisant avec des sound systems de plus en plus importants. Le futur Bounty Killer finit par taper dans l'oreille du producteur King Jammy qui le prend sous sa coupe. Après son premier tube « Dub Fi Dub », il devient Bounty Killer. Il enchaîne alors les tubes en Jamaïque, se faisant curieusement le porte-parole des jeunes gangsters et le chantre du culte des armes à feu. Intitulé originellement Jamaïca's Most Wanted, son premier album est retitré Roots, Reality and Culture pour mieux coller à l'image internationale du reggae. Sorti en 1994, il précède de quelque mois le fameux Face to Face qui témoigne de son clash avec Beenie Man. A la fois rivaux et complices, les deux hommes seront ainsi en compétition durant toute la décennie.
Affranchi de la tutelle de King Jammy, Bounty Killer sort Down in the Ghetto (1995) et No Argument (1996), avec un style qui emprunte de plus en plus au rap. C'est d'ailleurs entouré de stars du rap que Bounty Killer sort en 1996 son chef d'oeuvre My Xperience. Tout bonnement l'un des meilleurs albums de dancehall des années 1990, My Xperience ne lésine pas sur les invités. Outre l'habituelle crème des musiciens jamaïcains, s'y retrouvent les stars du rap Busta Rhymes, The Fugees et Raekwon, ainsi que les vétérans du reggae Dennis Brown et Barrington Levy. Le mélange propulsé par l'enthousiasme de Bounty Killer est détonnant et My Xperience passe six mois dans les charts reggae du Billboard.
Devenu star internationale, Bounty Killer capitalise sur son côté mauvais garçon, d'autant que le gangsta rap utilise à la même époque des thématiques voisines des siennes. Ghetto Gramma en 1997 prône ainsi ouvertement et sans complexe le culte des armes. Bien que de qualité moindre que My Xperience, Next Millennium réussit également à être la meilleure vente reggae aux Etats-Unis, avec encore une belle brochette d'invités issus du reggae et du rap.
Ce sera en fait sa dernière sortie marquante, car si The 5th Element en 1999 reste de bonne tenue, Bounty Killer se laisse ensuite aller à des comportements violents qui entraînent leur lot de démêlés judiciaires. Il traverse ainsi la première décennie des années 2000 de façon anonyme, bien qu'il reste une attraction scénique tout à fait présentable.