Né le 6 mars 1930 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine, France) dans une famille américaine aux lointaines origines russes, Lorin Varencove Maazel grandit aux États-Unis, dans le quartier d'Oakland à Pittsburgh (Pennsylvanie). Son père Lincoln Maazel, décédé en 2009, était un professeur de chant et de piano à la notoriété locale, aussi connu pour ses quelques rôles au cinéma, notamment dans le film d'horreur Martin (1977) de George Romero. Sa mère, Marion (Marie) Shulman Maazel, disparue en 1992, fut la fondatrice du Pittsburgh Youth Symphony Orchestra (PYSO) en 1945. Et son grand-père Isaac a tout simplement joué dans le Metropolitan Opera Orchestra de New York pendant vingt ans.
Sous de tels auspices, le jeune Lorin Maazel avait tout pour s'orienter dans une carrière musicale. Enfant prodige, « Little Lorin » développe des facultés hors normes entre l'apprentissage du solfège et le décryptage de partitions dans ses premières années à sa première leçon de direction d'orchestre avec le grand chef russe Vladimir Bakaleinikov à seulement sept ans. En 1938, le petit Maazel n'a que huit ans quand il dirige pour la première fois un orchestre. À onze ans, il est invité par Arturo Toscanini à conduire l'Orchestre symphonique de la NBC lors d'une émission de radio. L'année suivante, il effectue sa première tournée américaine, conduisant des formations professionnelles de haut niveau à chaque étape. Ce n'est qu'à l'âge de quinze ans qu'il s'éprend du violon et entreprend des études musicales poussées à la Peabody High School puis à l'Université de Pittsburgh. Il fait alors la connaissance du chef d'orchestre français Pierre Monteux installé aux États-Unis et se lance dans une carrière qui va compter un grand nombre d'orchestres.
La renommée de Lorin Maazel, déjà établie outre-Atlantique, atteint rapidement l'Europe où il effectue plusieurs tournées avant de s'installer au pupitre lors du prestigieux Festival de Bayreuth en 1960, à l'occasion d'une représentation de Lohengrin de Richard Wagner. Il est alors non seulement le premier Américain à hériter de cet honneur mais aussi le plus jeune d'entre tous les chefs invités dans l'antre du compositeur germanique. Cinq ans plus tard, Lorin Maaze se retrouve simultanément à la direction de l'Opéra de Berlin, une fonction qu'il occupe jusqu'en 1971 et aux commandes de l'Orchestre Radio-Symphonique de Berlin, jusqu'en 1975. De ces expériences naît une popularité qui ne cesse de grandir, confirmée par la nomination en 1972 à la succession de George Szell au pupitre du Cleveland Orchestra. Son jeu totalement différent, fait d'ampleur et de profusion orchestrale, se retrouve dans l'interprétation qu'il donne de l'opéra Porgy and Bess de Gershwin, représenté pour la première fois intégralement avec une troupe afro-américaine.
Le Cleveland Orchestra bénéficie de ses services jusqu'en 1982, après quoi Lorin Maazel - d'ores et déjà connu du grand public pour le brillant Don Giovanni qu'il offre en 1980 au cinéaste Joseph Losey et à Ruggero Raimondi - s'occupe de l'Opéra de Vienne de 1982 à 1984. La même année sort le film Carmen de Francesco Rosi (puis en 1986, Otello de Franco Zeffirelli) dont il dirige la partition. Invité à diriger le fameux Concert du Nouvel An de 1980 à 1986 (puis en 1994, 1996, 1999 et 2005) mais recalé à la succession d'Herbert von Karajan aux manettes du Berliner Philharmoniker, le chef américain se console avec le Pittsburgh Symphony Orchestra (1988-1996) et l'Orchestre Symphonique de la Radiodiffusion de Bavière à Munich (1993-2002).
La réapparition de Lorin Maazel au New York Philharmonic dans les années 2000 est marquée par un concert historique en Corée du Nord le 26 février 2008. Successivement directeur du Arturo Toscanini Philharmonic, de l'Orquestra de la Communitat Valenciana et de l'Orchestre Philharmonique de Munich, il dirige son opéra 1984 le 6 mars 2011 à Valence. Lorin Maazel est aussi l'initiateur avec sa femme, l'actrice Dietlinde Turban, du festival de Castleton qui se tient chaque été sur ses terres, en Virginie. C'est à son domicile de Castleton Farms que ce génie précoce de la direction d'orchestre meurt des complications liées à une pneumonie, le 13 juillet 2014, à l'âge de 84 ans. Le monde entier salue le parcours de ce maestro hors du commun.
Parmi les centaines d'enregistrements effectués en six décennies par Lorin Maazel, il faut noter Porgy and Bess avec notamment Barbra Hendricks ; les opéras Carmen avec Julia Migenes, Placido Domingo et Ruggero Raimondi et Fidelio (Beethoven) avec Birgit Nilsson et Kurt Böhme ; les intégrales des symphonies de Beethoven (Cleveland Orchestra), Rachmaninov (Berliner Philharmoniker), Sibelius et Mahler (Wiener Philharmoniker) et Schubert (Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise) ; L'Enfant et les sortilèges et Daphnis et Chloé de Ravel ; les Variations et le Requiem d'Andrew Lloyd Webber et le Tableaux d'une exposition de Moussorgski avec le Cleveland Orchestra.